Accueil🇫🇷Chercher

Rava

La Rava est une race ovine française originaire du Massif central, et plus prĂ©cisĂ©ment de la chaĂ®ne des Puys dans le Puy-de-DĂ´me. Elle se caractĂ©rise par sa toison blanche aux mèches longues et Ă  la laine jarreuse et grossière, et Ă  sa tĂŞte nue marquĂ©e de taches noires. Cette race est particulièrement rustique et bien adaptĂ©e Ă  l'Ă©levage dans les conditions parfois difficiles de son berceau d'origine. Elle permet d'ailleurs d'entretenir Ă  moindre frais les paysages du parc naturel rĂ©gional des volcans d'Auvergne, lorsqu'elle est envoyĂ©e en estive. Elle est Ă©levĂ©e en race pure ou en croisement, afin d'amĂ©liorer la conformation de ses agneaux destinĂ©s au marchĂ© du Sud-Est de la France. Elle a failli disparaĂ®tre, absorbĂ©e par les croisements avec des races bouchères qui visaient Ă  amĂ©liorer sa conformation, mais semble aujourd'hui en mesure d'ĂŞtre prĂ©servĂ©e, avec environ 33 000 Ă  40 000 brebis en 2000.

Rava
Brebis Rava
Brebis Rava
Région d’origine
RĂ©gion Massif central (Drapeau de la France France)
Caractéristiques
Taille Moyenne
Cornes Absentes
Toison Blanche
Peau Blanche et noire
Prolificité 145 %
Statut FAO (conservation) Non menacé
Autre
Diffusion Locale
Utilisation Viande

Origine et historique

Origine du nom

Selon les auteurs, le nom de la race s'Ă©crit Rava[1] - [2] en tant que nom propre invariable ou, indiffĂ©remment, Rava ou Ravat et en l'accordant au pluriel[3]. L'appellation ravat oriente vers l'origine du terme : ravat, de mĂŞme que rabas, rabat, ravas, est en effet un mot dialectal occitan utilisĂ© dans le sud-est de la France (Provence, DauphinĂ©, CĂ©vennes, Forez, et peut-ĂŞtre aussi Auvergne) pour dĂ©signer entre autres un « mouton Ă  laine grossière et pendante, commun dans le PiĂ©mont, la Lombardie et la Savoie ; la peau de ce mouton Â»[4]. Le terme ravat est aussi repris avec cette signification par d'anciens auteurs pour dĂ©signer une population ovine grossière du sud-est et du PiĂ©mont[5].

Un autre sens du mot occitan ravat est intéressant à considérer, à savoir celui d'un animal, le blaireau[4] : en effet le terme blaireau dans ce cas particulier renvoie à des races ovines offrant une panachure faciale particulière en noir et blanc et dénommées en anglais badger face sheep (moutons à face de blaireau)[6] même si la panachure irrégulière de la Rava d'aujourd'hui est différente de celle de ses congénères britanniques chez lesquelles le caractère badgerface a été fixé.

Origines de la race

Aires de dominance (ocre) et de présence (jaune) de la Rava en 1965

La Rava est originaire de la chaĂ®ne des Puys dans le Puy-de-DĂ´me. Elle Ă©tait autrefois particulièrement reprĂ©sentĂ©e aux alentours d'Olby, qui est considĂ©rĂ© comme le berceau de la race[7]. La carte gĂ©ographique publiĂ©e en 1965 par Quittet[8] montre ce qu'Ă©taient l'aire de dominance et l'aire de prĂ©sence de la race dans le Puy-de-DĂ´me Ă  cette date. C'est donc une race de montagne, qui passe l'Ă©tĂ© en estive dans des pâturages situĂ©s entre 1 200 et 1 500 m d'altitude, et redescend vers des zones de moindre altitude l'hiver[9].

André Sanson, zootechnicien et morphologiste de la deuxième moitié du XIXe siècle, est l'auteur d'une classification des races ovines dont les regroupements ont conservé une certaine pertinence[10]. Il décrit une « race du plateau central » qu'il désignait zoologiquement Ovis aries arvernensis dans laquelle il distinguait plusieurs variétés : l'auvergnate incluant différents types dont la Rava qui est présentée en tant que type ou sous-variété dans le Puy-de-Dôme, la Marchoise en Creuse, la Limousine en Haute-Vienne, la Saintongeoise dans les Charentes et la Bizet en Haute-Loire (la Noire du Velay autrefois appelée Mouton de Bains y est ignorée)[10]. La mise en parallèle de la diffusion de ce groupe ethnique avec les migrations de peuples celtes n'est pas vérifiée et ne repose sur aucun fondement sérieux, même si l'intérêt que cette mention peut susciter ait conduit à y faire référence dans des notices de présentation de ces races[9].

En fait, le constat qui peut ĂŞtre tirĂ© de la lecture de divers textes d'anciens auteurs qui ont traitĂ© de la Rava ou des « moutons ravas Â» est que ceux-ci ont longtemps constituĂ© une population ovine très composite et mĂ©tissĂ©e dont les traits dominants Ă©taient une « constitution grossière Â» associĂ©e Ă  une « très grande rusticitĂ© et frugalitĂ© Â». L'origine qui a Ă©tĂ© donnĂ©e du terme rava la confirme aussi dans cette identitĂ© originelle. En 1911, dans son livre de zootechnie ovine, Paul Diffloth[2] fait Ă©tat de la Rava dans les termes suivants : « Dans le Puy de DĂ´me, existait une variĂ©tĂ© locale dite Rava exploitĂ©e principalement entre Volvic, Rochefort, Pontgibaut. De petite taille, le Rava rustique et peu exigeant prĂ©sentait une conformation ample et trapue. La tĂŞte petite, Ă  chanfrein droit, Ă©tait ornĂ©e de cornes dĂ©veloppĂ©es ; la toison, d'un poids de 1,5 kg, Ă©tait très grossière et fort longue ; les moutons pesaient 25 Ă  30 kilogrammes. Cette population ovine s'est mĂ©langĂ©e avec les moutons de la Corrèze et du Haut-Limousin, oĂą les ovins assez rĂ©putĂ©s se distinguaient par la prĂ©sence d'un cercle noir autour des yeux ; des bĂ©liers des Causses de Larzac ont mĂŞme Ă©tĂ© importĂ©s, de sorte que le contingent ovin de l'Auvergne est des plus mĂ©langĂ©s et des moins dĂ©finis Â». En 1983, Quittet et Franck Ă©crivaient encore : « Faut-il Ă  propos des Ravas, parler de race ou seulement de population ? On peut en discuter. Â»[3]

Race ou population, l'originalité et l'identité de la Rava se sont forgées autour de son exceptionnelle rusticité et de ses qualités maternelles[11] - [9]. La situation a failli changer à partir des années 1950 quand il fut décidé de croiser les brebis avec des béliers de races bouchères pour améliorer la conformation des agneaux sans conserver en nombre suffisant des femelles de renouvellement. Les animaux issus de croisements avec notamment la Charmoise et la Southdown n'étaient pas adaptés au milieu difficile dans lequel vit la race et celle-ci manqua alors de disparaître[12]. Il arrivait cependant que des agneaux de cette race très précoce saillissent les brebis avant d'être abattus, ce qui a permis de conserver un noyau d'animaux de race pure[9]. Ces croisements se sont arrêtés dans les années 1970, et la race se développe lentement depuis, dans ses montagnes d'origine[9].

L'association des Ă©leveurs de Rava, crĂ©Ă©e en 1971, a jouĂ© un rĂ´le important dans ce renouveau et dans la sĂ©lection de la race qui a alors commencĂ© Ă  s'organiser. Ainsi, la section Rava de l'UPRA Races ovines des massifs est crĂ©Ă©e en 1973, et le standard de la race est dĂ©fini en 1975[9]. Un centre d'Ă©levage pour les bĂ©liers destinĂ©s Ă  la reproduction est mis en place l'annĂ©e suivante, et les prĂ©mices d'une base de sĂ©lection sont posĂ©es en 1986. Depuis, la race bĂ©nĂ©ficie d'un schĂ©ma de sĂ©lection fonctionnel, et les effectifs sont repartis Ă  la hausse pour atteindre 33 000 Ă  40 000 brebis en 2000, suivant les estimations[9] - [13].

Description

Brebis Rava au Salon international de l'agriculture de 2011.

Voici le standard officiel de la race, tel qu'il est présenté dans l'ouvrage de Gilles Perret sur les races ovines en 1986[1] :

  • TĂŞte : plutĂ´t fine, sans laine, marquĂ©e de taches noires, parfois roussâtres qui tantĂ´t se limitent au pourtour des yeux tantĂ´t s'Ă©tendent jusqu'Ă  envahir presque complètement la face ; front un peu bombĂ©, cornes rares, surtout chez la brebis; oreilles moyennes et portĂ©es horizontalement ; yeux peu saillants ; chanfrein Ă  profil lĂ©gèrement busquĂ©.
  • Encolure: cou long et mince.
  • Tronc : dos droit, lombes larges
  • Queue : Ă  attache effacĂ©e
  • Ossature : fine.
  • Membres : toujours marquĂ©s de tâches de mĂŞme couleur que celles de la tĂŞte
  • Laine : jarreuse, grossière, Ă  brins longs. Toison blanche, assez souvent mĂ©langĂ©e de touffes brunes ou gris foncĂ©, Ă  mèches longues, ouvertes, s'arrĂŞtant très au-dessus du genou et du jarret, dĂ©gageant la nuque et le dessous du ventre.
  • Taille: moyenne. Brebis adulte : 50 Ă  60 kg, BĂ©liers adultes : 70 Ă  85 kg.

Dans les annĂ©es 2000, les poids prĂ©sentĂ©s par l'UPRA Races Ovines des Massifs, chargĂ©e de la sĂ©lection de la race, sont un peu supĂ©rieurs, avec 60 et 75 kg pour les brebis et entre 80 et 100 kg pour les mâles[9], Ă  relier vraisemblablement Ă  des objectifs et des rĂ©sultats de sĂ©lection visant Ă  accroĂ®tre le format de la race.

SĂ©lection

RĂ©partition des brebis Rava en contrĂ´le des performances en 2009[Note 1] - [14].

Le schéma de sélection de la race est géré par un organisme de sélection (OS) dénommé ROM Sélection (pour Races Ovines de Massifs - Sélection) [15]. Cette dénomination s'est substituée à l’UPRA des Races Ovines des Massifs. Cet organisme s’occupe conjointement de six races ovines rustiques du Massif central : la Blanche du Massif central, la Limousine, la Grivette, la Rava, la Noire du Velay et la Bizet. La section Rava de cet OS gère le livre généalogique de la race et fixe les objectifs de sélection. Ceux-ci visent notamment à améliorer la production laitière des brebis, leur format, leur prolificité et leur résistance à la tremblante du mouton[9].

En 2009, 25 troupeaux Ă©taient inscrits au contrĂ´le des performances. Ils dĂ©tenaient 7 915 brebis agnelĂ©es contrĂ´lĂ©es rĂ©parties comme indiquĂ© dans la carte ci-jointe[14] (24 troupeaux et 8 030 brebis en 2010, dont 20 troupeaux et 7 809 brebis inscrits Ă  l'OS[16], avec la mĂŞme rĂ©partition). Elle peut Ă©galement compter sur le centre d'Ă©levage de jeunes bĂ©liers de Riom, qui regroupe chaque annĂ©e 40 Ă  50 bĂ©liers choisis selon leur ascendance et contrĂ´le leurs performances, afin de sĂ©lectionner les meilleurs pour approvisionner la coopĂ©rative d'insĂ©mination artificielle[9].

La race Rava est, dans son groupe des six Races ovines de Massifs, après la Blanche du Massif central, celle qui a le plus de brebis soumises au contrĂ´le des performances : 8 030 brebis agnelĂ©es dans 24 troupeaux, en 2010[16]. Dans un contexte gĂ©nĂ©ral de diminution de l'Ă©levage ovin en France depuis 1980, c'est aussi une de celles dont la base de sĂ©lection s'est relativement bien maintenue :

Évolution des effectifs de brebis contrôlées des Races de Massifs et rang national de 1980 à 2010[14]
Race 2010 2009 2000 1990 1980
nombre de brebis rang nombre de brebis rang nombre de brebis rang nombre de brebis rang nombre de brebis rang
Blanche du Massif central 24 432 2 26 244 2 38 800 1 40 485 1 23 641 5
Rava 8 030 10 7 915 10 8 895 14 7 874 14 4 344 18
Limousine 6 510 13 7 168 12 12 756 8 14 003 8 21 597 6
Noire du Velay 6 207 14 6 424 14 9 314 13 6 553 15 5 855 15
Grivette 6 000 16 5 872 16 6 989 17 4 802 18 39 39
Bizet 3 319 21 3 161 21 4 139 19 3 211 19 2 458 20

Aptitudes

Rusticité

La Rava se caractĂ©rise principalement par sa rusticitĂ©, en rapport avec une valeur adaptative Ă  son milieu d'Ă©levage très contraignant : ressources alimentaires de qualitĂ© en quantitĂ© très limitĂ©e, fourrages souvent grossiers, hivernage long. C'est une des races ovines rustiques françaises les plus adaptĂ©es Ă  la valorisation de fourrages grossiers[11] - [12] les plus divers et les moins conventionnels fournis par la flore naturelle locale, des feuillages d'arbres aux plantes herbacĂ©es[12]. Si l'alimentation se fait rare, la Rava est rĂ©putĂ©e pour mobiliser ses rĂ©serves corporelles avec une grande facilitĂ©, avant de les reconstituer en pĂ©riode plus favorable[17]. C'est une très bonne marcheuse habituĂ©e aux parcours montagnards d'Auvergne parfois escarpĂ©s. Sa toison grossière Ă  mèches longues lui offre une bonne protection face aux intempĂ©ries[11]. Une brebis produit 1,8 kg de cette laine par an, quand un mâle en produit 2,5 kg[17]. Toutefois cette production n'a que très peu d'intĂ©rĂŞt Ă©conomique, car la laine, autrefois la première source de textile, a Ă©tĂ© largement supplantĂ©e par les matières synthĂ©tiques. Par ailleurs la laine de Rava, grossière et colorĂ©e, est de qualitĂ© mĂ©diocre pour ĂŞtre filĂ©e. Elle est utilisĂ©e Ă  d'autres fins, comme isolant par exemple[18].

Les qualités maternelles

La Rava est rĂ©putĂ©e pour ses très bonnes qualitĂ©s maternelles[17]. Elle agnèle sans difficultĂ©s. Elle s'occupe bien de ses agneaux tout en offrant une bonne capacitĂ© d'adoption d'autres agneaux. Ses aptitudes laitières sont bonnes au regard de son mode alimentaire, et elle parvient facilement Ă  Ă©lever ses agneaux[9]. Le poids Ă  âge-type de 30 jours (PAT 30 j) qui est un indicateur du potentiel laitier des brebis estimĂ© au travers du croĂ®t des agneaux sur cette pĂ©riode est livrĂ© dans le tableau ci dessous :

PAT 30 j des agneaux Rava exprimé en kg dans les élevages en organisme de sélection en 2010[14]
simples doubles triples
et plus
mâles femelles mâles femelles
moyenne 12,5 11,8 10,2 9,6 8,4
effectif 1 260 1 308 1 614 1 722 107
Ă©cart-type 2,6 2,2 2,1 2,0 1,7

Reproduction

La Rava est une race assez prolifique. Les rĂ©sultats du contrĂ´le de performance rĂ©vèle que la prolificitĂ© lors de mise-bas après Ĺ“strus naturel s'est Ă©levĂ©e Ă  149,4 % pour des mises bas de brebis de plus de 19 mois (sur 8 323 mises-bas ), et Ă  130,8 % pour des mises bas de brebis de moins de 19 mois (sur 1 028 mises-bas)[16]. C'est par ailleurs une brebis dotĂ©e d'une forte prĂ©cocitĂ© sexuelle, puisque les femelles ont leur premier Ĺ“strus vers 4 mois[19] et peuvent mettre bas dès l'âge de 12 mois. C'est aussi une brebis qui se dĂ©saisonne très facilement, et naturellement. Ainsi les agnelages sont relativement Ă©talĂ©s au cours de l'annĂ©e, avec un nombre significatif d'agnelages en aoĂ»t et septembre, ce qui induit une lutte au printemps et au dĂ©but d'Ă©tĂ©, qui n'est pas la saison de reproduction classique des moutons[Note 2].

(Répartition mensuelle des agnelages 2009, élaboration graphique par Wikipédia)[14]

Croissance des agneaux

La race Rava est une race sĂ©lectionnĂ©e essentiellement sur ses qualitĂ©s maternelles. En consĂ©quence les rĂ©sultats du contrĂ´le de croissance des agneaux entre 30 et 70 jours d'âge concernent un nombre d'animaux trop faible pour ĂŞtre significatifs[14].

Élevage

Le système d'Ă©levage classique d'un troupeau de brebis Rava s'appuie sur une mise Ă  la reproduction au printemps, voire sur deux pĂ©riodes de lutte (automne et printemps) avec un rythme de reproduction qui, selon les exploitations, peut ĂŞtre accĂ©lĂ©rĂ© (trois agnelages en deux ans). En 2009 comme en 2010, 21 % des brebis inscrites Ă  l'Organisme de sĂ©lection ont agnelĂ© deux fois dans l'annĂ©e[14] - [16]. Du fait de sa facilitĂ© de dĂ©saisonnement, la reproduction se fait pratiquement sans induction de l'Ĺ“strus par utilisation de traitements hormonaux, et ce quelle que soit la saison. De mai Ă  octobre, les brebis sont envoyĂ©es en estive Ă  des altitudes allant de 1 200 Ă  1 500 m[11].

Les agneaux Rava alimentent les filières du Sud-Est de la France et sont très majoritairement abattus Ă  Lyon ou dans le Vaucluse. Ce sont des agneaux lĂ©gers, de conformation moyenne, qui sont abattus entre 30 et 38 kg Ă  un âge variant entre 110 et 120 jours. Ils sont assez bien valorisĂ©s du fait de leur ossature fine et donc du bon rendement en viande des carcasses, et de la prĂ©sence modĂ©rĂ©e de gras. Ils peuvent ĂŞtre commercialisĂ©s sous les labels « Agneau de l’Adret » ou « Terre d’Agneaux »[9].

Pour améliorer la conformation de ces agneaux, les brebis peuvent être croisées avec des béliers de race bouchère. Ainsi, trois types d'élevages sur le terrain peuvent être observés, à l'instar de ce qui existe ailleurs en système ovin de montagne et de piémont avec race rustique :

  • les sĂ©lectionneurs conduisant leur troupeau en race pure ;
  • les multiplicateurs, qui produisent des brebis F1 Ă  partir de brebis Rava croisĂ©es avec des bĂ©liers ĂŽle-de-France ;
  • les producteurs d'agneaux terminaux qui croisent les brebis F1 ainsi obtenues avec d'autres bĂ©liers Ă  fortes aptitudes bouchères pour obtenir des agneaux de boucherie[9].

Dans son berceau, la Rava est liée au parc naturel régional des volcans d'Auvergne. Elle permet d'entretenir les estives, qui sont trop souvent à l'abandon et ont tendance à s'enfricher. Sa rusticité en fait une race parfaite pour maintenir le paysage ouvert dans cette région au climat rude[9].

RĂ©partition

Originaire des contreforts de la chaĂ®ne des Puys dans le Puy-de-DĂ´me, la rĂ©partition de la race n'a que très peu Ă©voluĂ© depuis, et c'est toujours dans cette partie du Massif central qu'elle est la plus prĂ©sente. Ainsi, 85 % des 33 000 brebis recensĂ©es en 2000 Ă©taient situĂ©es en Auvergne, avec une grande majoritĂ© dans le Puy-de-DĂ´me et quelques Ă©leveurs dans l'Allier. Une concentration particulièrement forte de cette brebis est observĂ©e dans un triangle entre Olloix, Rochefort-Montagne et Chapdes-Beaufort, proche du berceau de la race[11]. Elle s'est tout de mĂŞme un peu exportĂ©e au fil du temps, et a notamment Ă©tĂ© adoptĂ©e par des Ă©leveurs des monts du Livradois et du Forez, voire plus Ă  l'est dans les monts du Lyonnais et jusqu'en Bresse. Ă€ l'ouest, elle est bien implantĂ©e en Corrèze. Elle est Ă©galement un peu prĂ©sente dans le Nord de l'HĂ©rault[20].

La Rava dans la culture

La Rava est une race emblĂ©matique de sa rĂ©gion d'origine qui est souvent Ă©voquĂ©e avec sa tĂŞte noire et blanche caractĂ©ristique dans les descriptions de l'Auvergne du dĂ©but du siècle. Un troupeau de Rava est par exemple mentionnĂ© dans le livre de l'Ă©crivain auvergnat Jean Anglade Pays oubliĂ©[21]. Pour certains la Rava symbolise bien les montagnes auvergnates, car elle est, aux dires d'un agriculteur se confiant Ă  Daniel Brugès : « comme les gens de ces montagnes : Ă©conome, rĂ©sistante, tĂŞtue et ne reculant devant rien, mĂŞme devant la misère  Â»[22].

Notes et références

Notes

  1. Attention la carte livre uniquement la localisation des brebis Rava soumises au contrôle de performances et constituant à ce titre la base de sélection de la race. Cette carte qui ne concerne qu'une fraction de l'effectif global est un bon indicateur de l'aire géographique principale de la race, mais elle peut ne pas la représenter en totalité dans la mesure où d'autres départements que ceux mentionnés peuvent détenir des élevages en race Rava hors contrôle des performances
  2. En rapport avec le photopériodisme et la reproduction : c'est le fait d'organiser la « lutte » (nom donné à la reproduction chez les ovins) au printemps, donc à contre saison car à durée de jours croissante, plutôt qu'à l'automne (durée de jour décroissante qui est la saison naturelle de reproduction des moutons dans l'hémisphère nord, au moins au nord de l'Europe et dans la moitié nord de la France)

Références

  1. Gilles Perret, Races ovines, SPEOC Ed. lieu=149 rue de Bercy, 75595 Paris, , 440 p.
  2. Paul Diffloth, Zootechnie moutons, chèvres, porcs, Paris, J.B. Baillière et Fils Ed, , 488 p.
  3. Edmond Quittet et Michel Franck, Races ovines en France, Paris, La Maison Rustique, , 120 p.
  4. Robert A.Geuljans, « Dictionnaire étymologique de l'occitan en ligne » (consulté le )
  5. Collectif d'auteurs, Cours complet d'agriculture selon le plan de l'ancien dictionnaire de l'abbé Rozier, Paris, (lire en ligne)
  6. Franna Pitt, « Color Genetics of Gotland Sheep in North America », (consulté le )
  7. Nicolas Ordinaire et Abel Poitrineau, Le Puy-de-DĂ´me au soir de la RĂ©volution, Presses Universitaires Blaise-Pascal, , 241 p. (ISBN 978-2-87741-047-2)
  8. Edmond Quittet, Les Races ovines françaises, Paris, La Maison rustique,
  9. « Plaquette UPRA) » (consulté le )
  10. André Sanson, Traité de Zootechnie, tome V, Les ovidés et les porcins, Librairie agricole de la Maison rustique,
  11. « La brebis Rava est rustique et performante » (consulté le )
  12. Madeleine Jaffeux, Marc Prival et Michel Leblond, Ainsi va l'homme en ses métiers,, Éditions créer, coll. « Métiers, techniques et artisans », , 230 p. (ISBN 978-2-909797-27-4, lire en ligne)
  13. « En Auvergne, la Rava a de beaux jours devant elle », Pâtre, (consulté le )
  14. Eric Jullien, Laurence Tiphine, Virginie Lemaire, Aline Bonnot, Bilan du contrôle de performances ovins allaitants (campagne 2009), Institut de l'élevage, département génétique, juillet 2010, 105 pp.
  15. « Adapter la sélection aux besoins des utilisateurs des races », L'Auvergne Agricole (consulté le )
  16. Aline Bonnot, Laurence Tiphine, Virginie Lemaire, Eric Jullien, Bilan du contrôle de performances ovins allaitants (campagne 2010), Institut de l'élevage, département génétique, juin 2011, 109 pp.
  17. « La Rava » (consulté le )
  18. « Domaine : Isolant en laine de mouton » (consulté le )
  19. Y. Walrave, P. Cantin, A. Desvignes, J. Thimonier, « Variations saisonnières de l’activité sexuelle des races ovines du Massif Central », Journées recherche ovine et caprine,‎ , p. 261-271
  20. Daniel Babo, Races ovines et caprines françaises, France Agricole Editions, coll. « Les Races », 2000, 302 p. (ISBN 9782855570549).
  21. Jean Anglade, Le Pays oublié, Romagnat, Éditions de Borée, , 402 p. (ISBN 978-2-84494-479-5)
  22. Daniel Brugès, Vivre la terre : Jean et Marie-Louise, paysans, Éditions de Borée, , 178 p. (ISBN 978-2-84494-460-3)

Voir aussi

Bibliographie

  • Daniel Babo, Races ovines et caprines françaises, France Agricole Editions, coll. « Les Races », , 302 p. (ISBN 978-2-85557-054-9, lire en ligne), p. 219-222
  • Alain Fournier, L'Ă©levage des moutons, Editions Artemis, , 302 p. (ISBN 978-2-85557-054-9, lire en ligne), p. 55

Articles connexes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.