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Persécution du Falun Gong

La persécution du Falun Gong se réfÚre à la campagne lancée depuis par le Parti communiste chinois contre les pratiquants de Falun Gong, visant à éliminer cette pratique dans la République populaire de Chine. Selon Amnesty International, elle comprend une campagne de propagande à trÚs grande échelle[1] un programme de conversion idéologique et rééducation forcées, ainsi que toute une variété de mesures coercitives extrajudiciaires telles que des arrestations arbitraires, le travail forcé, la torture, entraßnant parfois la mort des victimes[2] - [3], le prélÚvement forcé d'organes[4].

De 1992 Ă  1999, alors que l'État soutenait le Falun Gong, ce dernier enregistrait une progression fulgurante en Chine. Le , le Parti communiste a lancĂ© une campagne pour « Ă©radiquer » le Falun Gong[5]. À cet effet, Jiang Zemin, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du Parti Communiste de l'Ă©poque, crĂ©a une organisation chargĂ©e d'organiser et de coordonner la persĂ©cution au niveau national, le bureau 610[6]. Celui-ci Ă©chappe Ă  toute rĂšglementation et fonctionne en dehors du contrĂŽle gouvernemental[7].

Les observateurs Ă©trangers estiment que, depuis 1999, des centaines de milliers, voire des millions de pratiquants de Falun Gong ont Ă©tĂ© dĂ©tenus dans les camps de « rĂ©Ă©ducation par le travail », les prisons et autres centres de dĂ©tention pour avoir refusĂ© de renoncer Ă  leur pratique spirituelle[8] - [9]. D’anciens prisonniers, dont beaucoup n’étaient pas des pratiquants de Falun Gong, ont rapportĂ© que les pratiquants de Falun Gong recevaient systĂ©matiquement « les peines les plus longues et les plus mauvais traitements Â» dans les camps de travaux forcĂ©s[10] - [11]; selon divers rapports, un grand nombre d'entre eux ont Ă©tĂ© torturĂ©s Ă  mort[12] - [10].

Depuis 2006 il y a aussi eu Ă  plusieurs reprises des tĂ©moignages et rapports selon lesquelles les organes vitaux de pratiquants de Falun Gong non-consentants auraient Ă©tĂ© utilisĂ©s pour alimenter l'industrie du tourisme de transplantation d'organes en Chine[4] - [13]. Le ComitĂ© des Nations unies sur la torture a appelĂ© la Chine Ă  effectuer une enquĂȘte indĂ©pendante concernant ces allĂ©gations. En , le Parlement europĂ©en a votĂ© une rĂ©solution condamnant les prĂ©lĂšvements forcĂ©s et systĂ©matiques d'organes effectuĂ©s par l'État chinois, une pratique qui touche les prisonniers de conscience, et en grande partie les pratiquants de Falun Gong[14].

Origine de la persécution

En RPC, bien que la libertĂ© d'association soit garantie par la constitution, toutes les associations doivent en pratique ĂȘtre dĂ©clarĂ©es et parrainĂ©es par une association gouvernementale. Le Falun Gong s'est d'abord dĂ©veloppĂ© conjointement avec la SociĂ©tĂ© de Recherche sur le Qigong Chinois, organisme gouvernemental regroupant les diffĂ©rents Qi Gong. Par la suite, en raison de plusieurs facteurs, le Falun Gong sortit de l'Ă©gide gouvernementale.

Enregistrement officiel

Li Hongzhi prĂ©sente le Falun Gong au public en . Cette Ă©poque marquait la fin du « boom du qi gong », une pĂ©riode qui a vu la prolifĂ©ration de milliers de diffĂ©rentes sortes d’exercices lents et mĂ©ditatifs destinĂ©s Ă  amĂ©liorer la santĂ© et apporter le bien-ĂȘtre. Durant les premiĂšres annĂ©es de sa diffusion, le Falun Gong, qui se diffĂ©rencie des autres Ă©coles de qigong en faisant renaĂźtre des Ă©lĂ©ments spirituels contenus dans les enseignements bouddhistes et taoĂŻstes, reçoit plusieurs distinctions et rĂ©compenses Ă©manant d’organisations gouvernementales[15] - [16]. De 1992 Ă  1994, Li Hongzhi voyage dans la plupart des grandes villes chinoises pour dĂ©livrer son enseignement Ă  la suite d'invitations d’organisations de Qigong[17].Les confĂ©rences de Li Hongzhi sont organisĂ©es par la SociĂ©tĂ© chinoise de recherche sur le Qigong, organe gouvernemental qui profite le plus des frais d’inscription Ă  ces confĂ©rences[18]. Li Hongzhi commença par la suite Ă  donner des confĂ©rences gratuitement[15]. En 1993, le Falun Gong est admis dans la SociĂ©tĂ© de recherche scientifique sur le qigong de Chine gĂ©rĂ©e par l'État (SRQC). Il devient tout de suite une «star» au sein du mouvement de qigong et bĂ©nĂ©ficie d’un soutien officiel considĂ©rable[19]. Toutefois, vers 1996, les relations entre le Falun Gong et la SRQC se durcissent. Selon David Palmer, Li Hongzhi rejette la politique du SRQC qui veut formaliser la structure du mouvement, puis refuse par la suite l'obligation Ă©mise par le MinistĂšre des Sports de crĂ©er une section du Parti Communiste dans le Falun Gong[20].

AprĂšs avoir refusĂ© d’augmenter les tarifs de ses confĂ©rences, Ă  la suite de plaintes d’autres maĂźtres de Qigong, Li Hongzhi quitte la SociĂ©tĂ© chinoise de recherche sur le Qigong. D'aprĂšs lui, celle-ci n'essaye simplement que de se faire de l’argent sur le dos des maĂźtres de Qigong sans faire la moindre recherche[21] - [22]. Des sources provenant du Falun Gong affirment, qu’à l’époque, des individus de la SociĂ©tĂ© chinoise de recherche sur le Qigong ont alors commencĂ© Ă  colporter des rumeurs au sujet de Li Hongzhi auprĂšs du gouvernement, le pressant de faire ce qu’il fallait pour limiter son succĂšs grandissant[21].

Oppositions et critiques initiales


David Ownby (agrĂ©gĂ© d’histoire Ă  l’universitĂ© de MontrĂ©al) soutient que l’opposition au Falun Gong au sein du parti n’a commencĂ© qu’en 1994 et a augmentĂ© les annĂ©es suivantes. Il note qu’il n’y a pas de preuve concluante concernant les motifs initiaux d’opposition au sein du parti[23]. Quoi qu’il en soit, Ian Johnson, (journaliste au Wall Street Journal, correspondant du journal en Chine pendant plusieurs annĂ©es) note que la croissance phĂ©nomĂ©nale du Falun Gong fait partie d’une tendance plus large en Chine venant du refus du gouvernement de tenir compte des changements de la sociĂ©tĂ© et son refus de revoir certaines politiques rigides en matiĂšre de religion qui ont crĂ©Ă© l’opposition entre le Falun Gong et le gouvernement[24].

Six mois plus tard, les agences de police lancent une enquĂȘte nationale concernant le Falun Gong sous les ordres de fonctionnaires du Parti communiste - dont Luo Gan - avec pour objectif de trouver des fautes au Falun Gong[23]. Une autre enquĂȘte officielle dĂ©marre sous le mĂȘme prĂ©texte en 1998, et la surveillance policiĂšre des pratiquants de Falun Gong augmente. MalgrĂ© l'Ă©valuation prĂ©cĂ©dente du Falun Gong indiquant que la pratique n'a « que des aspects bĂ©nĂ©fiques et ne fait aucun mal ni au Politburo, ni Ă  la sociĂ©tĂ© »[21], une circulaire est distribuĂ©e dans tous les bureaux de police du pays, dĂ©signant le Falun Gong comme une « secte »[23].

Intensification des critiques

Le , He Zuoxiu, un physicien de l'AcadĂ©mie chinoise des sciences, remontĂ© contre toute forme d’idĂ©e “non scientifique” ou touchant au surnaturel[25], dĂ©nonce le Falun Gong lors d’un interview pour la tĂ©lĂ©vision pĂ©kinoise. L’émission montrait un site de pratique et dĂ©signait le Falun Gong comme une “superstition fĂ©odale”. La station de tĂ©lĂ©vision reçoit des lettres de protestations de pratiquants, et 2000 d’entre eux ont manifestĂ© silencieusement en s’asseyant devant ses bureaux[24] - [26].

En 1999, selon les estimations de la RĂ©publique populaire de Chine, il y a entre 70 et 100 millions de pratiquants du Falun Gong en Chine[27].

Le , He Zuoxiu publie un Ă©ditorial dans Science et technologie pour la jeunesse, revue Ă©ditĂ©e par l'UniversitĂ© de Tianjin[28]. Celui-ci se titre « Je ne suis pas d’accord pour que les jeunes pratiquent le Qigong » affirmant qu’un Ă©tudiant de l’institut avait connu “deux rechutes d’aliĂ©nation mentale” aprĂšs avoir pratiquĂ© le Falun Gong. Les pratiquants qualifient l’article d’ĂȘtre « inexact, insultant et calomniant injustement la pratique »[21]. Noah Porter suggĂšre que les critiques de He sont peut-ĂȘtre une tentative intentionnelle de provoquer les pratiquants[22], qui qualifient ses exemples citĂ©s en tant que preuves d'"erronĂ©s"[15] et de "trĂšs choquant" [29].

Quoi qu’il en soit, la publication refuse d’appliquer un droit de rĂ©ponse concernant l’article de He. Des pratiquants se rendent Ă  l’universitĂ© de Tianjin et dans ses agences gouvernementales affiliĂ©es pour faire appel du 18 au [22]. La police anti-Ă©meute se rend sur les lieux[21], des pratiquants sont battus et 45 sont arrĂȘtĂ©s, d’aprĂšs au moins un rapport[30]. Selon Danny Schechter, les pratiquants sont « choquĂ©s » par ce « traitement injuste » et se plaignent auprĂšs des autoritĂ©s locales. Celles-ci les prĂ©viennent que les pratiquants emprisonnĂ©s ne seront relĂąchĂ©s qu’avec l’accord du gouvernement central[21].

D’autres acadĂ©miciens et membres de la communautĂ© scientifique, y compris le directeur de l’acadĂ©mie des sciences, dĂ©noncent alors le Falun Gong[31]. He Zuoxiu, le beau-frĂšre de Luo Gan, un des exĂ©cutants en chef de la persĂ©cution, est dĂ©signĂ© comme Ă©tant « devenu un hĂ©ros national » pour s’ĂȘtre opposĂ© au Falun Gong[32]. D’aprĂšs le New York Times, He Zuoxiu a jouĂ© un rĂŽle important dans le bannissement du Falun Gong[33]. Il dĂ©clare au Times que les pratiquants « devraient ĂȘtre chassĂ©s et enfermĂ©s jusqu’à ce qu’ils aient renoncĂ© Ă  leur croyance »[33] et publie un livre intitulĂ© Comment le Falun Gong m’a harcelĂ© et a harcelĂ© ma famille, dans lequel il dĂ©crit le Falun Gong comme Ă©tant un « culte hĂ©rĂ©tique » – un mot qui apparait dans les pamphlets du gouvernement[21]. Il a Ă©galement fondĂ© « l’association chinoise anti-culte » qui a participĂ© Ă  la campagne de diffamation contre le Falun Gong, en le dĂ©signant comme un culte mauvais.

Manifestation à Zhongnanhai et ses conséquences

Les pratiquants de Falun Gong manifestent devant le quartier gouvernemental de Zhongnanhai en avril 1999 pour demander la reconnaissance officielle.

Comme les pratiquants de Falun Gong n'avaient pas accÚs aux médias de masse, ils n'ont eu d'autres recours que de faire des manifestations pacifiques pour informer le public et faire appel auprÚs des responsables[34].

Plusieurs jours aprĂšs les protestations Ă  Tianjin, le matin du , environ 10 000 pratiquants de Falun Gong se rendent Ă  l’enceinte du Zhongnanhai oĂč vivent et travaillent les plus importants membres du gouvernement. Ils restent lĂ -bas en silence pendant 12 heures, lisant et mĂ©ditant, demandant la reconnaissance officielle de leur foi, la libĂ©ration des pratiquants emprisonnĂ©s et le droit de pratiquer librement[35] - [36] - [2]. Le premier ministre Zhu Rongji reçoit des reprĂ©sentants des pratiquants ; il leur assure que le gouvernement n'est pas contre la pratique et que les pratiquants arrĂȘtĂ©s seront relĂąchĂ©s[37]. La foule se disperse, croyant au succĂšs de leur manifestation[38].

Un article du World Journal soutient que les manifestations au Zhongnanhai pourraient avoir Ă©tĂ© organisĂ©es par le gouvernement afin de « reprendre le dessus contre le Falun Gong, mouvement observĂ© et surveillĂ© par des espions infiltrĂ©s depuis des annĂ©es »[39]. Luo Gan aurait souhaitĂ© que la pratique soit interdite depuis 1996, mais manquait de bases lĂ©gales pour cela. CrĂ©ditĂ© comme Ă©tant le chef communiste ayant organisĂ© la manifestation Ă  Zhongnanhai, Luo est citĂ© pour avoir ordonnĂ© directement Ă  la police de crĂ©er un incident qui pourrait ensuite ĂȘtre citĂ© contre le Falun Gong[36]. Les pratiquants souhaitaient, selon Danny Schechter, faire appel pacifiquement au bureau d’appel des citoyens, se trouvant dans la rue Fuyou, Ă  cĂŽtĂ© du Zhongnanhai[26] Un homme de 74 ans, le gĂ©nĂ©ral en retraite Yu Changxin, a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© pour avoir organisĂ© le rassemblement et condamnĂ© Ă  passer 17 ans en prison en [28].

D'aprĂšs plusieurs observateurs du monde chinois, certaines personnes haut placĂ©es ont voulu s’en prendre Ă  la pratique pendant quelques annĂ©es[36] - [40], mais manquaient d’un prĂ©texte suffisant et du support de la population, jusqu'Ă  ce qu’en 1999, aient lieu un certain nombre de manifestations. Par la suite, le gouvernement chinois dĂ©clarerait officiellement que cette manifestation du constituait selon lui « l’incident politique le plus sĂ©rieux » depuis les manifestations de la place Tian'anmen[41]. Selon certaines analyses, le gouvernement s’est inquiĂ©tĂ© qu’un si grand nombre de personnes puisse se rassembler si prĂšs du siĂšge du pouvoir[28].

Lancement d'une répression à l'échelle nationale

Dans la nuit du , le chef du Parti de l’époque, Jiang Zemin, publie une lettre indiquant son intention de supprimer le Falun Gong. La lettre exprime son inquiĂ©tude par rapport Ă  la popularitĂ© du Falun Gong, et de sa popularitĂ© parmi les membres du Parti communiste. DĂ©but mai, des rapports indiquĂšrent que Jiang Zemin crĂ©e un groupe de travail spĂ©cial dirigĂ© par Luo Gan pour s’occuper du Falun Gong[5]. Les autoritĂ©s commencent alors Ă  encercler les organisateurs de Falun Gong connus. Un peu plus tard, le , le Parti crĂ©Ă© le « Bureau 610 Â», un organisme extra-constitutionnel chargĂ© de la rĂ©pression du Falun Gong[7]. Ses agents sont placĂ©s dans toutes les provinces, villes, cantons, universitĂ©s, ministĂšres et entreprises d’État en Chine[30].

Le , juste aprĂšs minuit, les agents de la sĂ©curitĂ© publique procĂšdent Ă  de nombreuses arrestations Ă  travers toute la Chine, en s'introduisant dans les maisons des pratiquants et « assistants Â» et en les emmenant de force dans des centres de dĂ©tentions[22] - [42]. Quatre pratiquants de PĂ©kin sont arrĂȘtĂ©s en tant que « dirigeants », par la suite, ils subirent un procĂšs fantoche et furent condamnĂ©s Ă  des peines allant de 8 Ă  18 ans de prison. Sous les ordres du bureau de la sĂ©curitĂ© publique, les Ă©glises, les temples, les journaux, les cours de justice et la police sont mobilisĂ©s rapidement afin de suivre la ligne du Parti pour Ă©craser le Falun Gong. D'aprĂšs Jiang Zemin, auteur de la persĂ©cution, « Aucune mesure n’est trop extrĂȘme »[6]. Le Falun Gong est ainsi condamnĂ© dans les mĂ©dias, ses livres et vidĂ©o cassettes dĂ©truits par le feu et Ă©crasĂ©s par des bulldozers le tout filmĂ© par les mĂ©dias[43]. Le , dix jours aprĂšs le dĂ©but de la rĂ©pression, Xinhua rapporte que plus d'un million de livres de Falun Gong et d'autres documents sont confisquĂ©s et que des centaines de milliers ont Ă©tĂ© brĂ»lĂ©s et dĂ©truits[44].

Les autoritĂ©s de la RPC se livrent Ă  une rĂ©pression globale du Falun Gong, marquĂ©e par des vagues d'arrestations et l'emprisonnement des membres ainsi que leur soumission Ă  un programme de « rĂ©Ă©ducation par le travail ». Des millions d'ouvrages de son fondateur, Li Hongzhi, sont brĂ»lĂ©s[45] - [43] - [42] ainsi que d'autres documents didactiques, les centres et Ă©coles sont fermĂ©s et les adeptes forcĂ©s de renier et de se dĂ©tacher du Falun Gong, certains d'entre eux sont soumis Ă  des mĂ©thodes de lavages de cerveau et de "rĂ©forme de la pensĂ©e" dans des Ă©coles et des stades[46]. À partir de la fin de l’annĂ©e 1999, les pratiquants meurent en dĂ©tention[6] et Ă  la fin du mois de , 5 000 Ă©taient dĂ©tenus dans toute la Chine[43]. Le gouvernement chinois Ă©met Ă©galement un mandat d'arrĂȘt contre Li Hongzhi, qui vit Ă  New York, et saisit Interpol ; sans rĂ©sultat.

Chaque aspect de la sociĂ©tĂ© est mobilisĂ© contre le Falun Gong, y compris l’appareil mĂ©diatique de l’État, les forces de police, l’armĂ©e, le systĂšme Ă©ducatif, les entreprises et le cercle familial[6]. Une entitĂ© extraconstitutionnelle, le Bureau 610, s'occupe de « diffuser une campagne de terreur » Ă  l'Ă©chelle nationale[47]. Les grands mĂ©dias Ă©tatiques (tĂ©lĂ©vision, radio et presse Ă©crite) se livrent tous Ă  une discrimination de la pratique[43]. Les entreprises et les particuliers sont pressĂ©s de coopĂ©rer Ă  cette campagne activement.

Selon plusieurs rapports, dans le but de les faire renoncer au Falun Gong, ses pratiquants sont sujets à des tortures, à des emprisonnements illégaux, à la soumission, à des viols, à des travaux forcés et à des abus psychiatriques[3]. Les pratiquants de Falun Gong composent 66 % des cas de tortures rapportés en Chine[48]. En , les parlementaires David Kilgour et David Matas ont présenté un rapport concernant le trafic systématique des organes des pratiquants de Falun Gong prélevés à vif[49].

Motifs et raisons de la persécution

Les observateurs Ă©trangers ont tentĂ© d'avancer une variĂ©tĂ© de facteurs aboutissant Ă  l'interdiction du Falun Gong : en premier lieu, l'obsession personnelle de Jiang Zemin, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du Parti Communiste Chinois, les luttes de pouvoir politique internes au sein du Parti communiste, l'existence de prĂ©cĂ©dents dans l'histoire chinoise de mouvements quasi religieux Ă©voluant en insurrections violentes et l'indĂ©pendance du Falun Gong par rapport Ă  l'État et son refus de suivre la ligne du Parti. Pour conclure, on peut supposer que le contenu moral et spirituel prĂ©sent dans le Falun Gong mettait le peuple chinois en contradiction directe avec les aspects athĂ©es de l'idĂ©ologie marxiste officielle.

À propos du rîle tenu par Jiang Zemin

Plusieurs observateurs soutiennent que la persĂ©cution du Falun Gong trouverait son origine dans l'obsession personnelle de l'ancien secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du Parti Communiste, Jiang Zemin ; les pratiquants de la discipline l'estiment responsable de la dĂ©cision de persĂ©cution[50] - [51]. Dean Peerman soupçonne Jiang Zemin d'avoir des mobiles plus personnels, comme de la jalousie envers la popularitĂ© de Li Hongzhi[52], et Ă©voque son tempĂ©rament colĂ©rique et belliqueux[36] - [52]. Pour Robert A.F. Thurman, spĂ©cialiste du bouddhisme de l’universitĂ© Columbia, le rĂ©gime est effrayĂ© par le Falun Gong et est « devenu fou, effrayĂ© Ă  l’idĂ©e de montrer sa faiblesse et ses doutes au monde entier ».

Des sources du Washington Post ont racontĂ© que tous les membres du ComitĂ© permanent du bureau politique du Parti communiste chinois ne partageaient pas les opinions de Jiang concernant la nĂ©cessitĂ© d'Ă©radiquer le Falun Gong, et affirmaient qu'il « s'Ă©tait accaparĂ© de ce qu'il croyait ĂȘtre une cible facile »[53] - [30].

La rĂ©pression du Falun Gong fournissait Ă©galement une belle opportunitĂ© au secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du Parti : Ă  travers une purge de type maoĂŻste, les cadres du Parti ont Ă©tĂ© poussĂ©s Ă  lui « prĂȘter allĂ©geance » en appliquant ses ordres[54] - [55]. D'aprĂšs Tony Saich (professeur Ă  Harvard), Jiang a utilisĂ© cette campagne comme un test de loyautĂ© Ă  son pouvoir[51]. Alors que s'annonçait une pĂ©riode de rĂ©forme qui marquait un tournant difficile pour l'ancien secrĂ©taire, celui-ci put asseoir son autoritĂ© lors du 16e congrĂšs du Parti communiste, afin de le diriger. Un vĂ©tĂ©ran du Parti communiste a dĂ©clarĂ© Ă  Willy Lam de CNN, « Comme avec les campagnes depuis les annĂ©es soixante, le rite standard de sĂ©ances idĂ©ologiques tenues dans les unitĂ©s du parti, les usines et les collĂšges ces derniĂšres annĂ©es se rĂ©sument Ă  des dĂ©clarations de soutien en faveur de la politique de PĂ©kin de la part des participants - et en faveur du chef supĂ©rieur [du parti communiste chinois] »[54].

Pour conclure, John Pomfret Ă©crit que « l’intĂ©rĂȘt que Jiang porte au Falun Gong est si profond que lorsque s’est tenu le sommet de l’APEC (CoopĂ©ration Ă©conomique pour l'Asie-Pacifique) en Nouvelle-ZĂ©lande en septembre 1999, il a distribuĂ© un livre qui attaquait le Falun Gong Ă  tous les participants de la rĂ©union, y compris au prĂ©sident Clinton »[56]. John Pomfret raconte que cela a stupĂ©fiĂ© les diplomates et les a renforcĂ©s dans leurs inquiĂ©tudes concernant les dirigeants communistes « devenus fondamentalement coupĂ©s de la rĂ©alitĂ© quotidienne. Également que Jiang Zemin n’a ni le souhait ni la capacitĂ© de participer Ă  des discussions importantes avec les dirigeants occidentaux. » John Pamfret signale les propos d’un diplomate de l’APEC dĂ©clarant « ce gars a vraiment cru que nous devions ĂȘtre au courant de ce truc »[56].

Autres explications et commentaires

La nature du parti communiste est interprétée comme une des causes de la mise au ban de la pratique. La popularité de la pratique du Falun Gong[19], ses origines traditionnelles[57] - [58] et son idéologie distincte de celle du communisme a été perçue comme un défi pour le gouvernement[59].

La persĂ©cution du Falun Gong peut ĂȘtre liĂ©e directement Ă  des peurs politiques[28] ainsi qu’à une intolĂ©rance gĂ©nĂ©rale de la dictature communiste vis-Ă -vis de tout ce qui ne se conforme pas Ă  son mode de pensĂ©e. La grande popularitĂ© du Falun Gong, la multiplication des sites de pratiques autour du monde ainsi que la prĂ©sence des Ă©crits spirituels de Li Hongzhi Ă  disposition sur internet contenant des propos concernant la santĂ©, les dĂ©mons, les extra-terrestres et autres idĂ©es diamĂ©tralement opposĂ©es Ă  l’idĂ©ologie communiste, Ă©taient perçues comme un dĂ©fi au Parti. Pour y rĂ©pondre, les autoritĂ©s se sont lancĂ©es dans une campagne stalino-maoĂŻste[59].

Le quotidien canadien The Globe and Mail rapporte que la rĂ©action « hystĂ©rique » du rĂ©gime face Ă  un groupe religieux inoffensif montre deux aspects du rĂ©gime assez dĂ©plaisants. D’abord que « c’est toujours un rĂ©gime totalitaire, incapable de tolĂ©rer la moindre concurrence, exigeant l’exclusivitĂ© de la loyautĂ© [du peuple]
 chaque groupe, du club d’échecs Ă  l’armĂ©e, doit se soumettre au contrĂŽle du parti communiste et le moindre groupe qui ne le fait pas est une menace » et en second lieu, le fait que le Parti souffre d’insĂ©curitĂ©, particuliĂšrement depuis les Ă©vĂšnements de Tienanmen en 1989 « les dirigeants vivent dans la peur du peuple chinois. Seul un rĂ©gime pĂ©tri par la peur peut avoir une telle rĂ©action de panique face Ă  un groupe de personnes d’ñge moyen qui se rĂ©unissent dans des parcs pour pratiquer la mĂ©ditation »[60].

Le , le gouvernement de la République populaire de Chine a publié une déclaration interdisant le Falun Gong :

« La Chine interdit en ce jour la sociĂ©tĂ© de recherche du Falun Dafa et l’organisation du Falun Gong qui la contrĂŽle en les dĂ©clarant illĂ©gales. Dans le cadre de sa dĂ©cision en la matiĂšre publiĂ©e en ce jour, le ministre des affaires civiles a dĂ©clarĂ© qu’aprĂšs enquĂȘte, la sociĂ©tĂ© de recherche du Falun Dafa n’avait pas Ă©tĂ© enregistrĂ©e lĂ©galement et Ă©tait impliquĂ©e dans des activitĂ©s illĂ©gales, prĂ©conise des superstitions, rĂ©pand des mensonges, embobine les gens, suscite et crĂ©e des perturbations, met en danger la stabilitĂ© sociale. La dĂ©cision citĂ©e plus haut, en accord avec la Direction des Enregistrements et de la RĂ©glementation des organisations populaires, dĂ©clare la sociĂ©tĂ© de recherche du Falun Dafa et l’organisation du Falun Gong qui la contrĂŽle comme illĂ©gales et par voie de consĂ©quence, interdites[61]. »

Interdiction en tant que « secte perverse »

En , trois mois aprĂšs que la rĂ©pression a commencĂ©, la Cour populaire suprĂȘme a publiĂ© une dĂ©claration classant officiellement le Falun Gong comme xiejiao[62]"[63]"[44]. La traduction directe du terme est « religion perverse », mais au cours de la campagne anti-Falun Gong, la propagande en est venue Ă  qualifier le mouvement de « culte diabolique »[64]. Dans le contexte de la Chine impĂ©riale, le terme de xiejiao Ă©tait utilisĂ© pour dĂ©signer des religions non-confucĂ©ennes, mais dans le contexte de la Chine communiste, il est utilisĂ© pour cibler les organisations religieuses qui ne se soumettent pas Ă  l'autoritĂ© du Parti Communiste[65] - [66].

Selon Ian Johnson, la dĂ©nomination de « secte » appliquĂ©e au Falun Gong, permettait de donner aux yeux de l'Occident un motif lĂ©gitime de rĂ©primer le mouvement. Il est d'avis que le Falun Gong ne satisfait pas les dĂ©finitions communes de secte : « ses membres se marient en dehors du mouvement, ont des amis en dehors, occupent des emplois normaux, ne vivent pas isolĂ©s de la sociĂ©tĂ©, ne croient pas que la fin du monde est imminente et ne donnent pas des sommes importantes Ă  l'organisation... Il ne prĂŽne pas la violence et est au cƓur d'une discipline apolitique, tournĂ©e vers l'intĂ©rieur, visant Ă  se nettoyer spirituellement et Ă  amĂ©liorer la santĂ© »[6]. David Ownby, pour sa part, affirme que « toute la question de la nature sectaire supposĂ©e du Falun Gong Ă©tait un leurre dĂšs le dĂ©but, habilement exploitĂ©e par l'État chinois pour persĂ©cuter le Falun Gong »[67]. Selon John Powers et Meg YM Lee, du fait que le Falun Gong ait Ă©tĂ© classĂ© dans la perception populaire comme Ă©tant l'Ă©quivalent d'un « club d'exercice », dĂ©connectĂ© de la politique, et apolitique, ce dernier n'Ă©tait pas considĂ©rĂ© comme une menace pour le gouvernement. Ainsi, un des points critiques dans la campagne anti-Falun Gong Ă©tait de convaincre les gens de reclasser le Falun Gong en lui attribuant un certain nombre d'« Ă©tiquettes religieuses chargĂ©es nĂ©gativement »[68] comme « secte » ou « superstition fĂ©odale». Les manifestations silencieuses du mouvement ont Ă©tĂ© requalifiĂ©es en « crĂ©ation de troubles sociaux ». Dans ce processus de rĂ©Ă©tiquetage, le gouvernement tentait de puiser dans un « profond rĂ©servoir de sentiments nĂ©gatifs liĂ©s au rĂŽle historique de cultes quasi religieux qui ont agi comme forces dĂ©stabilisatrices dans l'histoire politique chinoise »[68].

Campagne de propagande

Structure et organisation du Bureau 610 en Chine.

L'ensemble de la campagne de propagande anti-Falun Gong a été organisé et coordonné par le Bureau 610, entité dépendante du Comité Central du Parti Communiste et présente à différents niveaux dans la société chinoise.

La taille et l’importance de cette campagne anti-Falun Gong a surpassĂ© de beaucoup les mouvements de rĂ©pression prĂ©cĂ©dents[54]. S'inspirant des mĂ©thodes provenant de campagnes de rĂ©pressions telles que la RĂ©volution culturelle, les trois Antis et les cinq Antis, les dirigeants du rĂ©gime Ă©tablirent une critique violente, mĂ©thodique et systĂ©matique du Falun Gong[69]. Celles-ci comportait notamment l'utilisation de faux tĂ©moignages, de la qualification de "secte perverse", l'intimidation et la publications d'ouvrages ; en 2001, les autoritĂ©s chinoises orchestrĂšrent une mise en scĂšne d'un prĂ©tendu suicide par auto immolation sur la place Tian An Men pour diffamer la pratique.

Dans une certaine mesure, la campagne s'est Ă©tendue Ă  l'Ă©tranger, oĂč le Falun Gong a Ă©tĂ© diffamĂ© par les autoritĂ©s chinoises par le relais des ambassades, des instituts Confucius et par l'entremise mĂȘme des reprĂ©sentants du gouvernement[56] et des journaux chinois Ă  l'Ă©tranger[70]. Certains incidents graves tels que des agressions, actes de sabotages et tentatives d'assassinats ont Ă©tĂ© rapportĂ©s[71].

Propagande dans les mĂ©dias d'État

Au dĂ©but de la rĂ©pression, les nouvelles du soir diffusaient des images d'immenses tas/piles de matĂ©riaux du Falun Gong broyĂ©s ou incinĂ©rĂ©s. Elizabeth Perry Ă©crit que le dĂ©roulement de la rĂ©pression Ă©tait semblable Ă  « la campagne anti-droitiste des annĂ©es 1950 [et] aux campagnes antipollution spirituelle des annĂ©es 1980 ». Les mĂ©dias se concentreraient sur ceux qui avaient renoncĂ© au Falun Gong ; les parents de victimes de Falun Gong Ă©voquaient la tragĂ©die arrivĂ©e Ă  leurs proches ; des anciens pratiquants avouaient avoir Ă©tĂ© « dupĂ©s par Li Hongzhi et... regrettaient leur crĂ©dulitĂ© Â» ; des professeurs d'Ă©ducation physique proposaient des alternatives saines Ă  la pratique du Falun Gong, comme le bowling[69].

Selon Willy Lam de CNN, les mĂ©dias officiels ont dĂ©clarĂ© que le Falun Gong faisait partie d'un « mouvement international anti-Chine Â»[54]. Comme il l'avait fait au cours de la RĂ©volution culturelle, le Parti communiste a organisĂ© des rassemblements dans les rues et des journĂ©es d’arrĂȘt de travail aux entreprises d’État, tel que le bureau de la mĂ©tĂ©o, dans les provinces lointaines de l’Ouest, afin de dĂ©noncer la pratique. Xinhua publiait des Ă©ditoriaux d’officiers de l'APL qui dĂ©claraient que le Falun Gong « faisait partie des efforts des forces occidentales hostiles voulant subvertir la Chine Â» et qui promettaient de faire tout leur possible pour dĂ©fendre la direction centrale et « maintenir la sĂ©curitĂ© nationale et la stabilitĂ© sociale »[54].

Des circulaires Ă©taient Ă©mises Ă  des organisations de la jeunesse et des femmes encourageant Ă  soutenir l'interdiction. La Ligue de la jeunesse communiste chinoise et la FĂ©dĂ©ration nationale des femmes chinoises ont appelĂ© Ă  une plus grande utilisation de l'enseignement scientifique pour lutter contre la « superstition fĂ©odale ». Xinhua rapportait les discours de responsables de la Ligue de la jeunesse communiste. Un orateur a dĂ©clarĂ© : « Cela nous rappelle l'importance et l'urgence de renforcer notre travail politique et idĂ©ologique parmi la jeune gĂ©nĂ©ration, les Ă©duquer dans le matĂ©rialisme marxiste et l'athĂ©isme, et faire davantage d'efforts pour propager les connaissances scientifiques Â»[72]. La FĂ©dĂ©ration des femmes a dĂ©clarĂ© avoir besoin « d'armer nos sƓurs avec les connaissances scientifiques et d’amĂ©liorer leur capacitĂ© Ă  reconnaĂźtre et Ă  rĂ©sister Ă  la superstition fĂ©odale Â»[72]. Un groupe d'anciens combattants de l'APL qui avaient rejoint l’armĂ©e dans les annĂ©es 1930 et 1940 a publiĂ© une dĂ©claration affirmant que « seul le marxisme peut sauver la Chine et seul le Parti communiste chinois peut nous conduire Ă  accomplir la grande tĂąche de revigorer la nation chinoise Â»[73].

Li Hongzhi est devenu aussi une cible des mĂ©dias chinois. Les autoritĂ©s chinoises l’ont accusĂ© d’avoir crĂ©Ă© le Falun Gong sur la base de deux autres systĂšmes de Qigong dĂ©veloppĂ©s plus tĂŽt, Chan Mi Gong et Jiugong Bagua Gong, et disaient que certains exercices de Falun Gong auraient Ă©tĂ© copiĂ©s Ă  partir de « mouvements de danse thaĂŻlandaise qu'il a appris pendant une visite Ă  ses parents en ThaĂŻlande Â»[74]. Les autoritĂ©s chinoises ont affirmĂ© que ses connaissances Li Jingchao et Liu Yuqing ont aidĂ© Li Hongzhi Ă  dĂ©velopper sa mĂ©thode, et que d'autres disciples ont contribuĂ© Ă  Ă©crire des textes et Ă  retoucher des photos. Selon eux, cette mĂ©thode n’avait pas Ă©tĂ© testĂ©e de maniĂšre exhaustive Ă  l’avance, mais n’a Ă©tĂ© achevĂ©e qu'en un mois avant son lancement officiel[75]. James Tong note que ces allĂ©gations ont Ă©tĂ© assemblĂ©es dans les publications « Li Hongzhi qiren qishi Â» qui Ă©tait conforme aux grandes lignes de rĂ©pression tracĂ©es par le Politburo et Jiang Zemin et dont les premiĂšres Ă©ditions ont paru dĂ©jĂ  avant le . Ces publications reprĂ©sentaient des compilations hĂątives ou des reproductions des articles de Renmin Ribao ou de dĂ©pĂȘches de Xinhua contenant des rĂ©vĂ©lations sur le Falun Gong et sur Li Hongzhi, ainsi que d’autres documents du Parti et du gouvernement interdisant le Falun Gong[76]. Qiren qishi Ă©taient publiĂ©s par la branche de recherche du Bureau de la sĂ©curitĂ© publique[74].

Dans le systĂšme Ă©ducatif chinois

La WOIPFG prĂ©tend que les Ă©tudiants qui pratiquaient le Falun Gong furent exclus des universitĂ©s, des Ă©coles et des examens. Une politique dite de « coupable par association » a Ă©tĂ© appliquĂ©e, de façon que la famille directe de pratiquants connus comme tels soient eux aussi exclus du systĂšme scolaire, les enfants apprenant Ă  l’école des poĂšmes anti Falun Gong[77] et des pĂ©titions anti Falun Gong Ă©taient organisĂ©es en masse[41], les professeurs d’universitĂ©, instituteurs et Ă©tudiants qui refusaient de renoncer ou de dĂ©noncer le Falun Gong Ă©taient renvoyĂ©s chez eux faisant alors face Ă  des consĂ©quences comme l’arrestation, les travaux forcĂ©s, le viol et la torture aboutissant parfois Ă  la mort, les Ă©tudiants Ă©taient obligĂ©s Ă  visionner des vidĂ©os ou Ă  assister Ă  des sĂ©minaires attaquant le Falun Gong[41], tandis que des banniĂšres discrĂ©ditant le Falun Gong Ă©taient disposĂ©es prĂšs des Ă©coles et des universitĂ©s, rappelant la RĂ©volution Culturelle. Visiter des sites web du Falun Gong pouvait avoir pour consĂ©quence d’ĂȘtre arrĂȘtĂ©. Les examens contenaient des questions anti Falun Gong – les rĂ©ponses incorrectes pouvant avoir des rĂ©percussions violentes.

D’aprĂšs le Washington Post, les fonctionnaires de quartier rassemblaient les personnes ĂągĂ©es, les gens handicapĂ©s et les malades dans des classes dĂ©nonçant la pratique. Les universitĂ©s envoyaient du personnel pour aller chercher Ă©tudiants et professeurs ayant Ă©tĂ© mis dehors pour les obliger Ă  assister aux classes de lavage de cerveau, certains Ă©taient obligĂ©s de laisser seuls des parents malades pour assister Ă  ces classes[46].

Le journal rapporte l’histoire d’un Ă©tudiant de l’universitĂ© de PĂ©kin, Alex Hsu qui a Ă©tĂ© enlevĂ© alors qu’il se rendait dans un laboratoire informatique. Il est racontĂ© qu’il a Ă©tĂ© conduit dans un hĂŽtel situĂ© prĂšs d’un camp de travaux forcĂ©s oĂč se trouvaient 20 autres pratiquants y compris des Ă©tudiants, des professeurs, du personnel de l’universitĂ© et des professeurs Ă  la retraite. À l’hĂŽtel, 3 anciens pratiquants toujours dĂ©tenus au camp de travaux forcĂ©s ont essayĂ© de le persuader d’abandonner la pratique pendant 12 heures par jour[46]. Le Washington Post raconte que plus tard, de nouveaux « professeurs » ont rejoint l’assemblĂ©e « analysant les Ă©crits du fondateur du Falun Gong, Li Hongzhi et ne laissant pas Hsu se reposer. » Les propos de Hsu suivant sont rapportĂ©s « C’était de la torture mentale
 La pression ne faisait qu’augmenter. Et la menace Ă©tait toujours prĂ©sente. On pouvait voir que ces gens avaient tous souffert, et on savait ce qui arriverait si on n’abandonnait pas aussi. »[46] Le Washington Post rapporte que les pratiquants sont forcĂ©s d’assister aux classes jusqu’à ce qu’ils aient renoncĂ© Ă  leur croyance par Ă©crit, puis sur vidĂ©o. Hsu est citĂ© Ă  nouveau disant « C’était trĂšs douloureux, Ils nous obligeaient Ă  mentir. Nous savions que le Falun Gong est bon, mais ils nous obligeaient Ă  dire que c’était mauvais »[46]. Hsu a pleurĂ© aprĂšs avoir prĂ©tendu renoncer, et, plus tard, il a cessĂ© d’aller Ă  l’école et a commencĂ© Ă  se cacher. Dans son livre, A China more Just, l’avocat des droits de l’Homme Gao Zhisheng explique que « ceux qui refusent de se soumettre lors des classes sont envoyĂ©s aux camps de travaux forcĂ©s oĂč ils font face Ă  un rĂ©gime de violence encore plus systĂ©matique que dans le passĂ©, d’aprĂšs ce que disent les pratiquants ainsi que d’aprĂšs des sources gouvernementales. En moyenne, le conseiller gouvernemental a dĂ©clarĂ© que la plupart des gens abandonnent le Falun Gong au bout de 10 Ă  12 jours de classe, certains rĂ©sistent jusqu’à 20 jours »[46].

Anne-Mary Brady de l’universitĂ© de Canterbury prend le Falun Gong comme exemple de l’utilisation du PCC des nouvelles technologies comme outils de propagande « Si vous faites une recherche en Chine en utilisant le Google chinois et le mot clĂ© Falun Gong, tout ce que vous trouverez sont les sites du gouvernement ». Elle explique que des entreprises occidentales faisant des affaires en Chine ont bien dĂ» participer Ă  ce systĂšme de censure[78]. D’aprĂšs James Mulvenon de la Rand Corporation, le ministĂšre chinois de la sĂ©curitĂ© publique pratique une guerre internet pour attaquer les sites du Falun Gong aux États-Unis[79], en Australie, au Canada, et en Angleterre. Il convient aussi que le CCP bloque l’accĂšs aux ressources concernant ce sujet en Chine[80].

L'incident de la place Tian'anmen

Le , au moment des fĂȘtes du Nouvel An chinois, survient un incident majeur qui va marquer les esprits. Sept personnes tentent de s'immoler par le feu sur la place Tian'anmen. Les sources du gouvernement chinois annoncent alors que ces personnes Ă©taient pratiquants de Falun Gong. Les sources de Falun Gong contestent cette affirmation en soulignant que leurs enseignements interdisent toute violence ou suicide. Plusieurs journalistes et universitaires occidentaux ont Ă©galement notĂ© des incohĂ©rences dans la version du gouvernement chinois de l'incident qui ont conduit beaucoup parmi eux Ă  croire Ă  une mise en scĂšne du gouvernement chinois pour discrĂ©diter le Falun Gong et retourner l’opinion publique contre cette pratique[81] - [82] . En particulier, Ian Johnson du Wall Street Journal, Danny Schechter et David Ownby ont attirĂ© l'attention sur le fait que l'agence Xinhua a diffusĂ© une dĂ©claration dĂ©jĂ  traduite en anglais seulement deux heures aprĂšs l'incident[83]. Ceci est trĂšs inhabituel pour ce genre de reportage qui doit ĂȘtre approuvĂ© par plusieurs instances bureaucratiques, ce qui laisse penser que les autoritĂ©s chinoises Ă©taient prĂȘtes Ă  rapporter l'Ă©vĂ©nement [84]. Philip Pan du Washington Post a quant Ă  lui enquĂȘtĂ© dans l'entourage de deux des auto-immolĂ©es et dĂ©couvert que personne ne les avait jamais vues pratiquer le Falun Gong[85]. Il a Ă©galement notĂ© que le gouvernement chinois a toujours refusĂ© que des journalistes Ă©trangers interrogent les survivants de l'incident[86].

La campagne de propagande d'Ă©tat qui a suivi l'Ă©vĂ©nement a changĂ© l’opinion plutĂŽt favorable des Chinois envers le Falun Gong. Comme l’a rapportĂ© le magazine Time, de nombreux Chinois trouvaient que le Falun Gong ne reprĂ©sentait pas de menace rĂ©elle, et que la rĂ©pression de l'État Ă©tait allĂ©e trop loin[87]. Des affiches, des tracts et des vidĂ©os dĂ©taillant les prĂ©sumĂ©s effets nĂ©fastes de Falun Gong ont Ă©tĂ© Ă©mis en quantitĂ©s innombrables, et des classes rĂ©guliĂšres anti-Falun Gong ont Ă©tĂ© introduites dans les programmes scolaires[88]. CNN a comparĂ© cette propagande d’état chinois Ă  des campagnes du passĂ©, telles que celles menĂ©es pendant la guerre de CorĂ©e ou la RĂ©volution culturelle[89]. L'annĂ©e suivant l'incident, le nombre de cas d’emprisonnement, de torture et de dĂ©cĂšs de pratiquants de Falun Gong en dĂ©tention a considĂ©rablement augmentĂ©[90] - [91]. En 2002, des pratiquants de Falun Gong ont rĂ©ussi Ă  diffuser Ă  Changchun, Ă  la place des programmes d’une chaine de la tĂ©lĂ©vision chinoise[92], le film documentaire Feu mensonger analysant les incohĂ©rences dans les comptes rendus officiels de l'incident de la place Tian'anmen.

Censure de l’Internet

Freedom House a rapportĂ© que le Falun Gong faisait partie des sujets les plus systĂ©matiquement bloquĂ©s sur l'Internet chinois[93]. Dans son rapport sur la genĂšse de la censure d’Internet et les capacitĂ©s de surveillance en Chine, Ethan Gutmann suggĂšre que beaucoup de ces mĂ©thodes (y compris des attaques par dĂ©ni de service), ont tout d'abord Ă©tĂ© utilisĂ©es par les autoritĂ©s chinoises contre le Falun Gong[94]. Selon James Mulvenon, l'analyste de la Rand Corporation, le ministĂšre chinois de la SĂ©curitĂ© publique mĂšne une cyber-guerre en attaquant des sites Web du Falun Gong aux États-Unis[95], en Australie, au Canada et en Angleterre, ainsi que bloque l'accĂšs aux informations sur Internet au sujet du Falun Gong[47].

La BBC News a rapportĂ© que le Global Internet Freedom Consortium (GIFC), un groupe liĂ© au Falun Gong et promouvant la libertĂ© d’Internet, aurait annoncĂ© que le dĂ©partement d'État des États-Unis lui avait offert 1,5 million de dollars, ce qui a Ă©tĂ© condamnĂ© par les autoritĂ©s chinoises. Selon le rapport, l’ambassade de Chine Ă  Washington a dĂ©clarĂ© que la Chine Ă©tait opposĂ©e Ă  l’aide amĂ©ricaine au GIFC, Ă©tant donnĂ© qu’il Ă©tait dirigĂ© par le Falun Gong. Selon l’ambassade, la rĂ©glementation chinoise de l'Internet est conforme aux lois de Chine et de nombreux autres pays, et elle est soutenue par la grande majoritĂ© de Chinois[96].

L'Agence France-Presse (AFP) a citĂ© Philip Crowley, le porte-parole du dĂ©partement d’État, affirmant que la nouvelle de la BBC concernant cette subvention Ă©tait « prĂ©maturĂ©e », qu'ils « n'ont pas finalisĂ© l’accord sur le financement et qu’aucune dĂ©cision finale n’a pas Ă©tĂ© prise »[96]. Les pratiquants de Falun Gong qui travaillent avec le Global Internet Freedom Consortium ont dĂ©veloppĂ© un logiciel anti-censure Freegate, permettant de camoufler l’utilisation de l’Internet du gouvernement chinois. Un autre logiciel anti-censure nommĂ© Tor, a Ă©tĂ© partiellement financĂ© par le gouvernement des États-Unis[97].

Actes de sabotage et agressions

Le , neuf pratiquants de Falun Gong d’Australie, dont David Liang, sont arrivĂ©s en Afrique du Sud pour aider des pratiquants locaux Ă  alerter l’opinion sur la persĂ©cution du Falun Gong, et sur le rĂŽle particulier de deux hauts fonctionnaires chinois en visite : le Vice-PrĂ©sident Zeng Qinghong et le Ministre du Commerce Bo Xilai. Les pratiquants prĂ©voyaient une confĂ©rence de presse pour dĂ©noncer les crimes des deux officiels au public et aux mĂ©dias d’Afrique du Sud, et les notifier d’une plainte lĂ©gale contre eux. En route de l’aĂ©roport de Johannesburg Ă  PrĂ©toria aux alentours de 20h30 lundi soir, une voiture blanche avec trois personnes Ă  bord les a rattrapĂ©s et a tirĂ© avec un fusil AK 47 au moins cinq fois sur leur vĂ©hicule. Les tireurs se sont immĂ©diatement enfuis aprĂšs la fusillade, sans rien leur voler. Le conducteur, le citoyen australien David Liang, sĂ©rieusement touchĂ© aux pieds a Ă©tĂ© hospitalisĂ© et sa voiture mise hors service. Pour le porte-parole de la branche taĂŻwanaise du Falun Gong, l’attaque vient du gouvernement chinois et vise Ă  terroriser les membres du mouvement[71].

Le , Peter Yuan Li, pratiquants du Falun Gong et informaticien travaillant pour le journal 'Epoch Times', est attaquĂ© chez lui, Ă  Atlanta, par des hommes asiatiques armĂ©s. Li gĂšre le site web du journal ainsi que les sites appelant les membres du parti communiste chinois Ă  quitter celui-ci Ă  la suite de la publication du livre Les neuf commentaires sur le parti communiste chinois. Les agresseurs l'ont gravement battu Ă  la tĂȘte et au visage avec la crosse du pistolet. Li a saignĂ© Ă  profusion. L’un d'entre eux a parlĂ© en chinois (mandarin). Les agresseurs se sont emparĂ©s uniquement des ordinateurs et des documents, dĂ©daignant d’autres objets de valeur. Li a dit que les assaillants Ă©taient des agents du rĂ©gime communiste chinois visant Ă  contrecarrer ses efforts pour exposer les violations des droits de l'homme en Chine[98].

Arrestations de journalistes et reporters Ă©trangers

Le Club des correspondants Ă©trangers en Chine s’est plaint d'avoir ses membres « suivis, arrĂȘtĂ©s, interrogĂ©s et menacĂ©s Â» pour avoir publiĂ© des reportages sur la rĂ©pression du Falun Gong. De nombreux journalistes Ă©trangers prĂ©sents Ă  la confĂ©rence de presse organisĂ©e par les pratiquants Ă  PĂ©kin le , ont Ă©tĂ© accusĂ©s par les autoritĂ©s chinoises de « journalisme illĂ©gal ». D'autres ont Ă©tĂ© punis pour avoir communiquĂ© des informations Ă  la presse Ă©trangĂšre ou pour avoir organisĂ© des confĂ©rences de presse. Des journalistes de Reuters, du New York Times, de l'Associated Press et d'autres mĂ©dias ont Ă©tĂ© interrogĂ©s par la police, forcĂ©s Ă  signer des aveux, et se sont vu retirer leur titres de travail ou de sĂ©jour temporaire[2]. Les correspondants se sont Ă©galement plaints que les transmissions tĂ©lĂ©visĂ©es par satellite avaient Ă©tĂ© interfĂ©rĂ©es et acheminĂ©es Ă  travers la chaine d’État TĂ©lĂ©vision Centrale de Chine (CCTV). Amnesty International affirme que « plusieurs personnes ont reçu de longues peines de prison ou de dĂ©tention administrative pour avoir parlĂ© de la rĂ©pression ou pour avoir transmis des informations par Internet»[2].

Le rapport de 2002 de Reporters sans frontiĂšres sur la Chine affirme que les photographes et les cadreurs travaillant avec les mĂ©dias Ă©trangers ont Ă©tĂ© empĂȘchĂ©s de travailler dans la zone de la place Tiananmen, oĂč des centaines de pratiquants de Falun Gong faisaient des dĂ©monstrations pendant les derniĂšres annĂ©es. Le rapport estime qu'au moins 50 reprĂ©sentants de la presse internationale ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s depuis , que certains d'entre eux ont Ă©tĂ© battus par la police, tandis que plusieurs pratiquants de Falun Gong ont Ă©tĂ© emprisonnĂ©s pour avoir parlĂ© avec des journalistes Ă©trangers. Ian Johnson, le correspondant du Wall Street Journal Ă  PĂ©kin, a Ă©crit une sĂ©rie d'articles qui lui ont valu le prix Pulitzer 2001. M. Johnson a quittĂ© PĂ©kin aprĂšs avoir Ă©crit ses articles, dĂ©clarant que « la police chinoise aurait rendu impossible ma vie Ă  PĂ©kin Â» aprĂšs qu’il a obtenu le prix Pulitzer[99].

De grands mĂ©dias ont Ă©tĂ© sujets Ă  des restrictions liĂ©es au Falun Gong. En , le magazine Time Asia a publiĂ© un article au sujet du Falun Gong Ă  Hong Kong. Le magazine a Ă©tĂ© retirĂ© des rayons en Chine continentale, et menacĂ© de ne plus jamais ĂȘtre vendu dans le pays[100]. Vers 2002, en partie en raison de l'environnement journalistique difficile, la presse occidentale a presque complĂštement arrĂȘtĂ© Ă  couvrir la rĂ©pression en Chine, malgrĂ© le fait que le nombre de dĂ©cĂšs des pratiquants de Falun Gong emprisonnĂ©s continuait d’augmenter[101].

Formes de la répression

Gao RongRong, pratiquante de Falun Gong, décédée en 2006 à l'hÎpital à la suite de nombreuses tortures.

Depuis 1999, les observateurs Ă©trangers estiment que des centaines de milliers et peut-ĂȘtre des millions de pratiquants de Falun Gong ont Ă©tĂ© illĂ©galement dĂ©tenus dans des camps de rĂ©Ă©ducation par le travail, des prisons et des centres de dĂ©tention[102] - [103].

Arrestations et emprisonnements arbitraires

Selon un rapport de Human Rights Watch de 2005, les pĂ©titionnaires qui eux-mĂȘmes n’étaient pas des pratiquants de Falun Gong ont indiquĂ© que la plupart des dĂ©tenus dans les camps de rĂ©Ă©ducation par le travail Ă©taient pratiquants de Falun Gong. Ils ont Ă©galement dĂ©clarĂ© que les pratiquants de Falun Gong recevaient « les condamnations les plus longues et les pires traitements Â»[104].

Selon le ministĂšre de la SĂ©curitĂ© publique, la « rĂ©Ă©ducation par le travail » est une mesure administrative imposĂ©e aux personnes coupables d'avoir commis des infractions mineures, mais qui ne sont pas lĂ©galement considĂ©rĂ©es comme des criminels[41]. Fin 2000, la Chine a commencĂ© Ă  utiliser Ă  grande Ă©chelle cette forme de punition envers les pratiquants de Falun Gong dans l'espoir de « transformer les rĂ©cidivistes Â» une fois pour toutes[41]. Leurs peines pouvaient ĂȘtre arbitrairement prolongĂ©es par la police. Selon l’article de Robert Bejesky dans le Columbia Journal of Asian Law, les pratiquants pouvaient faire face Ă  des accusations ambigĂŒes, telles que « trouble Ă  l'ordre social», « atteinte Ă  la sĂ©curitĂ© nationale Â» ou « subversion du systĂšme socialiste Â»[105]. Jusqu’à 99 % des dĂ©tenus du Falun Gong sont traitĂ©s dans le cadre de ce systĂšme sans entrer dans le systĂšme formel de justice pĂ©nale[105]. Selon Human Rights Watch, les dĂ©tenus ne peuvent pas sortir des camps et sont forcĂ©s Ă  travailler dur dans des mines, des usines de briques et le secteur agricole, tandis qu’ils sont soumis au passage Ă  tabac, des interrogatoires, un rationnement alimentaire insuffisant et d'autres violations des droits de l'homme[41].

À la fin de leur peine de rĂ©Ă©ducation par le travail, les pratiquants peuvent ĂȘtre incarcĂ©rĂ©s dans des « centres d’éducation juridique Â», une autre forme de punition mise en place par les autoritĂ©s provinciales pour « transformer l’esprit Â» des pratiquants[41]. Bien qu’au dĂ©but les fonctionnaires de PĂ©kin aient prĂ©sentĂ© le systĂšme « d’éducation juridique Â» comme « clĂ©ment », une ligne plus dure a Ă©tĂ© adoptĂ©e plus tard. « Des Ă©quipes composĂ©es d'assistants d'Ă©ducation, d'ouvriers, de cadres dirigeants et de gens de toutes les couches sociales » ont Ă©tĂ© formĂ©es dans le cadre de cette campagne. Au dĂ©but de 2001, des quotas ont Ă©tĂ© Ă©tablis pour le nombre de pratiquants Ă  « transformer Â». Les documents officiels ne mentionnent pas les mĂ©thodes utilisĂ©es pour atteindre cet objectif, bien que le Falun Gong et les sources indĂ©pendantes indiquent que les abus physiques et mentaux pourraient y ĂȘtre « extrĂȘmement sĂ©vĂšres Â»[41].

Torture en détention

D'aprĂšs le rapport d’Amnesty International « Changer la soupe mais pas le mĂ©dicament ? », la pratique de « soumettre les gens Ă  la rĂ©Ă©ducation par le travail en punition pour avoir paisiblement exercĂ© leurs droits de l’homme n’a pas fondamentalement changĂ© : tout au contraire. [
] Les pratiquants de Falun Gong continuent Ă  ĂȘtre condamnĂ©s par la procĂ©dure pĂ©nale et envoyĂ©s aux centres de lavage de cerveau et d’autres Ă©tablissements de dĂ©tention arbitraire »[106].

Depuis 2000, le Rapporteur spĂ©cial de l'Organisation des Nations unies a mis en Ă©vidence et transmis au gouvernement chinois 314 dossiers de torture reprĂ©sentant plus de 1 160 personnes. Le Falun Gong constitue 66 % de tous les cas de torture rapportĂ©s, 8 % se produisant dans des « Ankangs Â» (hĂŽpitaux psychiatriques) [107] - [108]. Le Rapporteur spĂ©cial de l’ONU se rĂ©fĂšre Ă  des allĂ©gations de torture comme « dĂ©chirant le cƓur » et demande au gouvernement chinois de « prendre des mesures immĂ©diates pour protĂ©ger la vie et le bien-ĂȘtre de ses dĂ©tenus, conformĂ©ment aux normes minimales des Nations unies pour le traitement des prisonniers[109]. » Corinna-Barbara Francis d'Amnesty Internationale explique que le nombre de dĂ©cĂšs des pratiquants de Falun Gong semble un peu Ă©levĂ©, puisqu’ils ne rĂ©sultent pas d'exĂ©cutions officielles[47].

PrélÚvements d'organes

Manifestation contre les prélÚvements d'organes sur les membres du Falun Gong', en à Hong Kong.

Des rapports sur des prĂ©lĂšvements forcĂ©s d'organes sur des pratiquants du Falun Gong en Chine ont Ă©tĂ© publiĂ©s Ă  plusieurs reprises. En , le vice-prĂ©sident du Parlement europĂ©en, Edward McMillan-Scott s'est rendu en Chine et a recueilli un tĂ©moignage attestant de prĂ©lĂšvements d'organes forcĂ©s sur des prisonniers pratiquants de Falun Gong. À partir de 2006, une investigation a Ă©tĂ© menĂ©e par l'avocat international des droits de l'homme David Matas et l'ancien SecrĂ©taire d'État du Canada (rĂ©gion Asie Pacifique) et avocat de la couronne David Kilgour. Ils ont publiĂ© deux rapports accusant PĂ©kin de prĂ©lever les organes sur des pratiquants de Falun Gong contre leur volontĂ©. Ils estiment qu'il y aurait eu 41 500 transplantations d'organes non expliquĂ©es entre 2000 et 2005[110]. MalgrĂ© les dĂ©mentis du gouvernement chinois[111] et l'enquĂȘte de Harry Wu qui n’a pas pu obtenir de preuves en 2006[112], d'autres investigations indĂ©pendantes ont suivi et ont confirmĂ© ces dires[113] - [114] - [115]. En , le Parlement europĂ©en a adoptĂ© une rĂ©solution condamnant les prĂ©lĂšvements d’organes forcĂ©s, systĂ©matiques et cautionnĂ©s par l'État chinois, une pratique touchant en particulier les pratiquants de Falun Gong[116].

Abus psychiatrique

Robin Munro, l’ancien directeur de bureau de Human Rights Watch Ă  Hong Kong et actuellement directeur adjoint du China Labour Bulletin, a attirĂ© l'attention internationale sur les abus de la psychiatrie mĂ©dico-lĂ©gale en Chine en gĂ©nĂ©ral, et sur des pratiquants de Falun Gong en particulier[117]. En 2001, M. Munro a mentionnĂ© que les psychiatres mĂ©dico-lĂ©gaux en Chine Ă©taient actifs depuis l'Ă©poque de Mao Zedong, et qu’ils Ă©taient impliquĂ©s dans des abus systĂ©matiques de la psychiatrie Ă  des fins politiques[118] - [119]. Selon lui, les abus psychiatriques Ă  grande Ă©chelle constituent l’aspect le plus distinctif de la campagne du gouvernement visant Ă  « Ă©craser le Falun Gong Â»[120]. Il relĂšve une augmentation trĂšs importante du nombre d'admissions de pratiquants de Falun Gong dans les hĂŽpitaux psychiatriques depuis le dĂ©but de la campagne de persĂ©cution[121]. Cependant, Alan Stone, professeur de droit et de psychiatrie Ă  Harvard, ancien prĂ©sident de l'American Psychiatric Association et titulaire d'une bourse Guggenheim pour l'Ă©tude des abus de la psychiatrie Ă  des fins politiques, trouve que les allĂ©gations de Robert Munro sont construites Ă  partir de « ses lectures et les extrapolations tendancieuses des publications psychiatriques chinoises Â»[122].

Robin Munro a affirmĂ© que les pratiquants de Falun Gong dĂ©tenus Ă©taient torturĂ©s et soumis aux traitements par Ă©lectrochocs, des formes douloureuses de traitement d’acupuncture Ă©lectrique, la privation prolongĂ©e de lumiĂšre, de nourriture et d'eau, et l'accĂšs limitĂ© aux toilettes afin d’arracher de force leurs « aveux » ou des « renoncements » comme condition Ă  la libĂ©ration. Des amendes de plusieurs milliers de yuans peuvent suivre[121]. Sunny Lu et Viviana Galli Ă©crivent que des doses de mĂ©dicaments jusqu'Ă  cinq ou six fois le niveau habituel sont administrĂ©s par sonde naso-gastrique comme une forme de torture, et que la torture physique est aussi frĂ©quente, par exemple la victime est Ă©troitement attachĂ©e avec des cordes dans des positions trĂšs douloureuses. De tels traitements peuvent provoquer empoisonnement, migraine, extrĂȘme faiblesse, protrusion de la langue, paralysie, perte de conscience, vomissement, nausĂ©e, convulsion et perte de mĂ©moire[123].

Selon Alan Stone, le nombre d'hospitalisations varie de province Ă  province, suggĂ©rant l’absence de politique gouvernementale uniforme en vigueur. AprĂšs avoir eu accĂšs et examinĂ© plusieurs centaines de cas de pratiquants de Falun Gong placĂ©s dans des hĂŽpitaux psychiatriques, il a constatĂ© « qu'une proportion significative des cas rapportĂ©s... ont Ă©tĂ© envoyĂ©s en camps de travaux forcĂ©s oĂč ils ont... Ă©galement pu ĂȘtre torturĂ©s, puis renvoyĂ©s en hĂŽpital psychiatrique pour s’en dĂ©barrasser[122]. Â»

DĂ©cĂšs

Parmi les premiers dĂ©cĂšs consĂ©cutifs Ă  la torture rapportĂ©s dans la presse occidentale figure celui de Chen Zixiu, une ouvriĂšre Ă  la retraite de la province du Shandong. Dans son article sur la rĂ©pression du Falun Gong qui lui a valu le prix Pulitzer, Ian Johnson a rapportĂ© que les gardiens du camp de travail avaient utilisĂ© des aiguillons Ă©lectriques pour le bĂ©tail sur Madame Chen pour essayer de la forcer Ă  renoncer au Falun Gong. Quand elle a refusĂ©, les responsables ont « ordonnĂ© Ă  Madame Chen de courir pieds nus dans la neige. Deux jours de torture ont laissĂ© ses jambes meurtries et ses cheveux couverts de pus et de sang... Elle a rampĂ© vers l’extĂ©rieur, vomi et s’est effondrĂ©e. Elle n'a jamais repris conscience. Â» Madame Chen est dĂ©cĂ©dĂ©e le [124].

Le , des agents de sĂ©curitĂ© ont arrĂȘtĂ© Ă  PĂ©kin le musicien populaire Yu Zhou et son Ă©pouse Xu Na qui rentraient d'un concert. Yu Zhou, ĂągĂ© de 42 ans, a Ă©tĂ© mis en dĂ©tention, oĂč les autoritĂ©s ont essayĂ© de le forcer Ă  renoncer au Falun Gong. Il a Ă©tĂ© torturĂ© Ă  mort pendant onze jours[125].

RĂ©actions du mouvement et dans le monde

Deux Canadiens, l'avocat David Matas et le politicien David Kilgour, accusent PĂ©kin de prĂ©lever les organes des membres du Falun Gong contre leur volontĂ©. Ils estiment qu'il y a eu 41 500 transplantations d'organes non expliquĂ©es entre 2000 et 2005[126].

En Chine, Gao Zhisheng - cĂ©lĂšbre avocat et dĂ©fenseur des droits de l'Homme en Chine - dĂ©nonce cette persĂ©cution. À la suite des lettres ouvertes Ă  Hu Jintao et Wen Jiabao dĂ©nonçant la persĂ©cution des pratiquants du Falun Gong, les autoritĂ©s ont fait fermer son cabinet d'avocat. Il a Ă©galement fait face Ă  une tentative d'assassinat, reçu des menaces et sera finalement arrĂȘtĂ©, condamnĂ© et brutalement torturĂ©[127]. Amnesty International a relevĂ© dans ce cas plusieurs irrĂ©gularitĂ©s de procĂ©dure[128].

Campagnes récentes

2008

Le relais de la flamme des droits de l'homme, campagne de mobilisation lancée le 9 août en GrÚce.

Selon la Commission exécutive du CongrÚs américain sur la Chine, « le gouvernement central a intensifié sa campagne de persécution de neuf ans contre les pratiquants de Falun Gong durant les mois qui ont précédé les Jeux olympiques d'été de 2008 à Pékin ». Le Bureau 610 a émis une directive interne exigeant que les gouvernements locaux prennent des mesures pour prévenir que le Falun Gong « n'interfÚre ou ne nuise » aux J.O. Les Bureaux de sécurité publique à Pékin et à Shanghai ont émis des directives prévoyant des récompenses aux informateurs qui dénonceraient à la police les activités du Falun Gong[129].

2009

En 2009, les pratiquants de Falun Gong ont été parmi ceux qui ont été visés dans le cadre du Project 6521, une campagne dirigée par le chef du PCC Xi Jinping cherchant à réprimer les dissidents potentiels durant les anniversaires politiquement sensibles. Le nom du projet fait référence au 60e anniversaire de la fondation de la République populaire de Chine, le 50e anniversaire du soulÚvement tibétain de 1959, le 20e anniversaire des manifestations de la place Tian'anmen, et le 10e anniversaire de la répression du Falun Gong[130] - [131].

2010

Les groupes de dĂ©fense des droits de l’homme ont constatĂ© que l'Exposition universelle de 2010 Ă  Shanghai a servi de prĂ©texte Ă  la rĂ©pression des dissidents et des croyants, y compris des pratiquants du Falun Gong. La ComitĂ© exĂ©cutif du CongrĂšs amĂ©ricain sur la Chine a dĂ©clarĂ© que les autoritĂ©s chinoises avaient profitĂ© de l'Expo comme une occasion pour mener une campagne de propagande contre le Falun Gong, et ont dĂ©tenu et emprisonnĂ© plus de 100 pratiquants de Shanghai. Les autoritĂ©s de Shanghai offraient des primes financiĂšres aux citoyens qui dĂ©nonçaient des pratiquants de Falun Gong. La "Congressional-Executive Commission on China" a Ă©galement constatĂ© que plusieurs pratiquants qui avaient refusĂ© de dĂ©savouer le Falun Gong ont Ă©tĂ© soumis Ă  la torture et envoyĂ© Ă  la rĂ©Ă©ducation dans des camps de travail [132].

Depuis 2010

En 2010, le Parti communiste a lancĂ© une campagne de 3 ans exigeant des gouvernements locaux, des organisations du Parti et des entreprises Ă  redoubler d'efforts pour « transformer » une grande partie des pratiquants de Falun Gong connus. La « transformation » consiste en mesures coercitives de pression sur les pratiquants de Falun Gong pour qu’ils renoncent Ă  la pratique. Plusieurs documents affichĂ©s sur les sites du Parti et des administrations locales indiquent les objectifs concrets de transformation Ă  atteindre et fixent des limites sur les taux acceptables de rĂ©cidive. La campagne est effectuĂ©e en formes de l’envoi des pratiquants de Falun Gong connus dans des centres de rĂ©Ă©ducation obligatoire, ainsi que de l’emprisonnement dans des prisons ou des camps de rĂ©Ă©ducation par le travail[133].

Notes

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    Bibliographie

    • David Kilgour et David Matas, PrĂ©lĂšvements meurtriers : deuxiĂšme rapport concernant les allĂ©gations de prĂ©lĂšvement d'organes sur des pratiquants de Falun Gong en Chine, (lire en ligne) Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article

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