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Prototaxites

Prototaxites est un genre fossile découvert en 1859, probablement une structure symbiotique de champignons et d'algues datant du Dévonien et du Silurien (entre 420 et 350 millions d'années).

Prototaxites
Description de cette image, également commentée ci-après
anatomie de Prototaxites
au microscope, coupe transversale.

Genre

† Prototaxites
Dawson, 1859

On a un temps pensĂ© que les Prototaxites devaient former de grandes structures pouvant atteindre un mètre de circonfĂ©rence Ă  la base et jusqu'Ă  huit mètres de haut. Cet organisme a Ă©tĂ© considĂ©rĂ© comme le plus grand de cette Ă©poque. Mais il ne s'agit peut-ĂŞtre que de grandes surfaces de mousses et de biofilms fongiques et bactĂ©riens enroulĂ©s sur eux-mĂŞmes, ce qui expliquerait l'absence d'embranchements et de septums sur tous les fossiles connus. Le plus grand spĂ©cimen connu devait mesurer 8,80 mètres de long pour 1,37 mètre de diamètre.

Historique

Un conifère ?

Les fossiles de Prototaxites ressemblent grossièrement Ă  des morceaux de bois pĂ©trifiĂ©s et ils peuvent prĂ©senter des cercles concentriques qui rappellent des cernes de croissance. De plus, par rapport aux autres organismes connus de cette pĂ©riode, il s'agit d'un fossile gĂ©ant, ce qui explique que Prototaxites a d'abord Ă©tĂ© interprĂ©tĂ© comme le bois d'un conifère en partie dĂ©composĂ© par des champignons par John William Dawson, un scientifique canadien qui fit les premières dĂ©couvertes en 1859. Dawson a dĂ©crit notamment un « tronc Â» de la rĂ©gion de GaspĂ© (Canada) qui Ă©tait long de plus de 2 mètres et large de 91 centimètres.

Une algue ? un champignon ? un lichen ?

Dès 1872, l'interprĂ©tation de Dawson a Ă©tĂ© critiquĂ©e par Carruthers. En effet, l'Ă©tude anatomique de Prototaxites rĂ©vèle qu'il ne possède pas de cellules semblables Ă  celles des plantes terrestres mais des « tubes Â». Carruthers renomme Prototaxites, dont le nom signifie Ă  peu près « premier if » ou « premier conifère Â», Nematophycus. Il le compare aux champignons, aux lichens et aux algues et considère finalement qu'Ă©tant donnĂ© son âge, il ne peut s'agir que d'une algue.

En 1919, A.H. Church suggère qu'étant donné la taille que peuvent atteindre certains champignons actuels, il est tout à fait possible que Prototaxites soit un champignon[1]. Cette remarque n'a pas été prise en compte et, bien qu'il y ait un grand nombre de preuve que Prototaxites soit un organisme terrestre[2] - [3], il est resté classé dans les algues.

En 2001, après vingt ans de recherche, Francis Hueber, du National Museum of Natural History de Washington relance cette hypothèse en s'appuyant sur une étude anatomique détaillée et sur de nouveaux spécimens venant du Canada, d'Arabie Saoudite et d'Australie. Il interprète Prototaxites comme le sporophore pérenne d'un champignon[4] et propose une reconstruction[5]. Cette idée a paru assez extraordinaire : elle soulevait de nombreux problèmes, notamment la question de la nutrition de Prototaxites. Un champignon hétérotrophe d'une telle taille aurait besoin d'une grande quantité de matière organique pour se nourrir. Or à l'époque où il vivait, il y avait théoriquement peu de végétation et donc peu de nourriture disponible. De plus on ne connait pas les spores de Prototaxites.

En 2002, Marc-André Selosse, professeur au Muséum national d'histoire naturelle de Paris, a émis l'hypothèse que Prototaxites était une sorte de lichen[6]: l'association d'une algue et d'un champignon. Cette hypothèse permettait de comprendre d'où venaient les ressources de Prototaxites (matière organique ET photosynthèse). De plus, certains lichens peuvent avoir une reproduction uniquement végétative ce qui expliquerait l'absence de spores. Ce scénario réconcilie les traits ultrastructuraux fongiques à une nutrition probablement autotrophe (dont témoignent des données paléobiochimiques ou isotopiques). En particulier, la disparition des Prototaxites coïncide avec l'apparition des plantes de grande taille : s'ils étaient autotrophes, la compétition avec celles-ci aurait pu leur être fatale.

Enfin, c'est l'analyse isotopique (rapport des isotopes 12 et 13 du carbone) faite à partir de 2007 des tissus fossilisés qui a montré l'hétérotrophie de cette structure, permettant de confirmer qu'il ne pouvait s'agir d'un végétal mais qu'elle impliquait un champignon géant. Mais d'après les connaissances acquises sur le dévonien, un tel champignon géant n'aurait pu se nourrir sur un sol très riche en matière organique qui n'existait pas encore [7] - [8].

En 2010, une nouvelle explication est proposée par Linda Graham de la Botanical Society of America et son équipe :
il ne s'agirait pas d'un champignon géant, ni d'une algue géante mais plutôt d'un matelas de biofilm constitué d'un mélange de tissus différents (d'un bryophyte de la famille des marchantiales, de champignons et cyanobactéries, mal décomposés et vivant peut-être en une sorte de symbiose), probablement enroulé sur lui-même par le vent ou l'eau[9].

Images

  • dessin de la structure selon Dawson.
    dessin de la structure selon Dawson.
  • reconstruction de Dawson, 1888.
    reconstruction de Dawson, 1888.

Références

  1. (en) University of Chicago, EurekaAlert!, Prehistoric mystery organism verified as giant fungus. Retrieved 2007-04-24.
  2. Seward, A. C. (2010). Plant Life Through the Ages: A Geological and Botanical Retrospect Cambridge Library Collection - Earth Science. Cambridge University Press. p. 119. (ISBN 9781108016001).
  3. William Dawson, Sir John (2016). The Geological History of Plants. Library of Alexandria. (ISBN 9781465606853).
  4. (en) [1] F.M. Hueber, Rotted wood-alga-fungus : the history and life of Prototaxites Dawson 1859, Review of Palaeobotany and Palynology 116 (2001) 123-158.
  5. Reconstruction, sur newscientist.com
  6. (en) M.-A. Selosse, 2002. Prototaxites, a giant devonian fungus ? Mycological Research 106 : 642-644.
  7. Article de Futura science intitulé Champignon géant : un mystère de 400 millions d'années résolu
  8. (en) Boyce, C. Kevin & Carol L. Hotton et. al. (May 2007), "Devonian landscape heterogeneity recorded by a giant fungus", Geology 35 (5) : 399–402 « http://www.gsajournals.org/perlserv/?request=get-pdf&doi=10.1130%2FG23384A.1 »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?).
  9. (en) Linda E. Graham, Martha E. Cook, David T. Hanson, Kathleen B. Pigg, James M. Graham, « Rolled liverwort mats explain major Prototaxites features: Response to commentaries », American Journal of Botany, vol. 97, no 7,‎ , p. 1079-1086.

Liens externes

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