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SA-4 (Apollo)

SA-4, pour « Saturn Apollo-4 », fut le quatrième vol du lanceur américain Saturn I et le dernier vol de la phase de tests initiale du premier étage de la fusée. Ce vol faisait partie du programme Apollo. La fusée fut lancée le de Cap Canaveral, en Floride, pour une mission d'une durée de quinze minutes.

SA-4
SA-4 sur le pas de tir LC-34, en mars 1963.
SA-4 sur le pas de tir LC-34, en .
Données de la mission
Organisation Drapeau des États-Unis NASA
Objectif Vol d'essais
Masse 52 480 kg
Lanceur Saturn I
Date de lancement 20 h 11 min 55 s UTC
Site de lancement Drapeau des États-Unis LC-34, Base de lancement de Cap Canaveral
Durée 15 min
Fin de mission 20 h 26 min 55 s UTC
Distance parcourue 352 km
Paramètres orbitaux
Nombre d'orbites Aucune (vol suborbital)
ApogĂ©e 129 km
Navigation

Objectifs

Le vol SA-4 fut le dernier vol d'essais à ne tester que le premier étage de la fusée Saturn I[1]. Comme lors des lancements précédents, la mission consistait en un vol suborbital et permit de tester l'intégrité structurelle de la fusée[2].

L'autre objectif crucial de ce vol Ă©tait de tester la capacitĂ© de la fusĂ©e Ă  gĂ©rer une panne de moteur pendant le vol (en anglais : "engine-out" capability)[3] - [4]. Ă€ ces fins, l'un des huit moteurs H-1 fut programmĂ© pour se couper prĂ©maturĂ©ment, Ă  environ 100 secondes après le lancement, afin de simuler une dĂ©faillance[3] - [4] - [5] - [6]. Si tout se passait bien, la fusĂ©e devait rediriger le carburant restant vers les autres moteurs et augmenter leur temps de combustion afin de compenser la perte d'accĂ©lĂ©ration. Cette solution technique fut utilisĂ©e avec succès lors des vols ultĂ©rieurs Apollo 6[Note 1] et Apollo 13[Note 2], tous deux rĂ©alisĂ©s avec des fusĂ©es Saturn V.

De plus, pour ce vol, la fusée reçut un second étage factice dont la forme aérodynamique était celle d'un véritable deuxième étage. Il comprenait également des répliques factices de tous les évents, carénages et des nacelles de caméras qui seraient utilisés sur les vols suivants[5]. Le vol fut également réalisé avec les antennes conçues pour la future version « Block II » de la fusée Saturn I[5]. Comme pour les vols précédents, le cône était celui d'une fusée Jupiter[3] - [6].

Vol

Les trois étages furent livrés à la base de lancement de Cap Canaveral le [3].

Involontairement, le vol SA-4 Ă©tablit deux records. Le premier concerne les vĂ©rifications prĂ©-vol, qui ne durèrent que 54 jours, soit les plus courtes de tous les lancements de la fusĂ©e Saturn I « Block I » (dĂ©signation de la première version du lanceur). Le deuxième record a trait aux arrĂŞts de compte-Ă -rebours (« countdown holds »), qui furent les plus longs, avec une durĂ©e cumulĂ©e de 120 minutes[5] - [6].

Ă€ T-100 minutes, le jour du lancement, le chef des essais Robert Moser demanda un arrĂŞt de dĂ©compte de vingt minutes, pendant que l'Ă©quipe de lancement ajustait l'alignement en lacet de la plateforme de guidage gyroscopique ST-90. Des relevĂ©s provenant d'un appareil de mesure au sol indiquaient en effet que la plateforme n'Ă©tait pas correctement alignĂ©e sur l'azimut de lancement. Après vĂ©rification, il se trouva que le problème venait en fait du thĂ©odolite Watts utilisĂ© au sol, et non de la plateforme installĂ©e dans la fusĂ©e[5]. Le dernier arrĂŞt du dĂ©compte intervint Ă  19 minutes du lancement, Ă  la suite d'un test d'Ă©bullition de l'oxygène liquide contenu dans la fusĂ©e[5]. L'Ă©quipe d'Andrew Pickett, affectĂ©e Ă  la propulsion du lanceur, effectua un test vers la fin du compte-Ă -rebours afin de vĂ©rifier le dĂ©bit d'hĂ©lium vers les collecteurs d'aspiration d'oxygène liquide des huit moteurs. La tempĂ©rature dĂ©croissante de l'oxygène liquide indiqua un flux d'hĂ©lium correct, mais le panneau de contrĂ´le des opĂ©rations n'enregistra pas de signal informant que la soupape d'Ă©bullition de l'oxygène liquide Ă©tait ouverte[5]. Sans ce signal, le sĂ©quenceur responsable du dĂ©compte avant le lancement allait s'Ă©teindre. l'Ă©quipe de Pickett, ainsi que les ingĂ©nieurs Ă©lectriciens d'Isom Rigell, improvisèrent une dĂ©rivation du signal de la soupape pour le sĂ©quenceur. L'Ă©quipe de la propulsion maintint une tempĂ©rature correcte pour l'oxygène liquide de la fusĂ©e, puis activa la dĂ©rivation manuellement au moment oĂą le sĂ©quenceur amena la fusĂ©e Ă  dĂ©coller[5]

SA-4 dĂ©colla le 20 h 11 min 55 s UTC, depuis le Complexe de lancement 34 (LC-34), sur la base de lancement de Cap Canaveral[3] - [6]. La fusĂ©e se comporta Ă  merveille pendant les 100 premières secondes du vol, moment auquel fut volontairement arrĂŞtĂ© le moteur no 5[1] - [3] - [4]. La fusĂ©e continua ensuite Ă  fonctionner parfaitement, le système d'alimentation en ergols redirigeant les ergols non consommĂ©s par ce moteur vers les sept autres encore en Ă©tat de fonctionnement[5]. Contrairement Ă  certaines prĂ©dictions, le moteur no 5 ne se dĂ©sintĂ©gra pas après son arrĂŞt programmĂ© Ă  cause d'un rĂ©chauffement rapide causĂ© par le manque d'ergols cryogĂ©nisĂ©s circulant dans ses parois[5]. De mĂŞme, un dĂ©sĂ©quilibre dynamique et la prĂ©sence de gaz chauds sur le bouclier thermique du compartiment des moteurs n'eurent aucun effet nĂ©gatif sur le vol[5]. Ce test fut une Ă©tape majeure dans le processus de tests de l'architecture « en grappe » des moteurs Ă©quipant la fusĂ©e (« clustered engine design »)[2], complĂ©tant la phase de tests de la version no 1 (« Block I ») de la fusĂ©e Saturn I[1] - [4]. Le vol SA-4 employait Ă©galement un nouveau radar altimĂ©trique et deux accĂ©lĂ©romètres expĂ©rimentaux pour des mesures de tangage et lacet[5]. Après ce vol rĂ©ussi, l'Ă©quipe de Wernher von Braun, Ă  Huntsville, en Alabama s'orienta avec assurance vers la mise en place de missions utilisant deux Ă©tages de fusĂ©e[5].

La fusĂ©e atteignit une altitude maximale de 129 km et une vitesse maximale de 5 906 km/h[1]. Ă€ ce moment, elle mit Ă©galement Ă  feu une sĂ©rie de rĂ©trofusĂ©es qui seraient utilisĂ©es lors des missions suivantes pour sĂ©parer les diffĂ©rents Ă©tages. Sur SA-4, les Ă©tages n’avaient pas Ă©tĂ© conçus pour se sĂ©parer, mais les rĂ©trofusĂ©es furent tout-de-mĂŞme testĂ©es pour s'assurer de leur bon fonctionnement dans l'avenir. Après avoir parcouru une distance de 352 km en vol, la fusĂ©e retomba dans l'OcĂ©an Atlantique[3]. Les pressions et contraintes aĂ©rodynamiques appliquĂ©es au second Ă©tage factice et Ă  son anneau inter-Ă©tages, moins « lisses » que sur les vols prĂ©cĂ©dents en raison de la prĂ©sence des accessoires factices (protubĂ©rances, nacelles de camĂ©ras, etc.) avaient Ă©tĂ© globalement plus importantes que celles enregistrĂ©es lors des simulations effectuĂ©es en tunnel aĂ©rodynamique sur les versions « lisses » de cet Ă©tage (sans les protubĂ©rances)[7]

Les dĂ©gâts infligĂ©s au pas de tir lors de ce lancement et des trois prĂ©cĂ©dents n'avaient pas excĂ©dĂ© les attentes. La remise en Ă©tat des installations coĂ»tait en moyenne 200 000 dollars et prenait un mois[5]. Les officiels des Ă©quipes de lancement avaient Ă©tĂ© particulièrement attentifs Ă  ces rĂ©sultats lors du lancement de SA-3 : la fusĂ©e Ă©tant plus lourde et son accĂ©lĂ©ration plus lente, les moteurs risquaient d'infliger plus de dĂ©gâts au pas de tir, ce dernier Ă©tant exposĂ© plus longtemps aux gaz brĂ»lants expulsĂ©s par les tuyères[5]. En fait, les seuls dĂ©gâts vraiment imputables Ă  l'accĂ©lĂ©ration plus lente furent une dĂ©gradation plus prononcĂ©e du système d'inondation du pas de tir, de forme circulaire, ainsi qu'une dĂ©formation d'un des dĂ©flecteurs de flammes[5].

Notes et références

Notes

  1. Deux moteurs du deuxième étage du lanceur se sont arrêtés prématurément.
  2. Le moteur central du deuxième étage du lanceur s'est éteint deux minutes trop tôt.

Références

  1. (en) « Saturn SA-4 » [archive du ], NASA (consulté le ).
  2. (en) Bilstein 2015, p. 324–325.
  3. (en) « Saturn Test Flights », sur www.nasa.gov, NASA, (consulté le ).
  4. (en) Jennifer Harbaugh, « This Week in NASA History: Saturn I SA-4 Launches – March 28, 1963 », NASA, (consulté le ).
  5. (en) Benson et Faherty 1978, p. 194–196. (lire en ligne)
  6. (en) Brooks et al. 2009, p. 382.
  7. (en) Garcia 1964, p. 14. (lire en ligne)

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • (en) Roger E. Bilstein, Stages to Saturn : A Technological History of the Apollo/Saturn Launch Vehicles, Andesite Press, coll. « The NASA History Series », (1re Ă©d. 1996), 538 p. (ISBN 978-1-297-49441-3 et 1-297-49441-5, lire en ligne [PDF]). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • (en) Charles D. Benson et William Barnaby Faherty, Moonport : A History of Apollo Launch Facilities and Operations, CreateSpace Independent Publishing Platform, coll. « The NASA History Series », , 1re Ă©d., 656 p. (ISBN 1-4700-5267-9 et 978-1-47005-267-6, lire en ligne [PDF]). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • (en) Courtney G. Brooks, James M. Grimwood, Loyd S. Swenson, Jr. et Paul Dickson, Chariots for Apollo : The NASA History of Manned Lunar Spacecraft to 1969, Dover Publications Inc., coll. « Dover Books on Astronomy », (1re Ă©d. 1979), 576 p. (ISBN 978-0-486-46756-6 et 0-486-46756-2, lire en ligne). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • (en) Fernando S. Garcia, NASA-TN-D-2002 – An Aerodynamic Analysis of Saturn I Block I Flight Test Vehicles, Huntsville, Alabama, États-Unis, NASA/Marshall Space Flight Center, , 57 p. (prĂ©sentation en ligne, lire en ligne). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • (en) Ivan D. Ertel et Mary Louise Morse, The Apollo Spacecraft : A Chronology, vol. 1 : Through November 7, 1962, CreateSpace Independent Publishing Platform, coll. « The NASA Historical Series », (1re Ă©d. 1969), 284 p. (ISBN 978-1-4954-1397-1 et 1-4954-1397-7, lire en ligne [PDF]).


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