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Pont de Messine

Le pont de Messine est un projet de pont suspendu en Italie sur le détroit de Messine qui sépare la pointe de la « botte » italienne, en Calabre, et la Sicile, entre Villa San Giovanni, d'une part, et Messine, d'autre part.

Pont de Messine (projet)
Coupe longitudinale du futur Pont de Messine, le plus grand pont suspendu au monde
Coupe longitudinale du futur Pont de Messine, le plus grand pont suspendu au monde
GĂ©ographie
Pays Italie
Commune Villa San Giovanni (Calabre)
Messine (Sicile)
CoordonnĂ©es gĂ©ographiques 38° 14′ 51″ N, 15° 38′ 20″ E
Fonction
Franchit DĂ©troit de Messine
Fonction Routier & Ferroviaire
Caractéristiques techniques
Type Pont suspendu
Longueur 5 070 m
PortĂ©e principale 3 300 m
Largeur 60,4 m
Hauteur 399 m
Hauteur libre 76 m
Matériau(x) acier & béton
Construction
Construction Projet début des travaux 2024
Entreprise(s) Groupement Impregilo
GĂ©olocalisation sur la carte : Italie
(Voir situation sur carte : Italie)
Pont de Messine (projet)

D'une portĂ©e unique de 3 660 mètres, qui est exactement la distance du dĂ©troit et 60 mètres de largeur, il devait battre la plupart des records en matière de ponts. Ouvrage multifonctionnel, il aurait permis de relier les rĂ©seaux routiers (140 000 vĂ©hicules attendus par jour) et ferroviaire (200 trains attendus par jour) de part et d'autre du dĂ©troit.

Sa construction devait durer six ans, sa mise en service Ă©tait initialement prĂ©vue pour l'annĂ©e 2012, mais en 2006, le gouvernement italien de Romano Prodi renonce au projet. En 2008, le gouvernement Berlusconi promet que le pont sera rĂ©alisĂ© et le financement est annoncĂ© comme rĂ©glĂ© en 2009. En , le projet graphique est prĂ©sentĂ© au public [1]. Il devait coĂ»ter 6 milliards d'euros, dont 2,5 financĂ©s par la sociĂ©tĂ© Stretto di Messina, le maĂ®tre d'ouvrage. En , l'AssemblĂ©e italienne a votĂ© un amendement, prĂ©sentĂ© par l'opposition, supprimant le financement prĂ©vu pour la rĂ©alisation de l'ouvrage[2].
En , cette même assemblée décide l'abandon du projet pour cause de rigueur budgétaire[3].

DĂ©fis techniques

Parmi les défis à relever, outre la portée unique sans pile intermédiaire dans la mer qui impose des dimensions exceptionnelles, figurent le risque sismique très élevé dans la région et le vent. Par conception, il est prévu pour résister à des vents de 216 km/h et à des séismes de magnitude 7,1.

Schéma en élévation du pont

Structure juridique

La société de droit public « Stretto di Messina S.p.A. » a été instituée en 1981 pour réaliser, en tant que maître d'ouvrage, les études et la conception d'un projet de lien fixe entre la Sicile et le continent, la construction de l'ouvrage et sa gestion ultérieure. Ses principaux actionnaires, outre les régions de Sicile et Calabre, étaient des entreprises publiques : Fintecna SpA (Finanziaria per i Settori Industriale e dei Servizi), Rete ferroviaria italiana SpA et ANAS SpA (société gestionnaire des routes nationales et autoroutes italiennes).

Le pont et l'Union européenne

Ce projet, dont le coĂ»t a Ă©tĂ© estimĂ© Ă  4,6 milliards d'euros (valeur 2002), faisait partie des trente projets prioritaires du rĂ©seau transeuropĂ©en de transport (TEN) dont la rĂ©vision a Ă©tĂ© approuvĂ©e le par le Conseil europĂ©en. Il a Ă©tĂ© retirĂ© des prioritĂ©s europĂ©ennes le .

Controverse

En , des manifestations de partis de gauche et écologistes ont dénoncé le coût et les risques pour l'environnement. Refusant le début même des travaux, ils militent pour l'investissement des sommes dans la rationalisation des transports actuellement déficients en Sicile et en Calabre.

Se posent Ă©galement des problèmes Ă©cologiques liĂ©s Ă  l'Ă©quilibre d'une zone sauvage comprenant plus de 300 espèces d'oiseaux : la commission europĂ©enne a accusĂ© le l'Italie d'avoir fait preuve de lĂ©gèretĂ© lors de l'Ă©tude d'impact du projet sur l'environnement.

Attribution du marché

Le marchĂ© de la construction du pont a Ă©tĂ© attribuĂ© le , Ă  la suite d'un appel d'offres, Ă  un consortium dirigĂ© par la sociĂ©tĂ© Impregilo, numĂ©ro un italien des travaux publics pour un montant global de 3,88 milliards d'euros. Le consortium est ainsi composĂ© :

Le consortium sera assisté par les banques Banca Intesa, Carige et Banco Popolare.

L'offre d'Impregilo prĂ©voyait, par rapport au cahier des charges, une rĂ©duction de 243 jours des dĂ©lais d'exĂ©cution de l'ouvrage fixĂ©s Ă  78 mois et une baisse du coĂ»t global de l'ordre de 12 %.

La famille Rizzuto, famille mafieuse sicilienne établie au Québec, se serait également vu attribuer certains des contrats[4].

Caractéristiques techniques

  • Type de pont : pont suspendu
  • Longueur totale : 5 070 m
  • PortĂ©e principale : 3 300 m
  • Largeur du tablier : 70 m
(six voies autoroutières, deux voies ferroviaires)
  • Hauteur des piles : 382,6 m
  • CoĂ»t total prĂ©visionnel : 6 milliards d'euros.
  • PĂ©age prĂ©visionnel : 8 € (voiture particulière), 80 € (autocar), 50 Ă  63 â‚¬ (camion)
  • CapacitĂ© : 6 000 vĂ©hicules par heure, 200 trains par jour
Vue satellite du détroit de Messine
Maquette du tronçon du futur Pont de Messine utilisé dans la soufflerie de l'école Politecnico di Milano

Histoire du "Pont des miracles"

La liaison entre la Calabre et la Sicile est un rĂŞve qui a germĂ© dans l'esprit des italiens il y a presque 2 300 ans. Voici quelques Ă©pisodes marquants de ce projet pharaonique :

  • an 251 A.JC : l'historien Strabone raconte que le consul Lucio Cecilio Metello fit construire un pont de tonneaux avec parapets pour ramener Ă  Rome 104 Ă©lĂ©phants pris aux Carthaginois lors de la bataille remportĂ©e contre Hasdrubal Ă  Palerme.
  • an 800 : lorsque l'empereur Charlemagne arrive en Calabre il demande Ă  ses hommes de construire une sĂ©rie de ponts flottants.
  • 1130 : Ruggero d'Altavilla, roi des Pouilles, Sicile et Calabre, Ă  partir de 1130, ordonne Ă  ses ingĂ©nieurs d'Ă©tudier une liaison entre les parties de son royaume : en pratique, première Ă©tude de faisabilitĂ© du pont. Mais le souverain meurt Ă  Palerme en 1154.
  • 1866 : pendant un certain temps, l'humanitĂ© se consacre Ă  d'autres affaires, comme essayer de s'exterminer par des guerres de toutes sortes, construire de magnifiques cathĂ©drales et rĂ©aliser l'unification de l'Italie. Sous le gouvernement de Bettino Ricasoli, le ministre des travaux publics Stefano Jacini confie Ă  l'ingĂ©nieur Alfredo Cottrau la tâche d'Ă©tudier la construction d'un pont. Mais un autre ingĂ©nieur, Carlo Navone, essaie de convaincre le ministre qu'il serait prĂ©fĂ©rable de rĂ©aliser une liaison sous-marine.
  • 1908 : aux premières lueurs du 28 dĂ©cembre, un tremblement de terre dĂ©vastateur, dont l'Ă©picentre se trouve dans le dĂ©troit, dĂ©truit Reggio Calabria et Messine, faisant 120.000 victimes. Le projet de construction d'un pont ne fera plus parler de lui pendant de nombreuses annĂ©es.
  • 1958 : la sociĂ©tĂ© publique Gruppo Ponte di Messina est crĂ©Ă©e, une entreprise dont les actionnaires principaux sont Finsider (filiale de l'IRI, Fiat S.p.A., Italcementi et Pirelli, tandis que l'architecte Armando Brasini conçoit une structure Ă  plusieurs travĂ©es, qui repose sur une Ă®le artificielle.
  • 1969 : annĂ©e du concours Ă  projet organisĂ© par le Ministère des Travaux Publics italien et par l'Anas pour recueillir des idĂ©es sur la manière de rĂ©aliser le raccordement. 143 projets sont prĂ©sentĂ©s dont certains très extravagants et 12 d'entre eux sont rĂ©compensĂ©s.
  • 1979-1981 : le gouvernement dirigĂ© par Arnaldo Forlani crĂ©e la sociĂ©tĂ© publique Stretto di Messina SpA, dont les actionnaires sont Italstat, IRI, FS, Anas et les deux rĂ©gions concernĂ©es. En mĂŞme temps, la sociĂ©tĂ© Gruppo Ponte di Messina prĂ©sente un projet Ă  travĂ©e unique de 3,3 km.
  • 1986 : la sociĂ©tĂ© Stretto di Messina prĂ©sente trois Ă©tudes de faisabilitĂ© : liaison souterraine, pont Ă  une et deux travĂ©es. L'Eni, en revanche, propose la construction d'un tube flottant ancrĂ© au fond marin, appelĂ© Pont d'Archimède.
  • 1992 : Bettino Craxi, PrĂ©sident du Conseil, annonce que le pont sera construit, mais l'opĂ©ration Mani Pulite bloque la rĂ©alisation du projet.
  • 2001 : Silvio Berlusconi, PrĂ©sident du Conseil place la rĂ©alisation du pont en tĂŞte des prioritĂ©s de son gouvernement. La sociĂ©tĂ© Stretto di Messina SpA actualise le projet prĂ©liminaire datant de 1992.
  • 2004 : l'appel d'offres international pour la rĂ©alisation du projet en entreprise gĂ©nĂ©rale (general contractor) est publiĂ© au Journal Officiel italien, cinq groupements se portent candidats.
  • 2006 : le groupement Eurolink dirigĂ© par Impregilo, le major de la construction italienne, remporte l'appel d'offres, mais le gouvernement de Romano Prodi reporte le projet, considĂ©rant que le pont n'est pas une prioritĂ© gouvernementale.
  • 2009 : le groupement Eurolink est dĂ©fini comme l'entreprise gĂ©nĂ©rale pour la rĂ©alisation du projet qui, selon la Cour des Comptes, a coĂ»tĂ© 128,6 millions d'euros entre 1982 et 2005.
  • 2011 : le projet Impregilo Ă  travĂ©e unique est approuvĂ©, pour un coĂ»t de 8,5 milliards d'euros.
  • 2012 : le gouvernement de Mario Monti bloque Ă  nouveau le projet, reportant de deux ans la vĂ©rification de faisabilitĂ© financière.
  • 2013 : le ministère du Patrimoine culturel approuve le projet, mais la sociĂ©tĂ© Stretto di Messina est liquidĂ©e par le gouvernement d'Enrico Letta.
  • 2016 : le gouvernement prĂ©sidĂ© par Matteo Renzi dĂ©clare qu'après la phase de rĂ©formes dont le pays a besoin, il se consacrera aux grands travaux dĂ©jĂ  approuvĂ©s, Ă  commencer par le pont.
  • 2022 : Après les Ă©lections lĂ©gislatives remportĂ©es par une coalition de droite, le ministre des Infrastructures et des Transports du gouvernement de Giorgia Meloni, Matteo Salvini proclame son intention de commencer les travaux du pont en 2024.
  • 2023 : le 16 mars, le Conseil des ministres du gouvernement de Giorgia Meloni confirme que, "sous rĂ©serve d'accords", la sociĂ©tĂ© Stretto di Messina, mise en sommeil et maintenant rĂ©activĂ©e, fixe un nouveau planning de construction du pont, pour lequel le ministre Matteo Salvini attend l'approbation du projet exĂ©cutif avant le 31 juillet 2024. La sociĂ©tĂ© des chemins de fer italiens FS, l'Anas, les rĂ©gions Sicile et Calabre et, Ă  hauteur d'au moins 51%, le Ministère de l'Économie et des Finances sont appelĂ©s Ă  participer au capital de l'entreprise. Le projet devrait rester celui de 2011, avec les actualisations techniques nĂ©cessaires, qui prĂ©voit la construction du pont suspendu le plus long au monde avec une travĂ©e centrale unique de 3,2 km de longueur, pour une longueur totale de 3,66 km. L'ouvrage est conçu pour rĂ©sister Ă  un sĂ©isme jusqu'Ă  7,1 degrĂ©s sur l'Ă©chelle de Richter.

Bibliographie

  • « Entre Charybde et Scylla, un « pont d'or » pour la Mafia », Le Monde, [5]

Liens externes

Notes et références

  1. (it)Ecco il nostro ponte sullo stretto di Messina!, YouTube.com, vidéo mise en ligne le 3 octobre 2009
  2. Philippe Ridet et Philippe Ridet, « L'amant de Messine attendra encore », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  3. L'Italie renonce au pont sur le détroit de Messine - article de 20 Minutes du 26 février 2013.
  4. « Le pont de Messine », sur nicaso.com (consulté le ).
  5. Entre Charybde et Scylla, un « pont d'or » pour la Mafia
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