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Promession

La promession ou cryomation est un rite funĂ©raire prĂ©sentĂ© comme une alternative Ă  la crĂ©mation et Ă  l'inhumation des cadavres humains ou d'animaux de compagnie, consistant en leur congĂ©lation Ă  trĂšs basse tempĂ©rature suivie d'une rĂ©duction en poudre. Cette poudre peut ensuite ĂȘtre incorporĂ©e au sol, premier temps du recyclage de ses composants.

Histoire

La promession a Ă©tĂ© inventĂ©e par la biologiste suĂ©doise Susanne Wiigh-MĂ€sak qui utilisait de l'azote liquide Ă  -200°C, puis une rĂ©duction en poudre cristalline fine par un systĂšme vibratoire et une dĂ©shydratation sous vide[1] proche de la lyophilisation. À la diffĂ©rence de la crĂ©mation, les amalgames dentaires au mercure (plombages) sont alors facilement rĂ©cupĂ©rĂ©s, ce qui permet Ă  la poudre d'ĂȘtre enfouie dans un rĂ©cipient biodĂ©gradable[2] et rendue au sol. L'intĂ©gration de la totalitĂ© des restes du corps ne prend alors qu'une annĂ©e environ, tout en rĂ©duisant les Ă©missions de carbone (CO2, mĂ©thane)[3].

Cette méthode s'inscrit dans un mouvement visant à reconsidérer la mort et l'aprÚs-mort de maniÚre plus écoresponsable en tenant compte de l'énergie et de l'environnement[4]

Étymologie et dĂ©nomination

Le terme promession a été forgé par Susanne Wiigh-MÀsak (en suédois), sur la base du mot latin promissum signifiant promesse.

Le terme cryomation a probablement Ă©tĂ© proposĂ© par la sociĂ©tĂ© britannique Cryomation Ltd, pour sa ressemblance avec le terme crĂ©mation. La racine cryo- (ÎșÏÏÎżÏ‚, krĂșos) dĂ©signe le froid en grec ancien.

IntĂ©rĂȘt sanitaire et limites

En cas d'épidémies (zoonotiques notamment) et de pandémie, il est nécessaire de traiter les cadavres rapidement. Selon une étude récente (2022), aprÚs que les restes humains ont été séchés puis stérilisés sous vide, « la congélation rapide à -196 degrés Celsius crée un environnement dans lequel il est difficile pour les bactéries et les virus de survivre », tout en rendant friable toute la matiÚre organique[3].

Cependant, de nombreuses Ă©tudes ont montrĂ© que certains germes, Ă©ventuellement pathogĂšnes, survivent Ă  la dĂ©shydratation et au passage dans l'azote liquide (ils sont dits revivifiants). On en retrouve par exemple dans les contenants utilisĂ©s pour conserver par cryogĂ©nisation les Ă©chantillons de sperme utilisĂ©s pour la fĂ©condation artificielle d'animaux de fermes[5]. Certaines bactĂ©ries (bactĂ©ries lactiques) se conservent mĂȘme mieux dans l'azote liquide que dans un congĂ©lateur classique (Ă  -15 ou -25°C)[6]. La question du devenir de certains microorganismes et virus, ou encore des prions pathogĂšnes, se pose donc.

IntĂ©rĂȘt environnemental

C'est l'une des réponses techniques proposées par l'industrie mortuaire aux mouvements et personnes prÎnant une attitude plus écologique vis à vis de la mort, des funérailles et du cadavre (méthodes d'inhumation parfois dites "vertes", qui gagnent en popularité)[7]. Un "Green Burial Council" (GBC) a été créé en 2005 pour clarifier la notion d'inhumation verte ou naturelle (actuellement définie comme : façon de prendre soin des morts avec un impact environnemental minimal qui aide à la conservation des ressources naturelles, à la réduction des émissions de carbone[8], à la protection de la santé des travailleurs et la restauration et/ou la préservation des habitats naturels. Les funérailles écologiques nécessitent l'utilisation de matériaux non-toxiques et biodégradables (par exemple pour les cercueils, les linceuls et les urnes)[9].

Les différentes techniques funéraires et leurs variantes ont des impacts écologiques, sanitaires et climatiques trÚs différents, qui prennent une importance nouvelle dans le contexte du dérÚglement climatique anthropique, de l'effondrement de la biodiversité, notamment due à la perte d'habitats naturels pour la biodiversité[10].

Limites environnementales

La promession nécessite de l'azote liquide et un systÚme de lyophilisation ; elle est donc une technologie qui n'est pas « low-tech » (et qui est peu disponible dans les pays pauvres ou dans les régions éloignées des centres urbains ou industriels).

Selon une étude chinoise récente (publication 2022), en termes d'écobilan, ce procédé consomme cependant beaucoup moins d'énergie et de carburants fossiles (fuel ou gaz naturel) et émet bien moins de gaz à effet de serre que toutes les formes de crémation actuellement utilisées, et serait écologiquement et sanitairement plus vertueux que l'enterrement classique[3].

Procédé

Le corps du dĂ©funt est plongĂ© dans de l'azote liquide qui le refroidit Ă  -196 °C, ce qui le rend trĂšs cassant. Il est alors facilement fragmentĂ© en petits morceaux, ce qui permet d'en retirer les objets mĂ©talliques Ă©trangers (prothĂšses, pacemaker...). Les restes sont alors lyophilisĂ©s sous vide pour Ă©liminer l'humiditĂ©, laissant une poudre qui, selon Kuo Hsien Lee et ses collĂšgues, est « stĂ©rile » et peut ĂȘtre utilisĂ©e comme compost, si le corps n'a pas fait l'objet d'un traitement par thanatopraxie — s'il contient des radioisotopes issus d'un traitement mĂ©dical par radiothĂ©rapie, des prĂ©cautions particuliĂšres sont Ă  prendre[11].

Acceptabilité

Depuis toujours, la mort et le devenir du cadavre sont des sujets culturellement, symboliquement et émotivement trÚs chargés. Dans le contexte de la dégradation générale du climat et des écosystÚmes, et de la croissance démographique, la dimension des impacts environnementaux du traitement des cadavres et de la place occupée par les pierres tombales et cimetiÚres prend de l'importance, avec notamment le dilemme résumé par P.V Stock et M.K Dennis via la formule « Partir en fumée ou en bas avec les vers de terre ? » (Up in smoke or down with worms ?)[12]

Contexte légal

Comme tous les rites funéraires, dans la plupart des pays la promession est soumise aux dispositions de la loi.

Elle est aujourd'hui autorisĂ©e en SuĂšde, en Allemagne, en CorĂ©e du Sud, aux États-Unis, au Royaume-Uni, au Canada et en Afrique du Sud. Des centres de promession pour ce type de funĂ©railles (Promators) ont vu le jour Ă  partir de 2008.

La promession est Ă  ce jour (2022) interdite en France oĂč la rĂ©glementation n'accepte que deux modes de sĂ©pulture : l'inhumation et la crĂ©mation. La derniĂšre communication officielle sur le sujet relĂšve d'une question au gouvernement posĂ©e par le dĂ©putĂ© Jean Leonetti. La rĂ©ponse datant de juillet 2016 mentionne une Ă©tude nĂ©cessaire par le Conseil national des opĂ©rations funĂ©raires (CNOF)[13].

Offres commerciales

La premiĂšre offre commerciale a Ă©tĂ© proposĂ©e par la sociĂ©tĂ© suĂ©doise Promessa, fondĂ©e par l'inventeuse Susanne Wiigh-MĂ€sak, en mĂȘme temps qu'elle a proposĂ© le terme promession.

Un procédé similaire a été mis au point par une start-up britannique (Cryomation Ltd, créée le 28 November 2006)[14] avec l'Université du Hertfordshire sous le terme de cryomation et a été breveté.

Voir aussi


Bibliographie

  • Peter K. Smith, « The Nurture Assumption: Why Children Turn Out the Way They Do - Judith Rich Harris New York: The Free Press, 1998, 462 pp. US$25.50 cloth. (ISBN 0-684-84409-5). US$15.00 paper. (ISBN 0-684-85707-3). Simon and Schuster, 1230 Avenue of the Americas, New York, NY 10020, USA. », Politics and the Life Sciences, vol. 19, no 1,‎ , p. 112–114 (ISSN 0730-9384 et 1471-5457, DOI 10.1017/s0730938400008984, lire en ligne, consultĂ© le )
  • (en) Katharina Rebay-Salisbury, « Inhumation and cremation: how burial practices are linked to beliefs », dans Embodied Knowledge: Historical Perspectives on Belief and Technology, Oxbow Books, , 15–26 p. (lire en ligne)
  • Zhang He, Yongkuo Wang, Daoqing Hu et Yingchao Wang, « Traditional funeral culture and modern green ecological funeral construction », IOP Conference Series: Earth and Environmental Science, vol. 692, no 4,‎ , p. 042082 (ISSN 1755-1307 et 1755-1315, DOI 10.1088/1755-1315/692/4/042082, lire en ligne, consultĂ© le )


Notes et références

  1. Hannah Rumble, John Troyer, Tony Walter et Kate Woodthorpe, « Disposal or dispersal? Environmentalism and final treatment of the British dead », Mortality, vol. 19, no 3,‎ , p. 243–260 (ISSN 1357-6275 et 1469-9885, DOI 10.1080/13576275.2014.920315, lire en ligne, consultĂ© le )
  2. George E. Dickinson, « Diversity in Death: Body Disposition and Memorialization », Illness, Crisis & Loss, vol. 20, no 2,‎ , p. 141–158 (ISSN 1054-1373 et 1552-6968, DOI 10.2190/il.20.2.d, lire en ligne, consultĂ© le )
  3. (en) Kuo-Hsien Lee, Chung-Chen Huang, Sophia Chuang et Cheng-Tsu Huang, « Energy Saving and Carbon Neutrality in the Funeral Industry », Energies, vol. 15, no 4,‎ , p. 1457 (ISSN 1996-1073, DOI 10.3390/en15041457, lire en ligne, consultĂ© le )
  4. Nick MacMurray et Robert Futrell, « Ecological Death Reform and Death System Change », OMEGA - Journal of Death and Dying, vol. 83, no 4,‎ , p. 859–883 (ISSN 0030-2228 et 1541-3764, DOI 10.1177/0030222819869485, lire en ligne, consultĂ© le )
  5. Jean Jacquet et L. Steeg, « Note prĂ©liminaire sur la conservation des microbes dans l’azote liquide », Bulletin de l'AcadĂ©mie VĂ©tĂ©rinaire de France, vol. 120, no 6,‎ , p. 275–280 (DOI 10.4267/2042/66699, lire en ligne, consultĂ© le )
  6. J. HARDY, J. L. LACRAMPE, J. P. RAMET et F. WEBER, « Utilisation de diffĂ©rentes souches de ferments concentrĂ©s congelĂ©s conservĂ©s dans l'azote liquide pour la fabrication de fromages du type " pĂąte molle " », Le Lait, vol. 50, nos 499-500,‎ , p. 627–643 (ISSN 0023-7302, DOI 10.1051/lait:1970499-50027, lire en ligne, consultĂ© le )
  7. (en) Sabu Kohso, « Disaster/Catastrophe/Apocalypse », dans Radiation and revolution, Duke University Press, , 1–16 p. (ISBN 978-1-4780-1253-5, lire en ligne)
  8. Caineng Zou, Huaqing Xue, Bo Xiong et Guosheng Zhang, « Connotation, innovation and vision of “carbon neutrality” », Natural Gas Industry B, vol. 8, no 5,‎ , p. 523–537 (ISSN 2352-8540, DOI 10.1016/j.ngib.2021.08.009, lire en ligne, consultĂ© le )
  9. « RWANDA - ISRAEL: Concerns Over Deportations », Africa Research Bulletin: Political, Social and Cultural Series, vol. 55, no 2,‎ , p. 21775C–21776C (ISSN 0001-9844, DOI 10.1111/j.1467-825x.2018.08141.x, lire en ligne, consultĂ© le )
  10. Keijzer, E.; Kok, H.; BV, S.Y.H. Environmental Impact of Different Funeral Technologies; TNO-060-UT-2011-001432; TNO Innovation Appendix C: The Hague, The Netherlands, 8 August 2011
  11. (en) Nathan Y. Yu, William G. Rule, Terence T. Sio et Jonathan B. Ashman, « Radiation Contamination Following Cremation of a Deceased Patient Treated With a Radiopharmaceutical », JAMA, vol. 321, no 8,‎ , p. 803 (ISSN 0098-7484, PMID 30806682, PMCID PMC6440253, DOI 10.1001/jama.2018.21673, lire en ligne, consultĂ© le )
  12. Paul V. Stock et Mary Kate Dennis, « Up in smoke or down with worms? older adult environmentalist’s discourse on disposal, dispersal, and (green) burial », Mortality,‎ , p. 1–17 (ISSN 1357-6275 et 1469-9885, DOI 10.1080/13576275.2021.1878121, lire en ligne, consultĂ© le )
  13. « Question n°79887 - Assemblée nationale », sur questions.assemblee-nationale.fr (consulté le )
  14. (en) « Cryomation limited overview - Find and update company information - GOV.UK », sur find-and-update.company-information.service.gov.uk (consulté le )

Voir aussi

Liens externes

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