Pauline Bureau
Pauline Bureau est une autrice et metteure en scène française contemporaine[1]. Elle a fondé la compagnie de théâtre La part des anges.
Formation | |
---|---|
Activité |
auteure, metteure en scène, productrice |
Distinction |
---|
Parcours
En 2004, à la sortie du Conservatoire national supérieur d'art dramatique, Pauline Bureau fonde avec des camarades de sa promotion la compagnie La part des anges[2], avec laquelle elle monte plusieurs pièces. Le travail de cette compagnie s’oriente au fil des années vers une écriture de plateau.
En 2011, Modèles, écriture collective sur l’identité féminine, marque un tournant dans son travail. À la suite de cette création elle écrit, avec et pour les acteurs et actrices qui l’accompagnent, Sirènes, qui est créé en janvier 2014 au Théâtre Dijon-Bourgogne.
En février 2015, elle crée Dormir cent ans, à nouveau au Théâtre Dijon-Bourgogne[3]. Elle est artiste associée au TDB, ainsi qu’au Volcan[4], scène nationale du Havre et au Merlan, scène nationale de Marseille.
En , elle crée Mon cœur[5], pièce qui retrace le scandale du Mediator. Une version filmée de cette pièce a été réalisée, en partenariat avec Culturebox et Oléo films.
Le , elle met en scène Les Bijoux de pacotille[6], de et avec Céline Milliat-Baumgartner.
En 2018, sur proposition du Théâtre de La Poudrerie, elle participe à l'écriture puis met en scène Cet été et La Rencontre, deux portraits de femmes conçus à partir d'interviews réalisées avec des habitantes de la ville de Sevran.
Le , Pauline Bureau met en scène Bohème, notre jeunesse[7] d'après Giacomo Puccini, en salle Favart du Théâtre national de l'Opéra-Comique. La direction musicale est confiée à Marc-Olivier Dupin.
Au printemps 2019, elle écrit et met en scène pour la troupe de la Comédie-Française Hors la loi[8]. Jouée au Théâtre du Vieux-Colombier, la pièce relate l'avortement de Marie-Claire Chevalier et le procès de Bobigny qui suivit[9].
En 2019, Pauline Bureau est nominée deux fois aux Molières pour le spectacle Mon cœur comme autrice francophone vivante et metteure en scène d’un spectacle de théâtre public
Le 5 novembre 2019, elle crée Féminines à la Comédie de Caen, l’histoire d’une poignée de femmes qui, d’une kermesse à Reims en 1968 à la coupe du monde de football en 1978, vont écrire un épisode décisif de l’histoire mondiale du sport. Le spectacle reçoit en 2020 le prix de la meilleure création d'une pièce en langue française du Syndicat de la critique.
En février 2020, elle met en scène à l’Opéra-Comique La Dame blanche de Boieldieu. Cette même année, elle reçoit le prix Théâtre SACD.
Pour autrui est créé au Théâtre national de la Colline à Paris le 21 septembre 2021[10].
Consciente de la sous-représentation des écritures de femmes sur les plateaux de théâtre, elle travaille également à l’émergence de nouvelles voix en produisant des spectacles écrits par des femmes : après Les Bijoux de pacotille de Céline Milliat-Baumgartner, Constellation(s) de Léa Fouillet (création janvier 2022).
Le projet artistique de La part des anges
« Ce qui m’intéresse, c’est d’atteindre l’ossature poétique de toute vie. De montrer comment une personne ordinaire devient une héroïne. »
— Pauline Bureau – mai 2019
Au cœur de La part des anges[2] existe la volonté artistique et politique d’aller à la rencontre de tous les publics et d'éveiller un maximum de spectateurs à l'écriture contemporaine et à la dramaturgie du réel. Ateliers de pratique, projets artistiques au long cours, découverte de textes contemporains, rencontres avec le public et créations in-situ élaborées à partir d’interviews rythment le processus artistique de la compagnie.
Après un premier cycle de créations centré sur la construction de l’identité, le travail de la compagnie s’est attaché à explorer la vie des femmes et de la société contemporaine dans de grandes fresques théâtrales. Par un travail long et minutieux de rencontres, Pauline Bureau s'empare de parcours de vie d'héroïnes contemporaines auxquelles le théâtre s'est jusqu'alors peu intéressé.
Œuvres, réalisations
Écriture et mise en scène
(Sans précision, l'écriture est de Pauline Bureau.)
- 2021 : Pour autrui
- 2019 : FĂ©minines
- 2019 : Hors la loi
- 2018 : Cet été et la rencontre, écriture collective, mise en scène de Pauline Bureau[11]
- 2017 : Mon cœur[12]
- 2015 : Dormir cent ans
- 2014 : Sirènes[13]
- 2014 : Modèles réduits, écriture collective, mise en scène de Pauline Bureau
- 2011 : Modèles[14], écriture collective, mise en scène Pauline Bureau
Mise en scène
- 2020 : La Dame blanche, opéra de François-Adrien Boieldieu
- 2018 : Bohème, notre jeunesse, opéra d'après Puccini
- 2017 : Les Bijoux de pacotilles texte de CĂ©line Milliat-Baumgartner
- 2012 : La Meilleure Part des hommes[15], d’après le roman de Tristan Garcia
- 2011 : Comment j'ai mangé du chien[16] d’Evguéni Grichkovets
- 2010 : Roberto Zucco[17] de Bernard-Marie Koltès
- 2009 : Lettres De l’intérieur de John Marsden
- 2008 : Romeo et Juliette, d’après William Shakespeare
Productrice, dispositif Nouvelles voix
- 2022 : Constellation(s) de LĂ©a Fouillet
- 2017 : Les Bijoux de pacotilles texte de CĂ©line Milliat-Baumgartner
RĂ©ception critique
La réception critique de Mon Cœur est globalement unanime. Laure Adler lors de son émission L’Heure bleue sur France Inter le déclare : « La pièce bouleverse chacun d’entre nous[19]. » Une remarque partagée par son confrère du journal Le Parisien, Sylvain Merle : « Un spectacle choc qui bouscule à bon escient[20]. » D’autres médias comme Télérama, Le Canard enchaîné ou Les Échos soulignent l’aspect palpitant et passionnant du sujet, ainsi que la performance des comédiens[21]. Laurence Moisson de France Info (chaîne de télévision) parle d’une écriture extrêmement dynamique et d’une mise en scène avant-gardiste[22].
À propos du processus d’écriture de la pièce, Pauline Bureau, interviewé par D. Donello dans Mediapart, parle de ses rencontres avec les victimes du Mediator :
« Je suis profondément remuée quand ils me racontent. Certaines femmes sont jeunes. L’une d’entre elles avait mon âge, 37 ans, quand elle a été opérée à cœur ouvert. (…). J’écris l’histoire d’une femme qui contient un peu de chacune des personnes que j’ai rencontrées. Je l’appelle Claire Tabard. »
Le journaliste de conclure : « Cette création de Mon Cœur fera date. Elle culmine déjà très haut dans le roman de la douleur. C'est, affirmons-le, ce que l'on peut voir de meilleur sur nos scènes en ce moment[23]. »
À propos de Mon cœur, Pierre Monastier, rédacteur en chef du journal Profession Spectacle, évoque « une pièce résolument documentaire », au sens où Pauline Bureau a selon lui accompli « un remarquable travail de transcription dialoguée du scandale qui a brisé la vie de tant de femmes ». S'il reconnaît l'aspect touchant et bouleversant, inhérent au témoignage recueilli, il peine néanmoins à considérer l’œuvre comme un objet réellement littéraire : « Nous sommes moins devant un acte littéraire et artistique que confrontés à une restitution – sous forme dialoguée – d’une enquête liée à un scandale. Plus que d’un théâtre documentaire, nous pourrions parler de théâtre reportage, avec usage d’une forme à visée didactique. Une telle proposition a des qualités évidentes, tant pédagogiques que sensibles, mais elle ne constitue pas une écriture littéraire[24]. »
A propos du spectacle Hors la loi, Anne Diatkine écrit dans Libération : « À tous ceux qui estiment que l’engagement au théâtre est peine perdue, que la clarté d’une narration nuit à sa complexité, ou qu’en montrant précisément des casseroles, une chemise de nuit tachée de sang, une cuisine verdâtre, on court le risque de l’illustration, le spectacle de Pauline Bureau est salvateur[25]. »
En 2021, la pièce Pour autrui décrit le parcours d'un couple français ayant recours à la gestation pour autrui en Californie. Les critiques sont partagées. Si la mise en scène est saluée comme « magistrale » par Philippe Chevilley dans Les Échos[26] et l'écriture jugée « forte » par Marie-Valentine Chaudon dans La Croix, cette dernière déplore que les questions importantes que la GPA pose ne soient pas abordées[27]. L'interprétation est unanimement saluée[27] - [26] - [28] mais Anne Diatkine dans Libération déplore un spectacle décevant par son manque de complexité[28] et Fabienne Darge dans Le Monde regrette une fin trop démonstrative[29].
Distinctions
RĂ©compenses
- 2015 : Prix nouveau talent Théâtre de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques
- 2016 : Double prix du public et du jury au festival international jeune public MOMIX[30] pour Dormir cent ans
- 2017 : Molière du spectacle jeune public pour Dormir cent ans
- 2020 : Prix de la meilleure création d'une pièce en langue française du Syndicat de la critique pour Féminines[31]
- 2020 : Prix SACD (prix Théâtre)[32]
- Molières 2022 : Molière de l'auteur francophone vivant pour Féminines
Nominations
- Molières 2019 : Molière du metteur en scène dans un spectacle de théâtre public pour Mon cœur, nomination au Molière de l'auteur francophone vivant pour Pauline Bureau, finaliste du grand prix de littérature dramatique[33]
- Molières 2020 : Molière de l'auteur francophone vivant et au Molière du metteur en scène d'un spectacle de théâtre public pour Hors la loi
- Molières 2022 : Molière du spectacle de théâtre public et Molière du metteur en scène d'un spectacle de théâtre public pour Féminines
Notes et références
- « Pauline Bureau, sans faillir », Libération.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
- Voir sur le site de la compagnie.
- « Dormir cent ans », sur tdb-cdn.com (consulté le ).
- Le Volcan, « Du côté des artistes », sur Le Volcan (consulté le ).
- Dashiell Donello, « Mon cœur de Pauline Bureau, un roman de la douleur contre le Médiator », Club de Mediapart,‎ (lire en ligne, consulté le ).
- Théâtre du Rond-Point Paris, « Les Bijoux de pacotille », sur Théâtre du Rond-Point Paris (consulté le ).
- « Bohème, notre jeunesse », Opéra Comique,‎ (lire en ligne, consulté le ).
- « Programme de Hors-la-loi », sur comedie-francaise.fr (consulté le ).
- Jean-François Cadet, « Pauline Bureau, d'une Hors la loi à la loi Veil », Radio France internationale,‎ (lire en ligne).
- « Pour autrui », sur @lacollinetheatrenational (consulté le ).
- Voir sur theatredelapoudrerie.fr.
- « Pauline Bureau écrit une pièce sur le scandale du Médiator », Sceneweb,‎ (lire en ligne, consulté le ).
- « Tiago Rodrigues, Oriza Hirata et Pauline Bureau du 14 novembre 2014 - France Inter », France Inter,‎ (lire en ligne, consulté le ).
- « Pauline Bureau et Marie Nicole du 19 décembre 2012 - France Inter », France Inter,‎ (lire en ligne, consulté le ).
- « La Meilleure Part des hommes », Télérama.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
- « Comment j’ai mangé du chien », sur Journal La Terrasse.fr (consulté le ).
- « Roberto Zucco », sur Télérama Sortir (consulté le ).
- « Anna Lovenstein (2009) », sur unifrance.org (consulté le ).
- « Les cœurs d’Irène Frachon, de Pauline Bureau et de tous les autres… », France Inter,‎ (lire en ligne, consulté le ).
- « Théâtre : Mediator, scandale à "cœur" ouvert **** », leparisien.fr,‎ 2017-03-24cet14:48:11+01:00 (lire en ligne, consulté le ).
- « Le choc de Mon cœur au théâtre des Bouffes du Nord », sur lesechos.fr (consulté le ).
- « Médiator : le cœur se resserre au théâtre », Franceinfo,‎ (lire en ligne, consulté le ).
- Dashiell Donello, « Mon cœur de Pauline Bureau, un roman de la douleur contre le Médiator », Club de Mediapart,‎ (lire en ligne, consulté le ).
- Pierre Monastier, « Actes Sud-Papiers – Catherine Anne et Pauline Bureau : deux femmes en prise avec le réel », sur Profession Spectacle, .
- « Pauline Bureau «Montrer une personne ordinaire devenir héroïne contre son gré» », sur Libération.fr, (consulté le ).
- Philippe Chevilley. « Pour autrui » : un enfant nommé désir. Les Échos, 25 septembre 2021. Lire en ligne
- Marie-Valentine Chaudon. « Pour autrui », la filiation en question. La Croix, 25 septembre 2021. Lire en ligne
- Anne Diatkine. Pour autrui, accouchement dans la lourdeur. Libération, 27 septembre 2021. Lire en ligne
- Fabienne Darge. Théâtre : « Pour autrui », un heureux événement en gestation. Le Monde, 29 septembre 2021. Lire en ligne
- Voir sur momix.org.
- Voir sur artcena.fr.
- Voir sur artcena.fr.
- Profession Spectacle, « Les six finalistes des deux Grands prix de littérature dramatique 2019 dévoilés », sur Profession Spectacle le Mag', (consulté le ).