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Noé Ramichvili

NoĂ© Ramichvili[Note 1] (en gĂ©orgien : ნოე რამიჹვილი), nĂ© le en GĂ©orgie, Ă  l'Ă©poque dans l'Empire russe, est un homme politique transcaucasien et gĂ©orgien, membre du Parti ouvrier social-dĂ©mocrate de tendance menchĂ©vique, exilĂ© en France Ă  la suite de l'invasion de son pays par l'ArmĂ©e rouge, et assassinĂ© le Ă  Paris[1].

Noé Ramichvili
ნოე რამიჹვილი
Illustration.
Fonctions
Président du gouvernement de la République démocratique de Géorgie
–
(1 mois et 28 jours)
Prédécesseur David Bagration (régent)
Successeur Noé Jordania
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance GĂ©orgie
Empire russe
Date de décÚs
Lieu de décÚs Paris
Nature du décÚs Assassinat
Profession Militaire

Noé Ramichvili

Il fut tour à tour ministre de l'Intérieur de la République démocratique fédérative de Transcaucasie, président du 1er gouvernement de la République démocratique de Géorgie, ministre de l'Intérieur et de la Guerre dans les 2e et 3e gouvernements de cette république.

Biographie

Jeunesse

En 1902, il rejoint le Parti ouvrier social-démocrate géorgien aprÚs avoir été expulsé de l'Université d'Iouriev (aujourd'hui Tartu, en Estonie).

En , à Batoumi, il défend les thÚses menchéviques au sein du Comité central de Transcaucasie et met en minorité Joseph Djougachvili (Staline), partisan des thÚses bolchéviques.

République démocratique fédérative de Transcaucasie

Le , il est nommé ministre de l'Intérieur dans l'Exécutif de la République démocratique fédérative de Transcaucasie regroupant les territoires de l'Arménie, l'Azerbaïdjan, la Géorgie et des territoires annexés plus tard par l'Empire ottoman, mission rendue particuliÚrement délicate par le retour désordonné des soldats russes du front ottoman sur consignes bolchéviques.

République démocratique de Géorgie

Le , aprÚs la proclamation du retour à l'indépendance de la Géorgie, Noé Ramichvili est élu président du gouvernement par l'Assemblée parlementaire provisoire géorgienne. Il constitue un gouvernement d'union nationale, avec des représentants des Partis social-démocrate, social-fédéraliste et national-démocrate géorgiens.

Le , il est remplacé et devient ministre de l'Intérieur.

À partir de , il cumule les responsabilitĂ©s de ministre de l'IntĂ©rieur, de ministre de la DĂ©fense et de ministre de l'Éducation nationale.

Il doit faire face à une situation de guerre au Sud contre les armées ottomanes (Akhalkalaki, Akhaltsikhé, Borjomi, Bortchalo) et au Nord contre les armées bolchéviques russes (col du Darial), ainsi qu'à l'Ouest contre les armées blanches du général russe Dénékine.

Il doit faire face également aux troubles sécessionnistes -attribués aux bolcheviques- en Ossétie du Sud : la Garde populaire (sous contrÎle de l'Assemblée constituante) et l'armée géorgienne (sous contrÎle du gouvernement) interviennent. Des exactions sont commises de part et d'autre.

En , Noé Ramichvili participe aux négociations avec l'Azerbaïdjan et co-signe avec Evguéni Guéguétchkori, ministre des Affaires étrangÚres, un traité de défense mutuelle.

En , des troubles -également attribués aux bolcheviques- éclatent à Batoumi : il fait donner l'armée géorgienne. La Garde Nationale intervient.

En , aprĂšs la signature du traitĂ© de paix entre la Russie bolchĂ©vique et la RĂ©publique dĂ©mocratique de GĂ©orgie, il se rĂ©sout Ă  faire libĂ©rer les bolcheviques gĂ©orgiens emprisonnĂ©s Ă  Tiflis pour tentative de coup d'État. DĂšs les premiers incidents, il n'hĂ©site pas Ă  les faire Ă  nouveau incarcĂ©rer (dont le jeune Lavrenti Beria).

Selon le journaliste suisse Jean Martin « M. Ramichvili est, en GĂ©orgie, le maĂźtre de l'heure. Son Ă©toile monte Ă  l'horizon politique, et, aussi bien dans les colonies Ă©trangĂšres que dans les milieux gĂ©orgiens, j'ai entendu faire de lui les plus vifs Ă©loges. On l'a baptisĂ© le mangeur de bolcheviks. De fait, en sa qualitĂ© de ministre de l'IntĂ©rieur, il a la lourde tĂąche de leur tenir tĂȘte. C'est donc tout naturellement sur ce sujet que s'engage la conversation avec cet homme au grand front de penseur, au regard incisif, au visage Ă©maciĂ©. »[2].

En , aprÚs l'invasion du territoire géorgien par l'Armée rouge, il émigre en France, à Leuville-sur-Orge, avec la classe politique géorgienne.

Exil en France

Noé Ramichvili participe, activement, à distance, à la préparation de l'insurrection nationale géorgienne d'août 1924.

En , Il fonde avec Akaki TchenkĂ©li et Spiridon KĂ©dia pour la GĂ©orgie, ainsi qu'avec des reprĂ©sentants azerbaĂŻdjanais et Nord caucasiens en exil, le comitĂ© parisien du Mouvement PromĂ©thĂ©e, soutenu par la Pologne. L'objectif est la constitution d'une ConfĂ©dĂ©ration d'États indĂ©pendants (AzerbaĂŻdjan, GĂ©orgie, Nord Caucase dans un 1er temps), dotĂ©e d'une unitĂ© militaire et douaniĂšre, au dĂ©triment de la partie mĂ©ridionale de l'URSS. Un projet de constitution pour la ConfĂ©dĂ©ration est Ă©laborĂ©. Des missions clandestines de renseignement et d'activation de cellules de rĂ©sistance sont envoyĂ©es en territoire soviĂ©tique.

En 1927, Noé Ramichvili est l'un des sept membres initiaux de la Société civile immobiliÚre propriétaire de la résidence d'exil en France de la République démocratique de Géorgie aux cÎtés de représentants sociaux-démocrates, nationaux-démocrates, sociaux-fédéralistes.

Le , il est assassiné à Paris par un exilé géorgien, Parmen Tchanoukvadzé : la justice française verra en l'assassin un déséquilibré qui sera libéré quelques mois aprÚs. La plupart des témoins de l'époque estime que Parmen Tchanoukvadzé a été manipulé par la police secrÚte soviétique, l'OGPU.

Plus tard, deux thÚses seront avancées par les historiens, les uns estiment que la police secrÚte "privée" de Lavrenti Beria -qui avait infiltré l'émigration géorgienne en France- a souhaité se débarrasser de l'adversaire le plus redoutable sur le plan opérationnel, les autres qu'au contraire Lavrenti Beria -qui aurait eu besoin de Noé Ramichvili en cas de retournement politique- le "ménageait" et que Staline aurait personnellement commandité l'assassinat[3].

L'homme

Marié à Maro Goguiachvili (1888-1972), il a eu plusieurs enfants, Béno (1907-1989), Akaki (1916-1999), Nina[4] (1920-2011) et Thamar (1926-1949). Cousin de Zeïnab Kedia (ka), il est donc le grand-cousin de Salomé Zourabichvili, 5e présidente de la Géorgie.

NoĂ© Ramichvili, plus jeune que les leaders historiques de la RĂ©publique dĂ©mocratique de GĂ©orgie, est souvent dĂ©crit par ses contemporains comme un homme d'action, expĂ©rimentĂ© dans l'exercice du pouvoir, peu enclin aux contacts et aux compromis avec les bolchĂ©viks et orateur hors pair tant en langue gĂ©orgienne qu'en langue russe. Sa proximitĂ© personnelle avec le gĂ©nĂ©ral polonais JĂłzef PiƂsudski (fondamentalement anti-soviĂ©tique et qui avait accueilli dans son armĂ©e une centaine d'officiers supĂ©rieurs gĂ©orgiens) le rendait d'autant plus dangereux pour le pouvoir soviĂ©tique.

Il est inhumé au carré géorgien du cimetiÚre de Leuville-sur-Orge[5].

Notes et références

Notes

  1. La transcription en langue française des patronymes gĂ©orgiens a Ă©tĂ© stable jusqu’à la fin du XXe siĂšcle : les rĂšgles constituĂ©es par l’intermĂ©diation de la langue russe, confirmĂ©es par la LĂ©gation de la RĂ©publique dĂ©mocratique de GĂ©orgie en France (1921-1933) et proches de la prononciation en langue gĂ©orgienne, Ă©taient utilisĂ©es sans exception ; elles le sont encore aujourd’hui par le ministĂšre français des Affaires Ă©trangĂšres et par la plupart des universitaires français s’intĂ©ressant Ă  la GĂ©orgie. L’usage a progressivement changĂ© avec l’intermĂ©diation de la langue anglaise et la dĂ©finition d’une translittĂ©ration latine proche de la transcription anglaise (2002). Ainsi ნოე რამიჹვილი donne NoĂ© Ramichvili en transcription française et Noe Ramishvili en transcription anglaise (et en translittĂ©ration latine).

Références

  1. « Biographie de Noé Ramichvili », sur Colisée (consulté le ).
  2. Journal de GenÚve : « Lettre de Géorgie », Jean Martin, Abbas-Toumane, 26 août 1920.
  3. ThÚse avancée par l'historienne Françoise Thom, aprÚs témoignages d'Akaki Ramichvili, fils de Noé, et de Sergo Béria, fils de Lavrenti.
  4. Colisée : "Biographie de Nina Ramichvili" consultée le 11 mars 2014.
  5. Luc Méloua : "Les tombes géorgiennes du cimetiÚre de Leuville-sur-Orge Site Samchoblo consulté le 4 novembre 2015

Liens externes

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