Peña
Une peña dĂ©signe, dans les pays hispaniques et le sud de la France, un groupe dâamis se constituant en sociĂ©tĂ© pour partager une ou plusieurs passions en commun, dans une ambiance informelle et souvent liĂ©e Ă la fĂȘte. En AmĂ©rique du Sud, particuliĂšrement en Argentine[1], Bolivie et au Chili, une peña peut dĂ©signer soit un club de supporters sportifs, soit un lieu culturel qui tient Ă la fois du cabaret, du cafĂ©-thĂ©Ăątre ou du cafĂ©-concert, et de l'espace d'exposition.
Espagne
En Espagne, des peñas taurines (les membres se rĂ©unissant pour parler de leur aficiĂłn, assister Ă des corridas, participer Ă des visites dâĂ©levageâŠ), des peñas de supporteurs (rugby et football notamment), voire des peñas liĂ©es Ă un groupe de musique.
Pampelune
En Navarre, la peña est indĂ©niablement liĂ©e Ă la fĂȘte. Il existe Ă Pampelune seize peñas dites sanfermineras, c'est-Ă -dire seize peñas dont lâobjet est de partager les FĂȘtes de la citĂ©. Leur vie est conditionnĂ©e par San FermĂn, quâelles prĂ©parent tout au long de lâannĂ©e. Ces sociĂ©tĂ©s proposent nĂ©anmoins Ă leurs sociĂ©taires un grand nombre dâactivitĂ©s en dehors des fĂȘtes : culturelles, sportives, repas, cours de basque⊠Qui plus est, elles ouvrent leurs locaux rĂ©guliĂšrement (certaines tous les jours), ce qui en fait des lieux de rencontre entre sociĂ©taires et habitants du quartier.
Si les premiĂšres peñas crĂ©Ă©es Ă©taient situĂ©es en centre-ville, les derniĂšres nĂ©es sont plutĂŽt attachĂ©es Ă des quartiers situĂ©s hors du centre. La premiĂšre Ă avoir vu le jour est la Peña La Ănica en 1903, suivie de deux autres dans les annĂ©es 1930, puis dâune grande vague de crĂ©ations entre 1945 et 1955. On assiste Ă une derniĂšre vague de fondations dans les annĂ©es qui ont suivi la mort de Franco. Les peñas comptent entre 250 et 450 membres, auxquels il faut ajouter les txikis, mineurs qui ne peuvent ĂȘtre sociĂ©taires.
Chaque peña possĂšde un foulard propre, une ceinture (faja) et une blouse (surchemise, de couleur diffĂ©rente selon la peña, que portent les membres pour se reconnaĂźtre entre eux). Durant les Sanfermines, elles sont accompagnĂ©es dâune txaranga (orchestre engagĂ© pour la durĂ©e des fĂȘtes) et dâune banderole retraçant sous forme de dessin et avec ironie les Ă©vĂšnements marquants de lâannĂ©e dans la vie locale et internationale et portĂ©e par les sociĂ©taires pour annoncer lâarrivĂ©e de la peña. Chaque peña possĂšde Ă©galement un hymne chantant les mĂ©rites des FĂȘtes et de lâassociation, jouĂ© Ă l'envi.
La plupart de ces associations ouvrent leur local du centre-ville pour les fĂȘtes. Elles entrent en scĂšne le 7 juillet, premier jour de toros. On les voit alors sillonner les rues de la ville le midi pour lâapĂ©ritif ; les sociĂ©taires qui le veulent peuvent alors se joindre Ă la txaranga prĂ©cĂ©dĂ©e de la banderole, pour rendre visite aux bars de la ville.
Amérique du Sud
En AmĂ©rique du Sud, et plus gĂ©nĂ©ralement en AmĂ©rique latine, une peña est plutĂŽt un cercle de musiciens, mĂȘme s'il existe aussi des peñas sportives de supporters d'un club. Sous l'influence peut-ĂȘtre des cafĂ©s cantantes de flamenco de SĂ©ville, des cafĂ©s-concerts et des cabarets du Quartier Latin Ă Paris comme le cabaret "L'Escale" rue Monsieur le Prince dans les annĂ©es 1950-1960, les peñas d'AmĂ©rique latine sont devenus des sortes de cafĂ©s-thĂ©Ăątres et galeries d'art Ă la fois. Elles sont gĂ©nĂ©ralement crĂ©Ă©es par une association ou un groupe de musiciens pour devenir un creuset de crĂ©ation artistique, et notamment donner l'impulsion d'un genre musical nouveau.
C'est le cas par exemple de la Peña de los Parra (es) fondĂ©e en 1965 Ă Santiago du Chili par les enfants de Violeta Parra, IsĂĄbel et Ăngel Parra dans la mouvance de la Nueva CanciĂłn Chilena . Le chanteur-poĂšte, guitariste et homme de thĂ©Ăątre martyr VĂctor Jara l'a beaucoup frĂ©quentĂ©e dans les annĂ©es 1960 et au dĂ©but des annĂ©es 1970, notamment pour y danser et y jouer des cuecas.
Un autre exemple cĂ©lĂšbre est la Peña Naira[2] crĂ©Ă©e elle aussi en 1965 (le ), au 161 de la rue SagĂĄrnaga Ă La Paz (Bolivie), autour du groupe de Los Jairas[3] - [4], du mouvement du « nĂ©o-folklore[5]» bolivien et de l'« Alto folklore » des Andes, notamment avec le charanguiste Ernesto Cavour et le kĂ©niste Gilbert Favre. Sous un intitulĂ© de « galerie d'art, d'artisanat et de folklore », elle a Ă©tĂ© fondĂ©e par Luis Alberto "Pepe" Ballon et Jorge Carrasco NĂșñez Del Prado. Elle a prĂ©sentĂ© des expositions d'art pictural (activitĂ© prioritaire) ; sans laisser de cĂŽtĂ© bien sĂ»r les concerts de musique andine, les confĂ©rences, dĂ©bats, cinĂ©ma, marionnettes, soirĂ©es littĂ©raires, thĂ©Ăątre. Elle a Ă©tĂ© frĂ©quentĂ©e par des groupes de musique andine devenus plus ou moins cĂ©lĂšbres comme les groupes Ruphay (es), Los Jairitas (avec le kĂ©niste Marcelo Peña), Luz del Ande. Elle est aujourd'hui dirigĂ©e par le maestro Ernesto Cavour, et contribue donc particuliĂšrement au rayonnement de son instrument, le charango.
France
Languedoc
Dans le Languedoc, et plus particuliĂšrement dans le Gard et l'HĂ©rault, les peñas sont des groupes de musique de rue qui rĂ©unissent des instruments Ă vent et des percussions. Ces groupes animent les fĂȘtes votives, les manifestations taurines et diverses occasions particuliĂšres (joutes nautiques, mariages, foires commerciales...). Le nombre des musiciens est moins important que celui des bandas du Sud-ouest, avec en principe un seul participant par « pupitre », parfois doublĂ©. La nomenclature instrumentale la plus rĂ©pandue est : premier saxophone alto, deuxiĂšme saxophone alto, saxophone tĂ©nor, premiĂšre trompette (souvent doublĂ©e), deuxiĂšme trompette (parfois doublĂ©e), trombone, soubassophone, caisse claire et accessoires, grosse caisse.
Sud-Ouest
Les peñas du Sud-Ouest se rapprochent de celles du Nord de lâEspagne. Elles sont fondĂ©es par des groupes dâamis qui partagent un intĂ©rĂȘt commun (tauromachie, chant, rugby, surf, football, histoire,âŠ) ou activitĂ© professionnelle (salariĂ©s dâune entreprise, mĂ©decins,âŠ).
A Bayonne les peñas sont regroupĂ©es au sein du groupement des Peñas Bayonnaises. Elles ont en commun la dĂ©fense dâune identitĂ© culturelle, historique et festive, inspirĂ©e de lâhistoire basco-gasconne de la citĂ©. Elles promeuvent la vie de quartier, la convivialitĂ© et lâentraide. Les peñas historiques bĂ©nĂ©ficient dâun local dans les remparts de la ville. On retrouve la cinquantaine de peñas dans les trois quartiers de la ville.
Elles se dĂ©fient Ă lâoccasion dâĂ©vĂ©nements sportifs ou culinaires. SĂ©parĂ©es de 200 mĂštres, les peñas Sale el sol et Patxondo entretiennent une saine rivalitĂ© qui sâexprime de façon plus ou moins loyale. On raconte quâen 2015, lâexpĂ©dition de Sale el sol visant Ă dĂ©corer la porte du local de Patxondo aurait donnĂ© lieu Ă une vengeance disproportionnĂ©e. Une bataille de lâimage se livre chaque annĂ©e sur les rĂ©seaux sociaux Ă lâapproche de fĂȘtes de Bayonne.
Références
- (es) « 4 cosas que tenés que saber sobre las peñas », sur Turismo Buenos Aires
- (es) « Páșœna Naira », sur naira-virtual.blogspot (consultĂ© le )
- (fr)Site officiel du groupe Los Jairas en français
- (es)Fiche de Los Jairas sur le blog Musica Andina
- (es)(fr)« CrĂ©ateurs du NĂ©o-folklore » sur le site PeĆa Naira (le site propose une traduction française)