Royaume des KartvĂšles
Le Royaume des KartvĂšles (en gĂ©orgien : á„áá áááááá áĄáááá€á, K'art'velt'a samep'o) est un Ătat gĂ©orgien du Caucase du Haut Moyen Ăge. Il fut Ă©tabli, d'aprĂšs les sources, entre 888 et 899 par le prince AdarnassĂ© IV Bagration, qui Ă©tait un descendant de l'ancienne dynastie des Bagratides, qui rĂšgne sur la GĂ©orgie jusqu'au XIXe siĂšcle. Son histoire d'un siĂšcle est principalement illustrĂ©e par la domination abkhaze sur le royaume (916-975), la libĂ©ration de l'influence arabe sur le pays et le lent processus vers l'unification de la GĂ©orgie, qui ne s'achĂšve qu'en 1010.
(ka) á„áá áááááá áĄáááá€á
K'art'velt'a samep'o
Statut | Monarchie |
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Capitale | Artanoudji |
Langue(s) | GĂ©orgien |
Religion | Ăglise orthodoxe gĂ©orgienne |
888/899 | Couronnement d'Adarnassé Ier comme « roi des Kartvels » |
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916 | Invasion de l'Abkhazie |
975 | Libération du royaume |
1008 | Unification de la GĂ©orgie |
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Histoire
Le roi Adarnassé
Les Bagrations dirigeaient le Tao-Klardjeti et le Karthli depuis l'an 813[1], sous le titre de princes-primats d'IbĂ©rie. La succession des princes Ă©tait hĂ©rĂ©ditaire, mais en 881, David Ier fut assassinĂ© par NarsĂšs de Samtskhe[1], qui, dĂ©sirant prendre le pouvoir, plaça son alliĂ© Gourgen d'Artani sur le trĂŽne. Mais le fils de David, AdarnassĂ©, dĂ©cida de se venger et, dans ce but, s'allia avec le roi armĂ©nien Achot Ier pour dĂ©clarer la guerre Ă NarsĂšs, lui-mĂȘme alliĂ© Ă Byzance et Ă l'Abkhazie. BientĂŽt, AdarnassĂ© se retrouva vainqueur et NarsĂšs dut se rĂ©fugier dans l'Empire byzantin. En 887, l'Abkhazie attaqua Ă son tour l'ArmĂ©nie avec une grande flotte de Constantinople mais fut repoussĂ©e Ă Aspindza et NarsĂšs fut finalement tuĂ© en 888[2]. La mĂȘme annĂ©e, AdarnassĂ© s'autoproclama « roi des Kartvels » (les Kartvels est le nom gĂ©orgien de la principale subdivision ethnique des GĂ©orgiens) et fut ainsi reconnu par Achot d'ArmĂ©nie. Il rĂ©ussit Ă vaincre Gougen d'Artani en 891 et se retrouva ainsi l'unique maĂźtre du Tao-Klardjeti/IbĂ©rie.
La politique extérieure d'Adarnassé se limitait à une alliance avec l'Arménie et d'importantes tensions avec l'Abkhazie. Ainsi, il supporta Smbat Ier, fils d'Achot, contre son oncle Abas, qui le captura en 891[2]. Par chance, Smbat, tenant à son alliance avec l'Ibérie, le fit libérer en payant une importante rançon et en 899, il lui offrit la couronne et le reconnut comme l'unique roi des Kartvels.
En 904, le roi Constantin III d'Abkhazie occupa les domaines d'Adarnassé. Mais l'Arménie intervint et captura le monarque pour l'envoyer en captivité à Ani. Toutefois, quelques années plus tard, Smbat libéra Constantin et conclut une alliance avec lui. Adarnassé n'apprécia guÚre cette tournure des évÚnements et se retrouva ainsi seul face à de puissants ennemis. Désirant se venger, il trouva un bon moyen d'accomplir ce but en 912, lorsque l'émir Yusuf Ibn Abi'l-Saj envahit l'Arménie : Smbat Ier tenta de se réfugier en Abkhazie, mais Adarnassé ne le laissa pas passer par ses territoires et il fut finalement capturé et pendu à Dvin. Par la suite, Yusuf Ibn Abi'l-Saj en profita pour ravager le Samtskhe et le Djavakheti, mais cet acte marqua la fin des ravages arabes en Géorgie[2].
Constantin III n'en abandonna pas moins ses tentatives de conquĂȘte pour autant. En 916, il rĂ©ussit Ă vaincre AdarnassĂ©, qui fut forcĂ© de se reconnaĂźtre comme son vassal. Ce fut le dĂ©but d'une domination abkhaze de prĂšs de soixante ans sur le royaume des Kartvels.
Domination abkhaze et les « maires du palais »
à partir de 916, les rois d'Abkhazie occupÚrent le royaume des Kartvels, achevant ainsi la volonté de Constantin III, qui vengeait ainsi la mort de son allié NarsÚs. Adarnassé dut à son tour se soumettre à cette réalité pour préserver son trÎne jusqu'à sa mort, en 923. Cette année changea la structure politique du royaume des Kartvels. En effet, jusque-là , Adarnassé portait à la fois le titre de roi et de curopalate, ce qui lui donnait de jure tous les pouvoirs. Mais quand il mourut, l'Empire byzantin décida d'offrir ce dernier titre au second fils du défunt roi, Achot, alors que les pouvoirs du roi revinrent à l'aßné David (923-937), qui n'était que magistros.
Les pouvoirs se retrouvaient de cette maniĂšre divisĂ©s et les curopalates devinrent mĂȘme plus puissants que les rois, qui n'Ă©taient que de simples vassaux fidĂšles des Abkhazes. En 975, une courte guerre civile commença en Abkhazie entre le roi DĂ©mĂ©trius III et son frĂšre ThĂ©odose. Les Kartvels en profitĂšrent pour se libĂ©rer de la tutelle de ce suzerain et le roi Bagrat (958-994) rĂ©cupĂ©ra un trĂŽne indĂ©pendant.
Bagrat II Ă©tait peut-ĂȘtre le roi de jure, mais il est sĂ»r qu'il n'avait presque aucune autoritĂ©. Le vĂ©ritable dirigeant du royaume Ă©tait en fait le duc de Tao-Klardjeti et curopalate David le Grand. Celui-ci passa la majoritĂ© de son rĂšgne Ă combattre les Byzantins, avant de conclure une paix durable avec eux en 989. Ă partir de ce moment, il lutta pour reconstituer un royaume gĂ©orgien unifiĂ©. Dans ce but, il adopta le jeune prince Bagrat, fils du roi Gourgen Ier (994-1008) et bientĂŽt, il rĂ©ussit Ă le placer comme roi d'Abkhazie. Quand il mourut en l'an 1000, Bagrat hĂ©rita de ses possessions et rĂ©cupĂ©ra ainsi le titre de curopalate. De plus, il parvint Ă occuper le trĂŽne de Karthli, alors que son pĂšre naturel Ă©tait toujours le monarque officiel[3].
En 1008, Gourgen Ier mourut, en laissant ses titres à son fils, Bagrat III. Celui-ci se retrouvait désormais le « roi des Abkhazes et des Kartvels », ou plus simplement, roi de Géorgie, le premier à porter ce titre et à régner sur l'ensemble des territoires géorgiens.
Culture
La culture géorgienne se développa particuliÚrement au Xe siÚcle, aprÚs la libération de la domination arabe. Avec les créations architecturales monumentales, on peut également mentionner d'importants développements dans le domaine de la peinture. Cette derniÚre était principalement influencée par l'art byzantin, tandis que l'architecture de cette période se développait indépendamment et atteignit alors un apogée relatif.
L'architecture gĂ©orgienne d'alors est caractĂ©risĂ©e par une variĂ©tĂ© de thĂšmes et de formes. Ă partir de la fin du IXe siĂšcle, un style mĂ©diĂ©val spĂ©cifiquement gĂ©orgien voit le jour. Les constructions gagnent de la hauteur, de grandes cathĂ©drales Ă dĂŽme, allongĂ©es et rectangulaires, sont construites dans les Ă©vĂȘchĂ©s. Des bĂątiments de ce style sont aujourd'hui retrouvables dans le nord-est de la Turquie, le royaume des Kartvels de l'Ă©poque. Des ruines de palais, de chĂąteaux et d'autres constructions nobiliaires existent Ă©galement, mais aucun d'entre eux n'a Ă©tĂ© totalement prĂ©servĂ©.
Durant la derniĂšre phase du Haut Moyen Ăge gĂ©orgien (Xe siĂšcle), les bas-reliefs se dĂ©veloppent en masse, remplaçant le manque de ronde-bosses. Ces reliefs sont dĂ©sormais faits en or et en argent et sont utilisĂ©s pour dĂ©corer les Ă©glises. Des icĂŽnes et des statuettes religieuses sont Ă©galement faites dans ces matiĂšres. ParallĂšlement, alors que la littĂ©rature se dĂ©veloppe, un style spĂ©cial de miniatures gĂ©orgiennes apparaĂźt. Ce dernier se dĂ©veloppe encore pendant les prochains siĂšcles[4].
Les souverains
Liste des rois des Kartvels
Liste des curopalates
- 891-923 : Adarnassé IV ;
- 923-954 : Achot II ;
- 954-958 : Soumbat Ier ;
- 958-963 : Adarnassé V ;
- 963-990 : interrĂšgne ;
- 990-1001 : David III ;
- 1001-1008 : Bagrat III.
Autres
Sources
- Nodar Assatiani et Alexandre Bendianachvili, Histoire de la GĂ©orgie, Ăditions L'Harmattan, Paris, 1997.
- (ka) Nodar Assatiani et Guia Djambouria, Histoire de la GĂ©orgie, tome II : Du XIIIe au XVIIIe siĂšcle, Tbilissi, 2008.
- (en) Nodar Assatani et Otar Djanelidze, History of Georgia, Tbilissi, 2009.
- Marie-Félicité Brosset, Histoire de la Géorgie de l'Antiquité au XIXe siÚcle, Saint-Pétersbourg, 1848-1858.
- Kalistrat Salia, Histoire de la nation géorgienne, Paris, 1981.
- Cyrille Toumanoff, Les dynasties de la Caucasie chrétienne de l'Antiquité jusqu'au XIXe siÚcle : Tables généalogiques et chronologiques, Rome, , p. 524.
Références
- Assatiani et Djanelidze, p. 67
- Assatiani et Djanelidze, p. 68
- Assatiani et Djanelidze, p. 69
- Assatiani et Djanelidze, p. 72
Articles connexes
Liens externes
- (en) « Caucasus â Georgia », sur Regnal Chronologies (consultĂ© le ).
- (en) « Georgian Kings », sur Angelfire (consulté le ).