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Putois

Mustela putorius

Le putois (Mustela putorius), aussi connu sous le nom de putois commun, noir ou putois forestier, furet européen, ou furet sauvage, est un mammifÚre de la famille des mustélidés voisin de la belette, du vison, de la loutre et de l'hermine. Le furet (Mustela putorius furo), forme domestique du putois est, comme lui, une sous-espÚce du putois d'Europe. Ces animaux ont une glande qui libÚre une puanteur en cas de peur ou de menace.

Le putois d'Europe a une couleur proche du brun foncĂ© avec une tĂȘte plus claire. Il est sensiblement plus grand que la belette et l'hermine, mesure 50 cm de long et pĂšse entre 0,7 kg pour les femelles et 1,7 kg pour les mĂąles.

Dans l'usage populaire, il est parfois confondu avec la mouffette qui, elle, est rayée de bandes blanches.

Description

Le putois d’Europe a l’allure gĂ©nĂ©rale typique des autres MustĂ©lidĂ©s : il est court sur patte avec le corps fin et allongĂ©[1] - [2]. Il fait de 40 cm Ă  60 cm de long dont 12 cm Ă  15 cm de queue[1]. Les mĂąles pĂšsent de 400 g Ă  1,5 kg alors que les femelles ne dĂ©passent pas les 700 g[2]. Le poids est l’un des meilleurs critĂšres d’identification des sexes[2].

Un jeune putois Ă©rythrique en Angleterre

Le pelage typique est brun-noir avec des flancs plus pĂąles car le poil de bourre jaunĂątre y est plus visible[1]. La tĂȘte est plus claire, avec un masque noir partant du museau et entourant les yeux. Les oreilles sont petites, rondes et ourlĂ©es de blanc. Il existe cependant une grande variation entre les individus[1], avec un masque facial plus ou moins marquĂ©, un pelage plus ou moins sombre ainsi que des phĂ©notypes Ă©rythrique ou albinos[3]. La mue est bisannuelle. En hiver, le poil de bourre s'Ă©paissit ce qui donne une teinte plus claire au pelage[1].

Comportement

L'espĂ©rance de vie maximum connue dans la nature est de 3 Ă  5 ans et 14 ans en captivitĂ©. C'est un animal essentiellement nocturne, silencieux, furtif, et assez discret. Il se rencontre en forĂȘt mais surtout dans les lieux humides : bordure d’étangs et marais. Il creuse souvent son terrier sous les racines des arbres.

Sa nourriture est principalement constituĂ©e de grenouilles et de campagnols, mais aussi parfois de rats ou d'autres petites proies[4]. C'est un des rares prĂ©dateurs Ă  amasser des proies (principalement des grenouilles) dans des « rĂ©serves alimentaires » au printemps. On considĂšre souvent que l'une de ses proies favorites est le lapin de garenne qu'il surprend dans son terrier, mais il n'incorpore le lapin que dans son rĂ©gime d'Ă©tĂ©. Plus rarement, il peut s'en prendre au jeune liĂšvre dont il remonte la trace. Pour ces derniĂšres proies qui le dĂ©passent souvent en taille (tel le lapin sauvage), on dit qu'il se contente le plus souvent de les saigner Ă  mort et de dĂ©vorer ensuite les organes nobles (foie, cƓur, poumons). Il est connu Ă©galement comme prĂ©dateur des cailles et perdrix surprises au sol, de nuit, durant leur sommeil. Pour sa prĂ©dation importante exercĂ©e sur le petit gibier, il a longtemps fait l'objet d'un piĂ©geage intensif.

Selon le professeur Thierry Lodé, spécialiste de l'espÚce, son domaine vital s'étend sur un kilomÚtre carré et l'espÚce est capable de s'hybrider avec le trÚs rare vison d'Europe (Mustela lutreola)[5].

Il grimpe rarement mais plonge et nage trĂšs bien. S’il est en danger, il glousse, siffle et gronde. Sous l’effet de la frayeur ou de la douleur, il libĂšre le contenu de ses glandes anales sous la forme d'un aĂ©rosol dont l’odeur dĂ©sagrĂ©able lui a valu le nom de « puant ». Les vĂȘtements qui en sont imprĂ©gnĂ©s sont rendus inutilisables pour au moins 24 heures tellement l'odeur en est insupportable.

Le putois est polygyne, le mĂąle frĂ©quentant le domaine d'une Ă  trois femelles[6]. L’accouplement a lieu en mars-avril. Le nid (amas d’herbes sĂšches, de plumes et de poils) est dissimulĂ© dans une cavitĂ© d’arbre ou de mur, sous des fagots ou dans un terrier abandonnĂ©. La femelle met bas une fois par an, en juin-juillet, aprĂšs une gestation de six semaines. Sa portĂ©e compte de trois Ă  sept petits mesurant six Ă  sept centimĂštres et couverts d'un duvet ras et blanchĂątre. Ils tĂštent au moins un mois mais mangent de la viande apportĂ©e par la mĂšre dĂšs l'Ăąge de trois semaines. À trois mois ils atteignent la taille des adultes qui vivent cinq Ă  six ans et atteignent leur maturitĂ© sexuelle Ă  9 mois.

Confusion

Les amalgames faits notamment dans les bandes dessinĂ©es et les dessins animĂ©s (comme Belle Fleur dans Bambi et Bambi 2 de Walt Disney Pictures, PĂ©pĂ© le putois chez Warner Bros., dans Kirikou et la SorciĂšre, ou Stella dans Nos voisins, les hommes de DreamWorks) ont amenĂ© une confusion dans l'esprit de nombreuses personnes : l'animal noir et blanc Ă  queue panachĂ©e Ă©mettant un parfum nausĂ©abond qui peuple l'imaginaire collectif est en rĂ©alitĂ© la mouffette, espĂšce d'une famille diffĂ©rente des putois. Le putois Ă©met certes la mĂȘme odeur incommodante, mais est brun.

Écologie

C'est un des rares prĂ©dateurs Ă  s'attaquer au rat musquĂ© (dont la taille est comparable Ă  celle du lapin de garenne), mais aussi au surmulot. Ses proies principales figurent sur la liste des espĂšces classĂ©es « nuisibles » par arrĂȘtĂ© prĂ©fectoral en France et cela lui confĂšre donc un rĂŽle positif, mais il est aussi prĂ©dateur du campagnol amphibie (vulnĂ©rable au niveau mondial)[7]. Quand il n'a pas de proies plus grandes Ă  disposition, on estime Ă  un millier le nombre de petits rongeurs tuĂ©s chaque annĂ©e par ce prĂ©dateur. D'ailleurs, depuis une vingtaine d'annĂ©es, plusieurs pays europĂ©ens protĂšgent l'ensemble des mustĂ©lidĂ©s, Ă  l'exception parfois de la fouine qui cause des ravages dans les poulaillers et les pigeonniers mal protĂ©gĂ©s.

Le putois ne provoque que rarement des dégùts dans des clapiers ou des poulaillers vétustes (planches disjointes, grillage troué, portes disloquées ou fermant mal
).

Pourtant, le piégeage ainsi que la disparition d'un grand nombre de lapins de garenne à cause de la myxomatose ont contribué à sa raréfaction. La modification des milieux humides ainsi que la pollution de l'eau sont aussi des éléments à ne pas négliger. La destruction des zones humides est la principale cause du recul de cette espÚce en Suisse[8] - [9].

En 2016, le dĂ©clin de l'espĂšce en France est confirmĂ© par l'Office français de la biodiversitĂ© (ex-ONCFS) sur la base de diffĂ©rentes Ă©tudes[10]. Depuis 2017, l'UICN le classe « espĂšce quasi menacĂ©e » sur la liste rouge des mammifĂšres menacĂ©s en France[11]. En 2019, la SociĂ©tĂ© française pour l'Ă©tude et la protection des mammifĂšres (SFEPM) s'alarme toujours du dĂ©clin de la population de putois en France, au point d'en faire une espĂšce menacĂ©e. La SFEPM demande (sans succĂšs Ă  ce jour) au ministĂšre de l'Écologie de placer l'espĂšce sur la liste des « mammifĂšres protĂ©gĂ©s » (statut impliquant une non-chasse, mais aussi qu'il soit pris en compte par divers programmes de conservation, et dans les Ă©tudes d'impacts et autres Ă©valuation environnementale des projets d'amĂ©nagement du territoire)[12] - [13].
Pourtant le putois reste inscrit en France sur la liste d'espĂšces susceptibles d'ĂȘtre classĂ©s nuisibles par arrĂȘtĂ© ministĂ©riel en date du ). Plusieurs associations naturalistes demandent son inscription en espĂšce protĂ©gĂ©e et pas uniquement comme « quasi menacĂ© » ; deux prĂ©fets (Loire-Atlantique et Pas-de-Calais) l'inscrivent mĂȘme parmi les espĂšces susceptibles d'occasionner des dĂ©gĂąts (Esod, autrefois « nuisibles »), permettant que son piĂ©geage perdure jusqu'Ă  ce que des associations de protection de l'environnement fassent (aprĂšs 2 ans de procĂ©dures) annuler ces exceptions par le Conseil d'État[14]. En juillet 2021, l'espĂšce n'est plus classĂ©e Esod, mais n'est pas pour autant protĂ©gĂ©e puisque persiste sur la liste des quatre-vingt-dix « espĂšces gibiers » (selon l'OFB, au moins 2 942 putois ont Ă©tĂ© tuĂ©s Ă  la chasse pendant la saison 2013-2014)[11].

Notes et références

  1. Pierre Rigaux, ProtĂ©ger le Putois d’Europe (Mustela putorius). : État de conservation en France et demande d’inscription sur la liste des mammifĂšres protĂ©gĂ©s., SociĂ©tĂ© Française pour l’Étude et la Protection des MammifĂšres, , 90 p. (lire en ligne).
  2. Tranchand, B. et Bernard, A., « Putois d’Europe », sur Atlas des mammifĂšres de RhĂŽne-Alpes, (consultĂ© le ).
  3. (en) LodĂ©, T., « Genetic divergence without spatial isolation in polecat ‘‘Mustela putorius’’ populations. », Journal of Evolutionary Biology, vol. 14, no 2,‎ (DOI 10.1046/j.1420-9101.2001.00275.x, lire en ligne).
  4. (en) Thierry LodĂ©, « Functional response and area-restricted search in a predator: seasonal exploitation of anurans by the European polecat, Mustela putorius », Austral Ecology, vol. 25, no 3,‎ , p. 223-231 (ISSN 1442-9985, e-ISSN 1442-9993, DOI 10.1046/j.1442-9993.2000.01024.x, lire en ligne).
  5. (en) Thierry LodĂ©, G. Guiral et Didier Peltier, « European mink-polecat hybridization events : hazards from natural process? », Journal of Heredity, vol. 96, no 2,‎ , p. 89-96 (ISSN 0022-1503, e-ISSN 1465-7333, PMID 15653561, DOI 10.1093/jhered/esi021, HAL hal-02671470).
  6. (en) Thierry LodĂ©, « Mating system and genetic variance in a polygynous mustelid, the European polecat », Genes & Genetic Systems, vol. 76, no 4,‎ , p. 221-227 (ISSN 1341-7568, e-ISSN 1880-5779, OCLC 210773869, PMID 11732630, DOI 10.1266/ggs.76.221, lire en ligne).
  7. (en) Référence UICN : espÚce Arvicola sapidus
  8. Weber D. (1987). Zur biologie des Iltisses (Mustela putorius L.) und den Ursachen seines BestandsrĂŒckganges in der Schweiz. Diss., Univ. Basel : 194 pp.
  9. Marchesi P. & C. Neet (2002). Analyse de la situation du putois dans le canton de Vaud et sa pĂ©riphĂ©rie. Bull. Soc. Vaud. Sc. Nat. 88 (1) :31 – 40
  10. Office français de la biodiversité (ex-ONCFS)Revue Faune sauvage, Connaissance & gestion des espÚces ; PremiÚres cartes d'abondance relative de six mustélidés en France |p. 17 |URL=https://professionnels.ofb.fr/sites/default/files/pdf/RevueFS/FauneSauvage310_2016_complet.pdf
  11. Reporterre, « Le putois d’Europe n’est plus nuisible, mais toujours pas protĂ©gĂ© », sur Reporterre, le quotidien de l'Ă©cologie (consultĂ© le )
  12. « Le putois : la préservation de cette espÚce menacée d'extinction est primordiale | n-3DS.com », sur www.n-3ds.com (consulté le )
  13. « Le Putois d'Europe », sur www.sfepm.org (consulté le )
  14. « Saisi par la LPO, le Conseil d'Etat annule partiellement l'arrĂȘtĂ© ministĂ©riel classant les espĂšces "nuisibles" », sur Faune Sauvage, (consultĂ© le )

Voir aussi

Bibliographie

  • LodĂ© T. (1988). Écologie d'un petit carnivore dans les bocages de France. Bull SSNOFF.
  • LodĂ© T. (1997) Trophic status and feeding habits of the European polecat. Mammal Rev, 27: 177-184
  • LodĂ© T. Thierry LodĂ© (2000) Le Putois et l'Hermine. Le courrier de la Nature, 187.
  • Mermod C. & P. Marchesi (1988). Les petits carnivores. Atlas visuel. Ed. Payot, Lausanne, 64 pp.
  • Weber D. (1995). le Putois, Mustela putorius (L., 1758). In Hausser J. MammifĂšres de la Suisse. RĂ©partition. Biologie. Écologie. SociĂ©tĂ© Suisse de Biologie de la Faune, MĂ©moires de l'AcadĂ©mie Suisse des Sciences naturelles, Vol. 103. BikhĂ€user Verlag, Basel: 501 pp.

Article connexe

Liens externes

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