Pierre II (roi d'Aragon)
Pierre II d'Aragon dit « le Catholique » (en catalan Pere el Catòlic, en castillan Pedro el Católico), né vers 1174-1176, peut-être à Tarragone[1], et mort le à la bataille de Muret, fut roi d'Aragon et comte de Ribagorce de 1196 à 1213 sous le nom de Pierre II, comte de Barcelone, de Gérone, de Besalú, de Pallars Jussà de 1196 à 1213 sous le nom de Pierre Ier de Barcelone, comte de Gévaudan de 1196 à 1213, seigneur de Montpellier et baron d'Aumelas de 1204 à 1213[1].
Pierre II d'Aragon | |
Pierre II « le Catholique », enluminure issue du Liber feudorum Ceritaniae. Unique représentation contemporaine du souverain, réalisée entre 1200 et 1209. fol. 64v. Reg. n.º 4. Archives de la Couronne d'Aragon. | |
Titre | |
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Roi d'Aragon | |
– (17 ans, 4 mois et 18 jours) |
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Prédécesseur | Alphonse II « le Chaste » |
Successeur | Jacques Ier « le Conquérant » |
Comte de Barcelone | |
– (17 ans, 4 mois et 18 jours) |
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Prédécesseur | Alphonse Ier « le Chaste » |
Successeur | Jacques Ier « le Conquérant » |
Seigneur de Montpellier | |
– | |
Prédécesseur | Guilhem IX de Montpellier |
Successeur | Jacques Ier « le Conquérant » |
Biographie | |
Titre complet | Roi d'Aragon, comte de Barcelone, de Gérone, d'Osona et Cerdagne, de Besalú, de Pallars Jussà, de Sobrarbe et de Ribagorce, seigneur de Montpellier |
Dynastie | Maison de Barcelone |
Date de naissance | vers 1174-1178 |
Lieu de naissance | Huesca ? |
Date de décès | |
Lieu de décès | Muret |
Père | Alphonse II d'Aragon |
Mère | Sancie de Castille |
Conjoint | Marie de Montpellier |
Enfants | Jacques Ier Sancie († 1206) Pierre de Rege et Constance (enfants illégitimes) |
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Souverain de la couronne d'Aragon | |
Biographie
Jeunesse
Pierre naquit entre 1174 et 1176, selon toute vraisemblance à Huesca, dans la mesure où deux actes de son père, Alphonse II, ont été signés dans cette ville. D'ailleurs, la coutume voulait que les reines d'Aragon accouchent dans cette ville. Il fut baptisé dans cette même ville et y passa son enfance.
Premières années
Alphonse II mourut le à Perpignan. Suivant le testament de son père, Pierre II n'aurait pas dû régner avant d'avoir atteint 20 ans, sa mère devant être tutrice du royaume. De plus, le testament donnait à Pierre II le royaume d'Aragon et les comtés de Barcelone, de Roussillon et de Pallars, tandis que son frère Alphonse héritait des comtés de Provence, du Gévaudan et la vicomté de Millau. En , Pierre II prit officiellement possession de ses États lors de la cérémonie où il jura de respecter les fueros devant les Cortes réunies à Daroca.
Les premières années de son règne, un conflit l'opposa à sa mère. Il finit par lui accorder les châteaux d'Embid, Épila et Ariza en 1200. L'année suivante, ils se rencontrèrent à Daroca afin de mettre définitivement fin à leurs désaccords. Il dut ensuite s'assurer de la fidélité de Guerau III de Cabrera, vicomte d'Àger et de Cabrera, qui menaçait le comté d'Urgell. En 1200, il commande la compilation du Liber feudorum Ceritaniae, cartulaire qui compile ses droits en Cerdagne, dans le Roussillon et le Conflent.
Mariage
En , Pierre II épousa Marie de Montpellier, séparée depuis 1201 de Bernard IV de Comminges et fille unique de Guilhem VIII, seigneur de Montpellier. Cependant, à cause d'une forte antipathie l'un pour l'autre, les deux époux se séparèrent rapidement. En 1206, Pierre II réclama l'annulation du mariage, afin d'épouser Marie de Montferrat, mais le pape Innocent III s'y opposa. Les Montpelliérains durent recourir à un subterfuge pour aboutir à la naissance de l'infant Jacques en 1208. Ce dernier resta le seul enfant du couple. Pierre II eut d'autres enfants, mais illégitimes : Constance (1205-1252), mariée au sénéchal de Catalogne Guillermo Ramón II de Moncada, et Pedro de Rege, chanoine sacristain à Lérida.
Pierre II se rendit en Italie, à la fin de l'année 1204. Il se reconnut comme vassal de la papauté et fut couronné le dans la basilique Saint-Pancrace par le pape Innocent III à Rome, jurant de défendre la foi catholique, ce qui est à l'origine de son surnom. Il était le premier roi d'Aragon à avoir été couronné des mains du souverain pontife. Cette reconnaissance de la suzeraineté pontificale ne semble pas avoir été agréée par tous en Aragon.
Il mena une politique monétaire hasardeuse, afin de financer ses guerres, et baissa la valeur de la monnaie. Il concéda à la ville de Montpellier le privilège de nommer ses propres magistrats.
Politique espagnole
Pierre II poursuivit l'œuvre d'expansion de ses domaines vers le sud, en luttant contre les musulmans. Il repoussa la frontière au sud de l'Aragon et s'empara de plusieurs villes, comme Mora de Rubielos (1198), Manzanera (1202), Rubielos de Mora (1203), Camarena (1205). En 1201, il fonda l'ordre militaire des chevaliers de Saint-Georges d'Alfama et le possessionna dans la région de Tortosa, afin qu'ils protègent les côtes catalanes des pirates musulmans et l'aident dans ses nouvelles conquêtes. En 1210, il mena la guerre contre le royaume de Valence et s'empara d'El Cuervo, Castielfabib et Ademuz, au nord de ce royaume.
Pierre II réaffirma également son alliance avec la Castille. Les deux rois d'Aragon et de Castille, Pierre II et Alphonse VIII, se rencontrèrent en 1204 à Campillo, près de Tarazona : la frontière entre les deux royaumes fut définitivement fixée en ce lieu. Pierre II apporta une aide matérielle à Alphonse VIII lors de ses campagnes contre la Navarre d’une part et les musulmans d’autre part. Il participa, aux côtés des rois de Castille et de Navarre à la bataille de Las Navas de Tolosa en 1212, au cours de laquelle les Almohades subirent une défaite sévère.
Politique française
Le royaume d'Aragon était fortement implanté dans le Midi du royaume de France : le roi aragonais est l'héritier de la politique comtale barcelonaise qui, depuis le milieu du XIe siècle, s'était étendu au-delà des Pyrénées, contre les ambitions des comtes de Toulouse. Les rois d'Aragon étaient comtes de Carcassonne et du Razès en titre, même si leurs vassaux, les vicomtes Trencavel, prêtaient hommage alternativement aux comtes de Toulouse et aux rois d'Aragon afin de préserver leur indépendance. Plusieurs autres seigneurs reconnaissaient la suzeraineté du roi d'Aragon, tels que le comte de Comminges, le comte de Bigorre et le vicomte de Béarn. Les autres territoires au nord des Pyrénées, les comtés de Provence, du Gévaudan et de Millau avaient été cédés à son frère Alphonse.
Pierre II était proche de la culture provençale. Sous son règne, les influences provençales pénétrèrent la cour aragonaise. Pierre II lui-même se forgea l'image d'un chevalier idéal « de haute stature et d'allure altière ». Il reçut à la cour les troubadours Raimon de Miraval, Guiraut de Calanso et Guy d'Uzès.
Le roi d'Aragon fut d'abord amené à s'intéresser aux affaires de Provence, à la suite du conflit qui opposait son frère au comte de Forcalquier, Guillaume IV. Il développa ensuite une politique matrimoniale intense. En 1200, sa sœur, Éléonore, épousa Raymond, héritier du comte de Toulouse et les deux frères conclurent un traité d'amitié avec lui. En 1204, Pierre II épousa Marie de Montpellier, héritière de tous les domaines de son père. Il renforça son emprise sur Raimond-Roger Trencavel, vicomte de Béziers et de Carcassonne, et obtint de lui l'hommage. La même année, il força son frère et le comte de Forcalquier à faire la paix.
La situation et les rapports de force furent bouleversés en 1208 par le déclenchement de la croisade des albigeois. Les croisés, menés par Simon de Montfort, s'emparèrent de Béziers et mirent le siège devant Carcassonne. Pierre II se rendit à Carcassonne afin de convaincre son vassal, Raimond-Roger, de discuter avec les croisés.
En , Pierre II assista à Narbonne à une entrevue entre Simon de Montfort, Raimond VI et les légats Arnaud Amaury, évêque de Narbonne, et Raimond, évêque d'Uzès. Le but de la rencontre était de trouver un accord entre le comte de Toulouse et les croisés. Simon de Montfort proposa de marier sa fille avec l'héritier du roi d'Aragon, Jacques Ier. Il jura fidélité à Pierre II pour le comté de Carcassonne, tandis que Jacques était envoyé auprès de lui, dans cette ville.
Revenu en Aragon, Pierre II apporta son aide à la victoire de las Navas de Tolosa. Mais dès les premières semaines de 1213, son attention se porta à nouveau vers Toulouse. Il prit sous sa protection les comtes de Toulouse, de Foix et de Comminges, et le , Raymond VI rend hommage à Pierre II d'Aragon. Les deux hommes et le comte de Foix investissent le Muret, où Simon de Montfort et les croisés s'étaient réfugiés. Le , les croisés de Simon de Montfort, plus disciplinés, écrasent les coalisés. Pierre II, héros de Las Navas de Tolosa est tué dans la bataille par l'épée d'un chevalier artésien, Alain de Renty. Raymond VI, d'ailleurs en butte avec l'évêque Foulques de Marseille, ne peut alors éviter la conquête de Toulouse par Simon IV de Montfort en et s'exile à la cour d'Aragon à Barcelone.
Le cadavre du roi, excommunié par le pape, fut ramené par les Hospitaliers de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem à Toulouse, où il resta jusqu'en 1217. Le pape Honorius III accepta que ses restes soient mis en terre et il fut définitivement enterré dans le monastère Sainte-Marie de Sigena, près de Huesca.
Ascendance
Hommage
Il a donné son nom au lycée Pierre-d'Aragon qui se situe à Muret.
Notes et références
Voir aussi
Bibliographie
- (es) Martín Alvira Cabrer, 12 de Septiembre de 1213: El Jueves de Muret, Université de Barcelone, Barcelone, 2002 (ISBN 978-84-477-0796-6).
- (es) Martín Alvira Cabrer, Muret 1213. La batalla decisiva de la Cruzada contra los Cátaros, Ariel, Barcelone, 2008 et 2013 (ISBN 978-84-477-0796-6).
- (es) Martín Alvira Cabrer, Pedro el Católico, Rey de Aragón y Conde de Barcelona (1196-1213). Documentos, Testimonios y Memoria Histórica, 6 vols., Saragosse, Institución Fernando el Católico (CSIC), 2010 (on line) (ISBN 978-84-9911-066-0).
- (ca) Jordi Ventura i Subirats, Pere el Catòlic i Simó de Montfort : els càtars, Catalunya i les terres occitanes Selecta-Catalònia, Barcelone, 1996 (ISBN 978-84-7667-078-1).
- (ca) Enric Bagué i Garriga, « Pere el Catolico », Els primers comtes-reis: Ramon Berenguer IV, Alfons el Cast, Pere el Catòlic, Éd. Vicens-Vives, Barcelone, 1985 (1ª edición, 1963) (ISBN 978-84-316-1807-0).
- (es) Martín Alvira Cabrer, « La Cruzada Albigense y la intervención de la Corona de Aragón en Occitania: El recuerdo de las crónicas hispánicas del siglo XIII Hispania », Revista española de historia, vol. 60, nº 206, 2000, pp. 947-976 (ISSN 0018-2141).
- (es) Damian J. Smith, « Motivo y significado de la coronación de Pedro II de Aragón Hispania », Revista española de historia, vol. 60, nº 204, 2000, pp. 163-179 (ISSN 0018-2141).
- (ca) Armand de Fluvià (préf. Josep M. Salrach), Els primitius comtats i vescomptats de Catalunya : Cronologia de comtes i vescomtes, Barcelone, Enciclopèdia catalana, coll. « Biblioteca universitària » (no 11), , 238 p. (ISBN 84-7739-076-2), p. 30.
- (ca) Jaume Sobrequés i Callicó et Mercè Morales i Montoya, Contes, reis, comtesses i reines de Catalunya, Barcelone, Editorial Base, coll. « Base Històrica » (no 75), , 272 p. (ISBN 978-84-15267-24-9), p. 83-91.
Liens externes
- (es) « Pedro II, «el Católico» », Gran Enciclopedia Aragonesa, mis à jour le .
- (ca) Gran Enciclopèdia Catalana, « Pere I de Catalunya-Aragó », sur www.enciclopedia.cat, Grup Enciclopèdia Catalana (consulté le )