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Bizet (race ovine)

La bizet est une race ovine originaire du Massif central. Elle est très reconnaissable avec ses poils noirs à l'exception d'une bande blanche sur la tête, du museau aux cornes. Sa laine est blanche, si bien qu'elle est toute noire après la tonte, et blanche à tête et pattes noires avec sa laine. L'agneau naît tout noir. La bande blanche apparaît plus tard. C'est une race rustique adaptée à sa région d'origine où elle est élevée pour la production d'agneaux de boucherie. Elle y valorise les terres pauvres impropres à l'élevage bovin. Ses effectifs sont limités, autour de huit mille têtes.

Bizet
BĂ©lier bizet
BĂ©lier bizet
Région d’origine
RĂ©gion Massif central, Drapeau de la France France
Caractéristiques
Taille Moyenne
Toison Crème
Peau Noire et bande blanche
Prolificité 159 %
Autre
Diffusion Locale
Utilisation Viande

Le plus gros troupeau (près de 3 500 bĂŞtes) en a longtemps Ă©tĂ© maintenu en libertĂ© sur l'Ă®le longue, une Ă®le de l'archipel des Kerguelen faisant 35 km2. Le troupeau avait Ă©tĂ© exportĂ© sur ces Ă®les par une poignĂ©e d’agriculteurs originaires du Cantal dont Pierre et Firmin Amarger, agriculteurs Ă  Broussade sur la commune de Saint-George, dans les annĂ©es cinquante.

Origine

La bizet, de la même façon que les autres races du Massif central qui lui sont fortement apparentées comme la limousine, la noire du Velay et la rava, pourrait avoir des origines celtes. Cette thèse est notamment soutenue par André Sanson, zootechnicien de renom du XIXe siècle, qui observe que des moutons similaires sont visibles dans l'ensemble des pays traversés par les Celtes, de la Russie à la Grande-Bretagne en passant par l'Espagne et la Bohême. Son berceau se situe à la limite entre le Cantal et la Haute-Loire. Entre 1830 et 1900, les éleveurs cherchent à améliorer la conformation des agneaux en pratiquant des croisements avec des races anglaises comme le southdown ou le dishley. Toutefois, cette politique de croisements se révèle être un échec, car les animaux qui en sont issus sont mal adaptés au milieu difficile dans lequel évolue la bizet[1].

En 1905, Tallavignes, Inspecteur GĂ©nĂ©ral de l’Agriculture, cherche Ă  Ă©purer un peu la race qui a vu son type modifiĂ© par ses croisements. Ainsi, lors d'un congrès Ă  Massiac, un groupe d'Ă©leveurs Ă©tablit un standard officiel pour la race. Ces efforts pour sĂ©lectionner la race seront confirmĂ©s en 1945 avec la crĂ©ation du livre gĂ©nĂ©alogique de la race[2]. En ce dĂ©but de XXe siècle, la race est Ă  son apogĂ©e, et compte environ 330 000 tĂŞtes avant la guerre, et 250 000 en 1929. Par la suite les effectifs dĂ©croissent petit Ă  petit, et on ne compte plus que 90 000 brebis en 1963[1]. Les Ă©leveurs mettent tout de mĂŞme en place un schĂ©ma de sĂ©lection, et en 1976 est crĂ©Ă© un centre d'Ă©levage pour les bĂ©liers destinĂ©s Ă  la reproduction. En 1984, du fait de la forte diminution du nombre d'animaux inscrits au contrĂ´le de performance, l'UPRA lance une campagne de prospection pour retrouver des animaux de race pure. Cela permet de faire rĂ©augmenter les effectifs, rĂ©augmentation confirmĂ©e après l'apparition de mesures agri-environnementales visant Ă  prĂ©server la race et rĂ©munĂ©rant ses derniers Ă©leveurs[3]. Le dernier recensement n'en a relevĂ© plus que 9 800[1].

Description

Tête d'un bélier bizet.
mouton Bizet Ă  Vasles (79).

La bizet a une tête fine avec un chanfrein busqué. Elle se caractérise principalement par la coloration particulière de sa tête, qui est noire avec une bande blanche en son milieu qui couvre le museau et le chanfrein et qui traverse le front et le chignon. Les muqueuses sont noires, et elle porte deux oreilles noires, courtes et dressées. Le mâle porte des cornes fines et assez longues, en spirales et se relevant à leur extrémité. Les femelles en sont dépourvues, ou portent juste parfois des embryons de cornes. Elle porte une toison couleur crème, qui ne couvre pas la tête ni la gorge et les pattes, s'arrêtant aux deux tiers du jarret. Les pattes laissées ainsi à nu sont noires. Elles sont assez fines. La queue est blanche et assez fine[1].

La bizet est une brebis de gabarit moyen : la femelle pèse entre 50 et 60 kg et le mâle entre 80 et 95 kg.

Aptitudes

La bizet est une race rustique, bonne marcheuse, et donc bien adaptĂ©e Ă  son milieu d'origine, une zone de moyenne montagne avec des prairies faiblement productives. La toison de cette brebis est bien adaptĂ©e pour rĂ©sister aux intempĂ©ries. Elle peut sans problème mobiliser ses rĂ©serves en cas de pĂ©nurie momentanĂ©e, puis les reconstituer assez rapidement. Elle se dĂ©saisonne très facilement, sans utilisation de traitements hormonaux, ce qui constitue un atout important puisqu'il est facile d'accĂ©lĂ©rer son rythme de reproduction. Cela permet d'augmenter un peu la productivitĂ© annuelle des brebis, handicapĂ©e par une prolificitĂ© moyenne de 159 %. C'est une race assez prĂ©coce qui peut agneler dès l'âge de 12 Ă  15 mois si elle est alimentĂ©e en consĂ©quence[4]. Elle a de bonnes qualitĂ©s maternelles et une production laitière correcte. Les agneaux prĂ©sentent une croissance modeste variant entre 170 et 215 g/j entre 10 et 30 jours. C'est une race docile qui est facilement manipulable[1].

La viande des agneaux bizets a la réputation d'être très savoureuse. La tradition voudrait même que Louis XIV consommait de la viande de bizet, et que ce fût la seule viande moutonne qu'il mangeait[1].

Élevage

La bizet peut ĂŞtre intĂ©grĂ©e Ă  divers systèmes d'Ă©levage. Ainsi, on la rencontre dans des exploitations pratiquant le plein air intĂ©gral, des systèmes classiques avec rentrĂ©e en bergerie l'hiver, ou des systèmes transhumants avec dĂ©part des animaux en estives l'Ă©tĂ©. La bonne capacitĂ© de dĂ©saisonnement de cette race permet de pratiquer des rythmes de reproduction accĂ©lĂ©rĂ©s, avec trois agnelages en deux ans. D'autres systèmes de reproduction existent chez les Ă©leveurs de bizet, avec par exemple quatre agnelages en trois ans, ou un agnelage par an, gĂ©nĂ©ralement au printemps ou Ă  l'automne. C'est donc une race qui prĂ©sente une bonne souplesse d'exploitation[1]. Suivant le système, les agneaux sont produits Ă  l'herbe ou en bergerie. Ce sont des agneaux lĂ©gers, avec des carcasses variant entre 16 et 18 kg. Pour amĂ©liorer la conformation de ces agneaux, certains Ă©leveurs pratiquent des croisements avec des races Ă  fortes aptitudes bouchères[2]. Ils peuvent ĂŞtre valorisĂ©s sous divers sigles parmi lesquels l'Agneau de l´Adret, Terre d´Agneaux, Grillonnet ou le label rouge Agneau Fermier des Pays d'Oc[2].

SĂ©lection

Logo de l'UPRA Races Ovines des Massifs.

Le schéma de sélection de la race est géré par l’UPRA Races Ovines des Massifs, une structure qui s’occupe conjointement de 6 races ovines rustiques du Massif central : la blanche du Massif central, la limousine, la grivette, la rava, la noire du Velay et la bizet. La section bizet de cette UPRA gère le livre généalogique de la race et fixe les objectifs de sélection. Ceux-ci visent notamment à améliorer la prolificité des brebis, leur production laitière, et à conserver une certaine variabilité génétique au sein de cette race qui a été menacée de disparaître[1].

Le schĂ©ma de sĂ©lection de la race s'appuie sur 12 Ă©leveurs qui dĂ©tiennent 5 500 brebis. Il dispose Ă©galement d'un centre d'Ă©levage qui regroupe 50 Ă  60 bĂ©liers Ă  Paysat-bas dans la Haute-Loire. Ceux-ci sont choisis sur leur ascendance, puis on contrĂ´le en station leurs performances individuelles. Depuis 1999 un programme de gestion de la consanguinitĂ© est mis en place. Il consiste Ă  limiter la durĂ©e d'utilisation des mâles, contrĂ´ler la diversitĂ© des bĂ©liers proposer aux Ă©leveurs, et d'appuyer les Ă©leveurs dans leur choix de bĂ©lier[1].

RĂ©partition

Effectifs des brebis en contrôle des performances par département en 2009[5].

Le berceau de la race se situe entre le Cantal et la Haute-Loire, dans une zone dĂ©limitĂ©e par Saint-Flour, le col du Lioran, Allanche, Brioude et Langeac[3]. La bizet tient une place très importante dans ses dĂ©partements. Par exemple, en 1963 et alors que ses effectifs ont dĂ©jĂ  commencĂ© Ă  rĂ©gresser, les 90 000 brebis bizets de Haute-Loire reprĂ©sentent tout de mĂŞme 45 % des effectifs ovins de ce dĂ©partement[1].

Un troupeau assez important Ă©tait prĂ©sent sur l'Ă®le longue depuis 1948, une Ă®le de l'archipel des Kerguelen[6]. Il s'est très bien adaptĂ© face aux conditions de vie extrĂŞmement difficiles, et le troupeau comptait environ 1 000 brebis en race pure[2]. Sa prĂ©sence dans l'archipel des Kerguelen a donnĂ© son nom Ă  Port-Bizet. Ă€ la suite de la crĂ©ation de la rĂ©serve naturelle des terres australes, l'Ă©limination du cheptel a Ă©tĂ© dĂ©cidĂ©e Ă  la fin des annĂ©es 2000[7].

Notes et références

  1. « La Bizet » (consulté le )
  2. « La Bizet » (consulté le )
  3. « Une race souple d´utilisation qui produit de bons agneaux », Pâtre,‎ (lire en ligne)
  4. Y. Walrave, P. Cantin, A. Desvignes, J. Thimonier, « Variations saisonnières de l’activité sexuelle des races ovines du Massif Central », Journées Recherche Ovine et Caprine,‎ , p. 261-271
  5. Institut de l'Elevage, département génétique : Bilan du contrôle de performances ovins allaitants - Campagne 2009, 105 pp, juillet 2010.
  6. Année Polaire internationale, le problème des espèces introduites.
  7. Abattage des troupeaux de bovins, de moutons et de mouflons sur les îles australes de Kerguelen et de Saint-Paul-et-Amsterdam dans le territoire des Terres australes et antarctiques françaises

Voir aussi

Bibliographie

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