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Sacha Schapiro

Alexandre Schapiro dit Sacha Schapiro, connu aussi sous la fausse identitĂ© d’Alexandre Tanaroff ou sous les noms de plume de Sacha Piotr ou Sacha Peter, nĂ© le 11 octobre 1889 ou le 6 aoĂ»t 1890 Ă  Novozybkov (Gouvernement de Tchernigov, Empire russe) et mort en Ă  Auschwitz, est un anarchiste ukrainien.

Alexandre Schapiro
АлДĐșŃĐ°ĐœĐŽŃ€ ĐŸĐ”Ń‚Ń€ĐŸĐČоч ĐšĐ°ĐżĐžŃ€ĐŸ (ru)
ОлДĐșŃĐ°ĐœĐŽŃ€ ĐŸĐ”Ń‚Ń€ĐŸĐČоч ĐšĐ°ĐżŃ–Ń€ĐŸ (uk)
Image illustrative de l’article Sacha Schapiro

Naissance ou
Novozybkov
DĂ©cĂšs (Ă  environ 52 ans)
Auschwitz
Type de militance activiste
lutte armée
journaliste
Cause défendue anarchisme
anarcho-syndicalisme

AprÚs une dizaine d'années passées dans les prisons tsaristes, il est libéré grùce aux événements de 1917.

Il participe à la guerre civile russe, combattant tout à la fois les armées blanches et l'armée rouge du nouveau pouvoir bolchevique.

En 1921, il fuit la Russie soviĂ©tique, vit successivement Ă  Paris et Ă  Berlin oĂč il frĂ©quente le mouvement anarchiste international et croise Nestor Makhno, Buenaventura Durruti ou SĂ©bastien Faure.

Il participe à la révolution sociale espagnole de 1936 et revient en France en 1939, lors de la retirada.

En 1942, aprĂšs avoir Ă©tĂ© internĂ© par le rĂ©gime de Vichy, il fait partie du convoi numĂ©ro 19 qui part de Drancy le en direction du camp d'extermination d'Auschwitz oĂč il disparaĂźt.

Il est le pÚre du mathématicien Alexandre Grothendieck.

Jeunesse

NĂ© dans une famille de la classe moyenne juive d’Ukraine, Alexandre Schapiro s’en Ă©loigne, en 1904, dĂšs ses quatorze ans pour adhĂ©rer Ă  un groupe anarchiste, engagement passionnĂ© qui marque toute sa vie.

Il participe Ă  la RĂ©volution russe de 1905.

Prisons tsaristes

Deux ans plus tard, il est arrĂȘtĂ© avec d’autres membres de son groupe et Ă©chappe Ă  la peine de mort, en raison de son jeune Ăąge, pour ĂȘtre condamnĂ© Ă  la prison Ă  vie. Il est incarcĂ©rĂ© Ă  Moscou, avant d'ĂȘtre transfĂ©rĂ© Ă  Iaroslavl (Gouvernement de Iaroslavl), oĂč les conditions de vie sont ne sont pas aussi mauvaises et oĂč il est incarcĂ©rĂ© pendant une dizaine d'annĂ©es.

En 1909, lors d'une de ses nombreuses tentatives d'Ă©vasion, il est blessĂ© au bras gauche, qui doit ĂȘtre amputĂ©. Il tente vainement de se suicider. En 1914, il est placĂ© Ă  l'isolement pendant un an.

LibĂ©rĂ© Ă  la faveur des Ă©vĂ©nements de 1917 et il est fĂȘtĂ© comme un hĂ©ros.

Il est alors proche de l'individualiste libertaire Lev Tcherny (exécuté par la Tchéka en 1921) et de Maria Nikiforova[1] (fusillée en 1919 à Sébastopol par les armées blanches).

Il rencontre sa premiÚre femme, Rachel Shapiro, avec qui il a un fils prénommé Dodek.

Jusqu'en 1921, il combat en Ukraine, Ă  la tĂȘte d’un groupe autonome de partisans anarchistes liĂ© Ă  l'ArmĂ©e rĂ©volutionnaire insurrectionnelle ukrainienne de Nestor Makhno.

Exils Ă  Paris et Berlin

En 1921, poursuivi par les bolcheviques, il fuit Ă  Minsk, oĂč il rencontre Alexandre Berkman qui lui fournit de l'argent pour franchir la frontiĂšre russo-polonaise avec des faux papiers, sous l'identitĂ© de Alexandre Tanarov. Il devient apatride pour le reste de sa vie.

Il sĂ©journe successivement Ă  Paris, en Belgique puis Ă  Berlin, oĂč il gagne sa vie comme photographe de rue.

À Paris, il frĂ©quente le romancier Sholem Asch et le peintre et journaliste Aron Brzezinski, qui rĂ©alise un buste en bronze de Sacha.

Il a des contacts occasionnels avec Nestor Makhno et le cercle des exilés anarchistes russes.

En , il est parmi les fondateurs de l’ƒuvre internationale des Ă©ditions anarchistes (oĂč il reprĂ©sente le mouvement libertaire russe) avec entre autres SĂ©bastien Faure, Ugo Fedeli[2], SĂ©verin Ferandel et Isaak Gurfinkiel (Walecki).

En 1924 et 1925, il collabore Ă  la Revue internationale anarchiste, « revue mensuelle polyglotte Â» (en fait trilingue), oĂč il publie au moins deux articles sous le nom de Sacha Peter[3].

En 1925, il est hĂ©bergĂ© Ă  Fontenay-sous-Bois chez l'anarchiste italien Onofrio Gilioli[4]. En 1936, il rĂ©side toujours dans cette commune oĂč il est revenu s'installer.

En 1926, il rejoint Berlin, oĂč il est trĂšs actif sous le nom de Sacha Piotr (ou Sascha Pjotr).

Il frĂ©quente les milieux libertaires russes autour de Alexandre Berkman, se lie avec l’écrivain libertaire Theodor Plievier qui lui consacre une nouvelle, Stienka Rasin publiĂ©e en 1927[5].

En 1928, il se lie d'amitié avec Buenaventura Durruti et Francisco Ascaso. Il rencontre également l'anarchiste italien Francesco Ghezzi (mort dans un camp de concentration soviétique en Sibérie en 1942)[6].

À Berlin, il rencontre Johanna Grothendieck[7] (ou Hanka Grothendieck). Elle est nĂ©e dans une famille de la classe moyenne Ă  Hambourg. Elle travaille comme journaliste pour le journal progressiste Der Pranger (Le Pilori). Elle est sympathisante de mouvement libertaire oĂč elle rencontre Sacha.

En 1933, aprĂšs l’arrivĂ©e de Hitler au pouvoir, il quitte Berlin pour Fontenay-sous-Bois, oĂč il est rejoint, en dĂ©cembre, par Hanka. Ils laissent en Allemagne leurs enfants : une fille de Hanka et leur fils Alexander Grothendieck.

RĂ©volution espagnole

À l'annonce du dĂ©clenchement de la rĂ©volution sociale espagnole de 1936, le couple part en Espagne, Ă  Barcelone. Ils sont aux cĂŽtĂ©s des anarcho-syndicalistes de la ConfĂ©dĂ©ration nationale du travail et de la FĂ©dĂ©ration anarchiste ibĂ©rique.

En 1937, sous le nom de Sacha Pietra, lors d’une assemblĂ©e de volontaires Ă©trangers, il dĂ©clare : « Moi je ne suis pas milicien, mais j’ai Ă©tĂ© en Russie oĂč j’ai vĂ©cu la RĂ©volution et j’ai pu remarquer la façon dont on s’est dĂ©barrassĂ© des anarchistes lĂ -bas »[8].

RentrĂ© en France, lors de la retirada de , il s’établit Ă  nouveau en rĂ©gion parisienne oĂč il est hĂ©bergĂ© par la famille de Julien Malbet.

En mai, ils récupÚrent leur fils Alexandre Grothendieck laissé en Allemagne en 1933, aux bons soins d'une famille amie.

En septembre, ils se rendent tous les trois Ă  NĂźmes oĂč ils font les vendanges. Hanka, rĂ©fugiĂ©e politique, est employĂ©e comme « domestique » par le commissaire de la ville.

DĂ©portation et mort Ă  Auschwitz

Le , le commissariat central de NĂźmes dresse une liste de quatorze Espagnols et d'un « rĂ©fugiĂ© russe », « anarchiste », « dĂ©signĂ©s pour ĂȘtre internĂ©s au camp de concentration du Vernet AriĂšge »[9].

Le , il est internĂ© au Camp du Vernet d'AriĂšge (ouvert en fĂ©vrier), oĂč (un jour) May Picqueray, venu visiter le militant italien Fernando Gualdi[10], le rencontre et parvient Ă  lui donner de la nourriture, bien qu’il soit dans la section des punis[11]. Il sera transfĂ©rĂ© les vers le camp de NoĂ© (Haute Garonne) avant d'ĂȘtre transfĂ©rĂ© Ă  Drancy.

Sa compagne Hanka et leur fils sont internĂ©s au Camp de Rieucros (ouvert en ), puis, parviennent Ă  se cacher dans les CĂ©vennes pendant l’occupation.

Sacha Piotr est arrĂȘtĂ© par la Gestapo (qui aurait alors saisi une valise contenant de nombreux documents sur l’histoire du mouvement Makhnoviste)[12].

Le , sous le nom de Alexander Tanaroff, il est l'un des 991 déportés du convoi numéro 19, le premier à transporter des enfants de moins de 10 ans, parti du Camp de Drancy vers Auschwitz. 875 d'entre eux sont gazés dÚs leur arrivée au camp.

Postérité

Sa compagne, Hanka, qui survit Ă  la guerre et s’est installĂ©e prĂšs de Montpellier (HĂ©rault) a Ă©crit une nouvelle inĂ©dite Eine Frau sur leur vie Ă  Berlin. Elle est dĂ©cĂ©dĂ©e en 1957 des suites d’une tuberculose contractĂ©e au camp de concentration.

Leur fils Alexander Grothendieck (1928-2014), considéré comme l'un des plus grands mathématiciens du XXe siÚcle, a consacré plusieurs pages à son pÚre.

Parlant de Sacha dans RĂ©coltes et Semailles, son fils prĂ©cise : « [...] mon identification Ă  mon pĂšre, dans mon enfance, n’a pas Ă©tĂ© marquĂ©e par le conflit [...] en aucun moment de mon enfance, je n’ai ni craint ni enviĂ© mon pĂšre, tout en lui vouant un amour sans rĂ©serve. Cette relation-lĂ , la plus profonde peut-ĂȘtre qui ait marquĂ© ma vie (sans mĂȘme que je m’en rende compte avant cette mĂ©ditation [...]), qui dans mon enfance a Ă©tĂ© comme la relation Ă  un autre moi-mĂȘme Ă  la fois fort et bienveillant - cette relation n’a pas Ă©tĂ© marquĂ©e par le sceau de la division et du conflit. Â» ; et plus loin : « Les valeurs dominantes dans la personne de chacun de mes parents, tant ma mĂšre que mon pĂšre, Ă©taient des valeurs yang : volontĂ©, intelligence (au sens : puissance intellectuelle), contrĂŽle de soi, ascendant sur autrui, intransigeance, "Konsequenz" (qui signifie, en allemand, cohĂ©rence extrĂȘme dans (ou avec) ses options, idĂ©ologiques notamment), "idĂ©alisme" au niveau politique comme pratique. Â».

Notes et références

  1. L'ÉphĂ©mĂ©ride anarchiste : Maria Nikiforova.
  2. Chantier biographique des anarchistes en Suisse : Ugo Fedeli.
  3. René Bianco, 100 ans de presse anarchiste : Sacha Peter.
  4. Dictionnaire international des militants anarchistes : Onofrio Gilioli.
  5. Theodor Plievier, Stienka Rasin, texte inédit présenté par Marc Schweyer, Strasbourg, Documents, revue des questions allemandes, mars-avril 1972, notice CIRA.
  6. Freddy Gomez, Addenda sur Francesco Ghezzi, À contretemps, n°26, avril 2007, texte intĂ©gral.
  7. Dictionnaire des anarchistes, « Le Maitron » : Hanka Grothendieck.
  8. SupplĂ©ment au Bulletin d’information CNT-FAI, Barcelone, 19 juin 1937, citĂ© dans la notice du Dictionnaire des anarchistes.
  9. Philippe Douroux, Une vie que l'on n'efface pas, La Recherche, n°486, avril 2014, page 28, texte intégral.
  10. Dictionnaire international des militants anarchistes : Fernando Gualdi.
  11. May Picqueray, May la réfractaire, M. Jullian, 1979, extraits en ligne.
  12. Dictionnaire international des militants anarchistes : notice biographique.

Voir aussi

Bibliographie

Notices

Liens externes

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