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Rhododendron decorum

Rhododendron decorum est une espĂšce d'arbuste de la famille des Ericaceae, originaire des hautes forĂȘts de montagnes du Sud de la Chine et du Myanmar. Cette espĂšce trĂšs dĂ©corative et qui en mai-juin embaume les environs par son puissant parfum, est utilisĂ©e en horticulture. Bien que toxique, la fleur est consommĂ©e traditionnellement au nord du Yunnan (en Chine) pour ses « bienfaits pour la santĂ© ».

Étymologie et histoire de la nomenclature

Le nom de genre Rhododendron (crĂ©Ă© par LinnĂ© en 1753) vient du grec ancien áż„oÎŽÏŒÎŽÎ”ÎœÎŽÏÎżÎœ rhododendron morph. « arbre Ă  roses », composĂ© de áż„ÏŒÎŽÎżÎœ, rhodon « rose » et ÎŽÎ­ÎœÎŽÏÎżÎœ, dendron « arbre ». Remarquons que le terme existait depuis 1518 en latin des botanistes, empruntĂ© au latin rhododendron « laurier-rose » (Pline, H.N., 16, 79 etc.[2]), lui-mĂȘme repris au grec áż„oÎŽÏŒÎŽÎ”ÎœÎŽÏÎżÎœ rhododendron de mĂȘme sens[3].

L’épithĂšte spĂ©cifique decorum vient du latin decorus, a, um « 1. convenable 2. dĂ©corĂ©, ornĂ©, parĂ©, 3. beau, Ă©lĂ©gant » (Gaffiot).

Rhododendron decorum, Syntype, récolté par Armand David en avril 1869, à Moupine

Cette espĂšce a Ă©tĂ© dĂ©couverte indĂ©pendamment par deux missionnaires botanistes, grands collecteurs de nouvelles espĂšces de plante en Chine : les pĂšres Armand David et Jean-Marie Delavay. Le pĂšre David, lors de son sĂ©jour Ă  Moupin (actuellement Dengchigou dans le xian de Baoxing dans les montagnes Ă  l’est de Chengdu) au Tibet oriental, de mars Ă  , rĂ©coltera une abondante moisson d’espĂšces nouvelles de plantes (400 espĂšces[4] dont 13 de Rhododendrons), de mammifĂšres (comme le Panda gĂ©ant), d’oiseaux et d’insectes. Un peu plus d’une dĂ©cennie plus tard, le pĂšre Delavay, Ă©tabli Ă  800 km plus au sud, dans les montagnes Ă  Dapingzi prĂšs de Dali, au Nord-Est du Yunnan, en se concentrant exclusivement sur les plantes, put envoyer au MusĂ©um national d'histoire naturelle plus de 1 500 espĂšces[4] (entre 1883 et 1886).

Ces deux régions font partie du point chaud de biodiversité des Monts Hengduan dans la région de Centre-Sud de la Chine[5] dans lequel se trouvent plus du quart des espÚces mondiales de Rhododendron, de Primula, de Corydalis, de Delphinium, Gentiana etc.

L’herbier numĂ©rique du MusĂ©um comporte 13 planches d’herbier de R. decorum[6] classĂ©es comme syntype, rĂ©coltĂ©es en des lieux diffĂ©rents, Ă  des dates diffĂ©rentes, par les pĂšres David et Delavay.

À Paris, Adrien Franchet le botaniste qui recevait les caisses d’herbiers venant de Chine, produisait les diagnoses (descriptions) permettant d’identifier et classer les espĂšces. La prĂ©sente espĂšce sera caractĂ©risĂ©e sous le nom de Rhododendron decorum, en 1886 dans Bulletin de la SociĂ©tĂ© Botanique de France 33: 230[7]. Sur les 36 espĂšces de Rhododendrons dĂ©couvertes par les deux missionnaires botanistes (en 1886), R. decorum est la seule Ă  se trouver Ă  la fois dans le Tibet oriental et le Yunnan.

Le nom vernaculaire chinois de l’espĂšce est ć€§ç™œ 杜éčƒ dĂ bĂĄi dĂčjuān (« rhododendron Ă  grandes fleurs blanches »).

Description

Rhododendron decorum ssp. diaprepes

Le Rhododendron decorum est un arbuste de 1 Ă  m de haut, avec de jeunes rameaux verdĂątres, glabres.

La feuille simple, portĂ©e par un pĂ©tiole de 12–40 mm, comporte un limbe Ă©pais, coriace, oblong, oblong-ovale ou oblong-elliptique[8], de 5–19 (–30) cm de long sur 3–11 cm de large, les deux surfaces sont glabres Ă  maturitĂ©; la surface supĂ©rieure vert foncĂ© et le revers plus pĂąle[9].

L’inflorescence porte sur un rachis de 20–25 mm de 8 Ă  10 fleurs. La fleur portĂ©e par un pĂ©dicelle robuste, de 2,5–4 cm Ă  poils glanduleux, comporte une corolle en entonnoir campanulĂ©, trĂšs parfumĂ©e, blanche Ă  rose pĂąle, de 3–10 cm de long sur 5–9 cm, Ă  la face interne pubĂ©rulente Ă  la base, avec 6-8 lobes suborbiculaires, Ă©marginĂ© ou entier, 13 Ă  16 Ă©tamines inĂ©gales de 2–3 cm avec des filaments pubescents Ă  la base, un ovaire cylindrique Ă  poils glanduleux.

Le fruit est une capsule oblongue, gĂ©nĂ©ralement lĂ©gĂšrement courbĂ©e, de 25–40 × 10–15 mm[9].

La floraison a lieu en avril-juin, la fructification de septembre Ă  octobre.

  • Arbuste en fleurs
    Arbuste en fleurs
  • Fleurs
    Fleurs

Sous-espĂšces

Selon Flora of China[9], il existe 4 sous-espĂšces :

  • R. decorum ssp. cordatum : base du limbe cordĂ©e
  • R. decorum ssp. parvistigmatis : base du limbe non cordĂ©e, stigmate petit env. mm
  • R. decorum ssp. decorum : base du limbe non cordĂ©e, stigmate gonflĂ©, corolle de 3–5 cm
  • R. decorum ssp. diaprepes : base du limbe non cordĂ©e, stigmate gonflĂ©, corolle de 8–11 cm

Distribution et habitats

R. decorum croßt en Chine méridionale (provinces : O Guizhou, SO Sichuan, SE Xizang, et Yunnan) et Myanmar.

Il pousse dans les fourrĂ©s et les forĂȘts de montagne, entre 1 000 et 3 300 m d’altitude.

Horticulture

R. decorum ssp cordatum

Le Rhododendron decorum fut introduit en France en 1887 grĂące aux graines envoyĂ©es par le pĂšre Delavay Ă  partir du Yunnan. Il fut rĂ©introduit ensuite une vingtaine de fois de diffĂ©rentes rĂ©gions par plusieurs autres chasseurs de plantes. C'est un rhododendron qui varie considĂ©rablement dans plusieurs de ses caractĂ©ristiques suivant les rĂ©gions et les altitudes oĂč il prospĂšre[8].

C’est une espĂšce trĂšs dĂ©corative bien que peu employĂ©e. Ses fleurs en mai-juin embaument les environs par son puissant parfum. Plante trĂšs vigoureuse grĂące Ă  un systĂšme racinaire plus puissant que chez les autres de ses congĂ©nĂšres, il produit tous les ans une floraison abondante. Les formes avec les plus petites fleurs qui sont originaires du Yunnan ou du Sichuan sont beaucoup plus rĂ©sistantes que celles avec d'Ă©normes fleurs (entre 10 et 12 cm) dĂ©couvertes par Farrer dans le Haut-Burma[8].

Le Rhododendron decorum n'a pas été autant utilisé dans les hybridations que son proche parent le Rhododendron fortunei.

Cette espĂšce de rhododendron a un dĂ©veloppement qui peut servir dans la crĂ©ation de massif ou de haie persistante avec pour mission de protĂ©ger des regards un tas de compost ou quelque chose que l’on dĂ©sire cacher.

En Chine, il fournit un excellent bonzaĂŻ.

Pharmacologie chinoise

La fleur est utilisĂ©e en mĂ©decine traditionnelle chinoise [10]. Suivant les catĂ©gories de celle-ci, elle est classĂ©e comme piquante (蟛 xin), acide (酾 suan) et chaude (æž© wen). Elle est rĂ©putĂ©e soulager les dĂ©mangeaisons, consolider l'essence[n 1] et tuer les vers[n 2].

Mise en garde : Rhododendron spp. peut provoquer des intoxications chez l'homme à la suite de la prise de miel de rhododendron ou de préparations médicinales. La toxicité est due aux grayanotoxines, des diterpÚnes qui activent les canaux sodiques voltage-dépendants et entraßnent des symptÎmes gastro-intestinaux, cardiaques et du systÚme nerveux central[11]. Les données de pharmacologie moderne indiquent que des extraits de rhododendron peuvent avoir des activités anti-inflammatoires et analgésiques.

Une enquĂȘte ethnopharmacologique auprĂšs des populations du NE et NO du Yunnan a montrĂ© que les corolles de R. decorum sont considĂ©rĂ©es traditionnellement comme un mets saisonnier apprĂ©ciĂ©. Les raisons invoquĂ©es pour les consommer sont les bienfaits pour la santĂ©, la tradition et la bonne saveur. Toutefois, 67 % des consommateurs savaient que la corolle est toxique (Li et al[12], 2020).

Notes

  1. l’essence çČŸ jing nourrit et maintient le corps humain en vie avec le qi 气
  2. æ­ąć’ł zhi keïŒŒæ­ąç—’ zhi yangć›șçČŸ gu jing杀虫 shachong

Références

  1. IPNI. International Plant Names Index. Published on the Internet http://www.ipni.org, The Royal Botanic Gardens, Kew, Harvard University Herbaria & Libraries and Australian National Botanic Gardens., consulté le 1 août 2020
  2. Pline l'Ancien, Histoire naturelle (traduit, présenté et annoté par Stéphane Schmitt), BibliothÚque de la Pléiade, nrf, Gallimard, , 2131 p.
  3. Alain Rey (direction), Marianne Tomi, Tristan Hordé, Chantal Tanet, Alain Rey, Dictionnaire historique de la langue française, Tomes I et II, Le Robert,
  4. A. Franchet, « Plantas yunnanenses a CL. J. M. Delavay collectas », Bulletin de la SociĂ©tĂ© botanique de France,‎ (lire en ligne)
  5. R. A. Mittermeier, N. Myers, C. G. Mittermeier, Hotspots, Earth’s biologically richest and most endangered terrestrial ecoregions, Cemex Conservation international,
  6. MusĂ©um national d’Histoire naturelle, Paris (France), Collection : Plantes vasculaires (P), « Rhododendron decorum Franch. Types et spĂ©cimens d’intĂ©rĂȘt » (consultĂ© le )
  7. A. Franchet, « Rhododendron du Thibet et du Yun-nan », Bulletin de la SociĂ©tĂ© botanique de France,‎ (lire en ligne)
  8. rhododendron-azalée, « Le Rhododendron decorum » (consulté le )
  9. (en) Référence Flora of China : Rhododendron decorum Franchet
  10. Baidu癟科, « ć€§ç™œæœéčƒ [R. decorum] » (consultĂ© le )
  11. Ruxandra Popescu , Brigitte Kopp, « The genus Rhododendron: an ethnopharmacological and toxicological review », J Ethnopharmacol, vol. 147, no 1,‎ (lire en ligne)
  12. Yinxian Shi, Min Zhou, Yu Zhang, Yao Fu, Jianwen Li, Xuefei Yang, « Poisonous delicacy: Market-oriented surveys of the consumption of Rhododendron flowers in Yunnan, China », J Ethnopharmacol, vol. 265, no 1,‎ (lire en ligne)

Liens externes

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