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Poudrerie nationale de Sevran-Livry

La poudrerie impĂ©riale puis nationale de Sevran-Livry fonctionna tout juste un siècle, de 1873 Ă  1973. Elle compta jusqu'Ă  3 300 ouvriers et produisit jusqu'Ă  28 tonnes de poudre par jour.

Poudrerie nationale de Sevran-Livry
Extérieur de la poudrerie (2016).
Installations
Type d'usine
Superficie
140,39 ha
Fonctionnement
Effectif
3 200 ouvriers ((1914-1918))
Date d'ouverture
1873
Date de fermeture
1973
Destination actuelle
Musée technique des poudres d'armement
Production
Produits
Marques
Poudres Sevran-Livry
Localisation
Situation
Coordonnées
48° 56′ 18″ N, 2° 33′ 27″ E
Localisation sur la carte d’Île-de-France
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Aujourd'hui, l'ancienne poudrerie nationale de Sevran-Livry est un parc urbain de 137 ha situé sur le territoire des communes de Sevran, Villepinte, Livry-Gargan et Vaujours (Seine-Saint-Denis), et traversé par le canal de l'Ourcq. Ce parc, ouvert au public depuis 1973, est (en 1994) le seul site classé du département de la Seine-Saint-Denis.

Histoire

1873 : création et début de la poudrerie

Le pavillon de direction, au début du XXe siècle.

Le , Napoléon III signe le décret créant la poudrerie impériale de Sevran[1] pour la fabrication des poudres de commerce, ne laissant à l'artillerie que cinq lieux de production sur la douzaine installée en France[2] (les sept autres servant à des usages civils).

Le site de Sevran est choisi pour sa situation gĂ©ographique, Ă  proximitĂ© du canal de l'Ourcq ainsi que d'une ligne de chemin de fer, et Ă©loignĂ© de plus de deux kilomètres des villes de Sevran et Livry-Gargan, offrant ainsi une certaine sĂ©curitĂ©. La construction de la poudrerie impĂ©riale dĂ©bute en 1868 et se termine en 1873, après une interruption due Ă  la guerre franco-allemande de 1870[1]. La particularitĂ© de la poudrerie est qu'elle utilise la vapeur comme Ă©nergie motrice (au lieu de l'hydraulique), grande innovation de Gustave Maurouard, et que les bâtiments sont disposĂ©s en demi-cercle, Ă  110 mètres du centre du moteur[2] - [1].

En 1878, la poudrerie intègre une nouvelle organisation : la commission des substances explosives (CSE). Dans les années 1880, le site devient un centre d'étude et d'essais du Service des poudres et salpêtres[1].

Le , une explosion accidentelle de près de deux tonnes de poudre eut lieu sur le site, ne faisant qu'un blessé léger, mais occasionnant de nombreux dégâts matériels (à la poudrerie même, la destruction totale d'un bâtiment et la destruction partielle de quelques bâtiments proches ; dans les environs, la destruction des vitres des maisons) ; la déflagration fut perçue dans un rayon de plus de vingt kilomètres[3].

Durant la Grande Guerre, plus de 3 200 ouvriers travaillent Ă  la poudrerie de Sevran, encadrĂ©s par une vingtaine d'ingĂ©nieurs et d'officiers[1], produisant essentiellement de la poudre B[2]. La production est alors de douze tonnes de poudre par jour[1]. L'effectif redescend Ă  environ 600 personnes dans les annĂ©es 1920-1930[2].

En 1937, compte tenu de la situation internationale, la production de poudres pour l'armement est considérablement développée[1]. La Seconde Guerre mondiale donne un nouvel élan à la poudrerie, jusqu'en . Dès le , les Allemands occupent la manufacture. Puis ils installent, à des fins militaires, la société Firma Buck sur une partie du site[1]. Au début de 1941, une partie du personnel peut cependant reprendre une activité dans la fabrication des poudres civiles, sous la direction de l'ingénieur en chef Louis Médard, nouveau directeur. Ces fabrications sont ensuite interdites par l'occupant[1]. En , des personnels de la poudrerie, en fabriquant clandestinement des explosifs, participent activement à la Résistance[1]. La poudrerie est libérée le par Louis Médard et son équipe[1].

En 1945, la poudrerie reprend la fabrication des poudres militaires et civiles et Louis MĂ©dard retrouve la direction de la poudrerie[1]. Les annĂ©es 1950 voient le succès de la poudrerie dans le domaine des cartouches de chasse[1]. Le site retrouve son rĂ´le dans les Ă©tudes et les essais d'explosifs et de poudres propulsives. Fin 1951, l'effectif, hors laboratoires, s'Ă©lève Ă  658 personnes[1].

Les différentes structures

Les différents bâtiments étaient éloignés les uns des autres afin d'éviter toute propagation d'une éventuelle explosion. Ils étaient reliés entre eux par des rails de chemin de fer. La composition était la suivante :

  • le bâtiment central de la poudrerie (aujourd'hui reconverti en musĂ©e) ;
  • le forum : trois bâtiments disposĂ©s en U ; le premier Ă©tant l'atelier de carbonisation, le second et le troisième Ă©tant des hangars de stockage ;
  • la cartoucherie : bâtiment utilisĂ© pour la fabrication des poudres noires ;
  • la conciergerie : deux bâtiments encadrent l'entrĂ©e de la poudrerie. Elle abritait un cantonnement militaire et une infirmerie ;
  • la presse qui Ă©tait utilisĂ©e pour extruder les poudres de nitroglycĂ©rine. Aujourd'hui, il ne subsiste que le mur protĂ©geant cette presse ;
  • les merlons, buttes de terre artificielles qui parsèment le parc. Ils servaient Ă  isoler les ateliers de fabrication, et de stockage, afin d'Ă©viter la propagation d'explosions accidentelles[1] ;
  • quatre mares recueillaient près de 120 000 mètres cubes d'eau pluviale. Elles servaient de rĂ©servoir pour Ă©teindre les incendies[1].
  • Bâtiment du musĂ©e.
    Bâtiment du musée.
  • Conciergerie.
    Conciergerie.
  • Le musĂ©e et les rails.
    Le musée et les rails.

1973 : fin de la poudrerie

La décision fut prise par le gouvernement français de procéder à la réforme du monopole des poudres dans le cadre du traité de Rome et d'en profiter pour restructurer l'appareil de production du Service des poudres[1].

Il fut décidé de fermer, entre autres, la poudrerie nationale de Sevran-Livry et de transférer les fabrications de poudres propulsives et de propergols pour moteur-fusée à Bergerac, Saint-Médard-en-Jalles et Pont-de-Buis, et les laboratoires au Centre de recherches du Bouchet (Essonne).

Les usines et les laboratoires de la poudrerie de Sevran-Livry s'arrêtèrent les uns après les autres de 1969 à 1971, à l'exception du Laboratoire de la Commission des substances explosives. Pendant cette période, l'établissement fut appelé Poudrerie et laboratoires de Sevran puis Établissement central des poudres et explosifs.

Le Laboratoire de la Commission des substances explosives ferma ses portes en 1973, soit exactement 100 ans après le dĂ©marrage de la poudrerie, son transfert eut lieu au centre d'Ă©tudes et de recherches des Charbonnages de France Ă  Verneuil-en-Halatte.

Le dernier directeur de la poudrerie, René Amiable, ingénieur général des poudres, était le fondateur et conservateur du musée[4].

René Amiable et quelques autres personnes, dont l'historien Jean Astruc ancien président de la Société historique du Raincy et du pays d'Aulnoye, œuvrèrent pour que le territoire boisé de la poudrerie, d'une superficie de 137 ha, soit préservé.

Ils parvinrent à sauvegarder certains vestiges (bâtiments, arcs de transmission).

1982 : musée technique des poudres d'armement

Musée de la poudrerie.

En 1982 fut créé le musée de la poudrerie, transformé en 1990 en musée technique des poudres de l'armement à l'initiative de René Amiable, Jean Astruc, Marius Bœuf et Suzanne Rigal-Herbin.

Abritées par un bâtiment conservé de l'ancienne usine, plus de dix salles témoignent de l'importance stratégique du site de Sevran : de la poudre noire aux propergols solides, en passant par les cartouches de chasse et à la poudre « B », dite poudre sans fumée inventée en 1884 par l'ingénieur Paul Vieille. Une salle est également consacrée aux ouvriers de la poudrerie[5].

Au fond du musée existe une salle consacrée au fort de Vaujours, situé non loin et qui dépendait à l'origine de la poudrerie.

L'ensemble formé par le parc forestier de Sevran et ses abords est classé par le décret [6].

En 2019, l'ancienne poudrerie est choisie par la dĂ©lĂ©gation dĂ©partementale de la Fondation du patrimoine pour recevoir plus de 200 000 â‚¬ du loto du patrimoine dans le cadre de la mission confiĂ©e Ă  StĂ©phane Bern, somme allouĂ©e pour « la mise en sĂ©curitĂ© de l'ancien magasin de stockage des poudres et de l'ancien laboratoire, ainsi que pour la rĂ©novation d'un hangar »[7]. En fin d'annĂ©e, le dĂ©partement avec la Fondation du patrimoine lance un appel aux dons le , afin de sauvegarder les bâtiments en pĂ©ril dans le cadre d'une souscription publique[8] - [9].

Parc national forestier de la poudrerie

Ce parc, longĂ© par le canal de l'Ourcq, est l'un des plus frĂ©quentĂ©s d'ĂŽle-de-France et s'Ă©tend sur 140 hectares. Sa forĂŞt est composĂ©e notamment de chĂŞnes pĂ©donculĂ©s, de charmes et de frĂŞnes. Il possède une piste cyclable, qui se prolonge hors du parc, Ă  Sevran et vers la Gare du Vert-Galant.

En 1996, la gestion du site est reprise par l’Agence des espaces verts de la rĂ©gion d'ĂŽle-de-France (AEV), ainsi que, par dĂ©lĂ©gation, celles des bois des Sablons et de la Tussion, propriĂ©tĂ©s du dĂ©partement de la Seine-Saint-Denis. Bien que propriĂ©tĂ© du ministère de l'Écologie et du DĂ©veloppement durable, la gestion directe du parc de la Poudrerie a Ă©tĂ© reprise par le dĂ©partement de la Seine-Saint-Denis depuis le . L'ensemble ainsi gĂ©rĂ© comprend donc le Bois de la Tussion, espace dĂ©partemental de 25 hectares composĂ© de hauts boisements et de vastes prairies. Ce dernier est actuellement fermĂ© au public Ă  la suite d'effondrements entraĂ®nĂ©s par des dissolutions de gypse, dans l'attente de travaux de sĂ©curisation. Le chemin latĂ©ral donnant accès au bois des Sablons est accessible.

Depuis 2006, ce parc national forestier est classé Natura 2000[10].

Notes et références

  1. René Amiable, Suzanne Herbin-Rigal, « De la poudrerie impériale à la poudrerie nationale », sur apfp.fr, (consulté le ).
  2. Antoine Furio, Guillaume Tozer, Jean Barthélemi Debost (dir.), La Poudrerie nationale de Sevran-Livry – De la manufacture au parc forestier, Bobigny, conseil général de la Seine-Saint-Denis, coll. « Patrimoine en Seine-Saint-Denis », volume no 39, 2010, 12 p. (ISBN 978-2-909851-38-9) [litre en ligne, sur le site fr.calameo.com (page consultée le 22 mai 2013)].
  3. « Les actualités du 30 juin 1910 – Une terrible explosion dévaste la poudrerie de Sevran-Livry », sur cpascans, Le Matin, (consulté le ).
  4. Association des officiers de réserve des corps de l’Armement, In memoriam René Amiable, .
  5. Source : site des Amis du patrimoine poudrier et pyyrotechnique.
  6. DĂ©cret du 21 avril 1994 portant classement de sites (lire en ligne).
  7. Elsa Marnette, « Seine-Saint-Denis : 282 000 € pour le patrimoine grâce à Stéphane Bern », sur leparisien.fr, (consulté le ).
  8. « Seine-Saint-Denis. Un appel aux dons pour sauvegarder le parc de la Poudrerie », sur actu.fr (consulté le ).
  9. Julie Carbonnier, « L'ancienne manufacture du parc de la Poudrerie de Sevran-Livry », sur Sauvons notre patrimoine (consulté le ).
  10. Liste des sites Natura 2000 de la Seine-Saint-Denis.

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

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