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Plan de prévention des risques

Pour les articles homonymes, voir PPR.

En droit français, un plan de prévention des risques, ou PPR, est un document permettant de connaître les zones géographiques soumises à des risques naturels ou technologiques et de définir les mesures adéquates pour réduire les risques encourus.

Il s'agit d'un document rédigé par l’État en matière de prévention des aléas, qui lui permet de répertorier et classer les risques connus auxquels sont soumis les sols avant de mettre en place et développer une politique d’utilisation et d'occupation des sols ainsi que de prévention et de gestion des différents risques lors de l’aménagement, l'urbanisation et la gestion des territoires à l'échelle communale.

Le PPR appartient ainsi aux mesures de sécurité mises en place face aux catastrophes naturelles et aux risques dits majeurs.

Cette réglementation permet un certain nombre de prescriptions objectivement indispensables, notamment sous la forme de servitude d'utilité publique, des interdictions de construire ou encore d'obligations d'aménagement à réaliser sur des constructions existantes, la protection des secteurs habités par les autorités compétentes, l’État y compris, et la mise en place de plans de secours et d’évacuation.

Les risques à prendre en compte sont d'origine naturelle (inondations, mouvements de terrains, incendies de forêt, avalanches, tempêtes, submersions marines, séismes, éruptions volcaniques, cyclones…) mais aussi des risques dits technologiques ou d'origine anthropique (ex: risques miniers, transport de matieres dangeureuses).

Le PPR peut être composé des plans suivants :

Zones définies dans les PPR

Vis-à-vis des risques pris en compte et s'appliquant notamment pour des habitations, un PPR définit trois grandes familles de zones réglementaires :

  • des zones inconstructibles ;
  • des zones constructibles sous conditions Ă©tablies dans un règlement du PPR. Ces zones incluent les prescriptions qui peuvent ĂŞtre imposĂ©es aux constructions existantes dans le but de protĂ©ger les occupants du risque ;
  • des zones constructibles sans conditions spĂ©cifiques de prise en compte du risque, objet du plan de prĂ©vention (on parlera la plupart du temps de zones blanches ou non rĂ©glementĂ©es).

Évolution du dispositif

  • En 1935, l'article 2 du dĂ©cret-loi du prĂ©voit des PSS (plans de surfaces submersibles) pour gĂ©rer le risque d'inondation ; Ces plans valent servitude d’utilitĂ© publique affectant l'usage du sol et permettent Ă  l'administration de s'opposer Ă  toute action ou ouvrage susceptibles de faire obstacle au libre Ă©coulement des eaux ou Ă  la conservation des champs d’inondation.
  • En 1982, la loi du , 82-600, prĂ©voit dans son article 5 des plans d'exposition aux risques naturels prĂ©visibles, (PER), qui sont arrĂŞtĂ©s par le PrĂ©fet après enquĂŞte publique et avis des conseils municipaux des communes concernĂ©es, puis qui valent servitudes d'utilitĂ© publique et sont annexĂ©s au POS (Plan d'Occupation des Sols. Ces PER dĂ©limitent les zones de risques d'inondation, mouvement de terrain, avalanches. Les PSS (loi de 1935) valent PER.
  • En 1987, la loi du , 87-565, relative Ă  l'indemnisation des victimes de catastrophes naturelles, renouvelle les PER dans son article 42. Ils listent des mesures de prĂ©vention, protection et sauvegarde des personnes et des biens Ă  mettre en Ĺ“uvre, pour supprimer ou limiter les impacts nĂ©gatifs des Ă©vĂ©nements exceptionnels. Des sanctions sont prĂ©vues pour non-respect des prescriptions du plan.
  • En 1995, la loi no 95-101 du relative au renforcement de la protection de l'environnement, dite loi Barnier remplace les PSS (plans de surfaces submersibles) (loi de 1935), les PER (Plans d’exposition aux risques) (loi de 1982), ainsi que les pĂ©rimètres R111-3 (pĂ©rimètres Ă©tablis pour la prĂ©vention d'un risque en application d'un ancien article R111-3 du code de l'urbanisme) par les plans de prĂ©vention des risques naturels prĂ©visibles (PPR). Sa procĂ©dure d’élaboration est plus lĂ©gère que celle des anciens plans (de Surface Submersible-PSS, d’Exposition au Risque-PER). Les PER valent PPR (article 40-7). Ils sont Ă©tablis sous l'autoritĂ© du PrĂ©fet, et dĂ©limitent, Ă  Ă©chelle communale ou intercommunale, des zones exposĂ©es aux risques naturels prĂ©visibles tels les tremblements de terre, les inondations, les avalanches ou les mouvements de terrain. Ils fixent des mesures de prĂ©vention des risques et de rĂ©duction des consĂ©quences ou visant Ă  les rendre supportables, tant Ă  l’égard des biens que des activitĂ©s implantĂ©s ou projetĂ©s. En particulier, ils veillent Ă  Ă©viter les obstacles Ă  l'Ă©coulement des eaux et Ă  ce qu'on ne restreigne pas de manière nuisible les champs d'inondation (zones d'expansion naturelle des crues).
  • En 1999, la loi du dite loi « après-mines » crĂ©e les plans de prĂ©vention des risques miniers (PPRM), avec Ă©galement une procĂ©dure calquĂ©e sur celle des PPR naturels.
  • En 2003, Ă  la suite notamment de l'explosion survenue dans l’usine AZF Ă  Toulouse en et de divers Ă©pisodes rĂ©cents d'inondations (Gard en 2002), la loi no 2003-699 du 30 juillet relative Ă  la prĂ©vention des risques technologiques et naturels, dite loi Bachelot :
    • consolide le PPRN[3] et renforce la concertation avec les acteurs locaux (qui Ă©tait possible mais non obligatoire), et fait de l'enquĂŞte publique une enquĂŞte « Bouchardeau » (cf. Loi no 83-630 du relative Ă  la dĂ©mocratisation des enquĂŞtes publiques et Ă  la protection de l'environnement).
    • institue[4] selon une procĂ©dure proche de celle des PPRN, le plan de prĂ©vention des risques technologiques (PPRT) qui doit rĂ©soudre les situations dĂ©licates en matière d'urbanisme hĂ©ritĂ©es du passĂ© (usines englobĂ©es dans le tissu urbain) et mieux encadrer ou limiter l'urbanisation et pĂ©riurbanisation future. Le PPRT concerne tout site classĂ© Seveso Ă  « hauts risques » (dits AS), soit 421 PPRT Ă  crĂ©er, pour 670 Ă©tablissements industriels et plus de 900 communes concernĂ©es. Ce volet PPRT comprend aussi d'une part un net renforcement du rĂ´le des CHSCT en cherchant Ă  rĂ©duire le risque Ă  la source et, d'autre part, une concertation renforcĂ©e par le truchement des CLIC (comitĂ© local d'information et de concertation), associant industriels, collectivitĂ©s, associations et services de l'État. Le PPRT peut s'Ă©tendre sur 30 ans.
    • introduit un droit nouveau de dĂ©laissement des propriĂ©taires de biens immeubles dans certains pĂ©rimètres de risques.
  • En 2006, les compĂ©tences nĂ©cessaires sont mobilisables et coordonnĂ©es au sein des DRIRE puis transfĂ©rĂ©s aux DREAL oĂą sont crĂ©Ă©es des cellules rĂ©gionales spĂ©cialisĂ©es aidĂ©es par des pĂ´les interrĂ©gionaux "risques accidentels"[5].
  • Au , seuls 273 PPRT avaient Ă©tĂ© lancĂ©s et 28 approuvĂ©s. Au , 50 PPRT avaient Ă©tĂ© approuvĂ©s par les prĂ©fets et 335 prescrits (après arrĂŞt du pĂ©rimètre) sur les 420 prĂ©vus (pour un investissement de 200 Ă  300 millions d'euros de la part des industriels selon le ministère qui estime que 3 milliards d'euros sont en outre nĂ©cessaires aux mesures foncières (expropriations, dĂ©laissements), Ă  financer par l'État, les exploitants et les collectivitĂ©s locales percevant la contribution Ă©conomique territoriale (1/3 des coĂ»ts pour chacun).
    Le ministère vise 60 % des PPRT approuvés avant fin 2011 (contre 80 % initialement prévus). Le délai maximum de 18 mois entre prescription et mise en œuvre, fixé par la loi, est en réalité porté à 36 mois. Près de 2 000 études de dangers ont été faites entre mi-2007 et mi 2010. La loi Grenelle 2 a en 2010 augmenté les aides aux travaux pour les travaux de renforcement des résidences principales construites autour d'usines Seveso seuil haut (crédit d'impôt à 40 % du montant de ces travaux, contre 15 % auparavant, avec un plafond de 30 000 euros), mais les propriétaires bailleurs ne sont pas aidés[6]
  • Le , un dĂ©cret[7] redĂ©finit la procĂ©dure d'Ă©laboration, de rĂ©vision et de modification des PPRN.
  • Une circulaire du Ministère de l'Écologie du (publiĂ©e le ) accompagne un plan d'actions national prĂ©sentĂ© le par Delphine Batho. Il impose un planning d'approbation des PPRT qui ont pris du retard (la loi date du , soit près de 10 ans avant). La circulaire vise 75 % des PPRT approuvĂ©s dans chaque rĂ©gion en 2013 et 95 % Ă  la fin de 2014[5]. Selon la ministre, les Ă©tudes techniques et les dĂ©marches de rĂ©duction des risques Ă  la source sont presque partout terminĂ©es et la concertation avec les collectivitĂ©s, les industriels et les associations est lancĂ©e. Des financements sont proposĂ©s pour diffĂ©rentes mesures des PPRT (avec un financement par dĂ©faut pour les mesures foncières), prĂ©figurant une Ă©volution lĂ©gislative (avant fin 2013) inscrivant le financement complĂ©mentaire des travaux prescrits aux riverains par les collectivitĂ©s et les industriels Ă  l'origine des risques Ă  hauteur de 25 % chacun. Des « task force » sont pilotĂ©es par chaque direction dĂ©partementale des territoires (DDT) pour cela. Un accompagnement des riverains et collectivitĂ©s concernĂ©s par des travaux prescrits par les PPRT sera testĂ©, en partenariat avec les « opĂ©rateurs logement » avec une participation envisagĂ©e des programmes locaux de l'Agence nationale de l'habitat (Anah)[5].
  • Le , le CESE publie une sorte de mode d'emploi des PPR (133 pages)[8].

Annexes

Articles connexes

Documents législatifs

Guides

Liens externes

Notes et références

  1. « La gestion du risque de feu de forêt », sur developpement-durable.gouv.fr, (consulté le )
  2. « Les risques littoraux », sur developpement-durable.gouv.fr, (consulté le )
  3. Fiche de présentation des PPR, et liens complémentaires Ministère chargé de l'écologie
  4. Articles R512-6 du code de l’environnement (JO du , modifié par le décret 2005-1170 du ).
    Articles R515-39 à R 515-50 du code de l’environnement relatif aux plans de prévention des risques technologiques. (Application des articles L.515-15 à L.515-24 du code de l’environnement.)
    Circulaire du relative à la mise en œuvre des plans de prévention des risques technologiques
    Décret 2006-55 du 17 janvier 2006 (JO 19 janvier 2006) relatif à la prévention des risques technologiques et à la sécurité du personnel, et modifiant le code du travail
  5. , Risques technologiques PPRT : une circulaire pour relancer le processus Journal des Communes Durables, publié 2013-05-15, consulté 2013-05-15
  6. Actu-Environnement ; Plans de prévention des risques technologiques : des obstacles financiers ? ; 15/09/2010.
  7. décret publié au Journal officiel du 30 juin 2011
  8. Les territoires face aux catastrophes naturelles : quels outils pour prévenir les risques ?", étude du Centre économique, social et environnemental, présentée par Alain Feretti., PDF, 1,5 M.o, 133 pages