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Pseudocopulation

La pseudocopulation ou mimétisme pouyannien (en hommage aux travaux de M. Pouyanne[3] - [1] - [2]) désigne un simulacre d'accouplement au cours duquel le mâle n'introduit pas directement le sperme dans les voies génitales de la femelle, notamment lorsqu'il se fait leurrer par une fleur mimant sa partenaire sexuelle.

Le labelle de l'ophrys abeille reproduit grossièrement la morphologie de cet insecte pollinisateur et les pièces florales synthétisent des pseudo-phéromones sexuelles qui l'attirent spécifiquement.
Après 20 ans d'observations minutieuses, un amateur français, Pouyanne, Ă©tablit en 1916 que la fĂ©condation de l'Ophrys miroir est l'Ĺ“uvre d'une guĂŞpe leurrĂ©e par son labelle mimĂ©tique : le macule bleu vif mime la surface bleuâtre des ailes repliĂ©es d'une guĂŞpe femelle au repos, la Dasyscolia ciliata ; un appendice basal figure la tarière de ponte ; deux « bosses » latĂ©rales, appelĂ©es gibbositĂ©s, simulent des brosses Ă  pollen ; les pĂ©tales supĂ©rieurs minces imitent des antenne et la cavitĂ© stigmatique d'un noir brillant est encadrĂ©e par deux paires de « pseudo-yeux Â» noirs[1] - [2].

Entre fleurs et insectes

Cette sexualitĂ© animale non reproductive s'applique notamment au mimĂ©tisme entre certaines fleurs et des insectes femelles attirant les mâles pour une copulation grâce Ă  laquelle les fleurs sont fĂ©condĂ©es[4]. De nombreuses orchidĂ©es (dont 21 espèces dans le genre Ophrys)[5] favorisent la pseudocopulation, attirant chacune un insecte spĂ©cifique (gĂ©nĂ©ralement des abeilles, des guĂŞpes ou des mouches) par l'odeur ou en mimant la morphologie du pollinisateur. Les pseudo-phĂ©romones, produites par des osmophores et des glandes situĂ©es au sommet des pièces florales, ont une composition chimique proches des phĂ©romones sexuelles Ă©mises par les femelles des insectes[6]. Ces allomones attirent Ă  distance le pollinisateur, bien avant que la vue du labelle mimĂ©tique[note 1] (pĂ©tale modifiĂ©) n'intervienne Ă  son tour[7]. Les mâles, lors de la visite des fleurs, adoptent face Ă  ce leurre sexuel (leurre visuel et olfactif) un comportement d’accouplement qui conduit Ă  un dĂ©pĂ´t de pollen sur leur corps. La pseudocopulation ne va gĂ©nĂ©ralement pas jusqu'Ă  l'Ă©jaculation, mais quelques cas sont reportĂ©s : du sperme de guĂŞpes Ichneumonides a par exemple Ă©tĂ© dĂ©tectĂ© dans les fleurs de l'orchidĂ©e australienne Cryptostylis sp. (en)[8]. L'insecte mâle « insatisfait Â» de sa partenaire vĂ©gĂ©tale qui n'est pas dotĂ©e d'un orifice sexuel adĂ©quat, va tenter sa chance auprès d'une autre fleur, assurant la pollinisation. Suivant les espèces, on a une pseudocopulation et pollinisation cĂ©phalique (le mâle emportant les pollinies collĂ©es sur la tĂŞte) ou une pollinisation abdominale quand la pseudocopulation se fait dans la position inverse (exceptionnellement en position latĂ©rale)[9]. Cette interaction spĂ©cifique plante/pollinisateur est le rĂ©sultat de processus de coĂ©volution[10].

Chez les vertébrés

La fécondation externe s'opère parfois par pseudocopulation. Chez la plupart des anoures (grenouilles, crapauds) et des urodèles (salamandres, tritons), cette fécondation est précédée d'un rapprochement des sexes, l'amplexus, pseudocopulation qui tient une place intermédiaire entre la fécondation à distance des poissons et la copulation des Vertébrés[11].

La pseudocopulation est également évoquée dans les comportements homosexuels et hétérosexuels non reproductifs chez les oiseaux, poissons et mammifères, impliquant généralement des montes et d'autres formes de contacts génitaux[12].

Galerie

  • Une guĂŞpe chevauche le labelle de l'Ophrys mouche et tente de s'accoupler avec ce leurre sexuel
    Une guĂŞpe chevauche le labelle de l'Ophrys mouche et tente de s'accoupler avec ce leurre sexuel
  • Les taches sombres sur les pĂ©tales de Gorteria diffusa (en) miment le corps de la mouche femelle Megapalpus capensis
    Les taches sombres sur les pétales de Gorteria diffusa (en) miment le corps de la mouche femelle Megapalpus capensis[13]
  • La duperie sexuelle dont a Ă©tĂ© victime cette guĂŞpe est efficace au vu du nombre de pollinies fixĂ©es sur sa tĂŞte
    La duperie sexuelle dont a été victime cette guêpe est efficace au vu du nombre de pollinies fixées sur sa tête
  • Amplexus chez l'amphibien Hymenochirus boettgeri

Notes et références

Notes

  1. Mimétisme avec la forme, parfois avec de fausses antennes et de fausses ailes, la couleur, parfois avec des motifs de faux yeux et la pilosité des insectes femelles

Références

  1. H. Correvon, M. Pouyanne, « Un curieux cas de mimétisme chez les Ophrydées », Journal de la Société Nationale d'Horticulture de France, no 17,‎ , p. 29–47 (lire en ligne).
  2. H. CORREVON & M.-A. Pouyanne, « Nouvelles observations sur le mimétisme et la fécondation chez les Ophrys speculum et lutea », Journal de la Société Nationale d’Horticulture de France, vol. 4,‎ , p. 372–377 (lire en ligne).
  3. (en) G Pasteur, « A Classificatory Review of Mimicry Systems », Annual Review of Ecology and Systematics, Annual Reviews, vol. 13, no 1,‎ , p. 169-199 (ISSN 0066-4162, DOI 10.1146/annurev.es.13.110182.001125, lire en ligne).
  4. (en) Bertil Kullenberg, « Field experiments with chemical sexual attractants in Aculeate Hymenoptera males », Zoologiska Bidrag Uppsala, vol. I, no 31,‎ , p. 253–354.
  5. Jean-Marie Pelt, Les plantes : amours et civilisations végétales, Fayard, , p. 121.
  6. Christophe Bouget, Secrets d'insectes : 1001 curiosités du peuple à 6 pattes, Quae, , p. 66.
  7. (en) S. Cozzolino, A. Widmer, « Visual discrimination between two sexually deceptive Ophrys species by a bee pollinator », Arthropod Plant Interact, vol. 4, no 3,‎ , p. 141–148 (DOI 10.1007/s11829-010-9093-4).
  8. (en) Gaskett AC, Winnick CG, Herberstein ME, « Orchid sexual deceit provokes ejaculation », The American Naturalist, vol. 171, no 6,‎ , p. 206-212 (DOI 10.1086/587532).
  9. Sébastien Lesné, Les orchidées sauvages de Paris, Editions Quae, , p. 38-39.
  10. (en) S. Cozzolino, A. Widmer, « Orchid diversity: an evolutionary consequence of deception ? », Trends Ecol Evol, vol. 20, no 9,‎ , p. 487-494 (DOI 10.1016/j.tree.2005.06.004).
  11. Jean Guibé, Les Batraciens, Presses universitaires de France, , p. 58.
  12. (en) Edward M. Barrows, Animal behavior desk reference : A Dictionary of Animal Behavior, Ecology, and Evolution, CRC Press, , p. 123.
  13. (en) S. Johnson, J. Midgley, « Fly pollination of Gorteria diffusa (Asteraceae), and a possible mimetic function for dark spots on the capitulum », Am J Bot., vol. 84, no 4,‎ , p. 429-436.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

  • (en) Hannes F. Paulus, C. Gack, « Pollinators as prepollinating isolation factors: evolution and speciation in Ophrys (Orchidaceae) », Israel Journal of Botany, vol. 39, no 1,‎ , p. 43-79 (lire en ligne)
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