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Pont du Bonhomme

Le pont du Bonhomme est situé dans la région de Lorient, en France. Il relie les villes de Kervignac et de Lanester en franchissant le Blavet et remplace un bac utilisé depuis le XVIIe siècle. Son emplacement à l'entrée de la vallée est choisi de façon à permettre aux bateaux à voile de continuer à desservir la commune d'Hennebont située en amont.

Pont du Bonhomme
Le pont lors de ses premières années.
Le pont lors de ses premières années.
GĂ©ographie
Pays Drapeau de la France France
RĂ©gion Bretagne
DĂ©partement Morbihan
Commune Kervignac
CoordonnĂ©es gĂ©ographiques 47° 45′ 53″ N, 3° 18′ 07″ O
Fonction
Franchit Blavet
Caractéristiques techniques
Type Pont Ă  haubans
Longueur 237 m
PortĂ©e principale 163 m
Hauteur 37 m
Hauteur libre 27 m
Matériau(x) acier et maçonnerie
Construction
Construction 1900-1904
Mise en service 1904
DĂ©molition 1980
Concepteur Ferdinand Arnodin
Maître(s) d'œuvre Ferdinand Arnodin
Historique
Protection Logo des sites naturels français Site classé (1934)[1]
GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Pont du Bonhomme
GĂ©olocalisation sur la carte : arrondissement de Lorient
(Voir situation sur carte : arrondissement de Lorient)
Pont du Bonhomme
GĂ©olocalisation sur la carte : Morbihan
(Voir situation sur carte : Morbihan)
Pont du Bonhomme
GĂ©olocalisation sur la carte : Bretagne
(Voir situation sur carte : Bretagne)
Pont du Bonhomme

Le premier ouvrage est un pont à haubans et tablier en poutre en treillis, fabriqué entre 1900 et 1904 par Ferdinand Arnodin. Plusieurs fois endommagé pendant la Seconde Guerre mondiale, il est remis en état après le conflit et exploité jusqu'en 1974. Il est ensuite démoli, à l'exception de ses deux piliers, et remplacé par un second ouvrage de Jacques Mathivat qui reprend la technique du pont à poutres.

Toponymie

Le nom est celui d'un rocher situé sur la rive gauche du Blavet, côté Kervignac, qui, vu d'un certain point, rappelle une forme humaine. Le toponyme en breton, « Roch ar Boulom », reprend cette signification[2] - [3].

Historique

Avant le pont

La présence d'un bac permettant de franchir le Blavet entre le sud de Caudan[n 1] et l'ouest de Kervignac est attestée dès 1681. Il est alors connu indifféremment sous le nom de passage « de la Couthume », ou « du Bonhomme » du nom d'un lieu-dit situé à proximité sur la rive de Kervignac. Au cours du XIXe siècle, il connait une période de déshérence en raison de l'absence de chemins d'accès appropriés. Les différentes adjudications lancées à cette époque pour son exploitation ne remportent qu'un faible succès car les voyageurs peuvent emprunter, en amont, le pont d'Hennebont ou, en aval, d'autres bacs reliant immédiatement le quartier de Pen-Mané à Riantec[n 2] au centre de Lorient[4].

Plusieurs mesures sont envisagĂ©es pour relancer sa frĂ©quentation. Le conseil gĂ©nĂ©ral du Morbihan demande en 1874 qu'il soit agrandi pour permettre le passage de charrettes mais, après avoir Ă©tudiĂ© le projet, l'ingĂ©nieur des ponts et chaussĂ©es souligne l'absence de voiries appropriĂ©es pour le rĂ©aliser. Une participation financière est alors demandĂ©e aux deux communes riveraines — 5 600 francs Ă  Caudan et 13 600 francs Ă  Kervignac — mais est refusĂ©e par leurs conseils municipaux. La suppression du bac est finalement arrĂŞtĂ©e le sur dĂ©cision ministĂ©rielle[5].

Premier projet de pont

Le premier projet de pont enjambant le Blavet Ă  cet endroit est rĂ©alisĂ© par l'ingĂ©nieur Noyon en 1849. Son coĂ»t est estimĂ© Ă  215 000 francs, hors la crĂ©ation des voies d'accès. L'État promet une subvention de 75 000 francs, le solde Ă©tant pris en charge par les collectivitĂ©s locales.

Ce projet inclut aussi le classement en route départementale du chemin reliant Lorient à Merlevenez. Cette condition est approuvée dès fin 1849 par les conseils municipaux de Kervignac et de Caudan[6] mais le conseil municipal d'Hennebont s'y oppose. Ne trouvant pas son intérêt commercial à ce que cette route l'évite[n 3], il transmet ses réserves au préfet, arguant du coût élevé du projet qui sera finalement abandonné[6].

Construction du premier pont

Un second projet est Ă©laborĂ© dans les dernières annĂ©es du XIXe siècle. Une nouvelle fois, la municipalitĂ© d'Hennebont, oĂą se situe le pont le plus proche, considère que cette construction menace ses activitĂ©s commerciales. ConsultĂ©e sur le sujet, elle montre son opposition lors du conseil municipal du et demande que le pont atteigne plus de 30 m de haut pour permettre le passage des plus hauts bricks jusqu'au port de Locoyarne oĂą s'est dĂ©veloppĂ© un commerce de charbon et de bois de mines. Elle espère ainsi rendre le coĂ»t de construction trop Ă©levĂ© et faire annuler le projet. Les ingĂ©nieurs chargĂ©s du projet passent outre et fixent la hauteur Ă  26 m au-dessus des plus hautes marĂ©es[7].

La construction du pont est définitivement actée et, le , la société de Ferdinand Arnodin obtient la concession d'exploitation. L'ouvrage est construit entre 1903 et 1904[8]. Les épreuves de résistance se déroulent du 7 au et sont concluantes[9], ce qui permet l'ouverture du pont à la circulation dès cette date[10].

Exploitation

Photo sépia d'un pont à haubans
Vue du pont en 1904.

Les premiers mois d'exploitation sont dĂ©cevants. La recette mensuelle n'atteint pas 400 francs au lieu des 2 000 francs espĂ©rĂ©s. L'exploitant met en cause l'Ă©tat des chemins d'accès Ă  l'ouvrage[11]. Les villes prennent en charge leur entretien[12] mais, en raison des coĂ»ts Ă©levĂ©s, leurs conseils municipaux demandent en 1922 Ă  ce que ces voies soient classĂ©es d'intĂ©rĂŞt gĂ©nĂ©ral[11].

Après la Première Guerre mondiale, l'exploitant cherche à obtenir une hausse des droits de passage. En effet, le conflit a entraîné une hausse conséquente du prix des matériaux d'entretien et d'autres transports ont obtenu des hausses similaires (150 % de plus pour les chemins de fer, triplement pour le tramway de Lorient). Cependant, il ne parvient pas à avoir l'accord des villes concernées[13] malgré le soutien de la CCI de Lorient, et n'obtient qu'une légère hausse limitée aux voitures et aux chevaux[12].

Devant ces problèmes, l'exploitant commence Ă  Ă©voquer au dĂ©but des annĂ©es 1920 le rachat du pont par le conseil gĂ©nĂ©ral du Morbihan, solution qui est finalement mise en Ĺ“uvre. Le , le principe du rachat pour 170 000 francs est votĂ©[12]. Les droits de passage sont abolis en 1930 et la propriĂ©tĂ© est effectivement transfĂ©rĂ©e au dĂ©partement en 1936[14].

L'ouvrage, endommagé par l'armée française en à la suite de l'avancée des troupes allemandes, est rapidement réparé par l'occupant qui l'utilise pour le transit de ses véhicules[n 4]. Le , l'ingénieur des ponts et chaussées estime que le pont est en bon état, sa structure n'ayant pas été touchée[12]. Partiellement détruit en 1944, le pont est réparé en 1945 et complètement restauré en 1947[14].

Après-guerre, la capacité de l'ouvrage atteint ses limites avec le développement du trafic routier et un second pont est ouvert en 1974. L'ouvrage initial reste dans un premier temps ouvert aux seuls piétons avant d'être finalement interdit en raison de son état. Le tablier est démonté en 1979 et seules les deux piles sont conservées[15].

Second pont

Le travail sur le projet du nouveau pont commence au dĂ©but des annĂ©es 1970. Un premier projet est prĂ©sentĂ© par la commission dĂ©partementale des sites en . Il envisage un pont Ă  bĂ©quilles en bĂ©ton, comportant une travĂ©e centrale d'environ 200 mètres pour une longueur d'environ 560 mètres, et situĂ© 100 mètres en aval du premier pont. C'est finalement un pont de ce type mais situĂ© Ă  15 mètres en amont de l'ancien pont qui est retenu[16].

L'ouvrage est ouvert le [16].

Caractéristiques

Vue de la rivière du Blavet, à droite, le tablier du nouveau pont ; à gauche l'une des deux piles conservées, surmontée par un bonhomme qui lui a donné son nom
Pont du Bonhomme actuel et pile de l'ancien pont, surmontée par un bonhomme.

Localisation

Carte de la rade de Lorient et de l'embouchure du Blavet ; les différents moyens de transports de la région sont représentés.
Le pont dans le réseau de transport de la région de Lorient.

Ce franchissement du Blavet est situé à la jonction de deux zones géologiques distinctes. En aval, la zone est constituée d'un sous-sol fait de micaschistes et de sédiments quaternaires, offrant une faible résistance à l'érosion, et constituant une importante vallée dont les rives sont bordées de larges vasières. En amont, le sous-sol est constitué de granite plus résistant à l'érosion, et présentant des berges bien plus encaissées[17].

Premier pont

La technique du pont Ă  haubans est commune Ă  de nombreux autres ouvrages construits en Bretagne Ă  cette Ă©poque pour franchir des estuaires ou des rias[18]. Les deux piles en granit ont une hauteur de 37 mètres[9]. Le pont est long de 237 mètres avec une portĂ©e centrale haubanĂ©e de 163 mètres[8]. Le tablier, large de 4,65 mètres, est placĂ© Ă  27 mètres au-dessus du Blavet.

L'ensemble est exploité de 1904 à 1979 et connait plusieurs opérations de réparation ou de maintenance, principalement en 1941 puis de 1945 à 1947[14]. Après son déclassement et la restauration effectuée par le Conseil général en 2013, la pile et la culée situées sur son territoire sont acquises par la ville de Kervignac[19]. Les ouvrages, côté Lanester, restent en l'état.

Second pont

Passage de la 3e Ă©tape du Tour de France 2021 sur le pont.

Le second pont, conçu par Jacques Mathivat et construit de 1972 Ă  1974 par Campenon-Bernard, est un pont Ă  encorbellement. Le tablier, en bĂ©ton prĂ©contraint, est composĂ© de trois travĂ©es de 67,95 m, 146,70 m, et 67,95 m, pour une longueur totale de 282,60 m. Les piles sont en bĂ©ton armĂ©[20]. Il est exploitĂ© sans interruption depuis 1974[16].

Les statues

Les statues du pont du Bonhomme ont été réalisées en chêne polychrome par le sculpteur Goanvic[21]. Le personnage féminin se situe à l’ouest et tend une tabatière au personnage masculin, situé à l'est.

En 1905, elles sont installées au sommet du pont. Une nuit de 1977, elles sont volées puis déposées devant l'immeuble du journal La Liberté du Morbihan. Afin d'éviter une nouvelle disparition, un moulage est effectué en 1995[22], et les copies sont fixées sur les piliers du pont. Les originaux sont conservés à la mairie d'Hennebont et sont accessibles au public[23].

Notes

  1. Cette zone de Caudan ne devient la commune de Lanester qu'en 1909.
  2. Pen-Mané ne sera séparé de Riantec qu'en 1907 pour composer la paroisse de Locmiquélic. Le statut de commune lui sera attribué en 1919.
  3. À la même époque, Quimperlé procède de la même façon pour empêcher la création d'un pont en aval de la Laïta.
  4. La ville de Lorient est stratĂ©gique pour l'occupant qui y fait construire la base sous-marine de Lorient dont le chantier nĂ©cessite 15 000 personnes.

Références

  1. Liste des sites classés du département du Morbihan sur le site de la DREAL Bretagne.
  2. Le "Bonhomme" et sa femme (pont du Bonhomme), Ville d'Hennebont, consulté sur www.ville-hennebont.fr le 7 avril 2013.
  3. François Cadic, Contes et legendes de bretagne, Louviers, Ancre De Marine, , 239 p. (ISBN 2-84141-146-X, lire en ligne), p. 98.
  4. Rome 2010, p. 60.
  5. Rome 2010, p. 62.
  6. Rome 2010, p. 63.
  7. Guilchet 1992, p. 79.
  8. Rome 2010, p. 64.
  9. Rome 2010, p. 65.
  10. Rome 2010, p. 66.
  11. Rome 2010, p. 68.
  12. Rome 2010, p. 70.
  13. Rome 2010, p. 69.
  14. Pont du Bonhomme, Structurae, consulté sur fr.structurae.de le 3 février 2012.
  15. Rome 2010, p. 71.
  16. Rome 2010, p. 72.
  17. Estuaire du blavet en aval du pont du Bonhomme, Agence d'urbanisme et de développement économique du pays de Lorient, consulté sur audelor.caplorient.fr le 3 février 2013.
  18. Marcel Gautier, « Phénomènes naturels et travaux d'aménagement portuaires. L'exemple de la ria de Pornic. », Norois, no 74,‎ , p. 217-237 (lire en ligne)
  19. « Le vieux pont du Bonhomme en pleine réhabilitation », sur www.ouest-france.fr, (consulté le )
  20. « Pont du Bonhomme (1974) », sur structurae.info (consulté le ).
  21. Statues du Bonhomme et de la Bonne Femme, Kervignac, Topic Topos, consulté sur fr.topic-topos.com le 15 avril 2014.
  22. « Cobaty pays de Lorient. 20 ans et un nouveau président », Le Télégramme,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  23. « Plongée photographique dans le patrimoine - Lanester », Ouest-France,‎ (lire en ligne, consulté le ).

Annexes

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Yannic Rome, Bacs et ponts en Morbihan, Le FaouĂ«t, Liv'Éditions, , 184 p. (ISBN 978-2-84497-174-6). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Jacques Guilchet, Hennebont : de l'Empire Ă  la Seconde Guerre mondiale, Imprimerie Le Roux, , 231 p. (ISBN 2-9502985-4-0). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article

Articles connexes

Liens externes

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