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Pivoine de Chine

Paeonia lactiflora

Paeonia lactiflora
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Fleur de Paeonia lactiflora 'Nymphe’.

EspĂšce

Paeonia lactiflora
Pall., 1776

La Pivoine de Chine (Paeonia lactiflora) est une espÚce de plantes herbacées vivaces de la famille des Paeoniaceae, originaire d'Asie centrale et orientale (de l'Est du Tibet en passant par le Nord de la Chine jusqu'à l'Est de la Sibérie).

Description

Paeonia lactiflora : fruits.

L'espÚce botanique est une plante herbacée, pérenne, de 70 cm de hauteur, dotée d'une grosse racine[1]. C'est une espÚce trÚs variable.

L'hiver les feuilles disparaissent et seuls persistent les bourgeons au niveau du sol. Les feuilles sont biternées, avec des segments lancéolés ou ovales-lancéolés. Les folioles sont entiÚres ou parfois lobées.

Les fleurs de 8 à 12 cm de diamÚtre sont terminales avec éventuellement en plus des fleurs axillaires. Elles sont pourvues de 4-5 bractées lancéolées, inégales, de 3-4 sépales ovés ou suborbiculaires, de 9 à 13 pétales obovés, blancs ou roses pour l'espÚce sauvage et de couleurs variées chez les plantes cultivées. Les étamines de 15 mm de long ont des filets jaune crÚme. Les carpelles au nombre de 2 à 5 sont verts ou pourpres, en général glabres, et pourvus de stigmates rouges. La floraison a lieu en mai-juin.

Les fruits sont des follicules oblongs-ellipsoĂŻdes.

Écologie

La Pivoine de Chine pousse dans les bois et les prairies en Chine du nord (Mongolie-Intérieure, Heilongjiang, Jilin, Liaoning), en Corée, en Mongolie, en Sibérie et au Japon. Elle est aussi largement cultivée dans ces pays.

Elle fut introduite en Angleterre au début du XIXe siÚcle sous forme de cultivars chinois à partir desquels les pépiniéristes français puis américains tirÚrent de nombreuses autres variétés horticoles, répandues actuellement partout dans les jardins des régions tempérées.

Nomenclature et systématique

Synonymes : Paeonia albiflora Pallas; P. chinensis Vilmorin (1870), non Oken (1841); P. sinensis Steudel; P. yui W. P. Fang.

Actuellement, les Chinois dĂ©signent les Paeonia lactiflora par le terme de èŠèŻ shĂĄoyĂ o.

La premiĂšre mention de ce terme se trouve dans le Shijing, le Livre des Odes, composĂ© du XIe au ve siĂšcle avant notre Ăšre[2]. Il fut longtemps utilisĂ© comme un gĂ©nĂ©rique de pivoine, aussi bien herbacĂ©e qu'arbustive. Ce n’est qu’à l’époque des Sui (581-618) que le terme de èŠèŻ shĂĄoyĂ o a Ă©tĂ© fermement attachĂ© Ă  la pivoine herbacĂ©e et celui de 牡äžč mǔdān Ă  la pivoine arbustive[3].

Mais d’aprĂšs les descriptions actuelles, les pivoines herbacĂ©es chinoises comprennent plusieurs espĂšces (P. obovata, P. emodi, P. lactiflora, P. mairei, etc., voir la classification Paeonia) et ce n’est qu'Ă  l'Ă©poque oĂč les Chinois ont commencĂ© Ă  prendre connaissance de la notion moderne d’espĂšce botanique, dans la seconde moitiĂ© du XIXe siĂšcle, qu’ils se sont aperçus qu’ils devaient sous-catĂ©goriser les shaoyao. Ainsi, furent introduits è‰èŠèŻ cao shaoyao pour P. obovata, ć€šèŠ±èŠèŻ duo hua shaoyao pour P. emodi, etc. Seul P. lactiflora garda le titre de èŠèŻ shaoyao. En 3 000 ans, l'extension du terme n'a donc cessĂ© de se restreindre.

La premiĂšre description scientifique fut faite en 1776, par un botaniste allemand professeur Ă  Saint-PĂ©tersbourg, Peter Pallas (1741-1811), qui sur la base d’une pivoine aux fleurs blanches dĂ©couverte dans la province du lac BaĂŻkal, en Russie, dĂ©crivit cette espĂšce sous le nom de Paeonia lactiflora. Mais quelque douze ans plus tard, en 1788, semblant avoir oubliĂ© sa premiĂšre dĂ©nomination, il dĂ©crivit un autre spĂ©cimen sous le nom de Paeonia albiflora[4]. Durant plus d’un siĂšcle, cette derniĂšre appellation s’imposa mais quand l’erreur fut dĂ©couverte la premiĂšre dĂ©nomination fut rĂ©tablie, conformĂ©ment aux conventions de la nomenclature botanique. Pourtant les horticulteurs et les pĂ©piniĂ©ristes eurent beaucoup de mal Ă  accepter ce changement et continuĂšrent encore Ă  utiliser l’ancien terme.

Propriétés[5]

Le constituant principal de la racine de Paeonia lactiflora est un glucoside monoterpénique, la paeoniflorine (en). Les constituants minoritaires sont également d'origine monoterpénique oxypaeoniflorine, paeflorigénone.

Sur le plan pharmacologique, la paeoniflorine est antispasmodique et sédative et comme le paéonol, anti-inflammatoire et inhibitrice de l'agrégation plaquettaire.

Utilisations

Plante médicinale

La Pivoine de Chine est utilisĂ©e comme plante mĂ©dicinale dans la mĂ©decine traditionnelle chinoise, oĂč sa racine pelĂ©e, dĂ©coupĂ©e en tranches est connue en tant que matiĂšre mĂ©dicale sous le nom de Radix Paeonia Alba ç™œèŠèŻ pinyin : bĂĄishĂĄoyĂ o. Ses fonctions traditionnelles[6] sont :

  • enrichir le sang, consolider le yin ;
  • rĂ©guler le foie et calmer la douleur.

Les indications sont :

  • dysmĂ©norrhĂ©e ;
  • cĂ©phalĂ©e hypertensive, irritabilitĂ©, Ă©tourdissement, vertige, acouphĂšne ;
  • sueurs spontanĂ©es ou nocturnes ;
  • crampe du mollet, douleur thoracique ou abdominale.

Sous le nom de Radix Paeonia Rubrae, è”€èŠèŻ pinyin : chĂŹ shĂĄo yĂ o, la PharmacopĂ©e chinoise (2005) rassemble deux espĂšces, la pivoine de Chine, Paeonia lactiflora Pallas et la pivoine de Veitch, Paeonia veitchii Lynch. La racine collectĂ©e au printemps ou en automne, est sĂ©chĂ©e au soleil puis coupĂ©e en lamelles. Elle est utilisĂ©e crue ou cuite au four. C’est une des drogues traditionnelles les plus utilisĂ©es en Chine. Elle est rĂ©putĂ©e avoir les fonctions suivantes[6] :

  • Ă©liminer la chaleur ;
  • rafraĂźchir le sang ;
  • calmer les douleurs en enlevant la stase de sang et en rĂ©duisant le gonflement.

Les indications traditionnelles sont :

  • Ă©tat inflammatoire ;
  • maladie fĂ©brile, Ă©ruption cutanĂ©e ;
  • amĂ©norrhĂ©e, mĂ©norragie.

La pharmacopée japonaise l'utilise comme antispasmodique.

Elle est préconisée aussi dans le traitement de certaines formes du vitiligo[7].

Plante ornementale

La Pivoine de Chine est aussi largement cultivĂ©e comme plante ornementale dans les jardins, avec plusieurs centaines de cultivars. Bon nombre de ces cultivars ont des fleurs doubles et des Ă©tamines modifiĂ©s en pĂ©tales. En Chine, toutefois, elle est moins considĂ©rĂ©e comme une plante ornementale que les cultivars de pivoines arbustives (Paeonia suffruticosa, Paeonia rockii, etc., portant en chinois le nom gĂ©nĂ©rique de mǔdān 牡äžč).

Les cultivars peuvent ĂȘtre rĂ©partis en trois groupes:

  • Fleur simple : pĂ©tales en une seule rangĂ©e, Ă©tamines fertiles. Ressemble au type sauvage, mais gĂ©nĂ©ralement plus grande.
  • Fleur japonaise : pĂ©tales en rangĂ©e simple ou double avec des Ă©tamines transformĂ©es en staminodes stĂ©riles.
  • Fleur double : toutes ou la plupart des Ă©tamines sont transformĂ©es en pĂ©tales.

Aspects culturels et historiques

En Chine, les pivoines herbacĂ©es, appelĂ©es en chinois èŠèŻ shĂĄoyĂ o, ont Ă©tĂ© cultivĂ©es avant tout comme plante mĂ©dicinale. Le second caractĂšre èŻ yĂ o en est venu Ă  dĂ©signer par lui-mĂȘme un mĂ©dicament. Les pivoines herbacĂ©es shĂĄoyĂ o n’ont commencĂ© Ă  ĂȘtre apprĂ©ciĂ©es pour leurs fleurs qu’à partir des Song (960-1279).

Le professeur Peter Pallas aurait introduit Paeonia lactiflora en Europe aux environs de 1784 mais on n'a aucun témoignage indiquant que la plante aurait servi à produire des cultivars.

Les premiers pieds de Paeonia lactiflora Ă  ĂȘtre introduits au Royaume-Uni, grĂące aux efforts de Sir Joseph Banks, furent : ‘Fragrans’ aux fleurs trĂšs parfumĂ©es en 1805, ‘Whitleyi’ aux fleurs doubles blanches en 1808, et ‘Humei’ aux fleurs rouge sombre. Ces trois plantes furent largement distribuĂ©es en Europe et sont Ă  l’origine de nombreux cultivars modernes.

Les premiers hybrideurs modernes de pivoine herbacĂ©e furent des Français travaillant dans des villages proches de Paris et Ă  Nancy. Nicolas LĂ©mon qui avait une pĂ©piniĂšre Ă  Belleville (Ă  l’époque prĂšs de Paris) fut le premier EuropĂ©en Ă  produire et vendre des cultivars Ă  partir de semis[8]. Il est le crĂ©ateur du cultivar ‘Edulis Superba’ (1824), restĂ© trĂšs populaire jusqu’à aujourd’hui auprĂšs des jardiniers. Modeste GuĂ©rin qui travaillait Ă  Charonne rĂ©ussit le premier cultivar de pivoine ayant une touche de jaune. Un autre grand pĂ©oniste du XIXe est FĂ©lix Crousse, de Nancy, crĂ©ateur de « M. Jules Élie » (1888) aux fleurs rose tendre, Ă©normes et parfumĂ©es, toujours trĂšs demandĂ©. A Nancy encore, Émile Lemoine fut le premier Ă  croiser deux pivoines herbacĂ©es d’origine diffĂ©rentes : Paeonia lactiflora de Chine et P. wittmannania du Caucase. Deux de ces cultivars ‘Le Printemps’ et ‘Mai fleuri’ (1905) sont encore disponibles.

Galerie d'images

  • Fleur
    Fleur
  • Feuille de P. lactiflora 'Couronne d'or’
    Feuille de P. lactiflora 'Couronne d'or’
  • Graines
    Graines
  • Paeonia lactiflora'White Wings'Fleur simple.
    Paeonia lactiflora
    'White Wings'
    Fleur simple.
  • Paeonia lactiflora'Blaze'
    Paeonia lactiflora
    'Blaze'
  • Paeonia lactiflora'Pink Hawaiian Coral'Fleur double.
    Paeonia lactiflora
    'Pink Hawaiian Coral'
    Fleur double.
  • Paeonia lactiflora'Mons. Jules Elie'
    Paeonia lactiflora
    'Mons. Jules Elie'
  • Paeonia lactiflora'Barrington Bride'Fleur japonaise.
    Paeonia lactiflora
    'Barrington Bride'
    Fleur japonaise.
  • Paeonia lactiflora'Doreen'
    Paeonia lactiflora
    'Doreen'
  • Paeonia lactiflora'Jacques Doriat'
    Paeonia lactiflora
    'Jacques Doriat'
  • Paeonia lactiflora'Irwin Altman’
    Paeonia lactiflora
    'Irwin Altman’
  • Paeonia lactiflora'Souvenir du GĂ©nĂ©ral Gallieni’
    Paeonia lactiflora
    'Souvenir du GĂ©nĂ©ral Gallieni’
  • Paeonia lactiflora'La Perle’
    Paeonia lactiflora
    'La Perle’
  • Paeonia lactiflora'Bossuet’
    Paeonia lactiflora
    'Bossuet’
  • Paeonia lactiflora'Desjardins’
    Paeonia lactiflora
    'Desjardins’

Articles connexes

Notes et références

  1. (en) Référence Flora of China : P. lactiflora
  2. Chant 95 : au printemps, les hommes et les femmes vont cueillir une plante destinĂ©e Ă  combattre les mauvais esprits. Le poĂšme a pour refrain : ç¶­ćŁ«èˆ‡ć„łă€äŒŠć…¶ç›žèŹ”ă€èŽˆäč‹ä»„ć‹șè—„ Alors les hommes et les femmes se livrent Ă  des jeux et s'offrent des pivoines (traduction de Couvreur p102). Couvreur rajoute le commentaire suivant "La pivoine est appelĂ©e 犻草 li ts'ao la plante de la sĂ©paration, parce que les anciens avaient coutume de l'offrir au moment des adieux."
  3. (en) Joseph Needham, Tsuen-Hsuin Tsien, Gwei-Djen Lu, T. Tsuen-Hsuin, Hsing-Tsung Huang, Dieter Kuhn, Francesca Bray, Christian Daniels, Nicholas K Menzies, Christoph Harbsmeier, Nathan Sivin, Peter J Golas, Science and civilisation in China, Cambridge, Cambridge University Press, , 283 p. (ISBN 0-521-08732-5)
  4. (en) Martin Page, The Gardener’s Peony, Herbaceous and Tree Peonies, Timber Press,
  5. Bruneton, J., Pharmacognosie - Phytochimie, plantes mĂ©dicinales, 4e Ă©d., revue et augmentĂ©e, Paris, Tec & Doc - Éditions mĂ©dicales internationales, , 1288 p. (ISBN 978-2-7430-1188-8)
  6. UniversitĂ©s de MĂ©decine Traditionnelle Chinoise de Nanjing et Shanghai (trad. du chinois), La pharmacopĂ©e chinoise. Les herbes mĂ©dicinales usuelles.äž­èŻć­Š, Paris, Editions You Feng,‎ , 467 p. (ISBN 978-2-84279-361-6)
    Traduit et augmenté par Dr You-wa Chen
  7. (en) Jimi Yoon, Young-Woo Sun et Tae-Heung Kim, « Complementary and Alternative Medicine for Vitiligo », InTech (consulté le )
  8. (en) Allan Rogers, Peonies, Timber Press, , 296 p.

Liens externes

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