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Rafflesia

Description

Rafflesia ne possède ni tige, ni feuille, ni racine, mais une fleur actinomorphe Ă  cinq pĂ©tales. Sur la face infĂ©rieure de la plante se trouvent les Ă©tamines et les stigmates. A la base de la fleur, il y a 23 bractĂ©es. Les lobes du pĂ©rianthe s'ouvrent pour laisser apparaĂ®tre une fleur qui est environ trois fois plus large que le bourgeon maximum. Ainsi, un bourgeon de 15 cm s'ouvrirait en une fleur d’environ 45 cm de diamètre[1].

C'est la fleur simple la plus grande du monde vĂ©gĂ©tal. Chez certaines espèces comme Rafflesia arnoldii elle peut atteindre un mètre de diamètre et peser jusqu'Ă  10 kg. Chez des espèces plus petites comme Rafflesia manillana, la fleur prĂ©sente un diamètre de 20 cm.

La Rafflesia ne possède pas de chlorophylle et est incapable de photosynthèse[2]. Elle dépend donc totalement de la plante grimpante de la famille des vignes tetrastigma qu'elle parasite[3] : c'est un holoparasite. Lors de son cycle de développement, elle vit à l'intérieur de son hôte sous forme de filaments. Ce n'est qu'au cours de sa floraison qu'elle est visible extérieurement. Son mode de vie est ainsi comparable à celui d'un champignon.

La Rafflésie a été découverte en 1818 dans une forêt tropicale d'Indonésie par le botaniste Joseph Arnold et nommée par Sir Thomas Stamford Raffles, le chef de l'expédition[2].

Reproduction

Appareil reproducteur

Chez les rafflésies (Rafflesia), chaque anthère est partagée en petits sacs avec jusqu’à 60 sacs par anthère. Chaque sac produit son propre pollen mais celui-ci est quand même libéré par un seul pore au sommet, vers lequel tous les sacs convergent[4]. En l'absence de carpelles, Rafflesia n'a pas de pistil et donc pas d'ovaire au sens d'angiosperme. Sans ovaire, la fleur ne développe pas de fruit. L'absence de carpelles a été confirmée en 2014 par Nikolov et al. qui ont déclaré, après avoir détaillé l’étude de l'initiation du méristème floral, « les Rafflesiaceae ont développé une forme alternative de développement du gynécée qui n'a pas d'équivalent dans les autres angiospermes » (Nikolov et al. 2014)[1].

Pollinisation

La pollinisation est assurée par des mouches attirées par une odeur de viande en décomposition dégagée par la fleur, ce qui en fait une « fleur cadavre »[5]. Banziger (1991) a décrit comment une mouche visitant le dessous du rebord d'une fleur mâle, frôlerait les étamines et viendrait avec une tache de pollen sur le dos. Ensuite, il visite le bord de la fleur femelle, le pollen serait brossé sur la surface stigmatique[1]. La couleur et la texture de la fleur marron brun ou rouge viande renforcent l’illusion de cadavre en décomposition[4].

Génétique

Nouvelle hypothèse : Rafflesiaceae provenant des Euphorbiaceae. Rafflesiaceae en rouge, en noir Euphorbiaceae (redessiné de Davis et al., 2007)

Bien qu'elle soit classĂ©e, dans une famille spĂ©cifique dite des Rafflesiaceae, des Ă©tudes rĂ©centes portant sur 11 500 paires de bases du gĂ©nome de la plante la rapprochent des Euphorbiaceae desquelles elle se serait diffĂ©renciĂ©e il y a 46 millions d'annĂ©es. Les diffĂ©rences avec les autres Angiospermes s’avèrent telles que l’on a du mal Ă  les classer dans l’arbre de parentĂ©s[1].

La phylogĂ©nie molĂ©culaire de ce genre (apparu il y a environ 12 millions d'annĂ©es) laisse penser qu'il dĂ©tient le record connu de la vitesse d'Ă©volution du diamètre des fleurs. Leur taille serait restĂ©e stable (27 Ă  37 cm) durant 10 millions d'annĂ©es, avant de fortement grandir lorsque les espèces de ce genre ont divergĂ©. Le record serait dĂ©tenu par Rafflesia kerii dont la fleur aurait gagnĂ© 90 cm en un million d'annĂ©es. De plus une partie importante du gĂ©nome mitochondrial de cette plante semble provenir de transferts de la part de virus ou bactĂ©ries l'ayant infectĂ©[6] - [7].

De récentes études de l'ADN mitochondrial ont montré que la rafflesia est apparentée à l'ordre des Malpighiales, auquel appartiennent notamment les violettes.

Chez Rafflesia cantleyi a été mis en évidence un phénomène de transfert horizontal de gènes de la liane parasitée vers la rafflésie[2].

Pression, menaces

Rafflesia magnifica fait partie des 12 000 espèces de plantes inscrites en liste rouge des plantes menacĂ©es. La dĂ©forestation et la collecte sauvage sont les deux principaux facteurs de leur disparition. Naturellement, le taux de perte des bourgeons est important et certaines espèces ne se trouvent que sur de très petites localitĂ©s.

Espèces

Rafflesia arnoldii, fleurs Ă©panouies et en bouton
Fleur de R. kerrii

Le genre renferme 28 espèces et certaines d’entre elles donnent aussi de très grosses fleurs, telle Rafflesia keithii de Bornéo qui atteint parfois le mètre[8].

  • Rafflesia arnoldii
  • Rafflesia aurantia
  • Rafflesia azlanii
  • Rafflesia baletei
  • Rafflesia bengkuluensis
  • Rafflesia cantleyi
  • Rafflesia consueloae
  • Rafflesia gadutensis
  • Rafflesia hasseltii
  • Rafflesia keithii
  • Rafflesia kemumu
  • Rafflesia kerrii
  • Rafflesia lawangensis
  • Rafflesia leonardi
  • Rafflesia lobata
  • Rafflesia magnifica
  • Rafflesia manillana
  • Rafflesia micropylora
  • Rafflesia meijeri
  • Rafflesia mixta
Exemple du cycle de développement de Rafflesia arnoldii.

Espèces non vérifiées

  • Rafflesia borneensis
  • Rafflesia ciliata
  • Rafflesia titan
  • Rafflesia witkampii

Utilisation

Les jeunes boutons floraux et fleurs sauvages de Rafflesia hasseltii Suringar, Rafflesia keithii Meijer et Rafflesia cantleyi Solms-Laubach sont utilisés comme ethnomédecine traditionnelle locale (Malaisie et Indonésie) comme agents cicatrisants, mais actuellement aucune recherche officielle publiée n'existe pour valider cette propriété[9].

Culture populaire

La rafflésie est popularisée par le jeu Pokémon en servant de modèle au Pokémon Rafflesia (deuxième évolution de Mystherbe)[2].

On peut également retrouver la rafflésie sous le nom de Rafflesia dans le jeu Animal Crossing. Cette fleur apparaît lorsque la ville est envahie par les mauvaises herbes.

Une espèce de rafflésie est également mentionnée dans la série Mutant X (saison 1, épisode 10).

Dans l’épisode 9 de la troisième saison de la série « Drop Dead Diva » , les avocats défendent une botaniste qui risque de perdre son spécimen de Rafflésie.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

  • W. Meijer, « Rafflesia. La plus grande fleur du monde, menacĂ©e d’extinction », Terre Vie, 1982, no 36(2), p. 297-303.
  • Jean-Marie Pelt, "L'Ă©volution vue par un botaniste", Fayard, 2011; p. 77.

Notes et références

  1. Fsp Ng, « IS RAFFLESIA AN ANGIOSPERM? », JOURNAL OF TROPICAL FOREST SCIENCE, vol. 31, no 3,‎ , p. 286–297 (DOI 10.26525/jtfs2019.31.3.286, lire en ligne, consulté le )
  2. Katia Astafieff (préf. Francis Hallé), L'aventure extraordinaire des plantes voyageuses, Malakoff, Dunod, , 192 p. (ISBN 978-2-10-076485-3, lire en ligne), chap. 9 (« Récit de la trouvaille de la plus grosse fleur du monde »).
  3. D.K., « Quelle fleur est un pirate génétique ? », Ça m'intéresse - Questions et réponses, no 34,‎ avril--juin 2021, p. 67 (ISSN 2265-2426)
  4. Guillot, Gérard., La planète Fleurs, Éditions Quæ, (ISBN 978-2-7592-0627-8 et 2-7592-0627-0, OCLC 846946747, lire en ligne)
  5. « Découverte en Indonésie, cette fleur géante dégage une odeur de «cadavre» », sur Courrier picard, (consulté le )
  6. Barkman, T.J., S.-H. Lim, K. Mat Salleh and J. Nais. 2004. Mitochondrial DNA sequences reveal the photosynthetic relatives of Rafflesia, the world's largest flower. Proceedings of the National Academy of Sciences of USA 101:787–792
  7. Charles C. Davis and Kenneth J. Wurdack (30 July 2004). « Host-to-Parasite Gene Transfer in Flowering Plants: Phylogenetic Evidence from Malpighiales » (Voir). Science 305 (5684): 676–678. doi:10.1126/science.1100671
  8. Couplan, François, (1950- ...), Les plantes? : 70 clés pour comprendre (ISBN 978-2-7592-2602-3 et 2-7592-2602-6, OCLC 1002810686, lire en ligne)
  9. (en) Adhityo Wicaksono, Sofi Mursidawati, Lazarus A. Sukamto et Jaime A. Teixeira da Silva, « Rafflesia spp.: propagation and conservation », Planta, vol. 244, no 2,‎ , p. 289–296 (ISSN 0032-0935 et 1432-2048, DOI 10.1007/s00425-016-2512-8, lire en ligne, consulté le )
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