Ouvrage du Col-de-Restefond
L'ouvrage du Col-de-Restefond, appelé aussi abri du Col-de-Restefond, est une fortification faisant partie de la ligne Maginot, située à l'extrémité sud de la commune de Jausiers, dans le département des Alpes-de-Haute-Provence.
Ouvrage du Col-de-Restefond | |
Vue générale de l'abri du Col-de-Restefond. | |
Type d'ouvrage | Abri caverne d'intervalle |
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Secteur └─ sous-secteur |
secteur fortifié du Dauphiné └─ sous-secteur Jausiers, quartier Restefond |
Numéro d'ouvrage | AB 1244 |
Année de construction | 1931-1938 |
RĂ©giment | 73e BAF |
Nombre de blocs | 3 |
Type d'entrée(s) | Entrée par un bloc (casemate) |
Effectifs | 82 hommes et 1 officier (commandant l'ouvrage : sous-lieutenant Poitrey, sous-lieutenant Simonet, adjudant Thouvenin |
Coordonnées | 44° 20′ 07″ nord, 6° 48′ 37″ est |
GĂ©olocalisation sur la carte : France
GĂ©olocalisation sur la carte : Alpes-de-Haute-Provence
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Il s'agit d'un petit ouvrage d'infanterie[n 1] servant d'abri actif, situé à 2 680 mètres d’altitude, au col de Restefond, au pied du sommet du même nom. Construit pendant les années 1930, sa mission était non seulement de protéger une section d'infanterie, mais aussi de défendre le col grâce à son armement.
Construction
Le petit ouvrage du Col-de-Restefond correspond à un projet CORF validé à la fin de 1929 dont la construction a été achevée par la main d’œuvre militaire en 1934 mais qui n’a été armé qu’en 1938.
Il reprend entièrement le plan des « abris-cavernes du type Sud-Est » avec une grande galerie sous roc, parallèle aux courbes de niveau, reliée à l’extérieur par deux tronçons de galerie horizontale ou en plan incliné, protégés à la sortie par deux blocs bétonnés pourvus de créneaux FM permettant de battre des secteurs en contre-pente assez loin de l’abri[2].
Il a été construit sous la crête très étroite qui sépare le vallon des Granges Communes de celui de Restefond (en bordure de la D64). La grande galerie a été prolongée perpendiculairement par une autre galerie, plus étroite, qui passe sous la crête et qui débouche sur l’autre versant où a été construit un bloc d’action frontale tirant vers l’ancienne route stratégique desservant le petit ouvrage des Granges-Communes.
Mission
La mission principale de l’ouvrage était d’abriter deux sections d’infanterie. Il s'intégrait dans la défense du « nœud de Restefond », qui intégrait les cols de Pourriac, de Fer, de la Moutière et des Granges Communes.
L’entrée (bloc 1) disposant d’une cloche GFM et d’un créneau de mitrailleuses défendait la route de la Bonette et les arrières du gros ouvrage de Restefond, tout proche. Le bloc actif (bloc 3) pouvait croiser ses feux avec le FM en créneau du bloc 2 du petit ouvrage des Granges-Communes.
Composition
L'ouvrage consiste en un abri-caverne complété par un bloc de combat.
- Bloc 1 - entrée : située en bordure de route, elle est équipée d’une cloche GFM, d’un créneau pour mitrailleuses jumelées et d'un créneau FM.
- Bloc 2 - entrée : un créneau FM.
- Bloc 3 : une cloche JM, une cloche GFM, un créneau FM.
- Un quatrième bloc, situé au-dessus et en arrière du bloc 2 protégeait l’aération de l’ouvrage. Il servait également d’issue de secours.
Le bloc cheminée et le bloc 2 étaient équipés de sortie neige (voir l'article sur le petit ouvrage du Col-de-la-Moutière) dont il ne reste plus aujourd'hui que les échelons métalliques ancrés dans le béton des façades.
L'énergie était fournie par deux groupes électrogènes, composés chacun d'un moteur Diesel CLM 2 PJ 65 (deux cylindres, fournissant 15 ch à 750 tr/min)[n 2] couplé à un alternateur. Le refroidissement des moteurs se fait par circulation d'eau.
Les combats
Le commandant de l'ouvrage était le sous-lieutenant Poitrey, puis le sous-lieutenant Simonet et l'adjudant Thouvenin. Il ne semble pas que le petit ouvrage de Restefond ait été amené à intervenir, ni en , ni en ; il n’y a du moins aucune référence à des combats le concernant dans les sources d’informations consultées.
État actuel
Le petit ouvrage de Restefond est totalement abandonné.
Notes et références
Notes
- L'appellation d'« ouvrages » pour désigner les abris actifs est sujet à débats. Selon Philippe Truttmann, « les abris-actifs jouent, dans le Sud-Est, le rôle dévolu aux ouvrages d'infanterie ; ils s'appellent d'ailleurs parfois petits ouvrages »[1].
- Le nom du moteur Diesel CLM 2 PJ 65 correspond au fabricant (la Compagnie lilloise de moteurs, installée à Fives-Lille), au nombre de cylindres (deux fonctionnant en deux temps, avec chacun deux pistons en opposition), au modèle (PJ pour « type Peugeot fabriqué sous licence Junkers ») et à son alésage (65 mm de diamètre, soit un total de 1 400 cm3 de cylindrée).
Références
- Truttmann 2009, p. 235.
- Truttmann 1985, p. 341.
Voir aussi
Bibliographie
- Henri Béraud, La seconde guerre mondiale dans les Hautes-Alpes et l'Ubaye, Société d'études des Hautes-Alpes, 1990.
- Philippe Lachal, Fortifications des Alpes, leur rĂ´le dans les combats de 1939-1945, Ubaye-Ubayette-Restefond, Editions du Fournel, 2006.
- Jean-Yves Mary, La ligne Maginot, ce qu'elle Ă©tait, ce qu'il en reste, Sercap, 1985.
- Général Étienne Plan et Eric Lefevre, La bataille des Alpes, 10-, Charles Lavauzelle, 1982.
- Claude Raybaud, Fortifications de l'Ă©poque moderne dans les Alpes-Maritimes, Serre Ă©diteur, 1992.
- Jean-Yves Mary, Alain Hohnadel, Jacques Sicard et François Vauviller (ill. Pierre-Albert Leroux), Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, Paris, éditions Histoire & collections, coll. « L'Encyclopédie de l'Armée française » (no 2) :
- Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, t. 2 : Les formes techniques de la fortification Nord-Est, Paris, Histoire et collections, , 222 p. (ISBN 2-908182-97-1) ;
- Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, t. 4 : la fortification alpine, Paris, Histoire & collections, , 182 p. (ISBN 978-2-915239-46-1) ;
- Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, t. 5 : Tous les ouvrages du Sud-Est, victoire dans les Alpes, la Corse, la ligne Mareth, la reconquĂŞte, le destin, Paris, Histoire & collections, , 182 p. (ISBN 978-2-35250-127-5).
- Philippe Truttmann (ill. Frédéric Lisch), La Muraille de France ou la ligne Maginot : la fortification française de 1940, sa place dans l'évolution des systèmes fortifiés d'Europe occidentale de 1880 à 1945, Thionville, Éditions G. Klopp, (réimpr. 2009), 447 p. (ISBN 2-911992-61-X).