Accueil🇫🇷Chercher

Pedro Navaja

Pedro Navaja est une chanson de salsa, paroles et musique de Rubén Blades, parue en 1978 sur l'album Siembra[1] qui s'est vendu à plus d'un million d'exemplaires.

Pedro Navaja

La chanson décrit le mode de vie et la fin tragique d'un petit criminel, en s'inspirant de La Complainte de Mackie qui ouvre L'Opéra de quat'sous de Kurt Weil et Bertolt Brecht, devenu un standard du jazz sous le titre Mack the Knife (Ella Fitzgerald, Frank Sinatra, Louis Armstrong...), adaptée en portugais au Brésil (Opera do Malandro de Chico Buarque, etc.).

Elle marque le début d'un nouveau style de salsa véhiculant un message social et devient un classique chez les latinos des États-Unis, ainsi que dans le reste de l'Amérique latine[2].

En 1984, la Fania avait vendu les droits de Pedro Navaja à des producteurs de cinéma mexicains sans demander l'avis de Rubén Blades. Pour qu'on n'oublie pas qu'il était le créateur de ce personnage, il le fait revivre dans une suite intitulée Sorpresas (Pedro Navaja II) sur l'album Escenas (1985).

Une version live de Pedro Navaja figure sur l'album Rubén Blades y Son del Solar... Live! (enregistrée au Madison Square Garden en 1990). Lors de l'intro, Rubén Blades raconte que sa maison de disques Fania ne pensait pas que le morceau marcherait car il était trop long (plus de sept minutes).

Une autre version live enregistrée figure sur l'album Encuentro (concert donné en 2002 au Banco Popular de Porto Rico, avec Juan Luis Guerra et Robi Draco Rosa), et une autre encore sur son CD et son DVD Live in Cali (2006). En 2014, Ruben Blades enregistre une version tango sur son album Tangos, arrangée par Carlos Franzetti, et il l'interprète en live lors du spectacle Una noche con Rubén Blades avec le Jazz at Lincoln Center Orchestra et Wynton Marsalis.

Le récit

La chanson narre un rĂ©cit. Le narrateur parle Ă  la première personne (« Je l’ai vu passer… Â», « Croyez-moi ou non… Â», « Comme disait ma grand-mère… Â»), comme s'il s'adressait directement Ă  l'auditeur, et parle au passĂ©.

Voici ce qu'il raconte (raconté ici au présent) :

Lunettes noires.
Poignard.
Smith & Wesson, calibre 38, série spéciale.
Je l’ai vu passer les mains dans les poches de son manteau (pour masquer celle qui porte son poignard), un chapeau à large bords et des chaussures légères (afin de se volatiliser en cas de pépin), des lunettes noires (pour cacher son regard) et une dent en or (qui brille lorsqu’il sourit).
À trois blocs de là une femme attend d'hypothétiques clients sur le trottoir d'en face (une prostituée donc, mais la chanson ne le dit pas).
Une voiture passe très lentement sur l’avenue ; même sans inscription, nul n'ignore que c’est la police.
Pedro Navaja ne voyant personne traverse discrètement.
La femme sort de son manteau un revolver Smith & Wesson, calibre 38, série spéciale avec l'intention de le ranger dans son sac.
Pedro Navaja lui tombe dessus et la poignarde quand soudain résonne un coup de feu. Ils tombent morts tous les deux. Personne n'a réagi inquiété du bruit.
Un ivrogne trĂ©buche sur les deux corps, ramasse le rĂ©volver, le poignard et de l'argent et repart en chantant (faux) ce refrain : « La vie rĂ©serve bien des surprises ! Â»

Dans la suite de la chanson, les chĹ“urs chantent « I like to be in America… Â» rĂ©fĂ©rence Ă  West Side Story oĂą Ă  un moment les chĹ“urs chantent : « I like to live in America… Â»

Rubén Blades lâche une série de petites phrases et des proverbes :

  • Pedro Navaja, tueur des rues : « Qui tue par l’épĂ©e, pĂ©rit par l’épĂ©e. Â»
  • Comme disait ma grand-mère : « Rira bien qui rira le dernier. Â»
  • « Mauvais pĂŞcheur, qui a jetĂ© Ă  l’eau un mauvais hameçon, au lieu d’une sardine tu as accrochĂ© un requin. Â»
  • Huit millions d'histoires Ă  New York.
  • Quand le destin commande, mĂŞme le plus brave ne peut rien changer : « Si tu es fait pour le marteau, du ciel te tomberont les clous. Â»
  • Dans les quartiers de caĂŻds, attention sur le trottoir. « Attention camarade car celui qui ne court pas, vole. Â»
  • Comme dans un roman de Kafka l’ivrogne a tournĂ© dans l’impasse.

À la fin de la chanson, on entend une phrase qui semble provenir d'un flash-info (ce qui ajoute du réalisme à la chanson), parfois oubliée dans la transcription des paroles :

« Dans la ville de New-York deux personnes ont été trouvées mortes. Ce matin, les corps sans vie de Pedro Barrios et Josefina Wilson ont été trouvés dans une des rues adjacentes à …, entre les avenues A et B. La cause de la mort n'est pas encore connue… »

On entend difficilement la fin de la phrase dans la version originale car le volume baisse progressivement, mais dans une version live Rubén Blades la prononce en entier.

La suite

La chanson Sorpresas (Pedro Navaja II) poursuit l'histoire :

L'ivrogne s'arrête de chanter; un voleur surgit d'une allée, pointe sur lui un Magnum et il lui dit : - "Donne moi tout ou je tire" -

L'ivrogne, tremblant, lui livre ce qu'il vient de trouver et le voleur étonné lui demande où il a trouvé cela.

Informé par l'ivrogne, à trois blocs au nord le voleur trouve les corps d'une femme et d'un homme en manteau, allongés sur la chaussée en position fœtale.

Il secoue la femme du pied, pour voir si elle réagit ; il se penche et la fouille, sans rien trouver.

Il se penche alors vers l'homme en manteau, et reconnait Pedro Navaja grâce à sa dent en or. Soudain un poignard le transperce et il meurt en voyant un miracle se produire : la bouche de Pedro Navaja s'ouvre et sa dent brille de nouveau.

Pedro Navaja prend sa carte d'identité et la met dans la poche arrière du pantalon du voleur pour embrouiller les recherches. Blessé par balle, il prend son autre poignard (il en a toujours deux sur lui).

Josefina était un type déguisé en femme, sachant qui il devait assassiner.

Pedro se soigne avec de l'eau-de-vie et extrait la balle rien qu'avec les dents.

"Mesdames et messieurs, flash-info : Dernières nouvelles, ceci est incroyable !

On a déterminé par une analyse dactylographique que le corps de la personne que l'on croyait être celui de Pedro Barrios, mieux connu comme “Pedro Navaja” est en réalité celui de d'un autre délinquant identifié comme Alberto Aguacate alias “El Salao” ;

D'autre part, Josefina Wilson s'est révélée être un homme, qui pour des raisons encore non déterminées s'habillait avec des vêtements de femme.

Nous continuerons à vous informer, s'il vous plait, restez branchés sur notre station."

Le titre

Le patronyme Navaja fait référence :

  • Ă  Mackie Messer : Messer (allemand) et navaja (espagnol) signifient « couteau ») ;
  • au nom de l'auteur-interprète, blades signifiant « lames Â» en anglais (mais est-ce volontaire ?)

Composition

La composition musicale se caractérise par[3]

  • l'introduction progressive de nouveaux instruments et l'augmentation du volume Ă  la manière de ce qui a rendu le bolĂ©ro de Ravel populaire ;
  • le changement de tonalitĂ© tous les deux couplets tout en gardant la mĂ©lodie.

Musiciens

Références à la chanson

  • Les paroles de Juan Cuchillo de JosĂ© Fajardo disent : EscĂłndete Pedro Navaja que Juan Cuchillo te anda buscando (Cache-toi Pedro Navaja car Juan Cuchillo est parti te chercher)
  • Les paroles de Juanito Alimaña d'HĂ©ctor Lavoe disent : Vengo de un velorio, brother, el de Pedrito Navaja (Je reviens d'un enterrement mon frère, celui de Pedrito Navaja). Juanito Alimaña est un truand qui attaque une banque avec un couteau.
  • Les paroles de La Calle Está Dura par The Bad Street Boys disent Pedrito Navaja por la calle lo vi pasar.
  • Les paroles de Mala Vida de Yuri Buenaventura disent con Pedro Navaja el mejor amigo de tu vida.
  • Les paroles de QuĂ© cosas tiene la vida de Pupy y los que Son, Son (le groupe de Cesar Pedroso, pianiste de Los Van Van) disent La vida te da sorpresas, sorpresas te da la vida (paroles du refrain de Pedro Navaja). Los Van Van chantent ce mĂŞme refrain sur Vive (2004). Les paroles de Desengaños de la vida d'Alma Latina disent (après le solo de piano) : Sorpresas te da la vida.... MĂŞme chose pour No me molestes mas du groupe de salsa bordelais Bataola (vers la fin, 2 min 56) et Bye Bye de La 33. MĂŞme rĂ©fĂ©rence encore par Azucar Negra sur Se acabo el pescao.
  • La Familia RĂşstiKa chante Ă  la fin de Dani Navaja : La vida le da sorpresas, sorpresas le da la vida.
  • Dans la chanson Latin Lover du groupe rock Malanga, Ruben Blades est invitĂ© pour un rap sur lequel il dit "Lleva un diente de oro que brilla en la oscuridad al estilo Pedro Navaja, porque Pedro Navaja sĂ­ es un verdadero latin love."

Adaptations

Musique

Bernard Lavilliers s'est inspiré de Mack the Knife et de Pedro Navaja pour sa chanson Pierrot la lame (album O gringo, 1980) et, plus tard, pour son autre chanson Cafard produite par Oscar Hernandez (2010).

Cinéma

La chanson Pedro Navaja a inspiré les blockbusters mexicains Pedro Navaja, réalisé en 1984 par Ramón Obón avec Andrés García dans le rôle principal[4], et El Hijo de Pedro Navaja (« Le fils de Pedro Navaja »), réalisé en 1986 par Alfonso Rosas Priego[5] - [6].

Comédies musicales

La chanson a inspiré également des comédies musicales :

  • La Verdadera Historia de Pedro Navaja (« La vĂ©ritable histoire de Pedro Navaja ») de Pablo Cabrera (Porto Rico) ; musique de Pedro Rivera Toledo, avec Gilberto Santa Rosa dans le rĂ´le de Pedro Navaja, Elvis Crespo, Yolandita Monge, Tego CalderĂłn et Gisselle.
  • Pedro Navaja, prĂ©sentĂ©e au théâtre ABA Ă  Panamá ; texte d'Edgar Soberon Torchia, basĂ© sur Pedro Navaja de RubĂ©n Blades, Opera do malandro de Chico Buarque et L'OpĂ©ra des gueux de John Gay.
Sous la direction d'Edgar Soberon Torchia. Produit par Aurea Horta. Chorégraphie de Fabian Baeza. Distribution : Fabian Baeza, Aurea Horta, Jeico Castro, Priscila Moreno, Felix Gomez, Carlos Serrano, Lucia Moreno, Samuel Ibarra, Idania Ceville, Leda Ovalle, Jade Vasquez, Denis Guerra.

Série télévisée

Début 2006, Buena Vista-Miami (filiale de Disney) a annoncé vouloir adapter l'histoire à notre époque, sous forme d'une mini-série télévisée (5 épisodes de 20 minutes à 1 heure) qui raconte les vies parallèles de Pedro Navaja et de Josefina Wilson, une Barcelonaise qui voyage à New York.

Buena Vista a proposé de s'associer avec Tepuy (Venezuela) (connue pour ses telenovelas Pasión de Gavilanes, Los plateados, Amarte así, etc.) et Endemol-Espagne (Operación Triunfo (la Star Academy espagnole), Gran Hermano (le Loft Story espagnol...).

Le rôle de Josefina a été proposé à Paz Vega et à Pénélope Cruz.

Fiche technique prévisionnelle

Reprises

  • Los Bravos (1979)
  • Orquesta PlaterĂ­a (1979)[7]
  • Flamingo Rock (1982), adaptation en anglais
  • Mike Dogliotti (1983)
  • Jairo a interprĂ©tĂ© une adaptation française Ă©crite pour lui par Jean Guidoni, intitulĂ©e La Bronx's Story de Pedro Navaja, et crĂ©Ă©e au Bataclan de Paris en (album Jairo Live Bataclan publiĂ© en 1988) ; la version studio figure dans le CD Flechas de neĂłn (1990).
  • GerĂ´nimo (1989)
  • Gato PĂ©rez, chanteur de rumba catalane (annĂ©e ?)
  • Chayanne (1994, Influencias)
  • El Lupe (1996, Macarena Mix)
  • Roman Palomar - Album Cumbias Con Sabor A Mariachi (1997)
  • La Dosis - Album Radio Acapulco, version rap (1997)
  • Pozze Latina, version rap (1999)
  • 101 Strings (en) (2000, album Strictly Mambo)[8]
  • Johnny Quintana (2000)
  • Le groupe brutal death metal mexicain Mutilator a fait une reprise intitulĂ©e Peter Blades (2001).
  • 3 Son Salsa (2002)
  • Los Joao (2002)
  • Emmanuel (2003)
  • Vicente, Israel et JosĂ© (2003, OperaciĂłn Triunfo saison 3)
  • Jorge Bernal, album Salsa & Mas Salsa (CD 1)
  • Francisco DĂ­az, instrumental saxophone sur l'album Saxo Salsero: Tributo A Ruben Blades (2004)
  • Tony Touch (2004, The Piecemaker II)
  • Pepe Arevalo (2005)
  • Charly Paz (2005)
  • Caco Senante (2005)[9]
  • Orquesta ¡Mira quiĂ©n baila[10]! (2006) ; les danseurs sont l'actrice Emma Ozores[11] et l'humoriste Pedro Reyes.
  • Francisco Diaz, album Saxo Salsero - Tributo A Ruben Blades, Hugo Liscano Y Javier Galue - album Salsa (annĂ©es ?)
  • Le groupe thrash metal A Palo Seko fait une reprise sur son CD Live After Dis... co Homenaje (2007).
  • Le chanteur comique colombien John Jairo PĂ©rez fait une parodie intitulĂ©e Pedro Machete, sur un rythme un peu plus cumbia.
  • La Pachamambo (2018)
  • Yoandri Castro Max (2020)

Notes et références

  1. Willie Colón & Rubén Blades, Siembra, 1978, Fania 537, ASIN B000F4L7NU.
  2. (en) Mario Luis Small, Villa Victoria. The Transformation of Social Capital in a Boston Barrio, 2004, p. 96
  3. (es) Angel G. Quintero Rivera, Salsa, Sabor y Control SociologĂ­a de la MĂşsica Tropical, 1998, p. 186-190
  4. (en) Pedro Navaja sur l’Internet Movie Database.
  5. (en) Pedro Navaja sur l’Internet Movie Database.
  6. Voir l'affiche.
  7. (es) Orquesta PlaterĂ­a sur Wikipedia en espagnol.
  8. (en) 101 Strings sur Wikipedia en anglais.
  9. (es) Caco Senante sur Wikipedia en espagnol.
  10. (es) ¡Mira quién baila! sur Wikipedia en espagnol.
  11. (es) Emma Ozores sur Wikipedia en espagnol.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.