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Phare de Cape Florida

Le phare de Cape Florida est situĂ© Ă  la pointe sud de Key Biscayne dans le comtĂ© de Miami-Dade en Floride. Il fut construit en 1825 et fonctionna avec quelques interruptions jusqu'en 1878, lorsqu'il fut remplacĂ© par le phare de Fowey Rocks, puis remis en service en 1978. Le phare marque l'emplacement d'un rĂ©cif, situĂ© Ă  environ km au large, et le Florida Channel, le chenal naturel le plus profond de la baie de Biscayne. L'appel d'offres pour sa construction mentionnait une tour haute de 20 m en briques Ă©pais d'un mètre cinquante Ă  sa base et de 60 centimètres Ă  son sommet. Après sa construction, on s'aperçut que le contractant avait fait, nĂ©anmoins, quelques Ă©conomies sur l'Ă©paisseur des murs. Le premier gardien du phare fut le capitaine John Dubose, qui officia pendant plus de dix ans. En 1835, un puissant cyclone frappa l'Ă®le et endommagea le phare[1].

Phare de Cape Florida
Localisation
Coordonnées
25° 40′ 00″ N, 80° 09′ 21″ O
Localisation
Aire protégée
Parc d'État Bill Baggs Cape Florida (en)
Histoire
Mise en service
DĂ©sactivation
Patrimonialité
Inscrit au NRHP ()
Équipement
Feux
Fl W 6s
Identifiants
ARLHS
Amirauté
J2956.4
USCG
3-0923
Carte

Attaque du phare

Le phare vers 1830.

Lors du commencement de la Seconde Guerre séminole, en 1835, les Séminoles attaquent les quelques colons américano-européens vivant au sud de la Floride. En janvier 1836, ils massacrent la famille de William Cooley sur leur plantation de la New River, à l'emplacement de l'actuelle ville de Fort Lauderdale. Ayant appris le massacre, les autres colons de la région de la Miami River traversent la baie de Biscayne jusqu'au phare. Cependant, comme l'île n'est pas considérée comme un lieu sûr, les réfugiés et la famille du capitaine Dubose se rendent à Key West. Plus tard, toujours en janvier, le lieutenant George M. Bache, de l’US Navy, arrive de Key West avec quelques ouvriers pour fortifier le phare en obstruant les fenêtres du rez-de-chaussée et renforçant la porte. Le , le capitaine Dubose quitte le phare pour rendre visite à sa famille à Key West, laissant à son assistant, John W. B. Thompson, et à un aide afro-américain, Aaron Carter, la garde du phare[2] - [3].

Cinq jours plus tard, le , un groupe de SĂ©minoles attaque le phare. Thompson et Carter parviennent Ă  s'y rĂ©fugier. Plus tard, Thompson rapportera que des balles traversèrent ses vĂŞtements et son chapeau, et que ses poursuivants parvinrent Ă  la porte alors qu'il tournait la clĂ© dans la serrure. Thompson Ă©change des coups de feu avec les SĂ©minoles depuis les fenĂŞtres de la partie supĂ©rieure de la tour pendant le reste de la journĂ©e. Après la tombĂ©e de la nuit les SĂ©minoles parviennent Ă  approcher du phare et Ă  mettre le feu Ă  la porte. Comme des balles ont trouĂ© les rĂ©servoirs d'huile de la lampe (qui contiennent 900 litres d'huile), situĂ©s au bas de la tour, l'huile rĂ©pandue s'enflamme Ă  son tour. Thompson, dont les vĂŞtements sont imbibĂ©s d'huile, et Carter partent se rĂ©fugier au sommet du phare, emportant avec eux un tonnelet de poudre Ă  canon, des balles, et un fusil. Les deux hommes parviennent Ă  couper une partie de l'escalier en bois de la tour avant d'ĂŞtre chassĂ©s au sommet par les flammes.

Les flammes sont si fortes que Thompson et Carter doivent se réfugier sur la plateforme de 60 centimètres de large qui entoure la lampe au sommet du phare. Les vêtements de Thompson s'enflamment et lui-même et Carter sont blessés par des tirs des Séminoles. La lentille et les fenêtres du phare éclatent à cause de la chaleur. Certain qu'il va mourir et désireux d'en finir rapidement, Thompson jette la poudre à canon à l'intérieur de la tour. Le tonnelet explose, mais ne détruit la tour. Il réduit brièvement l'intensité de l'incendie qui reprend ensuite plus féroce que jamais. Le feu ne meurt que quelque temps après faute de combustible. Thompson découvre alors que Carter a succombé à ses blessures et à l'incendie.

Le jour suivant, Thompson voit les Séminoles piller et incendier les autres bâtiments qui entourent le phare. Pensant qu'il était mort, ils avaient cessé de tirer dans sa direction. Après leur départ, Thompsom est piégé au sommet du phare. Il a reçu trois balles dans chaque pied et l'escalier à totalement brulé. Plus tard dans la journée, il voit un bateau approcher. La goélette Motto de la Navy a entendu l'explosion à plus de vingt kilomètres et vient enquêter. Les marins sont surpris de trouver Thompson vivant. Ils ne parviennent cependant pas à faire descendre le malheureux et quittent l'île pour la nuit. Le lendemain les hommes du Motto et ceux d'une autre goélette, le Pee Dee, reviennent et parviennent à tirer une tige attachée à un filin en direction de Thompson, puis un câble est attaché à son extrémité, suffisamment épais pour pouvoir hisser deux hommes au sommet du phare. Thompson est ensuite emmené à Key West, puis à Charleston, où il se remit de ses blessures[4]

Reconstruction

En 1846, un appel d'offres fut lancĂ© pour la reconstruction du phare et le logement du gardien. Le constructeur Ă©tait autorisĂ© Ă  rĂ©utiliser les brique de l'ancienne construction. De nouvelles furent Ă©galement envoyĂ©e depuis le Massachusetts. Le contrat fut accordĂ© au soumissionnaire le moins cher pour 7 995 dollars. La construction fut achevĂ©e et le phare rallumĂ© en avril 1847. Le nouveau gardien fut Reason Duke, qui vivait le long de la Miami River jusqu'Ă  la Seconde Guerre sĂ©minole, puis contraint Ă  Ă©vacuer vers Key Biscayne et Key West. Ă€ Key West, sa fille Elizabeth Ă©pousa James Dubose, le fils de John Dubose, le premier gardien du phare[5]

Temple Pent devint gardien en 1852, puis remplacĂ© successivement par Robert R. Fletcher, en 1854, et Charles S. Barron, en 1855. La tour fut rehaussĂ©e Ă  29 m, en 1855, pour Ă©tendre sa visibilitĂ© au-delĂ  des rĂ©cifs. On remplaça Ă©galement la lampe et les lentilles de Fresnel qui furent convoyĂ©es par le lieutenant-colonel George Meade du bureau topographique du United States Army Corps of Engineers. Le phare rehaussĂ© et munit de sa nouvelle source lumineuse fut remis en service en mars 1856[6].

Guerre de sécession

Simeon Frow devint gardien en 1859. Des sympathisants de la cause confédérée détruisirent la lampe et ses lentilles en 1861. Le phare fut réparé en 1866, et Temple Pent, qui en avait été le gardien de 1853 à 1854, reprit du service. Il fut remplacé, de 1868 à 1878, par John Frow, fils de Simeon Frow, qui avait été gardien avant la Guerre de Sécession.

Mise hors service

Le phare de Fowey Rocks mis en service en 1878, pour remplacer celui de Cape Florida.

Le phare fut mis hors service en 1878. MalgrĂ© son rehaussement et sa lampe plus puissante, on estimait que le phare de Cape Florida Ă©tait insuffisant pour prĂ©venir les navires des rĂ©cifs situĂ©s au large. Il fut dĂ©cidĂ© de construire un nouveau phare sur les Fowey Rocks, Ă  11 km au large de Cape Florida en direction du sud-est. Lorsque la construction fut achevĂ©e, le phare de Cape Florida fut mis hors service. John Frow et son père furent nommĂ©s gardiens du nouveau phare de Fowey Rocks[7].

Fin du XIXe siècle

De 1888 Ă  1893, le phare du Cape Florida fut louĂ© par le dĂ©partement du TrĂ©sor des États-Unis, pour un montant total de un dollar (20 cents par an), au Yacht Club de Biscayne Bay qui y installa son siège. Il Ă©tait alors le yacht club le plus au sud des États-Unis, et le plus haut du monde. Après expiration du bail, le yacht club s'installa Ă  Coconut Grove, oĂą il se trouve toujours[8].

En 1898, à cause de la tension grandissante avec l'Espagne concernant Cuba, qui se termina par la Guerre hispano-américaine, le phare de Cape Florida devint brièvement l’U.S. Signal Station Number Four, l'un des 36 points d'observation le long de la côte Est et de celle du Golfe, du Maine au Texas. Les Signal Stations furent mises en service afin d'observer et de rapporter toute approche de la flotte espagnole[9].

XXe siècle

Le phare de Cape Florida en 1923

Le terrain alentour du phare appartenait au XIXe siècle Ă  Waters Davis. Ses parents avait acquis un titre de propriĂ©tĂ© Ă  un agent immobilier espagnol pour la partie sud de Key Biscayne, sitĂ´t après que les États-Unis eurent acquis la Floride espagnole. Ils avaient vendu les trois acres du phare au gouvernement amĂ©ricain en 1825. Bien que plusieurs revendications concurrentes se soient fait valoir sur ses terres, Davis parvint Ă  rĂ©soudre la plupart d'entre elles et reçut un titre de propriĂ©tĂ© du gouvernement amĂ©ricain en 1898. En 1903, Davis racheta le phare de Cape Florida au dĂ©partement du trĂ©sor pour la somme de 400 dollars[10].

Waters Davis vendit sa propriété de Key Biscayne, dont le phare, à James Deering, héritier de l'International Harvester et propriétaire de la Villa Vizcaya de Miami, en 1913. L'une des clauses du contrat exigée par Davis stipulait que le phare de Cape Florida devait être restauré. Lorsque Deering écrivit au gouvernement américain afin d'obtenir les spécifications et directives concernant le phare, les fonctionnaires furent surpris de sa requête, se demandant comment un phare avait pu être vendu à un privé. On découvrit qu'une loi votée par le Congrès et deux ordonnances du gouvernement, en 1847 et 1897, avaient réservé l'usage de l'île au phare et aux activités militaires. Une longue action légale finit par convaincre le Congrès et le président Woodrow Wilson à reconnaître le titre de propriété de Deering sur les terres de Cape Florida dont le phare lui-même[11].

L'Ă©rosion due Ă  l'ocĂ©an menaçait les fondations du phare. Un examen des dossiers montra que 400 mètres de rivage avaient Ă©tĂ© emportĂ©s devant le phare depuis sa construction 90 ans plus tĂ´t. Deering fit inspecter la tour par des ingĂ©nieurs en vue de sa restauration. Ils dĂ©couvrirent que ses fondations n'Ă©taient profondes que d'un peu plus d'un mètre. Deering fit entasser de sacs de sable au pied de la tour et fit construire une jetĂ©e pour arrĂŞter l'Ă©rosion. Les ingĂ©nieurs proposèrent d'enfoncer des piliers sous le phare jusqu'Ă  la roche pour soutenir la tour, mais on dĂ©couvrit rapidement qu'aucun soubassement rocheux n'existait. Le ingĂ©nieurs construisirent alors des fondations en bĂ©ton armĂ©, qui lors d'une inspection en 1988 furent trouvĂ©es en excellente condition. La tour rĂ©sista successivement au passage de l'Ĺ“il du Grand Ouragan de Miami en 1926 et au passage de l'ouragan Andrew en 1992[12].

La partie méridionale de Key Biscayne, dont son phare, fut achetée par l'État de Floride en 1966, et devint le Bill Baggs Cape Florida State Park. Le phare et la maison du gardien avait été restauré. En 1978, les garde-côtes y installèrent un phare automatique comme aide à la navigation, en particulier afin d'aider les marins à trouver le chenal de Floride pendant la nuit.

Notes et références

  1. Blank, p. 28-32.
  2. Blank, p. 39-41.
  3. Buker, p. 19.
  4. Thompson, p. 273-276.
  5. Blank, p. 59-60.
  6. Blank, p. 79-80, 84.
  7. Blank, p. 81-85.
  8. Blank, p. 96.
  9. Blank, p. 112-113.
  10. Blank, p. 100-101, 107.
  11. Blank, p. 144-150.
  12. Blank, p. 150-151.
  • Joan Gill Blank, Key Biscayne. Sarasota, Florida: Pineapple Press, Inc. 1996. (ISBN 9781561641031)
  • George E. Buker, Swamp sailors : riverine warfare in the Everglades, 1835-1842, Gainesville, Florida: The University Presses of Florida 1975. (ISBN 9780813003528)
  • John W. B. Thompson, "The Attack on the Lighthouse (text of a letter from Thompson to the editor of the Charleston Courier)," in Frederick Drimmer, Captured by the Indians. Mineola, New York: Dover Publications, Inc. 1985 (ISBN 0-486-24901-8)
  • Cape Florida Light, National Park Service.

Liens externes

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