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Richard de Regnauld de Lannoy de Bissy

Richard de RĂ©gnauld de Lannoy de Bissy, nĂ© le Ă  Valence et mort le Ă  Bissy en Savoie, est un officier français qui a fait carrière dans le corps du GĂ©nie Ă  la fin du XIXe siècle. Il a conçu et rĂ©alisĂ© la première carte complète de l’Afrique Ă  l’échelle de 1 : 2 000 000 dans le contexte de l’exploration de l’Afrique et des tensions coloniales europĂ©ennes.

Richard de Regnauld de Lannoy de Bissy
Richard de RĂ©gnauld de Lannoy de Bissy en 1880.

Enfance et formation militaire

Richard de Régnauld de Lannoy de Bissy est né à Valence le . Son père, Camille de Régnauld de Lannoy de Bissy, ancien élève de l'École polytechnique (diplômé en 1830), est ingénieur des Ponts et Chaussées affecté dans la région de Constantine, en Algérie. Richard de Lannoy de Bissy grandit à Grenoble où sa mère, Anne Périolat, s’est installée. Il intègre ensuite l’internat du lycée Saint-Louis à Paris. Comme son père, il entre à l’École polytechnique en 1864. En 1866, il en sort 46e sur 128 élèves, avec le grade de sous-lieutenant[1].

Il intègre l'École d'application de l'artillerie et du génie à Metz avant d’être affecté comme lieutenant au 2e régiment du Génie à Montpellier en [2].

Carrière et réalisation de la carte d’Afrique

1868-1874 : Un officier du Génie en Algérie

Rapidement, il est nommé en Algérie où sa formation d’ingénieur l’amène à construire des routes, à rechercher et à prévoir l’installation de villages à destination des colons français ainsi qu’à reconstruire des installations détruites par les rebelles qui luttent contre l’occupation française. En mars 1874, il quitte l’Algérie avec, dans ses bagages, l’idée de créer une carte générale de l’Afrique. Il dira plus tard : « J’ai surtout été frappé de ce manque d’une bonne carte d’étude d’ensemble, en lisant, il y a quelques années le récit des voyages de Livingstone (…) les divers ouvrages qui parurent étaient accompagnés de cartes de détail qui montraient avec clarté les étapes successives du grand voyageur ; mais la carte d’ensemble qui résumait le résultat de tant d’années de pérégrinations était tellement réduite qu’elle ne donnait aucune idée de l’importance des contrées visitées »[3].

1874-1881 : Retour en métropole et début de la conception de la carte de l'Afrique

De retour en métropole, il effectue des travaux de topographie dans les Alpes du Nord où il est également chargé de réaliser des aménagements de fortification, dont le fort du Saint-Eynard. En 1876, il devient l’aide de camp du général Charles Eugène Durand de Villers. Peu après, il épouse la seconde fille du général, Marie-Constance, en 1877 (décédée en 1883).
Ce nouveau poste lui vaut de vivre à Paris et lui permet de disposer de davantage de temps libre. Il le met à profit pour rassembler la documentation nécessaire à la réalisation de sa carte de l’Afrique et pour nouer des relations dans les milieux géographiques de la capitale, d’Europe et d’Afrique, avec des explorateurs, des missionnaires, des voyageurs, ce qui donne lieu à une abondante correspondance[4].

1881-1889 : Achèvement de la carte de l'Afrique

Encouragé par Charles Maunoir, secrétaire de la Société de géographie, il adhère à cette société. Dès 1880, il présente l’état d’avancement de son travail à la Société de géographie : l’accueil est enthousiaste, au point que le projet est signalé aux ministres de l’Instruction publique et de la Guerre. L’effet est rapide : en , Lannoy de Bissy est désigné pour être détaché à l’état-major général du ministre de la Guerre et il peut ainsi se consacrer à l’établissement de sa carte.

La rĂ©alisation de la carte se poursuit, tandis que l’intĂ©rĂŞt des Ă©rudits s’accroĂ®t : Lannoy de Bissy en prĂ©sente des extraits lors de diffĂ©rents congrès de gĂ©ographie. Enfin, en 1889, le document est achevĂ© et exposĂ© Ă  l’Exposition universelle de Paris, au palais de la Guerre. RĂ©alisĂ©e Ă  l’échelle de 1 : 2 000 000 et avec une projection orthographique mĂ©ridienne, la carte comporte 63 feuilles numĂ©rotĂ©es qui, assemblĂ©es, reprĂ©sentent une carte de 4,2 x 4 mètres. L’échelle permet des conversions simples : un centimètre reprĂ©sente 20 kilomètres. Chaque feuille comporte le tracĂ© des routes et voies ferrĂ©es (en noir), de l’hydromĂ©trie (en bleu) ainsi que les itinĂ©raires employĂ©s par les explorateurs, voyageurs, militaires et missionnaires. Le relief est indiquĂ© en bleu grisĂ©. On trouve Ă©galement, pour chaque feuille, une notice qui donne des renseignements sur la gĂ©ographie de la rĂ©gion considĂ©rĂ©e, sur sa population, sur ses ressources, ainsi que sur les documents consultĂ©s pour Ă©tablir la carte[5].

Feuille no 55 de la carte de l'Afrique rĂ©alisĂ©e Ă  l'Ă©chelle 1:2 000 000 par Lannoy de Bissy

La carte trouve un écho très favorable dans le contexte des luttes coloniales en Afrique. Lannoy de Bissy reçoit de nombreuses récompenses nationales (dont le titre d’officier de la Légion d'honneur) et des médailles des Sociétés de géographie comme la médaille Caillé de la Société géographique commerciale (1889), la médaille d’or de la Société géographique de Paris (1890) et de Lyon (1891) [1].

Fin de carrière et décès

Après la présentation de sa carte, il est nommé chef du Génie à Lyon, puis à Épinal (1891). Sa carrière militaire se poursuit pendant qu’il voyage en Europe en tant que spécialiste de la géographie de l’Afrique. En , le colonel du Génie Lannoy de Bissy, en poste à Versailles, doit quitter l’armée, affaibli par une attaque d’hémiplégie. Il en meurt le à Bissy.

Les archives de Lannoy de Bissy

Au cours de son travail, Lannoy de Bissy a rassemblé une impressionnante quantité de documents. Aujourd’hui, deux institutions conservent des collections complémentaires. La bibliothèque municipale de Chambéry conserve l’ensemble des archives de Richard de Regnauld de Lannoy de Bissy depuis 1951, grâce à un don de son fils René (1891-1981). Ces archives comprennent toute la documentation nécessaire à l’établissement de la carte : correspondances avec les principaux cartographes et voyageurs du XIXe siècle, minutes, bulletins de mission, épreuves préparatoires, cartes annotées, notes de lecture et coupures de presse…[6] Elles font l’objet d’un projet de numérisation concerté en partenariat avec la BnF.

Le département des cartes et plans de la Bibliothèque nationale de France possède les différentes éditions de l’atlas de Lannoy de Bissy, numérisées et disponibles sur Gallica[7].

La carte d'Afrique en 63 feuilles de Lannoy de Bissy est également visible dans l'interface cartographique du catalogue collectif CartoMundi[8], piloté par la Maison méditerranéenne des sciences de l'homme, l’université d'Aix-Marseille et le CNRS.

Notes et références

  1. « Regnauld de Lannoy de Bissy, Victor Amédée Richard de (X 1864 ; 1844-1906) », sur le site de la Bibliothèque centrale de l'École polytechnique
  2. Pierre Vincent, « Le colonel Victor Amédée Richard de Régnauld de Lannoy de Bissy cartographe 1944-1906 », in Mémoires de l’Académie des sciences, belles lettres et arts de Savoie, 1991
  3. Lannoy de Bissy, « Présentation d’une carte de l’Afrique australe et équatoriale », in Bulletin de la Société de géographie, 1881, 7e série
  4. Bibliothèques municipales de Chambéry, Fonds Lannoy de Bissy – Correspondance
  5. Olivier Loiseaux, « La carte d’Afrique Ă  1:2 000 000 de RĂ©gnauld de Lannoy de Bissy », in Revue du ComitĂ© français de cartographie, no 180, juin 2004
  6. « L’Afrique et Lannoy de Bissy » sur bm-chambery.fr
  7. Carte de l'Afrique Ă  l'Ă©chelle de 1:2 000 000 (214 feuilles) sur gallica.bnf.fr
  8. Site de CartoMundi

Liens externes

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