Accueil🇫🇷Chercher

Paul Appell

Paul Émile Appell (1855, Strasbourg - 1930, Paris) est un mathématicien français et un scientifique engagé.

Paul Appell
Paul Appell en 1921
Fonctions
Président
Bureau des longitudes
janvier -
Robert Bourgeois (d)
Président
Société astronomique de France
-
Président
Académie des sciences
-
Président
Association des anciens élèves, élèves et amis de l'École normale supérieure (d)
-
Président de la Société mathématique de France
Président
Secours national

Professeur puis doyen de la Faculté des sciences de Paris, recteur de l'académie de Paris, président du conseil de l'université de Paris, il est membre de l'Académie des sciences.

Ses travaux mathématiques s'étendent à la géométrie projective, aux fonctions algébriques, aux équations différentielles, à l'analyse complexe.

Paul Appell est par ailleurs un scientifique engagé pour la justice, la promotion de la recherche et la solidarité nationale et internationale.

Il s'engage pour Dreyfus en signant et promouvant le Manifeste des intellectuels de 1898, puis en intervenant à la révision du procès en 1906 ; pour la recherche en créant le fonds d'aide à la recherche scientifique, précurseur du CNRS, et en présidant la conférence française pour la propriété scientifique ; pour la solidarité en créant le Secours national ; pour l'internationalisation des facultés en créant la Cité internationale universitaire de Paris et en enseignant à Rome et à l'université Harvard ; pour la Société des Nations en présidant l'association française pour la Société des Nations.

Biographie

Fils de teinturier, Paul Appell[1] commence ses études au lycée de Strasbourg en même temps que Marie-Georges Picquart[2], futur protagoniste de l'Affaire Dreyfus et avec lequel il restera lié. Il poursuit ses études supérieures d'abord en classe de mathématiques spéciales au lycée de Nancy avec Henri Poincaré de 1872 à 1873, puis l'École normale supérieure et à la faculté des sciences de Paris de 1873 à 1877. En 1873-74 il suit les cours de Joseph-Alfred Serret (calcul différentiel et intégral) et de Henri Sainte-Claire Deville (chimie), les conférences de Jean-Claude Bouquet (calcul différentiel et intégral) et de Louis Joseph Troost (chimie) et passe les examens correspondant pour les licences ès sciences mathématiques et physiques. En 1874-75, il suit les cours de Paul Desains et Jules Jamin (physique), Gaston Darboux (mécanique rationnelle), Urbain Le Verrier (astronomie), avec les conférences de Pierre-Auguste Bertin (de) (physique) et Charles Briot (mathématiques). Il obtient alors les licences ès sciences mathématiques et ès sciences physiques. En 1875-76 il suit les conférences de préparation au concours d'agrégation de mathématiques de Jean-Claude Bouquet, Charles Briot et Gaston Darboux et est lauréat du concours en . Il soutient également au même moment une thèse pour le doctorat ès sciences mathématiques devant la faculté des sciences de Paris, « Sur la propriété des cubiques gauches et le mouvement hélicoïdal d'un corps solide », rédigée pendant sa convalescence d'une fièvre typhoïde. Il bénéficie alors d'une année supplémentaire à l’École normale supérieure, et suit les cours de Charles Briot (calcul des probabilités et physique mathématique) et de Charles Hermite (Analyse supérieure et algèbre supérieure) à la Faculté des sciences, et ceux de Joseph Bertrand et Maurice Lévy (physique mathématique) au Collège de France.

Maison natale à Strasbourg (Place Saint-Étienne).
Plaque commémorative de sa maison natale.

L'annĂ©e suivante (1877-1878) il devient rĂ©pĂ©titeur de l'École pratique des hautes Ă©tudes avec des appointements annuels de 1 800 francs. Il est chargĂ© Ă  la facultĂ© des sciences des confĂ©rences d'analyse pour la licence auprès de Jean-Claude Bouquet, tandis qu'Émile Picard, Ă©galement rĂ©pĂ©titeur, est chargĂ© des confĂ©rences de mĂ©canique. Ces confĂ©rences avaient lieu Ă  raison de deux sĂ©ances par semaine et comprenaient des interrogations sur le cours, la correction de devoirs et la rĂ©solution d'exercices au tableau par les Ă©tudiants. Ă€ la rentrĂ©e 1878 sont crĂ©Ă©s les postes de maĂ®tres de confĂ©rences dans les facultĂ©s des sciences et des lettres, Paul Appell obtient un poste en conservant les mĂŞmes confĂ©rences qu'il faisait l'annĂ©e prĂ©cĂ©dente comme rĂ©pĂ©titeur de l'École pratique. Il est aussi envoyĂ© par le ministère comme chargĂ© de cours de mĂ©canique rationnelle Ă  la facultĂ© des sciences de Dijon. Ă€ la rentrĂ©e 1881, après son mariage, il est supplĂ©ant de Charles Briot pour les confĂ©rences de mĂ©canique et d'astronomie Ă  l'École normale supĂ©rieure, puis lui succède. De 1881 Ă  1883 il est Ă©galement chargĂ© de confĂ©rences prĂ©paratoires Ă  l'agrĂ©gation Ă  la facultĂ© des sciences, puis chargĂ© du cours de mĂ©canique rationnelle en remplacement de Tisserand. En 1884 il est chargĂ© de supplĂ©er Jules Tannery dans les deux confĂ©rences de mathĂ©matiques de seconde annĂ©e Ă  l’École normale supĂ©rieure d'enseignement secondaire pour les jeunes filles. Il devient le professeur titulaire de la chaire de mĂ©canique rationnelle de la facultĂ©, puis le titulaire de la chaire de mĂ©canique analytique et mĂ©canique cĂ©leste. Il est de plus doyen de la facultĂ© de 1903 Ă  1920 puis recteur de l'AcadĂ©mie de Paris et prĂ©sident du conseil de l'universitĂ© de Paris, du au . Ă€ partir de 1895 il est Ă©galement professeur Ă  l'École centrale des arts et manufactures.

Il est élu membre de l'Académie des sciences en 1892. Il fut également professeur extraordinaire à l'université de Rome, professeur à l'université Harvard, où il enseigne à Marston Morse, avec qui il partage la même passion et se lie amitié.

De 1919 à 1921, il est président de la Société astronomique de France[3].

Il travaille tout d'abord en géométrie projective dans la lignée de Chasles, puis sur les fonctions algébriques, les équations différentielles et l'analyse complexe.

Vie privée

Il épouse Amélie Bertrand, fille d'Alexandre Bertrand (archéologue), cousine d'Émile Picard, nièce de Joseph Bertrand et de Charles Hermite. Ils ont quatre enfants :

Engagements

Pour Dreyfus

Paul Appell est dreyfusard et compte parmi les premiers signataires du Manifeste des intellectuels publié par L'Aurore le , dès le lendemain de la publication de J'accuse…! ; son engagement précoce entraîne celui d'une partie de la communauté scientifique ; il intervient comme expert à la révision du procès en 1906[5].

Pour la solidarité

La Cité internationale universitaire de Paris fondée par Paul Appell.

Sur une idée d'Albert Kahn, il crée en 1914 le Secours national, dont la vocation est de « venir en aide aux femmes, aux enfants, aux vieillards, sans distinction d'opinions et de croyances religieuses », et en devient le premier président. Il fonde en 1920 la Cité internationale universitaire de Paris, inaugurée en 1925.

Pour la recherche et l'internationalisation

Paul Appell, Ă  droite, recevant James George Frazer et Rudyard Kipling Ă  la Sorbonne en 1921.

Paul Appell est par ailleurs président de la Société mathématique de France en 1885 et 1923.

En 1908 il préside à Clermont-Ferrand le Congrès pour l'avancement scientifique[6].

Il crée également le fonds d'aide à la recherche scientifique qui ouvre la voie au CNRS, et préside en 1921 la conférence française pour la propriété scientifique.

Titres et distinctions

Il est président de l'association française pour la Société des Nations. Paul Appell est grand-croix de la Légion d'honneur[7]. Il est également médaillé de l'ordre de l'Aigle blanc (Serbie)[8].

Hommages

Ă€ son bureau de recteur.

Ĺ’uvres et publications

  • Sur les propriĂ©tĂ©s des cubiques gauches et le mouvement hĂ©licoĂŻdal d'un corps solide. Suivi de Propositions donnĂ©es par la facultĂ©, Paris, Gauthier-Villars, (prĂ©sentation en ligne, lire en ligne).
  • « Sur une classe de polynĂ´mes », Annales scientifiques de l'École Normale SupĂ©rieure, 2e sĂ©rie, vol. 9,‎ , p. 119-144 (lire en ligne)
  • « Sur les lois de forces centrales faisant dĂ©crire Ă  leur point d'application une conique quelles que soient les conditions initiales », Amer. J. Math., 2e sĂ©rie, vol. 13,‎ , p. 153-158 (lire en ligne).
  • Leçons sur l'attraction et la fonction potentielle, professĂ©es a la Sorbonne en 1890-1891 : [rĂ©digĂ©es par M. Charliat] (lire en ligne).
  • TraitĂ© de mĂ©canique rationnelle, t. 1 : Statique. Dynamique du point, Paris, Gauthier-Villars, (lire en ligne) Texte disponible en ligne sur IRIS
  • Principes de la thĂ©orie des fonctions elliptiques et applications, Paris, Gauthier-Villar, (lire en ligne).
  • Les mouvements de roulement en dynamique : avec deux notes de M. Hadamard, Paris, coll. « Bibliothèque nationale de France », (lire en ligne).
  • TraitĂ© de mĂ©canique rationnelle, t. 2 : Dynamique des systèmes. MĂ©canique analytique, Paris, Gauthier-Villars, , 2e Ă©d. (lire en ligne)
  • « L'enseignement supĂ©rieur des sciences », Revue gĂ©nĂ©rale des sciences pures et appliquĂ©es, vol. 1904 (T15),‎ , p. 287-299 (ISSN 0370-5196, BNF 34378404, lire en ligne)
  • ÉlĂ©ments d'analyse mathĂ©matique Ă  l'usage des ingĂ©nieurs et des physiciens, [cours professĂ© Ă  l'École centrale des arts et manufactures], Paris, Gauthier-Villars, (lire en ligne)
  • ÉlĂ©ments de la thĂ©orie des vecteurs et de la gĂ©omĂ©trie analytique : avec 57 figures dans le texte, Payot, (lire en ligne)
  • TraitĂ© de mĂ©canique rationnelle, t. 3 : Equilibre et mouvement des milieux continus, Paris, Gauthier-Villars, , 3e Ă©d. (lire en ligne)
  • TraitĂ© de mĂ©canique rationnelle, t. 4-1 : Figures d'Ă©quilibre d'une masse liquide homogène en rotation, Paris, Gauthier-Villars, , 3e Ă©d. (lire en ligne)
  • Éducation et enseignement : notices et discours, Paris, FĂ©lix Alcan, coll. «Nouvelle collection scientifique», 1922.
  • Souvenirs d'un alsacien 1858-1922, Paris, Payot, (lire en ligne)
  • Sur une forme gĂ©nĂ©rale des Ă©quations de la dynamique, Paris, Gauthier-Villars, (lire en ligne).
  • Notice sur les travaux scientifiques, vol. 45, Acta Mathematica, (lire en ligne), p. 161-285
  • Le problème gĂ©omĂ©trique des dĂ©blais et remblais, Paris, Gauthier-Villars, (lire en ligne).
  • Sur la dĂ©composition d'une fonction mĂ©romorphe en Ă©lĂ©ments simples, Paris, Gauthier-Villars, (lire en ligne).
  • TraitĂ© de mĂ©canique rationnelle, t. 4-2 : Figures d'Ă©quilibre d'une masse liquide homogène en rotation, Paris, Gauthier-Villars, , 2e Ă©d. (lire en ligne)
  • TraitĂ© de mĂ©canique rationnelle, t. 5 : ÉlĂ©ments de calcul tensoriel, Paris, Gauthier-Villars, , 2e Ă©d. (lire en ligne)

En collaboration

Autobiographie

Notes et références

  1. Éléments de biographie sur Persée.fr, 1989, en ligne.
  2. Christian Vigouroux, Georges Picquart, dreyfusard, proscrit, ministre : La Justice par l'exactitude, Paris, Dalloz, , VII-529 p. (ISBN 978-2-247-08025-0, présentation en ligne), p. 407. Réédité par Dalloz en 2019 sous le titre : Georges Picquart, la biographie, (ISBN 9782247198160), récompensé par le Prix Seligmann contre le racisme.
  3. « L'Astronomie : revue mensuelle d'astronomie, de météorologie et de physique du globe et bulletin de la Société astronomique de France », sur Gallica, (consulté le )
  4. « Notice LH de Berthe Appell ».
  5. Sur son engagement dans l'affaire Dreyfus, voir sa notice du Dictionnaire biographique et géographique de l'affaire Dreyfus {https://dicoaffairedreyfus.com/index.php/2020/02/16/paul-appell/}.
  6. Document de l'association pour l'avancement scientifique.
  7. « Notice LH de Paul Appell ».
  8. Acović, Dragomir (2012). Slava i čast: Odlikovanja među Srbima, Srbi među odlikovanjima. Belgrade: Službeni Glasnik. p. 643.

Voir aussi

Bibliographie

Camille Marbo est le pseudonyme littéraire de sa première fille, Marguerite Borel.

Articles connexes

Liens externes

Bases de données et dictionnaires

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.