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Rob Roy (roman)

Rob-Roy (Rob Roy, en Ă©dition de langue anglaise) est un roman historique de l'auteur Ă©cossais Walter Scott. Il paraĂ®t en 1817 sous la signature « l'auteur de Waverley, Guy Mannering et L'Antiquaire Â».

Rob-Roy
par l’auteur des Puritains d’Écosse, etc.
Image illustrative de l’article Rob Roy (roman)
Rob-Roy dans la crypte
de la cathédrale de Glasgow

Auteur Walter Scott
Pays Drapeau de l'Écosse Écosse
Genre roman historique
Version originale
Langue • anglais
• scots des Lowlands
• gaélique écossais anglicisé
Titre Rob Roy
Éditeur • Constable, Édimbourg
• Longman, Hurst, Rees, Orme and Brown, Londres
Lieu de parution Édimbourg, Londres
Date de parution
Version française
Traducteur Defauconpret
Éditeur Gabriel-Henri Nicolle
Lieu de parution Paris
Date de parution 1818
Type de média 4 vol. in-12
Chronologie

C’est une œuvre réaliste où l’activité économique joue un rôle important. Voulant sauver l'entreprise familiale de la ruine, un jeune Londonien se rend dans une Écosse en proie à la crise qui précède la rébellion jacobite de 1715. Sa recherche d'un cousin scélérat lui fait croiser la route du hors-la-loi Robert MacGregor, dit Rob-Roy, lié aux jacobites, et qui a lui aussi un compte à régler avec ce cousin.

Le livre est un des plus grands succès de Scott.

Genèse

Ă€ la fin de l'annĂ©e 1816, Scott s'est Ă©cartĂ© de son Ă©diteur Ă©cossais Constable en publiant la première sĂ©rie des Contes de mon hĂ´te (Le Nain noir et Les Puritains d'Écosse) chez le londonien Murray et son correspondant d'Édimbourg Blackwood. Il a pour la circonstance changĂ© de nom de plume, renonçant Ă  « l'auteur de Waverley Â» pour devenir Jedediah Cleishbotham.

Au dĂ©but de l'annĂ©e 1817, il publie Harold l'IntrĂ©pide, son dernier long poème. Mais sa gloire de poète est maintenant Ă©clipsĂ©e par le phĂ©nomĂ©nal succès de ses romans, et il va se consacrer essentiellement Ă  la prose[1]. MĂ©content de Blackwood, il dĂ©cide de confier son sixième roman Rob-Roy Ă  Constable, en reprenant la signature « l'auteur de Waverley Â»[2].

En juillet, il part en repérage, visitant sur la rive orientale du Loch Lomond la caverne de Rob Roy[2] et Glen Falloch[3]. Il visite aussi la cathédrale de Glasgow.

Il commence à écrire en août. Son travail est retardé par des accès de violente souffrance (probablement des calculs biliaires) qu'il s'efforce de soulager par la diète, par la saignée et par de fortes prises de laudanum[4]. Il ne termine son roman que début décembre[2].

Publication

Rob Roy paraĂ®t en trois volumes le , sous la signature « the Author of Waverley, Guy Mannering, and The Antiquary Â» :

  • Ă  Édimbourg, chez Archibald Constable and Co ;
  • Ă  Londres, chez Longman, Hurst, Rees, Orme, and Brown[2].

En 1831, dans l'Ă©dition Magnum Opus, Scott fait prĂ©cĂ©der le roman d'une introduction de 135 pages consacrĂ©e Ă  celui qui donne son nom au livre, le hors-la-loi Robert MacGregor, dit Rob Roy. Il y fait le partage entre Histoire et lĂ©gende[5].

Époque et lieux du roman

Localisation du district de Stirling, où se trouve « le pays de Rob Roy ».

Le récit se déroule en 1715. Le jeune héros se trouve d'abord à Bordeaux, puis à Londres. Il est exilé par son père dans les monts Cheviot, au nord du Northumberland, à la frontière de l'Écosse. Il se rend ensuite dans l'est de l'Écosse, à Glasgow, la capitale économique.

« Le pays de Rob Roy Â»

Il part en expĂ©dition aux confins des Highlands, dans le district de Stirling, oĂą se trouve « le pays de Rob Roy Â» que Scott dĂ©crit comme « le territoire montagneux et dĂ©sert situĂ© entre le Loch Lomond, le Loch Katrine et le Loch Ard[6] ». Deux Ă©pisodes se passent dans le clachan (hameau) d'Aberfoyle (Aberfoil, dans le roman). L'attaque de Helen Campbell a lieu sur les bords du Loch Ard. C'est en traversant le Forth que Rob Roy s'Ă©vade[7].

Cadre historique

En 1707, l’acte d’Union met fin à l’indépendance de l’Écosse, et donne naissance à la Grande-Bretagne. En 1714, le protestant George de Hanovre accède au trône. En Écosse, surtout dans le nord, les rancœurs nationalistes et le changement de dynastie créent une situation explosive. Depuis l’acte d’Union, les impôts augmentent, les alcools sont taxés, tandis que l’ouverture du commerce écossais au marché américain se fait attendre[8]. Dans le nord, les populations sont trop nombreuses pour des ressources trop maigres[9], tandis que le sud est actif et moderne. Aux querelles entre jacobites et hanovriens s’ajoutent les haines entre Highlanders et Lowlanders, et se mêlent des discordes héréditaires dont les causes sont inexplicables.

Depuis 1689, les souverains achetaient le calme en accordant des pensions aux chefs de clans — permettant à ceux-ci de subvenir aux besoins des affamés. Mais depuis l’avènement du roi George, ces pensions ne sont plus versées. Les chefs ne peuvent plus soutenir leurs clans[10].

La crise personnelle que traverse le narrateur vient en contrepoint de la crise historique précédant la rébellion jacobite de 1715. C’est la crise qui intéresse Scott, plus que son dénouement. C’est elle qui fournit le sujet du livre. La rébellion et son écrasement ne sont que rapidement évoqués dans les dernières pages.

Résumé

Dans les monts Cheviot

En 1715, Frank Osbaldistone refuse de se destiner au commerce et à la succession de son père, riche négociant londonien. Le jeune homme est alors déshérité au profit de Rashleigh, un cousin qu'il ne connaît pas. Il est de plus exilé dans la famille de ce dernier, à Osbaldistone Hall, dans les monts Cheviot.

Créatures frustes partageant leur temps entre chasse et orgies, son oncle et ses cousins perpétuent la tradition aristocratique de la famille. Seul Rashleigh est fin, cultivé, très capable, mais il est également un sordide et jaloux intrigant. L’amertume du séjour est atténuée par la présence de la lumineuse Diana Vernon, amazone au franc-parler sidérant.

Injustement accusé d’avoir détroussé un agent du gouvernement, Frank est tiré d’affaire par l’intervention d’un certain Robert Campbell.

Frank s’interroge sur l’atmosphère de mystère qui entoure la si franche Diana, sur les liens troubles qu’elle entretient avec le révulsant Rashleigh et avec un inconnu fantomatique dont on sent la présence dans le château.

Rashleigh s’en va prendre à Londres la place de Frank. Les rênes de l’affaire lui sont confiés temporairement. Il en profite pour soustraire des effets de la caisse, mettant en péril la maison Osbaldistone et Tresham. Il s’enfuit en Écosse.

Ă€ Glasgow

vue d’une crypte
La crypte de la cathédrale de Glasgow, où Frank est approché par Rob-Roy.

AlertĂ©, Frank se rend Ă  son tour en Écosse, Ă  Glasgow, pour y rejoindre Owen, le premier commis de son père, qui tente de sauver la situation. C’est Robert Campbell qui permet Ă  Frank de retrouver le commis : le malheureux a Ă©tĂ© jetĂ© en prison par des crĂ©anciers locaux. Il n’est dĂ©livrĂ© que par l’intercession d’un plus humain et plus avisĂ© partenaire, le bailli Nicol Jarvie.

Frank retrouve également Rashleigh, avec qui il se bat en duel. Les choses vont mal tourner pour Rashleigh, lorsque le bras de Frank est arrêté par Robert Campbell, toujours lui. Ce Campbell est en réalité Robert MacGregor, dit Rob-Roy, marchand de bestiaux ruiné, devenu chef de hors-la-loi.

Au pays de Rob-Roy

Frank, accompagnĂ© de son domestique et de Nicol Jarvie, se rend aux confins des Highlands pour tenter de remettre la main sur les effets dĂ©robĂ©s Ă  son père. Mais, dans l’auberge d’Aberfoil, Ă  la suite d'une mĂ©prise, tous trois sont arrĂŞtĂ©s et emmenĂ©s par les « habits rouges Â». Sur les bords du loch Ard, la petite troupe tombe dans une embuscade tendue par des femmes, des vieillards et des enfants conduits par Helen Campbell, la farouche Ă©pouse de Rob-Roy.

L’implacable Helen se propose d’exécuter les quelques soldats survivants, ainsi que leurs trois prisonniers. Le sauvage supplice du douanier Morris leur donne un avant-goût de ce qui les attend. Mais Helen apprend que, sur trahison de Rashleigh, son mari a été capturé (Rashleigh, conspirateur jacobite, a trahi les jacobites à grande échelle[11]). Alors, accordant un sursis à Frank, elle le charge de porter un message lourd de menaces aux geôliers de Rob, lequel doit être pendu le lendemain.

Mettant à profit la traversée du gué d’Avondow, Rob-Roy s’enfuit à la nage. Frank, soupçonné de l’avoir aidé, préfère s’éclipser. Il se retrouve de nuit, à pied, sur la route d’Aberfoil. Il a la surprise d’y rencontrer deux cavaliers. L’un d’eux est Diana Vernon, qui lui remet les effets dérobés par Rashleigh. L’autre est un inconnu, ce qui suscite la jalousie de Frank. Les deux cavaliers poursuivent leur chemin.

La rébellion

À Glasgow, Frank retrouve son père et Owen. Tous trois regagnent précipitamment Londres, car la rébellion se déclenche. Frank part combattre dans les troupes gouvernementales du général Carpenter.

La rébellion écrasée, Frank apprend la mort de son oncle et de cinq de ses cousins. Il hérite d’Olsbadistone Hall, car son oncle l’a couché sur son testament — n’accordant qu’un shilling à Rashleigh, en raison de sa traîtrise. Frank découvre que Diana et son conspirateur de père se cachent dans le château. Rashleigh les fait arrêter tous les trois, mais Rob-Roy et ses Highlanders interviennent et Rob-Roy tue Rashleigh. Le père de Diana a mal supporté toutes ces aventures. Il va mourir. Frank va donc pouvoir arracher Diana au couvent auquel ce père s’obstinait à la promettre.

Personnages

statue colorée, à flanc de montagne, dans la verdure
Statue de Rob Roy.
Diana Vernon en méditation
  • Francis (Frank) Osbaldistone, le narrateur anglais, vingt-deux ans. Il n’a rien du fade et irrĂ©solu Waverley. Orgueilleux, obstinĂ©, parfois emportĂ©, Frank sait ce qu’il veut. PresbytĂ©rien et hanovrien, il aime certes une jeune fille catholique et jacobite, il n’est certes pas dĂ©nuĂ© de compassion pour les insurgĂ©s, il veille certes Ă  la sĂ»retĂ© de ceux qui lui demandent asile, mais il n’embrasse pas leur cause pour autant. Partisan dĂ©cidĂ© du gouvernement, il reste fidèle Ă  sa religion et au roi George, se portant volontaire pour combattre l’insurrection[12].
  • William Osbaldistone, père de Francis, aristocrate du Northumberland, dĂ©shĂ©ritĂ© et chassĂ© par son propre père pour avoir choisi la voie du commerce. Habile, hardi, entreprenant, imaginatif, Ă©nergique, il est devenu un riche nĂ©gociant de Crane Alley, Ă  Londres.
  • Joseph Owen, premier commis de la maison Osbaldistone et Tresham. Grave et sĂ©rieux, un petit air d’importance oĂą perce la bontĂ©. S’exprime en termes comptables dans la conversation courante.
  • Morris, jaugeur sur le port de Geenock, Ă  l’embouchure de la Clyde. Poltron. « Animal Ă  deux pieds, avec une tĂŞte d’oie et un cĹ“ur de poule. »
  • Robert MacGregor, alias Robert Campbell, alias Rob-Roy (Robert le Roux), figure historique. Highlander, marchand de bestiaux ruinĂ©. Devenu chef de bande, il rackette les Ă©leveurs des Lowlands. Il a partie liĂ©e avec les jacobites, mais il est surtout « de son propre parti » : les grands se mĂ©fient de lui, et il se mĂ©fie des grands. N’étant pas cruel de nature, il Ă©vite les exactions qui pourraient lui attirer des haines inutiles. Il fait souvent preuve de clĂ©mence et de gĂ©nĂ©rositĂ©, ce qui lui vaut une rĂ©putation de Robin des Bois.
  • Diana Vernon, dix-huit ans, de père anglais et de mère Ă©cossaise, nièce de sir Hildebrand Osbaldistone. Catholique. EnjouĂ©e, fine, simple. ÉlevĂ©e comme un garçon parmi ses rustres de cousins, elle a dĂ©veloppĂ© une Ă©tonnante personnalitĂ© faite d’indĂ©pendance d’allure, de vivacitĂ© d’esprit et de solide franchise. Elle est nĂ©anmoins entourĂ©e de mystère, car c’est une conspiratrice jacobite. Par ailleurs, un arrangement de famille l’oblige ou Ă  entrer au couvent ou Ă  Ă©pouser un Osbaldistone — Thorncliff ayant Ă©tĂ© dĂ©signĂ© par sir Hildebrand.
  • Sir Hildebrand Osbaldistone, chasseur enragĂ©, grand mangeur et grand buveur. Catholique. Frère cadet du père de Frank, il a hĂ©ritĂ© du titre et du domaine lorsque son aĂ®nĂ© a Ă©tĂ© chassĂ©. MalgrĂ© la brusquerie de ses manières, en dĂ©pit de son ton rustique et grossier, il n’a pas mauvais fond.
  • Thorncliff Osbaldistone, fils de sir Hildebrand. Campagnard sans la moindre Ă©ducation. Brusque, ombrageux et querelleur. Il est destinĂ© Ă  Ă©pouser Diana, qu’il n’aime pas mais qu’il considère comme sa propriĂ©tĂ©. Aussi est-il jaloux de la faveur de Frank auprès de la jeune fille.
  • Rashleigh Osbaldistone, vingt-deux ans, le plus jeune des six fils de sir Hildebrand. D’abord destinĂ© Ă  l’état ecclĂ©siastique, il a Ă©tudiĂ© au sĂ©minaire des jĂ©suites de Saint-Omer. « Personnage satanique[13] », d’une mĂ©chancetĂ© absolue. Hideux, intelligent, fier et ambitieux, sĂ©ducteur envoĂ»tant, perfide, haineux, scĂ©lĂ©rat, jaloux, hypocrite, traĂ®tre. Conspirateur jacobite, mais surtout « abominable scĂ©lĂ©rat[14] ».
  • Les quatre autres fils de sir Hildebrand sont lourds et raboteux comme les pierres de Stonehenge : Percy est ivrogne, John homme des bois, Dick ne vit que pour les chevaux et Wilfred est sot.
  • Andrew Fairservice, Écossais de la paroisse de Dreepdayly (Ă  quelques miles Ă  l’ouest de Glasgow), oĂą l’on fait venir les choux sous cloche. PresbytĂ©rien. Jardinier d’Osbaldistone Hall, puis domestique de Frank. D’humeur caustique, anti-Anglais, adversaire de l’acte d’Union : si un cheval se dĂ©ferre, c’est la faute Ă  l’acte d’Union. Calamiteux, il a toujours la langue trop longue. Impertinent, importun, opiniâtre, exaspĂ©rant, couard, Ă©goĂŻste, il possède l’art d’affecter le plus grand attachement pour son maĂ®tre. Contrebandier Ă  ses heures. Poète Ă  ses heures : « Un chou-fleur est si brillant au clair de lune qu’il ressemble Ă  une dame parĂ©e de diamants. »
  • La vieille Marthe Simpson, femme de charge d’Osbaldistone Hall. Bien que prĂ©fĂ©rant le vin, elle est flattĂ©e que Diana l’invite Ă  prendre le thĂ© pour jouer les chaperons, lors d’entrevues tardives avec Frank.
  • Le squire Inglewood, jacobite blanchi. Mangeur et ivrogne, il exerce avec indolence les fonctions de juge de paix.
  • Joseph Jobson, protestant, hanovrien, cupide et corrompu, clerc d’Inglewood.
  • MacCallum More, duc d’Argyle, figure historique. Chef du clan Campbell, il protège dans une certaine mesure les dĂ©bris du clan MacGregor[15]. Il a du crĂ©dit Ă  la Chambre des lords car, n’appartenant Ă  aucun parti, il souffle le chaud et le froid. Il y fait des discours Ă©loquents et Ă©nergiques contenant principalement l’éloge de sa famille et de son clan, ainsi que des compliments sincères qu’il s’adresse Ă  lui-mĂŞme. Scott en tracera un portrait plus fouillĂ© dans son roman suivant, Le CĹ“ur du Midlothian.
  • MacVittie et MacFin, nĂ©gociants de Gallowgate, Ă  Glasgow, correspondants de la maison Osbaldistone et Tresham. Serviles et dĂ©fĂ©rents quand tout va bien. Intransigeants et agressifs Ă  la première alerte.
  • Dougal Gregor, Highlander aux ordres de Rob-Roy. EnfermĂ© Ă  la prison de Glasgow, il sĂ©duit par son air de franchise et de simplicitĂ©, Ă  tel point qu’on lui confie la fonction de porte-clefs.
  • Bailli Nicol Jarvie. Banquier, magistrat, nĂ©gociant de tissus en gros de Salt Market, Ă  Glasgow. Écossais des Lowlands, whig. Pointilleux, dur en affaires, industrieux. Plein de son mĂ©rite, mais franc et simple. Si ses manières manquent un peu de dĂ©licatesse, le fond de son cĹ“ur est excellent. Hâbleur, d’une verve imagĂ©e : « ... bâillant de temps en temps comme si j’avais voulu avaler l’église de Saint-Enoch ». Cousin Ă©loignĂ© de Rob-Roy.
  • Mattie, servante de Nicol Jarvie, orpheline, petite-cousine du laird de Limmerfield.
  • Helen Campbell, Ă©pouse de Rob-Roy. Terrible femme, rude, sombre, fière, rĂ©solue, inflexible, belliqueuse. Jacobite. Elle hait ce qui n’est pas des Highlands, et particulièrement ce qui est anglais.
  • Jeannie MacAlpine, aubergiste du clachan (hameau) d’Aberfoil. Native du comtĂ© de Lennox, dans les Lowlands. « Une honnĂŞte femme, dit-elle, vivrait plus tranquille en enfer qu’aux frontières des Highlands. » Sa hutte misĂ©rable est pourvue de deux portes : l’une pour les humains, l’autre pour les animaux (poules, chevaux, chèvres, vaches, cochons mĂŞlĂ©s) ; ce qui, dans son hameau, fait qualifier Jeannie d’orgueilleuse.
  • Allan Iverach, Highlander, chef d’un clan de l’ouest. Ennemi de Rob-Roy.
  • Inverashalloch, Highlander, chef d’un clan de l’ouest. Ennemi de Rob-Roy qui a tuĂ©, Ă  Invernenty, Duncan MacLaren, son cousin au septième degrĂ©.
  • Duncan Galbraith de Garschattachin, Écossais des Lowlands, major de la milice du comtĂ© de Lennox. Il s’estime loyal Ă  la fois envers le roi Jacques et envers le roi George. DĂ©biteur dĂ©sinvolte de Nicol Jarvie.
  • Duc de Montrose, figure historique. Écossais hanovrien. Important partisan de l'acte d'Union. Une mĂ©sentente avec Rob-Roy aurait eu pour consĂ©quence l’expropriation des MacGregor. Ayant saisi les terres de Rob-Roy, Montrose sera combattu par celui-ci jusqu’en 1722.
  • Sir Frederick Vernon, comte de Beauchamp, père de Diana. Anglais, catholique rigide. Conspirateur incorrigible, agent de la maison Stuart. On le croit mort, durant presque tout le livre.

Accueil

Le succès public du livre est immédiat[16]. Il s'agit d'un des plus grands et des plus durables succès de Scott[17].

La critique est en général élogieuse.

Critique des personnages

Certains commentateurs se disent déçus de ce que Rob Roy ne soit pas présenté sous l'allure d'un hors-la-loi plus impressionnant et majestueux[16]. Mais on compare souvent Scott à Shakespeare pour ce qui est de la vigueur dans la peinture des caractères — avec mention spéciale à ceux d’Andrew Fairservice et de Nicol Jarvie[2]. Quant à Diana Vernon, elle émerveille aussi bien lecteurs que critiques par sa hardiesse et par sa finesse de vues.

Critique de l'intrigue

L’intrigue a fait l’objet de critiques concernant son manque d'unité[18], et une fin quelque peu désinvolte qui voit huit personnages mourir coup sur coup pour permettre à Frank d’être heureux[19]. Scott lui-même reconnaît que le roman — la fin notamment — peut donner une impression de négligence. Il dit s’être trouvé incapable de donner au dénouement sa vraie dimension[20]. Henri Suhamy défend Scott sur ce point, faisant valoir que les morts s’amoncellent vite en période troublée ; et rappelant que, des onze frères et sœurs de Scott, il ne reste plus qu’un survivant (Tom) l’année où Walter écrit Rob-Roy[19].

L’avis de Stevenson

Dans son essai Rosa Quo Loquorum, Stevenson détaille ses découragements d’enfant tentant de lire Rob-Roy, mais aussi les étapes de surprise et de bonheur qui ponctuèrent sa découverte du roman. « J’ose affirmer au vu de tout le monde qu’il s’agit là du meilleur roman de Walter Scott, et que Walter Scott n’est pas loin d’être le plus grand des romanciers[21]. »

Analyse

Rob-Roy est une œuvre réaliste où l’activité économique joue un rôle important[22] - [12].

Il s'agit du seul roman de Scott Ă©crit Ă  la première personne[17] : le narrateur est Frank. En quĂŞte de lui-mĂŞme, le hĂ©ros scottien finit par se trouver, au terme d’un parcours qui aura servi de lien : entre la poĂ©sie et le monde des affaires, entre l’Angleterre commerçante et l’Angleterre aristocratique, entre la ville et la campagne, entre le prĂ©sent et le passĂ©, entre l’Angleterre et l’Écosse, entre Highlands et Lowlands, entre catholiques et protestants, entre whigs et tories, entre jacobites et hanovriens[22].

Devant l’amer constat que « tout change et tout meurt[23] Â», ce qui importe pour Scott n’est pas de nier le changement ou le progrès, mais de lui survivre, en sauvant du passĂ© ce qui peut ĂŞtre sauvĂ©[24].

Traductions

Premières éditions en français

Traduit par Auguste-Jean-Baptiste Defauconpret, le roman paraĂ®t en quatre volumes in-12, en 1818, Ă  Paris, chez Gabriel-Henri Nicolle : Rob-Roy. Par l'auteur des « Puritains d'Écosse Â», etc.[25]. Une autre Ă©dition en quatre volumes in-12 paraĂ®t chez Jean-Gabriel Dentu, Ă  Paris, la mĂŞme annĂ©e : Robert le Rouge Mac Gregor ou les Montagnards Ă©cossais, par l’auteur des Puritains d’Écosse. Le texte y est traduit — selon Joseph-Marie QuĂ©rard — par Henri Villemain[26].

La traduction de Defauconpret est reprise dans les rĂ©Ă©ditions de Nicolle et de son successeur Charles Gosselin, et dans celle de Lecointe en 1830. Une traduction d'Albert MontĂ©mont paraĂ®t dans une Ă©dition en 27 volumes d'Ĺ“uvres de Scott (1830-1832) chez Armand-AubrĂ©e, sous le titre Rob-Roy[25].

Édition récente

Walter Scott, Waverley, Rob-Roy, La FiancĂ©e de Lammermoor, coll. « Bouquins Â», Laffont, 1981. Trad. Defauconpret.

Adaptations

  • Un drame, tirĂ© du roman par William Henry Murray, est jouĂ© le au Theatre Royal d'Édimbourg devant George IV[27].
  • De 1817 Ă  1917, le roman connaĂ®t quelque 970 adaptations théâtrales (près de quatre fois plus que celles d’IvanhoĂ© et de Quentin Durward confondues)[28].
  • L'Ouverture de Rob-Roy, d'Hector Berlioz, inspirĂ©e du roman, composĂ©e en 1831, est exĂ©cutĂ©e le au Conservatoire de Paris. Elle est reniĂ©e par le compositeur[29].
  • Rob Roy, film britannique muet en noir et blanc, est tirĂ© du roman de Scott par Arthur Vivian, en 1911, avec John Clyde (Rob Roy MacGregor), Theo Henries (Helen MacGregor) et Durward Lely (Francis Osbaldistone)[30].

Références culturelles

Notes et références

  1. (en) « Scott the Novelist Â», sur walterscott.lib.ed.ac.uk, 23 janvier 2007.
  2. (en)« Rob Roy Â», sur walterscott.lib.ed.ac.uk, 19 dĂ©cembre 2011.
  3. (en) « Glen Falloch Â», sur images.is.ed.ac.uk.
  4. Henri Suhamy, Sir Walter Scott, Fallois, 1993, p. 256.
  5. Des extraits de cette introduction figurent dans le dossier critique de Rob-Roy, in Walter Scott, Waverley, Rob-Roy, La FiancĂ©e de Lammermoor, coll. « Bouquins Â», Laffont, p. 959-970 ; et dans Walter Scott, Rob-Roy, sur ebooksgratuits.org, p. 6-34.
  6. Rob-Roy, in Walter Scott, Waverley, Rob-Roy, La Fiancée de Lammermoor, éd. cit., p. 599.
  7. Rob-Roy, Ă©d. cit., p. 611-613.
  8. Rob-Roy, Ă©d. cit., p. 504.
  9. Rob-Roy, Ă©d. cit., p. 551 et 552.
  10. Rob-Roy, Ă©d. cit., p. 554 et 555.
  11. Rob-Roy, Ă©d. cit., p. 634.
  12. Henri Suhamy, op. cit., p. 258.
  13. Michel Crouzet, « PrĂ©face Â», op. cit., p. 17.
  14. Rob-Roy, Ă©d. cit., p. 664.
  15. Michel Crouzet, « Notes critiques Â» de Rob-Roy, op. cit., p. 972, note 1 de p. 434.
  16. (en) Andrew Lang, « Editor's Introduction to Rob Roy Â», sur ebooks.adelaide.edu.au.
  17. Henri Suhamy, op. cit., p. 257.
  18. Voir Michel Crouzet, « PrĂ©face Â», op. cit., p. 9 et 10.
  19. Henri Suhamy, op. cit., p. 263.
  20. Michel Crouzet, « Dossier critique Â» de Rob-Roy, op. cit., p. 959.
  21. Robert Louis Stevenson, « Rosa Quo Loquorum Â», Essais sur l’art de la fiction, Payot & Rivages, 2007, p. 84-86. Ă€ noter quelques imprĂ©cisions et confusions, dans les souvenirs de lecture de Stevenson.
  22. Michel Crouzet, « PrĂ©face Â» op. cit., p. 31.
  23. Henri Suhamy, op. cit., p. 264.
  24. Michel Crouzet, « PrĂ©face Â», op. cit., p. 21 et 22.
  25. Joseph-Marie Quérard, La France littéraire ou Dictionnaire bibliographique des savants, historiens, et gens de lettres de la France, sur books.google.fr, Firmin Didot, 1836, t. VIII, p. 568 et 569.
  26. « Robert le Rouge Mac Gregor Â», sur catalogue.bnf.fr
  27. (en) « Edinburgh's Theatre Royal – a history Â», sur digital.nls.uk.
  28. (en) H. Philip Bolton (dir.), Scott Dramatized, Londres, Mansell, 1992. CitĂ© par Tim Dolin, « The Great Uncredited: Sir Walter Scott and Cinema Â», sur screeningthepast.com.
  29. Site Hector Berlioz.
  30. (en) « Rob Roy Â», sur imdb.com.
  31. (en) Tim Dolin, « The Great Uncredited: Sir Walter Scott and Cinema Â», sur screeningthepast.com.

Bibliographie

  • (en) Eustace Mandeville Wetenhall Tillyard, The Epic Strain in the English Novel, Londres, Chatto & Windus, 1958.
  • Michel Crouzet, « Walter Scott et la rĂ©invention du roman Â», introduction critique de Walter Scott, Waverley, Rob Roy, La FiancĂ©e de Lammermoor, coll. « Bouquins », Laffont, 1981, p. 7-44.

Articles connexes

Lien externe

Walter Scott, Rob-Roy, sur ebooksgratuits.org, trad. Defauconpret « publiée en 1830 ».

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