Projet 112
Le Projet 112 Ă©tait un programme expĂ©rimental d'armes chimiques et biologiques menĂ© sous la conduite du DĂ©partement de la DĂ©fense des Ătats-Unis de 1962 Ă 1973. Ce projet est nĂ© sous l'administration de John Fitzgerald Kennedy et a Ă©tĂ© autorisĂ© par son secrĂ©taire de la dĂ©fense Robert McNamara dans le cadre d'un rĂ©examen complet des systĂšmes de dĂ©fense des Ătats-Unis. Le nom de Projet 112 fait rĂ©fĂ©rence au numĂ©ro de ce programme parmi les 150 propositions de ce rĂ©examen autorisĂ© par McNamara. Toutes les composantes de l'armĂ©e des Ătats-Unis ainsi que les agences de renseignement (un euphĂ©misme pour la Direction de la science et technologie du Bureau des Services Techniques de la CIA) y ont participĂ©, aussi bien financiĂšrement que directement avec leur personnel. Le Canada et le Royaume-Uni ont Ă©galement participĂ© Ă certaines activitĂ©s du Projet 112[1].
Le Projet 112 s'est d'abord penchĂ© sur l'utilisation d'aĂ©rosols pour rĂ©pandre des produits chimiques et biologiques qui pourraient provoquer des incapacitĂ©s temporaires contrĂŽlĂ©es. Le programme de test devait ĂȘtre menĂ© Ă grande Ă©chelle hors des 48 Ă©tats des USA continentaux, dans le Pacifique Sud, le Pacifique Central [2] et l'Alaska ceci de concert avec la Grande-Bretagne, le Canada et l'Australie. Au moins 50 essais ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s dont au moins 18 concernaient des "imitations" d'agents biologiques (comme le Bacillus subtilis) et au moins 14 concernaient des produits chimiques y compris le gaz sarin et le gaz VX, mais aussi des gaz lacrymogĂšnes et d'autres produits semblables. Les lieux des tests ont Ă©tĂ© Porton Down (Grande-Bretagne), Ralston (Canada) et au moins 13 navires de guerre de l'US Navy ; les essais embarquĂ©s ont Ă©tĂ© nommĂ©s SHAD (pour Shipboard Hazard And Defense soit DĂ©fense et Danger EmbarquĂ©s). Le projet a Ă©tĂ© coordonnĂ© depuis le Deseret Test Center dans l'Utah, Ă 100 km au sud-ouest de Salt Lake City.
Jusqu'en 2005, les informations disponibles sur le Projet 112 sont restées incomplÚtes[1].
Des instructions du plus haut niveau
En , Robert McNamara a envoyĂ© une directive aux chefs d'Ătat-major interarmĂ©es concernant les armes chimiques et biologiques, leur enjoignant : "d'examiner toutes les applications possibles, incluant leur utilisation comme une alternative aux armes atomiques, de prĂ©parer un plan pour le dĂ©veloppement dâacceptables capacitĂ©s de dissuasion chimiques et biologiques, dây inclure des estimations des coĂ»ts, et dâĂ©valuer les consĂ©quences politiques nationales et internationales. " Les chefs dâĂtat-major dĂ©signĂšrent un groupe de travail qui recommanda un plan de 5 ans Ă mener en 3 parties[3] - [4].
Le , le prĂ©sident Kennedy signa le mĂ©morandum dâaction nationale pour la sĂ©curitĂ© (numĂ©ro 235) qui approuvait ce projet en ces termes :
« La politique internationale nous conduit Ă rĂ©aliser un ensemble dâexpĂ©riences scientifiques et technologiques Ă grande Ă©chelle, lourdes de consĂ©quences et de longue durĂ©e dans des domaines physiques et biologiques. Des expĂ©riences qui par leur nature pourraient entrainer des allĂ©gations intĂ©rieures ou Ă©trangĂšres quâil pourrait y avoir de telles effets seront incluses dans cet ensemble mĂȘme si lâagence impliquĂ©e est dĂ©terminĂ©e Ă pouvoir prouver que de telles allĂ©gations sont infondĂ©es[5]. »
Le Projet 112 Ă©tait un programme classĂ© secret dĂ©fense ayant des buts Ă la fois offensifs et dĂ©fensifs portant sur les rĂ©actions des ĂȘtres humains, des animaux et des plantes pendant une guerre chimique et biologique dans diverses situations climatiques et gĂ©ographiques[3]. Le Corps dâArmĂ©e pour la Guerre Chimique U.S. a payĂ© la part amĂ©ricaine dâun accord entre les Ătats-Unis, le Royaume Uni, le Canada et lâAustralie Ă nĂ©gocier, Ă hĂ©berger, Ă conduire, dans lâidĂ©e dây participer en respectant les intĂ©rĂȘts mutuels de recherche, le dĂ©veloppement des activitĂ©s et les domaines de tests.
Centre de commandement
Pour la localisation, voir :
Le centre de commandement du Deseret Test Center, qui fut prĂ©vu pour superviser le Projet 112, contourna quelque peu les canaux habituels du DĂ©partement de la DĂ©fense et rendit compte directement aux ComitĂ© des chefs dâĂ©tat-major interarmĂ©es et Ă un Cabinet composĂ© du SecrĂ©taire Ă la dĂ©fense, du SecrĂ©taire aux affaires Ă©trangĂšres, et dans une bien moindre mesure, du SecrĂ©taire Ă lâagriculture. Les expĂ©riences ont Ă©tĂ© planifiĂ©es et conduites par le Deseret Test Center et le Deseret Chemical Depot au Fort Douglas dans lâUtah. Les tests ont Ă©tĂ© conçus pour tester les effets des armes biologiques et chimiques sur les ĂȘtres humains, les animaux, les plantes, les insectes, les vĂ©hicules, les navires, les Ă©quipements et mĂȘme les toxines pour Ă©valuer leurs interactions. Certaines expĂ©riences des projets 112 et SHAD ont concernĂ© des personnes ignorant ces tests, qui nâavaient pas donnĂ© leur consentement aprĂšs information, et qui se trouvaient Ă terre ou en mer dans diverses situations climatiques et gĂ©ographiques. Ces expĂ©riences ont aussi concernĂ© des avions, des sous-marins et des vĂ©hicules amphibies[6].
Les tests dâarmes biologiques
Les tests proposĂ©s ont eu une grande variĂ©tĂ© de buts par exemple : « systĂšmes sĂ©lectionnĂ©s de protection pour prĂ©venir la pĂ©nĂ©tration dâun navire par un aĂ©rosol biologique », lâimpact des « conditions mĂ©tĂ©orologiques sur les performances des systĂšmes armĂ©s en pleine mer », « la pĂ©nĂ©tration dâagents biologiques dans la vĂ©gĂ©tation dâune jungle », « la pĂ©nĂ©tration dâune ââinversionââ arctique par un nuage dâaĂ©rosols biologiques », « la faisabilitĂ© dâun largage au large dâun nuage de moustiques Aedes aegypti en tant que vecteurs de maladies infectieuses », « la possibilitĂ© de rĂ©aliser une attaque biologique dâun archipel », ainsi que lâĂ©tude du taux de dĂ©croissance dâagents de guerre biologique sous diverses conditions[7].
Les tests du Projet 112 ont portĂ© sur les agents suivants ou sur des agents imitant leur action : lâagent de la tularĂ©mie, Serratia marcescens, Escherichia coli, Bacillus, le Staphylococcal enterotoxin de Type B, la rouille noire[7]. Ces agents et leurs imitations Ă©taient habituellement dispersĂ©s en aĂ©rosols en utilisant des appareils ou des bombes de pulvĂ©risation de petite taille.
En , aux Ătats-Unis, des tests de rĂ©sistance utilisant le bacillus subtilis imitant lâanthrax ont Ă©tĂ© menĂ©s dans les environs de Washington par des agents secrets des laboratoires militaires de lâarmĂ©e des Ătats-Unis. Lâun des tests a Ă©tĂ© menĂ© dans la gare ferroviaire et des cars Greyhound et lâautre dans le terminal nord de lâaĂ©roport national de Washington. Pour ces tests les bactĂ©ries Ă©taient relĂąchĂ©es par des diffuseurs dâaĂ©rosols cachĂ©s dans des mallettes spĂ©ciales. Ces laboratoires ont aussi menĂ© une sĂ©rie de tests dans le mĂ©tro de New York entre le 7 et le en lĂąchant des ampoules Ă©lectriques contenant du bacillus subtilis var.niger. Dans les derniers tests, les rĂ©sultats ont indiquĂ© quâune Ă©pidĂ©mie au niveau de la ville serait survenue. Ni la police , ni les autoritĂ©s locales nâen avaient Ă©tĂ© informĂ©es[7].
Projet Shad â DĂ©fense et dangers embarquĂ©s
Le Projet SHAD est un acronyme pour "Shipboard Hazard and Defense (ou parfois Decontamination)â, soit ââdĂ©fense et danger dans un navireââ, Ă©tait une partie dâun effort plus large nommĂ© Projet 112 qui a eu lieu pendant les annĂ©es 1960. Le Projet SHAD a concernĂ© des tests conçus pour repĂ©rer les vulnĂ©rabilitĂ©s des navires de guerre U.S. Ă des attaques dâagents chimiques ou biologiques et pour dĂ©velopper des moyens pour faire face Ă de telles attaques tout en maintenant des possibilitĂ©s de riposte. Le dĂ©partement de la DĂ©fense des Ătats-Unis a dĂ©clarĂ© que le Projet 112 a Ă©tĂ© pensĂ© sans se prĂ©occuper des capacitĂ©s des Ătats-Unis de se protĂ©ger et de se dĂ©fendre contre les menaces chimiques et bactĂ©riologiques potentielles. Le projet 112 a concernĂ© Ă la fois des tests au sol et en mer. Les essais en mer, appelĂ©s Projet SHAD ont tout dâabord Ă©tĂ© faits depuis dâautres navires comme le USS Granville S. Hall (voir photo ci-dessus) et le USS George Eastman qui Ă©taient des Liberty ships, des remorqueurs militaires, des sous-marins ou des avions de combat. Le Projet SHAD a Ă©tĂ© conçu pour repĂ©rer les vulnĂ©rabilitĂ©s des navires de guerre US aux attaques avec des armes chimiques ou biologiques et pour mettre au point des mĂ©thodes de dĂ©contamination tout en maintenant une capacitĂ© dâattaque. Il nâa jamais constituĂ© de catalogue des informations classĂ©es secrĂštes concernant SHAD ; elles nâont jamais Ă©tĂ© regroupĂ©es en un seul lieu. De plus, le Deseret Test Center a Ă©tĂ© fermĂ© dans les annĂ©es 1970 et la recherche dâarchives et de documents conservĂ©s par diffĂ©rents services de lâarmĂ©e US en plusieurs lieux a Ă©tĂ© un dĂ©fi pour les chercheurs. Une fiche dâinformation a Ă©tĂ© mise au point pour chaque test rĂ©alisĂ© et quand lâannulation dâun test nâavait pas de document, on faisait une analyse de cette annulation en imaginant la logique qui avait menĂ© Ă cette annulation[8].
DĂ©classification
Lâexistence du Projet 112 (ainsi que le projet SHAD qui lui est liĂ©) a Ă©tĂ© catĂ©goriquement niĂ©e par les autoritĂ©s militaires jusquâen quand une enquĂȘte dâinvestigation du CBS Evening News a prĂ©sentĂ© des rĂ©vĂ©lations dramatiques Ă propos de ces tests. Ces rĂ©vĂ©lations ont forcĂ© le DĂ©partement de la DĂ©fense et le DĂ©partement des anciens combattants Ă lancer une enquĂȘte approfondie sur ces expĂ©riences et Ă rĂ©vĂ©ler aux personnels concernĂ©s leur exposition aux toxines.
Des rĂ©vĂ©lations concernant le Projet SHAD ont dâabord Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©es par le reporteur et producteur Eric Longabardi qui a commencĂ© Ă enquĂȘter sur ce programme encore secret au dĂ©but 1994, il creusa ce sujet pendant six ans. Il en a rĂ©sultĂ© finalement une sĂ©rie de reportages dâinvestigation qui sont passĂ©s aux CBS Evening News en . AprĂšs la diffusion de ces reportages exclusifs, le Pentagone et le DĂ©partement des Anciens Combattants ont ouvert leur propre enquĂȘte, toujours en cours, sur ce programme restĂ© longtemps secret. En 2002, des auditions au CongrĂšs des Ătats-Unis sur le Projet SHAD, Ă la fois au SĂ©nat et Ă la Chambre des reprĂ©sentants a prolongĂ© lâattention des mĂ©dias sur ce programme. En 2002, un recours collectif devant la justice fĂ©dĂ©rale sâest ensuivi au nom des marins US exposĂ©s pendant les tests. Dâautres Ă©tudes mĂ©dicales, dont une de plusieurs annĂ©es, furent poursuivies par lâAcadĂ©mie nationale des sciences amĂ©ricaine pour Ă©valuer les dĂ©gĂąts mĂ©dicaux potentiels provoquĂ©s aux milliers de marins, de civils et autres qui ont Ă©tĂ© exposĂ©s sans leur consentement au cours de ces essais secrets. Les conclusions de cette Ă©tude furent enfin publiĂ©es en .
Du fait que la plupart des personnes concernĂ©es par les essais des programmes Projet 112 et SHAD nâĂ©taient pas informĂ©es sur ces tests, aucun effort ne fut fait pour sâassurer du consentement Ă©clairĂ© du personnel militaire [9]. Le DĂ©partement de la DĂ©fense a testĂ© dans dâautres pays des produits qui Ă©taient considĂ©rĂ©s comme trop contraire Ă l'Ă©thique pour ĂȘtre rĂ©alisĂ©s aux USA continentaux. Jusquâen 1998, le DĂ©partement de la DĂ©fense a affirmĂ© officiellement que le Projet SHAD nâavait jamais existĂ©. Du fait de cette absence de reconnaissance, les personnes ayant survĂ©cu aux tests ne pouvaient pas recevoir de pension dâinvaliditĂ© pour les problĂšmes de santĂ© entrainĂ©s par ce Projet. Le ReprĂ©sentant US Mike Thompson dĂ©clara Ă propos de ce programme et des efforts du DĂ©partement de la DĂ©fense pour le dissimuler : " Ils mâont dit : « mais ne tâen fait pas Ă ce sujet, nous nâavons utilisĂ© que des imitations ». Et ma premiĂšre pensĂ©e a Ă©tĂ©, « bien, vous avez menti Ă ces types pendant 40 ans, vous mâavez menti pendant 2 ans. Ce serait pour moi un gouffre de dĂ©fiance Ă franchir de croire que maintenant vous me dites la vĂ©ritĂ©. »"[10].
Le DĂ©partement des Anciens Combattants a initiĂ© une Ă©tude sur 3 ans pour comparer la santĂ© de vĂ©tĂ©rans ayant Ă©tĂ© concernĂ©s par les essais SHAD avec celle de vĂ©tĂ©rans de mĂȘme Ăąge nâayant jamais Ă©tĂ© en contact avec les retombĂ©es des Projets SHAD ou 112. Cette Ă©tude couta environ 3 millions de dollars et les rĂ©sultats sont enregistrĂ©s en vue de publications futures. Le DĂ©partement de la DĂ©fense sâest engagĂ© Ă fournir au DĂ©partement des Anciens Combattants les informations pertinentes dont il a besoin pour Ă©tablir les prestations aussi vite et aussi efficacement que possible ainsi que dâĂ©valuer et de traiter les anciens combattants qui ont Ă©tĂ© impliquĂ©s dans ces tests. Ce qui demande une Ă©tude des documents historiques se rapportant Ă la succession et Ă lâexĂ©cution des Projets 112 et SHAD.
Lâinformation historique communiquĂ©e sur le Projet 112 par le DĂ©partement de la DĂ©fense est constituĂ©e de fiches de synthĂšse plutĂŽt que de documents ou dâinformations fĂ©dĂ©rales originales. Depuis 2003, 28 fiches de synthĂšse ont Ă©tĂ© communiquĂ©es, concernant essentiellement le Deseret Test Center prĂšs de Dugway, Utah, qui avait Ă©tĂ© construit entiĂšrement pour les Projet 112 et SHAD et qui a Ă©tĂ© fermĂ© aprĂšs que ces projets furent arrĂȘtĂ©s en 1973.
Les traces Ă©crites originales manquent ou sont incomplĂštes. Par exemple, un essai a consistĂ© Ă vaporiser, pour les tester, des "aĂ©rosols" sur une tour de 91 m depuis un chasseur-bombardier sur lâĂźle dâUrsula dans les Philippines et il apparaĂźt effectivement dans la documentation originale publiĂ©e sur le Projet SHAD mais sans fiche de renseignements ni autre explication ou divulgation quant Ă la nature de ce test ou mĂȘme le nom de ce test[11].
IntĂ©gration dâun 2e site extracontinental Ă Okinawa, au Japon
Des soupçons concordants Ă propos des activitĂ©s du Projet 112 ont amenĂ© Ă conclure Ă "Une histoire rĂ©organisĂ©e de la 267e Chemical Company", qui a Ă©tĂ© rendue disponible par le Centre dâEducation au Patrimoine Militaire des USA pour Michelle Gatz, officier du service des vĂ©tĂ©rans dans le ComtĂ© de Yellow Medicine du Minnesota en 2012. DâaprĂšs ce document, la 267e Compagnie du GĂ©nie Chimique a fait un ou des essais Ă Okinawa, au Japon, le pendant que la 267e Division du GĂ©nie Chimique Ă©tait stationnĂ©e au dĂ©pĂŽt de Chibana sur lâĂźle dâOkinawa. Au cours de cette opĂ©ration, "Des personnels de lâunitĂ© Ă©taient activement occupĂ©s Ă prĂ©parer le site 2 de la zone RED HAT pour la rĂ©ception et le stockage des premiers Ă©lĂ©ments de la cargaison dont le nom de code Ă©tait "YBA" (du Projet 112 du DĂ©partement de la DĂ©fense). La compagnie a reçu dâautres cargaisons, codĂ©s YBB et YBF, qui dâaprĂšs les documents dĂ©classifiĂ©s incluaient aussi du gaz sarin, du gaz VX et du gaz moutarde[12].
Lâhistorien et universitaire, Sheldon Howard Harris, mort en 2002, Ă©crivit Ă propos du Projet 112 :
« Le programme de tests, qui a commencĂ© Ă lâautomne 1962 et qui a Ă©tĂ© financĂ© au moins pendant lâannĂ©e fiscale 1963, a Ă©tĂ© considĂ©rĂ© par l'UnitĂ© d'armĂ©e chimique comme un « programme ambitieux ». Les tests Ă©taient conçus pour couvrir « non seulement les essais en mer, mais Ă©galement ceux en milieux arctiques ou tropicaux » ; ils Ă©taient probablement orientĂ©s gĂ©ographiquement vers ce que les officiers de recherche dĂ©signaient, sans les nommer, de « sites satellites ». Ces sites pouvaient ĂȘtre aussi bien dans les Ătats-Unis continentaux que dans des pays Ă©trangers. On y faisait des tests concernant les rĂ©actions des humains, des animaux et des plantes aux armes biologiques. On sait que ces tests ont eu lieu au Caire en Ăgypte, au Liberia, en CorĂ©e du Sud et dans des provinces autour dâOkinawa au plus tard en 1961. CâĂ©tait au moins an avant la crĂ©ation du Projet 112. Le projet de recherche anti cĂ©rĂ©ales dâOkinawa a pu fournir des connaissances aux projets plus ambitieux financĂ©s par le Projet 112. A Okinawa et « en plusieurs lieux du Midwest et du Sud des USA », des experts en armes biologiques ont menĂ©, en 1961, des « essais sur le terrain » utilisant les germes de la rouille du blĂ© et de la pyriculariose du riz. Dans le compte-rendu des donnĂ©es, ces tests ont rencontrĂ© un « succĂšs partiel » et ont donc menĂ©s Ă une augmentation significative de la dotation pour lâannĂ©e fiscale 1962 dans le but de conduire des recherches supplĂ©mentaires dans ces domaines. Lâargent Ă©tait largement dĂ©diĂ© Ă dĂ©velopper des « conseils techniques dans la conduite de la dĂ©foliation et des activitĂ©s anti-cĂ©rĂ©aliĂšres dans le Sud Est asiatique ». Ă la fin de lâannĂ©e fiscale 1962, l'UnitĂ© dâarmĂ©e chimique avait donnĂ© son autorisation ou nĂ©gociait des contrats pour plus de mille dĂ©foliants chimiques. Les tests Ă Okinawa avaient dâĂ©vidence, Ă©tĂ© fructueux. »
â (Harris, 2002)[3]:232
Le gouvernement des USA avait auparavant rĂ©vĂ©lĂ© des informations sur les tests dâarmes chimiques et biologiques menĂ©s en mer et Ă terre cependant, des documents nouvellement dĂ©couverts montrent que lâarmĂ©e US avait testĂ© des armes biologiques Ă Okinawa au dĂ©but des annĂ©es 60, quand la rĂ©gion Ă©tait sous juridiction US. Au cours de ces tests qui ont Ă©tĂ© menĂ©s au moins une douzaine de fois entre 1961 et 1962, des germes du champignon de pyriculariose attaquant le riz, ont Ă©tĂ© diffusĂ©s par lâUS Army en utilisant « un petit pulvĂ©risateur pour rĂ©pandre ces germes le long des champs Ă Okinawa et Ă TaĂŻwan, » ceci pour mesurer les dosages effectivement requis en fonction de la distance aux cultures et pour relever les effets nĂ©gatifs sur la production de cĂ©rĂ©ales[13] - [14]. La pyriculariose produit une mycotoxine appelĂ©e lâacide tenuazonique connu pour ses consĂ©quences sur la santĂ© humaine et animale[15].
Notes dâinformation et comptes-rendus officiels
Un bon nombre dâĂ©tudes, de rapports et de notes dâinformation ont Ă©tĂ© publiĂ©s sur les consĂ©quences des expositions aux armes chimiques et biologiques. Ci-dessous on trouvera une liste des principaux documents[16].
Références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de lâarticle de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Project 112 » (voir la liste des auteurs).
- (en) Jeanne Guillemin, Biological Weapons : From The Invention Of State-Sponsored Programs To Contemporary Bioterrorism, Columbia University Press, , 109â110 p. (ISBN 978-0-231-12942-8, lire en ligne)
- (en) Ed Regis, The Biology of Doom : The History of America's Secret Germ Warfare Project, Henry Holt and Company, , 272 p. (ISBN 978-0-8050-5764-5, lire en ligne)
- "Factories of Death: Japanese Biological Warfare, 1932â1945, and the American cover up" by Sheldon Harris. (ISBN 0-203-74360-1)
- (en) John Ellis et Courtland Moon, Deadly Cultures : Biological Weapons since 1945, Harvard University Press, , 32â33 p. (ISBN 978-0-674-04513-2, lire en ligne), « The US Biological Weapons Program »
- (en) « National Security Action Memorandum No. 235, April 17, 1963. » (consulté le )
- (en) « Ships Associated with SHAD Tests » [archive du ] (consulté le )
- (en) John Ellis et Courtland Moon, Deadly Cultures : Biological Weapons since 1945, Harvard University Press, , 26â28 p. (ISBN 978-0-674-04513-2, lire en ligne), « The US Biological Weapons Program »
- (en) « Project 112/SHAD â Shipboard Hazard and Defense, Force Health Protection & Readiness » [archive du ] (consultĂ© le )
- http://www.olmstedfoundation.org/olmsted/data/attachments/e20080613.pdf « Copie archivée » (version du 2 janvier 2014 sur Internet Archive) Atlanta Journal-Constitution (June 13, 2008) 40. "Cold War Test Victims Seek Aid"
- http://www.olmstedfoundation.org/olmsted/data/attachments/e20080613.pdf « Copie archivée » (version du 2 janvier 2014 sur Internet Archive) Martin, David, 41. "Retired Navy Officer Seeks Justice", CBS News, June 12, 2008.
- http://www.dod.mil/pubs/foi/operation_and_plans/Exercises_and_Projects/1017.pdf « Copie archivée » (version du 13 juillet 2013 sur Internet Archive)
- Mitchell, Jon, "'Were we marines used as guinea pigs on Okinawa?'," Japan Times, 4 December 2012, p. 14
- U.S. Army tested biological weapons in Okinawa, January 12, 2014, Japan Times.
- Thomas H. Barksdale; Marian W. Jones (June 1965). Technical Report 60: Rice Blast Epiphypology (U) (Report). U.S. Army. Retrieved April 20, 2013.
- (en) Robert S. Zeigler, Sally A. Leong, P. S. Teng et International Rice Research Institute, Rice Blast Disease, Int. Rice Res. Inst., , 533â (ISBN 978-0-85198-935-8, lire en ligne)
- (en) « Briefings and Reports, Force Health Protection & Readiness » [archive du ] (consulté le )