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Poulamon atlantique

Microgadus tomcod

Le poulamon atlantique (Microgadus tomcod) est une espèce de poissons de la famille des Gadidés de la côte est de l’Amérique du Nord. Il fait l'objet de la pêche sur glace sous le nom de petit poisson des chenaux, principalement au Québec.

Autres appellations

  • Poisson des chenaux, petite morue et poisson de NoĂ«l
  • Atlantic tomcod et frostfish en anglais.

Anatomie

Il se distingue par la prĂ©sence de trois nageoires dorsales et d’un barbillon. Les spĂ©cimens adultes mesurent de 15 Ă  20 cm, mais peuvent atteindre 45 cm. Le museau et la partie postĂ©rieure du corps sont lĂ©gèrement aplatis dorso-ventralement. Le poisson arbore une coloration allant du brun au brun-olive sauf sur le ventre oĂą il est plutĂ´t blanc-grisâtre. Ses Ă©cailles sont petites et plutĂ´t lisses. Il prĂ©sente un barbillon très court situĂ© sous la mâchoire. Le poulamon atlantique possède Ă©galement une nageoire caudale de forme arrondie. Les rayons de ses nageoires sont mous. De plus, le second rayon de ses nageoires pelviennes est plus long et effilĂ©.

Distribution

Le poulamon atlantique (Microgadus tomcod) est une espèce commune de nombreux estuaires et des mers froides et tempĂ©rĂ©es septentrionales. Il est largement rĂ©parti le long de la cĂ´te est de l’AmĂ©rique du Nord. Plus prĂ©cisĂ©ment, la rĂ©partition du poulamon atlantique s’étend du fleuve Hudson (État de New York) jusqu’au Labrador (province de Terre-Neuve-et-Labrador), en passant par le golfe et l’estuaire du Saint-Laurent (province du QuĂ©bec). Le poulamon se situe prĂ©fĂ©rentiellement dans les eaux cĂ´tières peu profondes, dans les embouchures de rivières et dans les estrans. Certaines Ă©tudes ont dĂ©montrĂ© l’existence de plusieurs populations distinctes de Microgadus tomcod qui Ă©voluent localement. Par exemple, au QuĂ©bec, on retrouve une population de poulamon atlantique dans la partie amont de l’estuaire moyen du Saint-Laurent, soit entre l’Île d’OrlĂ©ans et l’Île aux Coudres. Contrairement aux populations de l’Atlantique qui accèdent pĂ©riodiquement aux eaux marines, celles du Saint-Laurent, qui sont rĂ©parties entre 290-515 km de l’embouchure de l’estuaire, ne vont jamais rejoindre l’ocĂ©an Atlantique.

Comportement migratoire

Le comportement migratoire du poulamon atlantique est étroitement relié à sa reproduction. Le poulamon atlantique est généralement considéré anadrome, bien que certaines études aient relevé l’existence de populations résidentes. À maturité, les poulamons de l’océan Atlantique migrent vers les rivières et tributaires afin de se reproduire en eaux douces. Le poulamon atlantique de l’estuaire du Saint-Laurent migre quant à lui vers la rivière Sainte-Anne (province de Québec). Le maximum de montaison a lieu entre les mois de décembre et de janvier. Les poulamons profitent généralement de la marée montante pour migrer vers l’amont bien que certains remontent contre le courant. Ce comportement peut également être accentué par l’augmentation des vitesses de l’écoulement associée à la morphologie hivernale de la rivière. Suivant la fraie, la majorité des géniteurs retournent vers l’estuaire du Saint-Laurent à marée descendante. Refermant la boucle, les jeunes poulamons migrent vers l’estuaire aux environs des mois de janvier et février afin d’y croître, jusqu’au moment où ils reviendront se reproduire en rivière.

Reproduction

Fraie

Une des caractĂ©ristiques inusitĂ©es des poulamons est qu’ils fraient en hiver, sous le couvert de glace. Les dates varient lĂ©gèrement d’un cours d'eau Ă  l’autre. Par exemple, elle s’observe de janvier Ă  fĂ©vrier pour les populations du fleuve Hudson et de la mi-dĂ©cembre Ă  la mi-fĂ©vrier pour la population de la rivière Sainte-Anne. Une fois pondus, les Ĺ“ufs, qui ont un diamètre d’environ 1,5 mm, tombent au fond du cours d'eau pour adhĂ©rer au substrat disponible. Cependant, dans certains cours d'eau oĂą se forme du frasil, (petits cristaux de glace en suspension dans l’eau qui peuvent s’accumuler pour former des barrages) les poulamons peuvent l’utiliser comme substrat pour les Ĺ“ufs. Les Ĺ“ufs seraient donc dĂ©posĂ©s dans le barrage de frasil, en aval de rapides. Le frasil pourrait offrir une protection pour les Ĺ“ufs et les larves contre les prĂ©dateurs, l’ensablement et les chocs mĂ©caniques. Le temps d’incubation dĂ©pend de la tempĂ©rature et de la salinitĂ© de l’eau. En effet, dans le cas des poulamons du fleuve Hudson, il faut compter environ 54 jours d’incubation Ă  une tempĂ©rature allant de 2 °C Ă  4,5 °C, et en moyenne 63 jours pour des tempĂ©ratures de 1,2 °C Ă  1,6 °C. Quant Ă  la salinitĂ©, il a Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© que le temps d’incubation diminue lorsque celle-ci augmente. Par exemple, une incubation qui a lieu dans des tempĂ©ratures variant entre 4 °C et 9 °C, passe d’une durĂ©e de 53 jours Ă  une salinitĂ© de 0 ppt, Ă  une durĂ©e de 38 jours pour une salinitĂ© de 30 ppt.

Transport des Ĺ“ufs et des larves

Schéma représentant les courants d’un estuaire où l’eau douce moins dense coule au-dessus de l’eau salée qui remonte vers les terres. Les poulamons cherchent surtout à rester dans la zone de vitesse nulle.

Au fil des semaines, les jeunes larves dérivent jusqu’à un estuaire, où elles pourront se nourrir et croître. Cette dérive des œufs et des larves dépend du débit. Dans le cas des rivières à frasil, la formation d’un barrage de frasil contribue aussi à la rétention des œufs et des larves. Les températures et les débits élevés peuvent causer une dérive massive des embryons et des œufs. Dans le cas du fleuve Saint-Laurent, les larves de poulamons s’accumulent dans la zone de l’extrémité est de l’Île d’Orléans, où les courants de marées remontent, entraînant une grande quantité de particules, qui rendent l’eau turbide et riche en nutriments. Afin de rester dans l’estuaire, qui constitue un lieu favorable à leur croissance, les poulamons se positionnent surtout à la profondeur à laquelle le courant est nul, c’est-à-dire entre le courant descendant de l’eau plus douce de la surface, et celui de l’eau salée du fond qui remonte vers les terres, lors des épisodes de marée (voir fig.1).

Économie

PĂŞche commerciale

Les prises commerciales de poulamon atlantique dans le nord-est de l’Amérique du Nord ont fortement décliné au cours du XXe siècle. Ainsi, il n’y a plus de statistiques de prises du poulamon atlantique en Nouvelle-Angleterre depuis la fin des années 1950. De plus, la pêche commerciale du poulamon a été arrêtée dans les affluents du fleuve Saint-Laurent dans la région de la Mauricie en 1993 en raison de la forte diminution des stocks.

De 1984 Ă  2003, le dĂ©barquement commercial moyen annuel de poulamons dans le golfe du Saint-Laurent a Ă©tĂ© de 70 tonnes pour une valeur moyenne annuelle de 17 400 $. Dans les eaux douces du QuĂ©bec, le dĂ©barquement commercial moyen a Ă©tĂ© de 32 tonnes pour une valeur moyenne de 28 000 $.

Pêche récréative

TĂŞte de poulamon atlantique.

La pĂŞche rĂ©crĂ©ative du poulamon atlantique s’effectue lors de sa fraie dans les rivières en hiver. La rivière Sainte-Anne (Mauricie) dans la municipalitĂ© de Sainte-Anne-de-la-PĂ©rade est de loin l’endroit oĂą la pĂŞche blanche du poulamon est la plus importante. Ainsi, chaque annĂ©e, environ 100 000 personnes[1] - [2] profitent du village de chalets Ă©rigĂ©s sur la rivière glacĂ©e pour y pĂŞcher près d'un million de poulamons, sur une population totale d'environ 800 millions de poulamons qui fraient dans la rivière Sainte-Anne (Mauricie) chaque annĂ©e. Cette activitĂ© touristique populaire, communĂ©ment appelĂ©e pĂŞche aux petits poissons des chenaux, engendre des retombĂ©es Ă©conomiques rĂ©gionales d’environ six millions de dollars par annĂ©e. https://poissonsdeschenauxenligne.net/

Quoique de façon moins importante, la pĂŞche rĂ©crĂ©ative du poulamon est aussi prĂ©sente dans les provinces maritimes du Canada et dans le Nord-est des États-Unis. Ainsi, selon le site Internet de PĂŞches et OcĂ©ans Canada, environ 300 000 poulamons sont pĂŞchĂ©s de façon rĂ©crĂ©ative dans la province de Terre-Neuve.

Évolution génétique

Après que General Electric eut versé des polychlorobiphényles (PCB) dans le fleuve Hudson de 1947 à 1976, les poulamons atlantiques du fleuve furent retrouvés avec une plus forte résistance aux effets du composé toxique. Des scientifiques ont identifié une mutation génétique présente dans 99 % des poulamons atlantiques du fleuve (et moins de 10 % pour ceux des autres endroits) ce qui explique l'origine de cette résistance accrue[3].

Notes et références

Voir aussi

Liens externes

Bibliographie

  • Bergeron, N., Roy, A. G., Chaumont, D., Mailhot, Y. & Guay, E., 1998. Winter geomorphological processes in the Sainte-Anne River (QuĂ©bec) and their impact on the migratory behavior of Atlantic tomcod (Microgadus tomcod). Regulated rivers: Research and management, 14: 95-105.
  • Bernatchez, L. & Giroux, M. 1991. Guide des poissons d'eau douce du QuĂ©bec et leur distribution dans l'est du Canada. Éd Broquet. QuĂ©bec.
  • Bigelow, H. & W. Schroeder. 1953. Fishes of the Gulf of Maine. Fishery bulletin of the fish and wildlife service. Vol. 74: 88-99
  • ComitĂ© de la ZIP Les deux Rives, Plan d’action et de rĂ©habilitation Ă©cologique de la ZIP Les deux Rives, (ISBN 2-923052-00-5), 2002
  • La Corporation d’amĂ©nagement et de protection de la Sainte-Anne (CAPSA), Plan directeur de l’eau du bassin versant de la rivière Sainte-Anne (Mauricie),
  • Dew, B. & Hecht, J. H., 1994. Hatching, estuarine transport, and distribution of larval and early juvenile Atlantic Tomcod, Microgadus tomcod, in the Hudson River. Estuaries, 17 (2): 472-488.
  • Environnement Canada, 2002. Portrait de la biodiversitĂ© du Saint-Laurent. Carte de rĂ©partition gĂ©ographique des espèces. Microgadus tomcod. 1 :50 000. Page internet consultĂ©e le
  • Fortin, R., LĂ©veillĂ©, M., LaramĂ©e, P. & Mailhot, Y., 1990. Reproduction and year-class strength of the Atlantic tomcod (Microgadus tomcod) in the Sainte-Anne River at La PĂ©rade, Quebec. Canadian Journal of Zoology, 68 (7): 1350-1359.
  • Fortin, R., LĂ©veillĂ©, M. & LaramĂ©e, P., 1992. ContrĂ´le hydrodynamique de l’avalaison des Ĺ“ufs et des larves de poulamons atlantique (Microgadus tomcod) sous le couvert de glace de la rivière Sainte-Anne (Mauricie), QuĂ©bec. Aquat. Living Resour., 5, 127-136.
  • Laprise, R. & Dodson, J.J., 1990. The mechanism of retention of pelagic tomcod, Microgadus tomcod, larvae and juveniles in the well-mixed part of the St. Lawrence Estuary. Environmental Biology of Fishes 29: 293-302.
  • LaramĂ©e, P. & Fortin, R., 1982. Reproduction et dĂ©veloppement embryonnaire du poulamon de l’Atlantique Microgadus tomcod dans la rivière Sainte-Anne (Mauricie), ComitĂ© du lac Champlain, QuĂ©bec. Ministère du loisir de la chasse et de la pĂŞche, Rapport Technique no10, MontrĂ©al, 31 p.
  • Stewart, L.L. et Auster, P.J. 1987. Species profiles : life histories and environmental requirements of coastal fishes and invertabrates (North Atlantic) : Atlantic tomcod. U.S. Fish and Wildlife Service. Biol Rep 82 (11.76) U.S. Army Corps of Engineers. TR EL-82-4. 8pp
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