RĂ©publique de Gourie
La RĂ©publique de Gourie est une rĂ©publique autoproclamĂ©e lors de la rĂ©volution de 1905 dans la province ouest de la GĂ©orgie, Ă lâĂ©poque annexĂ©e par lâEmpire russe, ayant eu pour origine le mĂ©contentement des paysans et pour encadrement le Parti ouvrier social-dĂ©mocrate gĂ©orgien[1].
Les contextes
LâEmpire russe
La rĂ©volution de 1905 Ă©clate Ă Saint-PĂ©tersbourg le dimanche 9 janvier 1905 pour se terminer dix mois plus tard par une promesse de Constitution faite par le tsar Nicolas II. Elle a pour cause le mĂ©contentement paysan dĂ» Ă une sĂ©rie de mauvaises rĂ©coltes (entre 1900 et 1904), la crise des rares industries employant du personnel (entre 1901 et 1903) et le durcissement du rĂ©gime par la crĂ©ation de lâOkhrana, la police politique.
La Gourie
La Gourie, rĂ©gion de l'Ouest de la GĂ©orgie, accĂ©dant Ă la mer Noire et frontaliĂšre des rĂ©gions de MingrĂ©lie, d'ImĂ©rĂ©thie et d'Adjarie, a toujours prĂ©sentĂ© un contexte de forte turbulence politique. AprĂšs avoir constituĂ© une principautĂ© sur laquelle rĂ©gnaient les GouriĂ©li, elle fut intĂ©grĂ©e au royaume central de Tiflis, mais conserva une forte autonomie. LâEmpire russe ne parvient Ă lâannexer quâen 1810 et la rattache Ă KoutaĂŻssi (ImĂ©rĂ©thie). En 1841, 1862 et 1886 en particulier, des rĂ©voltes Ă©clatent.
L'historique
Les prémices
En 1892, Le 1er mai est cĂ©lĂ©brĂ© malgrĂ© lâinterdiction. En 1902, les salles de lecture sont fermĂ©es devant la prolifĂ©ration des Ă©crits clandestins dâopposition. En 1903, les ouvriers agricoles refusent de payer lâimpĂŽt et de travailler dans les grands domaines. En 1904, le 1er mai voit des manifestations armĂ©es ; une imprimerie clandestine est mise en Ćuvre dans le village dâAskana, elle produira pour les sociaux-dĂ©mocrates durant 3 annĂ©es.
La rĂ©volution de 1905 y trouve un terreau favorable: « La population paysanne de Gourie se distinguait, mĂȘme Ă l'Ă©chelle de la GĂ©orgie, par un niveau culturel largement au-dessus de la moyenne (elle Ă©tait en quasi-totalitĂ© alphabĂ©tisĂ©e), par une homogĂ©nĂ©itĂ© ethnique solide ainsi que par une forte conscience rĂ©gionale. La direction du parti menchevik (social-dĂ©mocrate) provenait d'ailleurs de Gourie. Au moment de la prise du pouvoir par les Bolcheviks, en 1921, les Mencheviks avaient en Gourie 8 600 adhĂ©rents contre seulement 600 Ă 700 aux Bolcheviks »[2].
La révolution de 1905
Début le contrÎle de la province est pris par les révolutionnaires : le nombre de personnes armées est estimé à 15 000. Le un détachement militaire de 10 000 hommes commandé par le général Alikhanov est envoyé : les pourparlers échouent. Le , les troupes tsaristes entrent dans Ozourguéti, la capitale régionale.
En juillet, les Ă©meutes reprennent et les dĂ©tachements russes quittent la province, un comitĂ© rĂ©volutionnaire sâorganise.
En octobre, les insurgĂ©s attaquent les villes de Batoumi et de Soupsa pour s'emparer du train et dâarmement, ainsi que de la gare de Natanebi (OzourguĂ©ti) pour prendre des fusils avec Ă leur tĂȘte Nestor Kalandarichvili, ils gagnent la bataille de Nasakirali avec Ă leur tĂȘte Nestor Erkomaichvili et BĂ©nia Tchkhikvichvili.
En novembre, ils ont le contrÎle du télégraphe, du téléphone, de la poste et des chemins de fer pour toute la province.
La RĂ©publique de Gourie
Le « Parlement provisoire » élit Bénia Tchkhikvichvili, 24 ans, social-démocrate, Menchevik [3].
Le , le corps expĂ©ditionnaire russe du colonel Krylov est envoyĂ© en Gourie. Des nĂ©gociations sont engagĂ©es Ă la gare Natanebi dâOzourguĂ©ti : le « pardon » est obtenu. Le 11, les troupes entrent dans la ville et incendient les maisons des rĂ©volutionnaires prĂ©sumĂ©s.
HĂ©ritage
La RĂ©publique de Gourie contribua Ă lâorientation dĂ©finitive des sociaux-dĂ©mocrates gĂ©orgiens â dits Mencheviks selon la terminologie russe â vers le parlementarisme et lâabandon du terrorisme : ils constituĂšrent lâessentiel de lâopposition au tsar Nicolas II durant quatre Douma et lâun de ses leaders, Nicolas Tcheidze, en fut le chef de file de 1907 Ă 1917. Elle fut dâune certaine maniĂšre, le laboratoire qui permit la constitution de la RĂ©publique dĂ©mocratique fĂ©dĂ©rative de Transcaucasie en 1918 et surtout de la RĂ©publique dĂ©mocratique de GĂ©orgie (1918-1921) ; dâailleurs de nombreux dirigeants sociaux-dĂ©mocrates Ă©taient issus de Gourie : NoĂ© Jordania, NoĂ© Ramichvili, Grigol OuratadzĂ© et BĂ©nia Tchkhikvichvili.
Notes et références
- Colisée : « La République autoproclamée de Gourie 14 janvier 2014.
- Revue Communisme N° 42/43/45, 1995 (Le soulÚvement géorgien de 1924).
- Les sociaux-dĂ©mocrates gĂ©orgiens, en trĂšs grande majoritĂ© Mencheviks, (selon la terminologie russe) Ă©taient partisans dâun rĂ©gime parlementaire et opposĂ©s Ă la dictature du prolĂ©tariat (ainsi quâau parti unique).
- Parmi les condamnĂ©s aux travaux forcĂ©s peuvent ĂȘtre citĂ©s Nestor ErkomaĂŻchvili, Simon Ghlonti, Carlo LomadzĂ©, Anton Lomjaria, George Mamoulaichvili, Serge SourgouladzĂ©, BĂ©nia Tchkhikvichvili, Parmen TotibadzĂ©, Simon Totova , MoĂŻse Tougouchi.
Sources
- (ka) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de lâarticle de WikipĂ©dia en gĂ©orgien intitulĂ© « ááŁá ááᥠá ááĄááŁááááá » (voir la liste des auteurs).
- (en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de lâarticle de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Gurian Republic » (voir la liste des auteurs).
- (en) The Gurian « Republic »