Accueil🇫🇷Chercher

Rupert zu Loewenstein

Le prince Rupert Louis Ferdinand Frederick Constantine Lofredo Leopold Herbert Maximilian Hubert John Henry zu Loewenstein (en allemand, Löwenstein), né le à Palma de Majorque et décédé le à Londres, est un aristocrate et banquier britannique d'origine allemande. Surnommé « Rupie The Groupie », il est connu pour avoir été le manager financier du groupe The Rolling Stones pendant trente-sept ans.

Rupert zu Loewenstein
une illustration sous licence libre serait bienvenue
Biographie
Naissance
Décès
Nom dans la langue maternelle
Rupert Loewenstein
Nom de naissance
Rupert Louis Ferdinand Frederick Constantine Lofredo Leopold Herbert Maximilian Hubert John Henry zu Loewenstein-Wertheim-Freudenberg
Surnom
« Rupie the Groupie »
Nationalité
Formation
Activités
Père
Leopold Prinz zu Löwenstein-Wertheim-Freudenberg (d)
Mère
Gräfin Bianca Treuberg (d)
Conjoint
Josephine Lowry-Corry (d) (Ă  partir de )
Enfants
Rudolf Löwenstein-Wertheim-Freudenberg (d)
Konrad Löwenstein-Wertheim-Freudenberg (d)
Maria Löwenstein-Wertheim-Freudenberg (d)
Blason

Une famille princière

Rupert zu Loewenstein est issu des Freudenberg, une branche de la famille princière de Loewenstein[1]. Cette maison souveraine médiatisée du Saint-Empire romain germanique descend de Louis de Bavière, comte de Loewenstein (1463-1524), fils naturel du prince-électeur palatin Frédéric Ier de Wittelsbach. Par cette ascendance, Rupert zu Loewenstein est apparenté par les femmes aux souverains de Belgique, du Luxembourg, du Liechtenstein, ainsi qu'aux prétendants aux trônes de Portugal, d'Italie (royaume de Naples), de Bavière et d'Autriche-Hongrie.

Il a droit au prédicat d'altesse sérénissime. La titulature qui lui est accordée est « Son Altesse Sérénissime le prince Rupert zu Loewenstein-Wertheim-Freudenberg, comte de Loewenstein-Scharffeneck ».

Rupert zu Loewenstein a épousé le Josephine Clare Lowry-Corry, née à Londres le , dont il a trois enfants :

Les Loewenstein habitent Ă  Petersham, district de Richmond, dans le Surrey.

Début de carrière

Diplômé du Magdalen College, fondé en 1448 et considéré comme l'un des plus prestigieux de l'université d'Oxford, Rupert zu Loewenstein commence sa carrière de banquier dans la firme de brokers Bache and Co. Il y apprend les arcanes de la City et s'associe à d'anciens condisciples d'Oxford — Jonathan Guinness, Richard Cox Johnson, Louis Heymann, ainsi que de jeunes membres de la famille Rothschild[2] — en vue d'acheter une banque d'affaires[3]. Ils sont appuyés dans cette aventure par le groupe Kemsley qui possède alors le Sunday Times.

L'Ă©tablissement choisi est la banque Leopold Joseph and Sons, Ă©tablie de longue date sur la place de Londres. Elle est achetĂ©e en 1962 pour la somme de 600 000 livres, soit près de 721 000 euros. Cette firme familiale est centrĂ©e sur le marchĂ© de l'escompte et s'occupe d'un petit nombre de clients de confiance. Ă€ son arrivĂ©e, Rupert zu Loewenstein a 29 ans et observe le mode de fonctionnement peu efficace des anciens propriĂ©taires : « Les trois frères Joseph [...] avaient chacun leur propre bureau. On pouvait les entendre : l'un achetait des actions Shell alors qu'en mĂŞme temps, un autre en vendait[3]... »

Outre des outils de modernisation élémentaires — comme un fichier centralisé des transactions — la banque est orientée vers la finance d'entreprise et la gestion personnalisée de riches clients ayant des revenus internationaux. De par leur environnement familial et oxfordien, le carnet d'adresses des jeunes associés est déjà bien fourni, mais il est encore fait appel à celui de personnalités extérieures. En particulier, Rupert zu Loewenstein demande au collectionneur et homme du monde parisien Alexis de Redé d'assurer la vice-présidence du conseil d'administration[4].

Toujours en association avec le baron de Redé, amateur d'art reconnu[5], le prince zu Loewenstein participe à la création de la société Artemis[5] - [6]. Cette entreprise est dédiée au conseil en investissement en œuvres d'art. Outre des collections privées, sa clientèle compte aujourd'hui des musées tels que le Metropolitan Museum of Art de New York, la National Gallery de Londres, le J. Paul Getty Museum, le Seattle Art Museum, le Dallas Museum of Art, l'Institut d'art de Chicago, la National Gallery de Washington, le musée national du Danemark à Copenhague, etc.

Le gestionnaire des Stones

En 1970, lors d'une soirée dans un club londonien, le chanteur Mick Jagger est présenté à Rupert zu Loewenstein. Une légende prétend qu'à cette époque, le prince n'a aucune idée de ce que sont les Rolling Stones[7]. La rencontre a lieu à la demande de la rock-star qui cherche un spécialiste capable de sauver les finances du groupe. De fait, les Stones sont à cette date en situation de faillite. Par méconnaissance, ils ont cédé les droits de tous leurs enregistrements antérieurs à 1970 — dont ceux de succès mondiaux comme Satisfaction et Jumpin' Jack Flash — à leur ancien manager Allen Klein[7]. Les impôts britanniques leur demandent d'autre part des arriérés qu'ils ne peuvent payer[7].

Rupert zu Loewenstein trouve l'aventure intéressante et accepte de les prendre en charge. Sa première décision consiste à leur faire immédiatement quitter la Grande-Bretagne : les Rolling Stones bénéficient ainsi du régime fiscal plus favorable des résidents à l'étranger[8]. La plupart des membres choisissent de s'installer en France, notamment Keith Richards qui investit un château gothique, la villa Nellcôte, où le groupe enregistre Exile on the Main Street, et Bill Wyman qui devient l'ami du peintre Marc Chagall. Mick Jagger, marié alors à Bianca, devient pour sa part le nomade que l'on sait[9].

Deuxième dĂ©cision : la restructuration du groupe en entreprise. Sous l'impulsion de Loewenstein, les Stones se transforment en sociĂ©tĂ© par actions pyramidale, appuyĂ©e sur quatre firmes basĂ©es aux Pays-Bas, elles-mĂŞmes gĂ©rant une multitude de compagnies secondaires s'occupant des diffĂ©rentes activitĂ©s du groupe : des centaines de personnes, techniciens, nuĂ©es d'avocats, business managers, travaillent en effet sur une tournĂ©e internationale. Les dĂ©cisions d'enregistrement et de concert sont dĂ©sormais prises sur la base des avantages fiscaux selon les pays. Sans oublier le principe du sponsoring que les Stones vont ĂŞtre les premiers Ă  exploiter sur une tournĂ©e (Volkswagen, Budweiser, Chase Manhattan Bank...) et l'utilisation publicitaire des titres musicaux que Loewenstein va dĂ©velopper : pour le lancement de Windows, Bill Gates aurait acceptĂ© de payer un extrait de Start Me Up 6 millions de livres.

Le rĂ©sultat est Ă  la hauteur de la fascination exercĂ©e par Loewenstein sur Jagger : les Stones deviennent le groupe rapportant le plus d'argent dans l'histoire de la musique. Sous la houlette de Loewenstein, en tournĂ©e et en merchandising, ils auraient engrangĂ© un milliard de livres sterling (1,2 milliard d'euros)[7]. La fortune de sir Mick Jagger est aujourd'hui estimĂ©e Ă  190 millions de livres (228,5 millions d'euros) et il fait partie du Top-20 des artistes les plus riches[10].

C'est ainsi que S.A.S. le prince zu Loewenstein-Wertheim-Freudenberg devient un familier des fêtes rock. Dans les soirées ou les coulisses de concerts géants, on le voit savourer avec amusement l'incongruité de sa présence en même temps qu'une gorgée d'alcool. Surnommé Rupie The Groupie par Jerry Hall, il finit par faire partie intégrante de la famille des Stones, témoin des joies et des drames. Il est présent lorsque le mariage avec Bianca s'effondre parce que Mick est tombé amoureux de Jerry. C'est chez lui, lors d'une soirée qu'il donne en 1991, que Jerry, à son tour, arrive comme une furie pour faire une scène à Mick, celui-ci fréquentant assidument le mannequin Carla Bruni.

En 2007, âgé de 74 ans, Rupert zu Loewenstein a souhaité sagement abandonner le management des finances des Stones[11].

Catholique traditionaliste

À partir des années 1960, Rupie the Groupie est engagé dans le catholicisme traditionaliste. Le prince zu Loewenstein préside notamment la Latin Mass Society of England & Wales, une association qui se consacre « à la promotion de la liturgie traditionnelle latine de l'Église catholique, des doctrines et des pratiques qui en sont une partie intégrante, de la tradition musicale qui la dessert, et de la langue latine dans laquelle elle se célèbre[12]».

Ses deux fils ont prononcé leurs vœux : l'aîné, Rudolf, est prêtre dominicain et le cadet, Konrad, prêtre traditionaliste de la Fraternité sacerdotale Saint-Pierre à Venise. En 2008, lors des obsèques de Frà Andrew Bertie, 78e prince et grand maître de l'ordre souverain de Malte, c'est au prince Rupert qu'il est demandé de prononcer l'éloge funèbre[13].

Le prince Rupert zu Loewenstein-Wertheim-Freudenberg cumulait les distinctions honorifiques dans l'Église catholique romaine :

Notes et références

  1. Maison de Loewenstein, site officiel (page consultée le 17 décembre 2010)
  2. Famille de Rothschild, branche anglaise, site officiel (page consultée le 17 décembre 2010)
  3. Gail Counsell, « Profile : Prince of pop money », The Independent, 23 août 1992 lire en ligne (page consultée le 17 décembre 2010)
  4. David Patrick Columbia, « In Memoriam Alexis de Rede », New York Social Diary, 20 février 2007 lire en ligne (page consultée le 17 décembre 2010)
  5. Mitchell Owens, « The Keepsakes of a Kept Man », The New York Times, 10 mars 2005 lire en ligne (page consultée le 17 décembre 2010)
  6. Aucun rapport avec la holding du même nom de l'homme d'affaires François Pinault.
  7. Alison Boshoff, « Mick Jagger's secret divorce », The Daily Mail, 4 juin 2007 lire en ligne (page consultée le 17 décembre 2010)
  8. En 1970, le gouvernement du Premier Ministre Harold Wilson taxe les plus hauts revenus des résidents britanniques à 90 %. Rod Stewart, Elton John, David Bowie ont déjà quitté la Grande-Bretagne.
  9. « Throughout our married life, he and I literally lived out of a suitcase [...] from one place to another in his quest to avoid income taxes » (« Pendant tout notre mariage, lui et moi avons littéralement vécu dans une valise [...] d'un endroit à l'autre, pour lui éviter les impôts »), Bianca Jagger, déclaration au tribunal lors de son divorce en 1980, The Daily Mail, 4 juin 2007 lire en ligne (page consultée le 17 décembre 2010)
  10. Simon Atkinson, « Timing helps Sir Mick Jagger's money making », BBC News Business, 11 juillet 2010 lire en ligne (page consultée le 17 décembre 2010)
  11. Le communiqué du service de presse des Rolling Stones au Royaume-Uni indique : « Prince Loewenstein is no longer taking care of the Rolling Stones day-to-day business but is currently retained on some aspects of their career. » (« Le prince Loewenstein ne gère plus les affaires des Rolling Stones au quotidien mais demeure pour suivre certains aspects de leur carrière »).
  12. Site officiel de la Latin Mass Society of England & Wales (page consultée le 26»æ juin 2016)
  13. Obituaries, « Frà Andrew Bertie », The Times, 23 avril 2008 lire en ligne (page consultée le 17 décembre 2010)

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.