AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Santa Sabina (frégate)

La Santa Sabina est une frĂ©gate de la marine royale espagnole lancĂ©e en 1781. Elle a servi dans la guerre d’indĂ©pendance des États-Unis, les guerres de la RĂ©volution et de l’Empire et les Guerres d'indĂ©pendance hispano-amĂ©ricaines. Pendant le Triennat libĂ©ral de 1820-1823, elle porte le nom de ConstituciĂłn. Elle est dĂ©mantelĂ©e en 1828.

Santa Sabina
illustration de Santa Sabina (frégate)
La frégate espagnole San Carlos à Port Mahon , peinture de John Thomas Serres, 1814

Autres noms ConstituciĂłn
Type frĂ©gate de 40 canons
Histoire
A servi dans Marine espagnole
Lancement Le Ferrol, Galice, 1781
Statut Démantelée en 1828
Caractéristiques techniques
Propulsion Voile
Caractéristiques militaires
Armement 40 canons

Campagnes

PremiĂšres sorties

La Santa Sabina, souvent appelĂ©e « Sabina » tout court, est une frĂ©gate de 40 canons construite en 1781 au Ferrol, d’aprĂšs un modĂšle français.

Le , son commandement est attribuĂ© Ă  Ignacio Maria de Álava (1750-1817), jeune officier qui s'Ă©tait distinguĂ© deux mois plus tĂŽt Ă  la bataille du cap Spartel. Il reste en poste jusqu'en 1787 oĂč il est transfĂ©rĂ© sur la frĂ©gate Rosa[1].

En 1784, la frĂ©gate participe Ă  une sĂ©rie de croisiĂšres autour du globe pour complĂ©ter l’Atlas maritime d’Espagne (es).

Guerres de la RĂ©volution et de l'Empire

En mai 1793, alors que commence la guerre contre la République française, la Santa Sabina passe sous le commandement du capitaine José Justo Salcedo (it). Celui-ci fait une croisiÚre dans le golfe de Gascogne, d'abord aux cÎtés de la frégate Sirena comme subordonné du capitaine de celle-ci, puis comme chef de détachement aux cÎtés de la frégate Santa Dorotea. Salcedo se distingue en reprenant une corvette marchande britannique capturée par les Français : le lieutenant général Francisco de Borja y Poyo (es) le récompense en le nommant commandant du nouveau vaisseau Monarca en juillet 1794[2].

En août 1796, lorsque éclate la guerre anglo-espagnole (en), le capitaine de frégate Miguel Maria Gastón reçoit le commandement de la Santa Sabina. Il traverse l'océan avec la division du capitaine de vaisseau Juan Pablo Lodares avant de revenir en Méditerranée[3].

Le 19 décembre 1796, les frégates espagnoles Santa Sabina et Ceres rencontrent au large de CarthagÚne une escadre de la Royal Navy composée des deux frégates Minerve et Blanche sous le commandement du commodore Horatio Nelson. La Santa Sabina, sous le capitaine Jacobo Steuart, combat pendant prÚs de trois heures ; quand elle amÚne son pavillon, son mùt de misaine est abattu, le grand mùt et celui d'artimon trÚs endommagés. La Minerve, qui a subi aussi d'importants dégùts, prend la Santa Sabina en remorque avec un équipage de prise commandé par les lieutenants Thomas Hardy et John Culverhouse. Le lendemain matin, deux navires de ligne espagnols et une frégate apparaissent : Nelson décide de se retirer et Hardy, pour couvrir sa retraite, ouvre le feu sur les Espagnols. Il est capturé et la Santa Sabina est récupérée par les Espagnols[4] - [5] - [6]. Selon A. R. Rodríguez Gonzålez, la Minerve, ancienne frégate française, était trÚs supérieure en puissance de feu avec 28 canons de 18, six de 6 et 16 caronades de 32, représentant une bordée de 526 livres, quand la Santa Sabina, avec 28 canons de 18, 12 de 6 et 12 pierriers de 3, ne tirait que 306 livres par salve[7]. Le capitaine espagnol de la Santa Sabina, embarqué par Nelson à bord de la Minerve, sera par la suite échangé contre Hardy et Culverhouse à Gibraltar[8].

Lors de la seconde bataille d'AlgĂ©siras (), la Santa Sabina fait partie de l'escadre venue de Cadix qui arrive en renfort de l'escadre française de Linois, occupĂ©e Ă  rĂ©parer ses avaries aprĂšs le combat victorieux du 13 juin contre les Britanniques de James Saumarez. Le vieux lieutenant gĂ©nĂ©ral Juan JoaquĂ­n Moreno de MondragĂłn (es) (nĂ© en 1735), commandant de l'escadre espagnole, prend le commandement de la flotte combinĂ©e comme le plus Ă©levĂ© en grade et, selon l'usage espagnol, quitte son vaisseau amiral pour transfĂ©rer son pavillon sur la Santa Sabina. Celle-ci marche en tĂȘte de la flotte combinĂ©e, fanaux allumĂ©s en poupe et une lanterne en haut du mĂąt, pour franchir le dĂ©troit de Gibraltar ; tous les autres vaisseaux naviguent feux Ă©teints. L'attaque britannique, menĂ©e par le HMS Superb dans une obscuritĂ© profonde, crĂ©e une telle confusion que les vaisseaux espagnols San Hermenegildo (en) et Real Carlos se canonnent l'un l'autre et finissent par se couler mutuellement. Le vaisseau français Formidable s'efforce de suivre la Santa Sabina mais sa mĂąture, endommagĂ©e pendant le combat du 13 juin, ne lui permet pas de suivre : il se perd dans l'obscuritĂ© en Ă©vitant de peu la canonnade rĂ©ciproque des deux vaisseaux espagnols, manƓuvre qui lui permettra finalement de s'esquiver et de rallier Cadix quelques jours aprĂšs. La Santa Sabina Ă©teint ses fanaux pour Ă©chapper Ă  la poursuite du Superb puis, le danger s'Ă©tant un peu Ă©loignĂ©, les rallume pour rallier le reste de la flotte combinĂ©e qui parvient Ă  regagner Cadix[9].

Le 25 octobre 1804, les gazettes hollandaises signalent l'arrivée de la Santa Sabina au port de Vigo, probablement en provenance de Montevideo, avec un trésor de 13,7 millions de piastres[10].

Pendant la guerre d’indĂ©pendance espagnole contre NapolĂ©on, de 1809 Ă  1814, la Santa Sabina participe Ă  plusieurs escortes de convois entre l’Espagne et ses colonies amĂ©ricaines. En 1811, elle combat des corsaires français devant Malaga.

Guerres d'indépendance hispano-américaines

En juin 1817, pendant la guerre d’indĂ©pendance du Mexique, la frĂ©gate participe au siĂšge de Soto la Marina et dĂ©truit la flottille indĂ©pendantiste de Francisco Javier Mina comprenant la frĂ©gate Cleopatra et le brigantin Neptuno.

Par dĂ©cret du 15 mars 1822, JosĂ© MarĂ­a ChacĂłn (es), gouverneur de Puerto Cabello et commandant de la petite escadre de la Capitainerie gĂ©nĂ©rale du Venezuela, reçoit le commandement de la Santa Sabina qui, pendant la pĂ©riode rĂ©volutionnaire du Triennat libĂ©ral de 1820-1823, porte le nom de ConstituciĂłn (« Constitution) ». C'est alors un des rares navires de guerre espagnols en Ă©tat de servir et de porter une batterie d'artillerie de marine de 24. ChacĂłn part prendre son poste Ă  Cadix et, le 27 mai 1822, reprend la mer pour escorter un convoi en provenance d'AmĂ©rique : il le rencontre au large du cap Saint-Vincent et le ramĂšne Ă  Cadix le 7 juillet. Le 7 octobre, il part avec un nouveau convoi pour les Ăźles Canaries, Porto Rico, La Havane et Veracruz, Ă  une Ă©poque oĂč les corsaires harcĂšlent le commerce espagnol. Il se montre un bon marin et franchit sans encombre l'entrĂ©e difficile de la baie de Baracoa. Le commandant Ángel Laborde (es), chef de la division navale royale chargĂ©e de combattre les indĂ©pendantistes vĂ©nĂ©zuĂ©liens, le dĂ©signe pour faire partie de l'escadre destinĂ©e Ă  opĂ©rer dans les parages de la Tierra Firme (la cĂŽte nord du continent sud-amĂ©ricain), comprenant la corvette CĂ©res. Le , l'escadre de la Santa Sabina livre une bataille navale devant Puerto Cabello, assiĂ©gĂ©e par les indĂ©pendantistes de Grande Colombie, les oblige Ă  lever le blocus de la ville et s'empare de la frĂ©gate Maria Francisca et de la corvette Zafiro, avec le pavillon du commandant rebelle John Danells[11].

L'escadre royaliste croise ensuite entre Cuba et le Yucatan et reprend la CĂ©res qui avait Ă©tĂ© capturĂ©e par les rebelles. En janvier 1825, la frĂ©gate participe Ă  une mission de ravitaillement de la place de San Juan de UlĂșa au Mexique, prĂšs de Veracruz ; elle est de retour Ă  La Havane le 6 mars 1825[12].

Le 14 juillet 1825, la Santa Sabina est endommagĂ©e par une tempĂȘte qui arrache tous ses mĂąts et doit retourner Ă  La Havane. RĂ©parĂ©e, elle participe au blocus des places de Santa Marta et CarthagĂšne des Indes tenues par les indĂ©pendantistes. Mais, le , en sortant du port de Santiago de Cuba pour franchir le vieux canal de Bahama, elle est prise dans un ouragan devant Charlestown (NiĂ©vĂšs) qui lui arrache ses mĂąts et cause de graves dĂ©gĂąts. RamenĂ©e Ă  La Havane, elle est retirĂ©e du service[12]. Elle est dĂ©mantelĂ©e en 1828.

Notes et références

Références

  1. Manuel Marliani, Combate de Trafalgar: Vindicacion de la armada española, Madrid, 1850, p. 474
  2. PavĂ­a y PavĂ­a 1873, p. 416-417.
  3. PavĂ­a y PavĂ­a 1873, p. 12.
  4. Morriss, 1997, p. 29-30.
  5. Blackmore, 2011, p. 170.
  6. Peter Hore, Nelson's Band of Brothers, Seaforth, 2015, p. 20.
  7. RodrĂ­guez GonzĂĄlez, 2014.
  8. John Sugden, "Nelson: A Dream of Glory, 1758-1797", Londres, Henry Holt and Co., 2004, p. 685.
  9. Léon Guérin, Histoire de la marine contemporaine de France, Paris, 1855, p. 655-660
  10. Michel Morineau, Incroyables Gazettes et fabuleux métaux. Les retours des trésors américains dans les gazettes hollandaises XVIe-XVIIIe siÚcles, Paris, Maison des Sciences de l'Homme et Cambridge University Press, 1984-1985, p. 448
  11. PavĂ­a y PavĂ­a 1873, p. 224-225.
  12. PavĂ­a y PavĂ­a 1873, p. 225.

Bibliographie

  • David S. T. Blackmore, Warfare on the Mediterranean in the Age of Sail: A History, 1571-1866, McFarland & Co, 2011
  • Cesareo FernĂĄndez Duro, Naufragios de la Armada española, 1867
  • Roger Morriss, Cockburn and the British Navy in Transition: Admiral Sir George Cockburn, 1772-1853, University of Exeter, 1997
  • (es) Francisco de Paula PavĂ­a y PavĂ­a, Galeria biografica de los generales de marina, jefes y personajes notables desde 1700 a 1868, t. 2, Madrid, (lire en ligne).
  • AgustĂ­n RamĂłn RodrĂ­guez GonzĂĄlez, « Una derrota naval de Nelson », ABC Blogs, 11 juin 2014
  • Angel RamĂłn RodrĂ­guez GonzĂĄlez, « El combate naval de Puerto Cabello en 1823 », Revista de historia naval, 2012
Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.