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Parc olympique de Berlin

Le parc olympique de Berlin (anciennement appelé Reichssportfeld et nommé aujourd’hui officiellement Olympiapark) se trouve à la périphérie ouest du quartier de Westend, dans l’Ouest berlinois, au sein de l’arrondissement de Charlottenburg-Wilmersdorf

Plan du parc olympique de Berlin (Olympiapark).

Vue d’ensemble

Terrain de sport du Reich (Reichssportfeld), 1936.
Parc olympique de Berlin avec le Stade olympique (Olympiastadion) et le Champ de mai (Maifeld), juin 2012.
Photographie du Terrain de sport du Reich (Reichssportfeld), au début des années 1940.

Le « Terrain de sport » du Reich (Reichssportfeld), site des Jeux olympiques d’étĂ© de 1936, comprenait, Ă  son emplacement initial, non seulement le Stade olympique (Olympiastadion), mais Ă©galement le « Forum allemand du sport Â» (Deutsches Sportforum), le bassin de natation (Olympia-Schwimmstadion), le « Théâtre de verdure Â» (WaldbĂĽhne), le « Champ de mai Â» (Maifeld), la « Tour du clocher Â» (Glockenturm) avec la salle Langemarck (Langemarckhalle), l’arĂ©na de hockey (Hockey-Olympiastadion), la piste hippique olympique (Olympia-Reiterstadion), et enfin l’actuel « Stade amateur du parc olympique Â» (Olympiapark Amateurstadion). 

Aujourd’hui, le vaste complexe sportif et Ă©vĂ©nementiel qui s’étend au nord du Stade olympique constitue un ensemble, unique en son genre, de bâtiments et d’espaces divers. ConsacrĂ© aux entraĂ®nements et aux compĂ©titions, ainsi qu’aux manifestations sportives et autres Ă©vĂ©nements majeurs, le Olympiapark se trouve aux abords directs de plusieurs rĂ©serves naturelles : les collines de Murellenschlucht et Schwanzenwald, le marais FlieĂźwiese Ruhleben protĂ©gĂ© par le rĂ©seau Natura 2000, la rivière de la Havel et le quartier de Grunewald. Grâce Ă  son cadre naturel exceptionnel et Ă  ses Ă©difices, le parc olympique de Berlin et son complexe sportif se dĂ©marquent des autres infrastructures sportives de la ville. 

Histoire

Jusqu’en 1933

Dès 1913, le « Stade allemand Â» (Deutsches Stadion) est Ă©rigĂ© en vue des Jeux olympiques de 1916 dans l’enceinte de l’hippodrome de Grunewald, ouvert depuis 1909. Les Jeux seront finalement annulĂ©s en raison de la Première Guerre mondiale. Entre 1926 et 1928, le Forum allemand du Sport (Deutsches Sportforum) s’étend au nord jusqu’à l’hippodrome et comprend de nombreuses infrastructures sportives, telles que l’École supĂ©rieure d’éducation physique et sportive et l’École allemande de gymnastique de l’organisme Deutsche Turnerschaft.  

Infrastructures des Jeux olympiques

Afin d’accueillir les Jeux olympiques de 1936 Ă  Berlin, le "Terrain de sport du Reich" (Reichssportfeld) prend sa forme actuelle. Ă€ cette occasion, le Deutsches Stadion est en grande partie dĂ©moli et remplacĂ© par le stade olympique : Olympiastadion. Parallèlement, de nouvelles structures viennent complĂ©ter le "Forum allemand du Sport". Les formes gĂ©omĂ©triques et Ă©purĂ©es du Stade olympique de Berlin Ă©voquent l’architecture classique de l’AntiquitĂ©. L’architecte Werner March a pensĂ© la plupart des bâtiments en ayant Ă  l’esprit leur pendant grec dans les Jeux olympiques antiques[1]. Une partie du stade est construite en-dessous du niveau du sol, de sorte que seul l’anneau supĂ©rieur revĂŞtu de grès[2] dĂ©passe du sol. Ainsi, l’ensemble ne paraĂ®t pas trop imposant de l’extĂ©rieur, contrairement au Palais des Congrès (Kongresshalle), qui se trouvait autrefois sur le site des congrès du parti nazi (Reichsparteitagsgelände) Ă  Nuremberg. 

L’architecte Werner March suit fidèlement les directives politiques d’Hitler pour la conception des infrastructures du Reichssportfeld de 1936. L’ensemble des Ă©difices olympiques laisse dĂ©jĂ  transparaĂ®tre la folie des grandeurs qui sera caractĂ©ristique des futurs projets du Reich, notamment sur le site de Nuremberg oĂą se tiennent les congrès du parti nazi. Un autre exemple reprĂ©sentatif de cette dĂ©mesure est le projet Germania, qui vise Ă  transformer Berlin en « capitale mondiale Â». Ce projet repose sur le dĂ©veloppement d'une urbanisation en axes. Il prĂ©voit Ă©galement le revĂŞtement de constructions modernes avec d'anciennes pierres de taille, l’installation ciblĂ©e de gigantesque statues de style architectural nazi, l’amĂ©nagement de voies pour les dĂ©filĂ©s de masse, l’érection de tribunes du FĂĽhrer, ainsi qu’une architecture exaltant le culte des morts. 

Description de la salle Langemarck, Université Adolf Hitler (Tour du clocher/mémorial du parc olympique)

En regardant l’ensemble des bâtiments du Terrain de sport du Reich (Reichssportfeld) dans l’axe est-ouest, la place olympique apparaĂ®t comme le point de dĂ©part, puis les Ă©vĂ©nements se dĂ©roulent au Stade olympique (appelĂ© Ă©galement « Kampfbahn Â» Ă  l’époque), suivi par le « Champ de mai Â» (Maifeld) oĂą l’on peut organiser dĂ©filĂ©s et Ă©vĂ©nements, et enfin la « Tour du clocher Â» (que l’on appelait « Tour du FĂĽhrer Â», FĂĽhrerturm en allemand, durant la phase de construction) avec la salle Langemarck, et la symbolique du sacrifice qui y est associĂ©e, constituent, dans l’idĂ©ologie nazie, le clou du parcours[3]. L’interstice du stade au niveau de la porte du Marathon offre une vue sur la « Tour du clocher » et le « Champ de mai Â» et accentue le caractère axial de l’architecture du parc.

Le projet de construction olympique est le premier des grands projets de construction d’Adolf Hitler. Avec l’élargissement du plan initial, son coĂ»t passe de 5,5 millions Ă  42 millions de reichsmarks[4] (soit l’équivalent d’environ 176 millions d’euros avec un pouvoir d’achat actuel). En accueillant les Jeux olympiques en Allemagne, Hitler souhaite montrer au monde que le Troisième Reich est, sous sa direction, avant tout un pays pacifique, en plein dĂ©veloppement Ă©conomique et social. Organiser les Jeux de 1936 en Allemagne est l’occasion pour Hitler de cacher la vraie nature du rĂ©gime nazi aux yeux de la communautĂ© internationale. D’autre part, le FĂĽhrer voit Ă©galement dans les divers projets de construction le moyen de remĂ©dier au dĂ©nuement Ă©conomique du Reich, de lutter contre le chĂ´mage et de permettre ainsi Ă  son gouvernement de gagner en popularitĂ©. Theodor Lewald, porte-parole du gouvernement nazi, rapporte dans ses notes la justification que donne Adolf Hitler au projet de construction monumental du Reichssportfeld[5] ; il doit fournir du travail Ă  une partie des quelque quatre millions de chĂ´meurs.

Cependant, les retombées directes de cette entreprise sur les chiffres du chômage restent limitées. On ne fera appel qu’à tout au plus 2 000 ouvriers durant la construction des infrastructures olympiques de Berlin. Cette main d’œuvre non qualifiée sera uniquement employée au début du chantier, pour les travaux de terrassement [6].

Plaquette d’information sur la Dietrich-Eckart-Bühne, 2011.

Conception artistique

Concernant l'art officiel du Troisième Reich utilisé pour le Terrain de sport (Reichssportfeld) et ses édifices, on peut lire dans une publication de 1936 :

"Comme les Ĺ“uvres plastiques Ă©rigĂ©es sur le Reichssportfeld sont plus pures et plus fortes artistiquement ! RĂ©sultant d'une nĂ©cessitĂ© impĂ©rieuse, ayant une fonction bien dĂ©limitĂ©e, Ă©tant construite pour la postĂ©ritĂ©, dans le cadre d'une ensemble architectural colossal, la sculpture a non seulement trouvĂ© sa place concrètement mais elle s'inscrit Ă©galement dans un nouvel esprit que les Jeux olympiques de 1936 ont illustrĂ©."[7]

Statue de la NikĂ© allemande, par Willy Meller, sur le site olympique

L'ancĂŞtre du Stade olympique de Berlin (Olympiastadion), le Deutsche Stadion Ă©tait dĂ©jĂ  agrĂ©mentĂ© de riches sculptures ornementales. Ă€ l'occasion des Jeux olympiques d'Ă©tĂ© de 1936, on fait appel Ă  divers artistes pour rĂ©aliser les diffĂ©rents Ă©lĂ©ments des statues. Jusqu'Ă  encore aujourd'hui, la majoritĂ© en a Ă©tĂ© conservĂ©e.

Dans le parc, où se trouve le Olympiastadion, se tiennent deux sculptures de Karl Albiker (de): la première représente des relayeurs et la deuxième des lanceurs de disque.

En arrivant au niveau du "Champ de Mai" (Maifeld), on dĂ©couvre les "Conducteurs de chevaux" (RossefĂĽhrer) du sculpteur allemand Joseph Wackerle. Puis, au sud, on peut admirer "Camarades" (Kameraden), une sculpture de Sepp Mages.

Entre le forum et le Maifeld se tient une statue de NikĂ©, la dĂ©esse de la Victoire, rĂ©alisĂ©e par Willy Meller. Son habit est typique de la Grèce antique et les feuilles de chĂŞne qu'elle tient dans sa main sont ancrĂ©es dans la tradition allemande comme un symbole de victoire. Par ailleurs, le chĂŞne fait depuis longtemps parti du paysage symbolique allemand. Son bois dur et son feuillage persistant en ont fait depuis l'Ă©poque des Germains une mĂ©taphore de l'immortalitĂ© et de la stabilitĂ© (voir Irminsul). L’œuvre de Meller s'inscrit dans la tradition des statues allĂ©goriques telles Victoire et Germania Ă©rigĂ©es au cours du XIXe siècle en l'honneur de la nation et de ses guerriers. Puis, dès 1913, le Deutsches Stadion qui abrite une reproduction de la colonne de la victoire (Siegessäule), incarne l'idĂ©e que "le sport doit servir la patrie". La reprĂ©sentation du motif biblique de la Chute, avec le serpent tentateur terrassĂ©, exprime le point de vue de l'idĂ©ologie nazie face aux ennemis du Troisième Reich[8]. La statue qui se tient au niveau de l'ancien passage public, Ă  la jonction avec le terrain d'entraĂ®nement du Reichssportfeld, a vue sur le Maifeld.

Le "Forum des Sports" abrite de nombreuses sculptures. L'entrĂ©e de la "Maison des sports" est bordĂ©e par deux aigles sculptĂ©s par Waldemar Raemisch et le perron de la place principale est bordĂ© par le "DĂ©cathlonien" (Zehnkämpfer) et la "Victorieuse" (Siegerin) de Arno Breker. Dans le forum, Ă  cĂ´tĂ© du bassin, on peut admirer le cĂ©lèbre "Athlète au repos" (Ruhender Athlet) de Georg Kolbe, ainsi que son "DĂ©cathlonien" (Zehnkampfmann) dans le hall d'entrĂ©e de la "Maison des sports". Au niveau de la place principale se trouvent le "Taureau" (Stier) et la "Vache" (Kuh) sculptĂ©s par Adolf StrĂĽbe. Enfin, pas loin d'eux se tient le "Boxeur" (Boxer) de Josef Thorak.

L'entrée de l'actuel théâtre de verdure est encadrée par deux reliefs de Adolf Wamper sculptés dans le calcaire. Ces deux œuvres de 3,9 mètres de haut s'intitulent respectivement "Fête patriote" (Vaterländische Feier) et "Fête artistique" (Künstlerische Feier). On peut y voir deux hommes nus aux corps d'athlètes antiques avec l'épée et le flambeau à la main. En face d'eux se tiennent deux femmes dévoilant leur corps. Elles sont représentées une lyre à la main, ainsi qu'un brin de laurier symbolisant les honneurs[9]. Selon les propos tenus par Werner March en 1936, les deux reliefs renvoient à la double vocation du lieu de célébrer à la fois les arts et la patrie. Les deux hommes sculptés sur le relief ont inspiré Arno Breker dans la réalisation de ses statues pour la nouvelle Chancellerie du Reich. Ces sculptures financées par le Ministère de la Propagande qui doivent remporter l'adhésion de Joseph Goebbels revêtent, de façon significative, une forme particulièrement autoritaire de l'art nazi, contrairement à la plupart des autres œuvres que l'on trouve sur les terrains dédiés aux jeux d'été sous le Troisième Reich.

Après 1936

En 1938, les travaux sur le"Terrain de Sport du Reich" (Reichssportfeld) s'achèvent par la finition de la "Maison du Haut-Commissaire aux Sports"[10]. Dès 1935, les plans de l'architecte Albert Speer prĂ©voyaient que la Capitale mondiale Germania serait bordĂ©e par une petite ville universitaire (Hochschulstadt) des deux cĂ´tĂ©s de la rue HeerstraĂźe, au sud-est du Reichssportfeld. Mais après 1936, l'idĂ©e est abandonnĂ©e car la construction d'une nouvelle salle gigantesque prĂ©vue pour le campus aurait fait de l'ombre Ă  tous les autres bâtiments dĂ©jĂ  prĂ©sents, dont le Olympiastadion.

Après la Seconde Guerre mondiale, les bâtiments et les Ă©tendues dĂ©gagĂ©es du « Forum des Sports » font office de quartier gĂ©nĂ©ral pour les Britanniques. Ces-derniers interdisent l'accès au public, si bien que de nombreuses parties du terrain sont Ă  peine connues des berlinois.

Les lieux occupĂ©s par les Britanniques sont restituĂ©s au Land de Berlin le . Le parc olympique de Berlin est rĂ©gi par le SĂ©nat de la ville et relève de la compĂ©tence du SĂ©nateur chargĂ© de l'IntĂ©rieur et des Sports. Quant au stade olympique, il dĂ©pend depuis lors de la sociĂ©tĂ© Olympiastadion Berlin GmbH.

En 2000, le club de foot Hertha BSC s'installe dans le parc olympique berlinois rĂ©amĂ©nagĂ© en consĂ©quence[11]. En effet, le parc abrite dĂ©sormais le siège social du club, un centre de professionnels et une acadĂ©mie de football. De nos jours, l'entraĂ®nement des professionnels a lieu sur la place Schenkendorff-Platz. En 2004, un stade amateur voit le jour sur l'ancienne place du Forum des Sports, la Wurfplatz. Ce stade accueille plusieurs Ă©quipes affiliĂ©es au Hertha BSC ainsi que d'autres jeunes Ă©quipes.

En 1951, une tour de plus de 180 mètres est Ă©rigĂ©e dans le parc olympique qui sert d'antenne de tĂ©lĂ©phonie et de radiophonie en VHF. Elle sera utilisĂ©e comme canal de diffusion de la radio militaire BFBS jusqu'au retrait des troupes britanniques en 1994. En 2005, ayant perdu son utilitĂ©, la tour est dĂ©molie.

Ă€ l'occasion de la Coupe du monde de football de 2006, le Olympiastadion est entièrement rĂ©novĂ© et un immense toit vient recouvrir l'intĂ©gralitĂ© du stade. Depuis 2006, une exposition permanente intitulĂ©e "Geschichtsort Olympiagelände 1909 – 1936 – 2006" retrace l'histoire de ce cĂ©lèbre lieu. L'exposition se tient dans la tour du Clocher du Stade olympique mais des panneaux descriptifs sont rĂ©partis sur tout le parc et traduits en 45 langues.

La patinoire de Charlottenburg, situé à l'ouest du Maifeld est terminée en 2012. C'est en 2015 qu'ont lieu en Allemagne les premières rencontres sportives européennes juives : les Maccabiades. Il s'agit de la plus grande manifestation sportive juive en Europe.

Notes et références

  1. Werner March: Bauwerk Reichssportfeld.
  2. Muschelkalk (Quaderkalk) aus Nordbayern
  3. Hilmar Hoffmann: Mythos Olympia.
  4. Arnd KrĂĽger: Die Olympischen Spiele 1936 und die Weltmeinung.
  5. Dans : Der Spiegel 8/1973
  6. Alfred Abel: Von der Plastik des Reichssportfeldes, dans : Baugilde, 18.
  7. Panneau descriptif Deutsche Nike, Parc olympique
  8. Stadtchronik.
  9. Das ist Hertha – Vereinszentrum, mis en ligne le 5 août

Voir aussi

Liens externes

Inscrits sur la liste officielle des monuments du Land :


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