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Roger Bambuck

Roger Bambuck, né le à Pointe-à-Pitre (Guadeloupe), est un athlète français spécialiste des épreuves de sprint.

Roger Bambuck
Image illustrative de l’article Roger Bambuck
Roger Bambuck en 1968.
Informations
Nationalité Français
Naissance
Lieu de naissance Pointe-Ă -Pitre
Taille 1,85 m (6′ 1″)
Poids 75 kg (165 lb)
Club CA Montreuil
Entraîneur Jacques Lolo
Records
Ancien recordman du monde du 100 m et du 4 Ă— 100 m
Palmarès
Jeux olympiques - - 1
Championnats d'Europe 2 1 -
Championnats de France 8 1 -

Il est considĂ©rĂ© comme l'un des meilleurs sprinteurs français, en Ă©tant le seul Ă  avoir dĂ©tenu le record du monde du 100 m et en ayant rĂ©alisĂ© la meilleure performance française dans cette discipline aux Jeux olympiques.

Il a ensuite eu une carrière politique, occupant notamment la fonction de secrétaire d’État à la Jeunesse et aux Sports de 1988 à 1991.

Biographie

Cécilien Alexandre Roger Georges Bambuck est le fils de Roger Bambuck, transitaire en douane, et de Mireille Bride. Après le collège de Massabielle à Pointe-à-Pitre, il entre au Lycée Carnot puis au Lycée Marcelin-Berthelot.

Carrière sportive

Ce n'est qu'Ă  l'âge de dix-sept ans qu'il commence Ă  pratiquer sĂ©rieusement l'athlĂ©tisme[1]. EntraĂ®nĂ© par Jacques Lolo, il rĂ©alise en 1963 un temps de 10,8 s sur 100 m et un temps de 22 s sur 200 m[1]. Grâce Ă  ses performances, il participe aux championnats ASSU (Association du sport scolaire universitaire) Ă  Paris la mĂŞme annĂ©e[1]. En 1964, il abaisse ses records Ă  10,4 s sur 100 m et 21 s sur 200 m[1]. Aux championnats de France, il se classe deuxième sur 100 m derrière Bernard Laidebeur et est ainsi sĂ©lectionnĂ© pour les Jeux olympiques d'Ă©tĂ© de 1964 Ă  Tokyo[1]. Fin , Ă  quelques jours des JO de Tokyo, Bambuck Ă©gale le record de France Ă  Fontainebleau en 20,7 s, ce qui est alors le deuxième temps mondial chez les juniors[2].

Aux Jeux olympiques, il s'aligne sur 100 et 200 m. Sur la distance reine, il termine troisième de sa sĂ©rie au premier tour et accède aux quarts de finale. Sixième temps de sa sĂ©rie en 10,5 s, il est Ă©liminĂ© Ă  ce stade[2]. Sur 200 m, il se hisse jusqu’en demi-finale oĂą il termine cinquième en 21 s[2]. Après les Jeux, Bambuck s'installe en MĂ©tropole. Interne au lycĂ©e Marcelin-Berthelot Ă  Saint-Maur, il s'entraĂ®ne deux Ă  trois fois par semaine Ă  l'Institut national des sports[3].

En 1965, il Ă©gale le record de France du 100 m Ă©tabli par Abdoulaye Seye en 1959 en 10,2 s et rĂ©ussit un temps de 20,6 s sur 200 m[3]. Cette mĂŞme annĂ©e, tout comme Robert Sainte-Rose, il ne peut prendre de participer Ă  la Coupe d’Europe car la FĂ©dĂ©ration internationale est alors dotĂ©e d'un règlement interdisant la participation des sportifs ultramarins, ce qui dĂ©savantageait les nations coloniales telles la France et la Grande-Bretagne[4]. Lors des championnats de France, il rĂ©alise le doublĂ© 100 m - 200 m, performance qu'il rĂ©Ă©ditera les trois annĂ©es suivantes[5].

En 1966, il obtient son baccalaurĂ©at en sciences expĂ©rimentales[3]. Cette mĂŞme annĂ©e, il participe aux championnats d'Europe d'athlĂ©tisme Ă  Budapest[6]. Favori sur le 100 m, il s'incline en finale contre le Polonais WiesĹ‚aw Maniak et se contente de la mĂ©daille d'argent[6]. Il se console en remportant le titre europĂ©en sur 200 m et celui du relais 4 Ă— 100 m aux cĂ´tĂ©s de Marc Berger, Jocelyn Delecour et Claude Piquemal[6]. En 1967, ce mĂŞme relais rĂ©alise un temps de 38,9 s lors de la Coupe d'Europe Ă  Ostrava[6]. La France devient la première nation Ă  descendre sous la barre des 39 s, mais la fĂ©dĂ©ration internationale n'accorde pas le record du monde car, peu de temps avant, le relais de l'universitĂ© de Californie du Sud a rĂ©alisĂ© un temps de 38,6 s avec trois athlètes amĂ©ricains (Earl McCullouch, Fred Kuller et O. J. Simpson) et un athlète jamaĂŻcain (Lennox Miller)[6].

Le , lors du MĂ©morial MĂ©ricamp[7] organisĂ© au stade Jean-Bouin, il bat le record de France du 100 m en 10,1 s[8]. Le lendemain, il Ă©gale son record europĂ©en du 200 m en 20,4 s[8]. Bambuck souhaite alors participer aux championnats des États-Unis qui se tiennent la semaine suivante afin de se confronter aux meilleurs athlètes amĂ©ricains[8]. Dans un premier temps, le directeur technique national Robert Bobin s'y oppose car la France doit affronter l'Allemagne dans une rencontre internationale et la prĂ©sence de Bambuck est synonyme de recettes aux guichets[8]. Toutefois, le , le comitĂ© directeur de la fĂ©dĂ©ration autorise Bambuck Ă  partir aux États-Unis, par treize voix contre six et une abstention[8]. Le Ă  Sacramento, lors des l'Ă©preuve du 100 m des championnats des États-Unis, Bambuck termine sa sĂ©rie Ă  Ă©galitĂ© avec l'AmĂ©ricain Charles Greene en 10,0 s[9]. Le record du monde est Ă©galĂ© et c'est la première fois qu'un athlète français en est le dĂ©tenteur[9]. Ce record ne tient toutefois qu'une heure et quarante minutes car, lors des demi-finales, l'AmĂ©ricain Jim Hines rĂ©alise le temps de 9,9 s, devenant alors le premier athlète Ă  passer officiellement sous la barre des 10 s[9]. Pour sa part, Bambuck rĂ©alise Ă  nouveau un temps de 10 s en demi-finale. En finale, il termine quatrième derrière Greene, Hines et Miller[9].

Roger Bambuck
Fonctions
Secrétaire d'État chargé des Sports
–
(3 ans et 2 jours)
Président François Mitterrand
Gouvernement Rocard
Prédécesseur Christian Bergelin
Successeur Frédérique Bredin
Biographie

Bambuck est donc confiant pour les Jeux olympiques de 1968, mais Ă  quelques jours du dĂ©but de la compĂ©tition, il tombe malade[10]. Il reprend l'entraĂ®nement le , mais sa prĂ©paration physique et technique a Ă©tĂ© retardĂ©e[10]. En sĂ©ries (10,18 s chrono Ă©lectrique, vent +0,7 m/s, 1er de la 5ème sĂ©rie) puis en quart de finale, Bambuck rĂ©alise un temps de 10,1 s manuel (10,17 s chrono Ă©lectrique, vent +0,5 m/s, 3ème du 2ème quart-de-finale[10]). Le , dans la première demi-finale, Bambuck termine deuxième derrière Hines et se qualifie pour la finale olympique[10]. Avec son temps de 10,11 s (vent +1,6 m/s), il Ă©tablit un record de France qui ne sera battu que le par Antoine Richard[11] - [12]. Pour la deuxième fois après Émile Ali-Khan aux Jeux de 1920, un Français est prĂ©sent en finale du 100 m[13]. Le mĂŞme jour, en finale, Bambuck est au couloir six ; il manque son dĂ©part et termine cinquième de la course en 10,16 s (vent +0,3 m/s).

Deux jours plus tard, le , Bambuck se classe Ă  nouveau cinquième en finale du 200 m[13]. Le , il dispute la finale du relais 4 Ă— 100 m avec GĂ©rard Fenouil, Jocelyn Delecour et Claude Piquemal[14]. PlacĂ© au couloir huit, le relais français termine troisième en Ă©tablissant un nouveau record d'Europe en 38,4 s[14]. Bambuck met un terme Ă  sa carrière sportive juste après les Jeux[15]. alors qu'il n'a que 23 ans, pour se consacrer Ă  ses Ă©tudes : « Ă€ l'Ă©poque, la sociĂ©tĂ© ne comprenait pas qu'un ĂŞtre humain, Ă  25 ans, n'ait pas encore fondĂ© son foyer. A cet âge-lĂ , une jeune fille pas encore mariĂ©e, c'Ă©tait une vieille fille, on fĂŞtait les catherinettes. Il fallait passer aux choses sĂ©rieuses. Le sport n'en Ă©tait pas une »[11]. » Il se lance sans succès dans des Ă©tudes de mĂ©decine, puis trouver un emploi dans une filiale ingĂ©nierie de Renault, puis prend la direction du service des sports de ville d'Épinay-sur-Seine et entame une carrière politique[11]

Il est membre de l'AcadĂ©mie des sports, et laurĂ©at du Prix Guy Wildenstein de celle-ci en 1968, ainsi que colaurĂ©at avec l'Ă©quipe de France du relais 4 Ă— 100 m du Prix Emmanuel Rodocanachi en 1966, rĂ©compensant la meilleure Ă©quipe tricolore, et du Prix Henri Deutsch de la Meurthe de l'AcadĂ©mie des sports en 1967, rĂ©compensant un fait sportif pouvant entraĂ®ner un progrès matĂ©riel, scientifique ou moral pour l’humanitĂ© (son Ă©pouse Ghislaine est Ă©galement laurĂ©ate de l'AcadĂ©mie, obtenant le Prix Alain Danet en 2003, pour sa reconversion professionnelle exemplaire), il a Ă©tĂ© fait Gloire du sport.

Carrière politique

Il commence des études de médecine. En 1988, il est nommé secrétaire d’État à la jeunesse et aux sports dans le gouvernement de Michel Rocard, fonction qu'il assure jusqu'au . Il est à l'origine de la loi antidopage du relative à la répression de l'usage des produits dopants à l'occasion des compétitions et manifestations sportives[16].

Il est ensuite inspecteur général de l'Éducation nationale. Il exerce des responsabilités à l'UNESCO, et dirige le groupe de recherche sur le sport au CNRS. Il a également été directeur de la Délégation Outre-mer à l'Institut de recherche pour le développement. En 1993, il est battu dans la 2e circonscription de l'Eure-et-Loir, arrivant 3e du 1er tour avec 12,85 %, loin derrière la sortante FN Marie-France Stirbois et le RPR Gérard Hamel.

En 1992, il se reconvertit à l'UNESCO et se mobilise pour une trêve olympique alors que Sarajevo est assiégée.

Vie personnelle

Il épouse la sauteuse martiniquaise Ghislaine Barnay le [17]. Journaliste de radio et de télévision, leur fille Aurélie Bambuck leur rend hommage en 2020 dans un documentaire, Barnay-Bambuck, athlètes engagés[18].

Tout en continuant à vivre en région parisienne, le couple achète une maison à rénover dans le Périgord à Saint-Amand-de-Coly où ils s'installent après leur retraite professionnelle[19].

Honneurs

LĂ©gion d'honneur

En avril 1998, il devient chevalier de la LĂ©gion d'honneur[20], puis officier en 2014[19].

Prix Mémoires partagées

En février 2021, lors de la cérémonie officielle d’ouverture du quatrième Mois de l'histoire des Noirs, et dans le cadre du 227e anniversaire de l’abolition de l’esclavage, Ghislaine Barnay et Roger Bambuck ont reçu le prix Mémoires partagées de la part de l'association Mémoires et Partages, dirigée par Karfa Diallo. La cérémonie s'est tenue à l’hôtel de ville de Bordeaux, en présence du maire Pierre Hurmic, et le prix a été remis à leur fille Aurélie Bambuck, pour rendre hommage « à deux athlètes engagés contre le racisme »[21].

Palmarès

Palmarès international

  • MĂ©daille d'or Champion d'Europe du 200 m en 1966
  • MĂ©daille d'or Champion d'Europe du relais 4 Ă— 100 m en 1966
  • MĂ©daille d'argent Vice-champion d'Europe du 100 m en 1966.
  • MĂ©daille de bronze MĂ©daille de bronze aux Jeux olympiques de 1968 au relais 4 Ă— 100 m.
  • 5e des Jeux olympiques de 1968 en 100 m et 200 m
  • 4e du championnat des États-Unis sur 100 m en 1968.
  • Membre de l'Ă©quipe d'Europe en 1967, il devance les AmĂ©ricains sur 100 m et avec le relais 4 Ă— 100 m

Palmarès national

  • MĂ©daille d'or Champion de France du 100 m en 1965, 1966, 1967 et 1968
  • MĂ©daille d'or Champion de France du 200 m en 1965, 1966, 1967 et 1968
  • MĂ©daille d'argent Vice-champion de France du 100 m en 1964

Records

Notes et références

  1. Alain Luzenfichter, L'or français en athlétisme, Anglet, Atlantica, , p.165.
  2. Luzenfichter 2003, p. 166.
  3. Luzenfichter 2003, p. 170.
  4. Carine Érard et Karen Bretin, « Les athlètes d’Outre-Mer dans le journal L’Équipe (1946-1968) », sur cairn.info / revue Migration société, (consulté le )
  5. (en) « French Championships », sur gbrathletics.com (consulté le )
  6. Luzenfichter 2003, p. 171.
  7. Meeting international d'athlétisme créé en l'honneur de Paul Méricamp, intègre représentant de l'amateurisme et célèbre Président de la F.F.A.
  8. Luzenfichter 2003, p. 172.
  9. Luzenfichter 2003, p. 173.
  10. Luzenfichter 2003, p. 174.
  11. Adrien Franque, « La fulgurante histoire du 100 mètres masculin français », sur vice.com, (consulté le )
  12. Henri Haget, « Roger Bambuck: Dix secondes, c'est long », sur lexpress.fr, (consulté le )
  13. Luzenfichter 2003, p. 175.
  14. Luzenfichter 2003, p. 177.
  15. Luzenfichter 2003, p. 178.
  16. Loi relative à la répression de l'usage des produits dopants à l'occasion des compétitions et manifestations sportives, sur senat.fr/
  17. « Mariage de champions », sur martinique.franceantilles.fr (consulté le )
  18. « Doc : Barnay-Bambuck, athlètes engagés », sur francetvinfo.fr, (consulté le )
  19. « Yalouz et Bambuck décorés », sur athle.fr, (consulté le ).
  20. « Légion d'Honneur : Monod, Attali, Bambuck... », sur letelegramme.fr, (consulté le )
  21. Daniel Betis, « Les anciens athlètes Roger Bambuck et Ghislaine Barnay, honorés pour leur engagement », sur francetvinfo.fr, (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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