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Ouvrage de Valdeblore

L'ouvrage de Valdeblore, appelé aussi de la Reynardière, est une fortification faisant partie de la ligne Maginot, situé sur la commune de Valdeblore dans le département des Alpes-Maritimes.

Ouvrage de Valdeblore
Type d'ouvrage Petit ouvrage d'infanterie
Secteur
└─ sous-secteur
secteur fortifié des Alpes-Maritimes
└─ sous-secteur de la Tinée-Vésubie,
quartier Gaudissart
Année de construction 1930-1939
RĂ©giment 84e BAF
Nombre de blocs 3
Type d'entrée(s) Entrée des hommes (EH)
Effectifs un officier et 36 hommes
CoordonnĂ©es 44° 04′ 19″ nord, 7° 09′ 05″ est
GĂ©olocalisation sur la carte : France

Il s'agit d'un petit ouvrage d'infanterie interdisant le passage sur une des routes d'accès à Nice, construit en complément du gros ouvrage de Rimplas se trouvant au-dessus.

Description

Position sur la ligne

L'ouvrage avait pour mission d'interdire la route est-ouest reliant la vallée de la Vésubie à celle de la Tinée. Cette route est une portion de la N 565 (l'actuelle D 2565), menant de Saint-Martin-Vésubie à Rimplas en traversant le val de Blore.

Souterrains

Comme tous les autres ouvrages de la ligne Maginot, celui de Valdeblore est conçu pour résister à un bombardement d'obus de gros calibre. Les organes de soutien sont donc aménagés en souterrain, creusés sous plusieurs mètres de roche, tandis que les organes de combat, dispersés en surface sous forme de blocs, sont protégés par d'épais cuirassements en acier et des couches de béton armé. Les installations souterraines abritent un casernement pour l'équipage (14 places couchées), des systèmes de ventilation (avec filtres à air), une cuisine (avec cuisinière au charbon), un poste de secours, des latrines, des lavabos, des stocks de munitions, de vivres, d'eau et de gazole, ainsi qu'une petite usine électrique, le tout relié par une galerie voûtée.

L'Ă©lectricitĂ© Ă©tait utilisĂ©e pour l'Ă©clairage, la ventilation, la pompe de l'entrĂ©e (utilisĂ©e lors du ravitaillement en eau par camion) et le projecteur blindĂ© extĂ©rieur. Cette Ă©lectricitĂ© Ă©tait produite par deux groupes Ă©lectrogènes, composĂ©s chacun d'un moteur Diesel SMIM 2 SR 14 (deux cylindres, fournissant 24 ch Ă  750 tr/min)[1] couplĂ© Ă  un alternateur, complĂ©tĂ©s par un petit groupe auxiliaire (un moteur CLM 1 PJ 65, de 8 ch Ă  1 000 tr/min)[2] servant Ă  l'Ă©clairage d'urgence de l'usine et au dĂ©marrage pneumatique des gros diesels. Le refroidissement des moteurs se fait par circulation d'eau.

Blocs

Le bloc 1 sert d'entrĂ©e Ă  l'ouvrage. Sa protection est d'1,5 mètre d'Ă©paisseur de bĂ©ton armĂ© pour la dalle et les murs. Sa dĂ©fense rapprochĂ©e est assurĂ©e par un crĂ©neau pour fusil mitrailleur (FM) en caponnière, un autre montĂ© dans la porte, ainsi qu'un fossĂ© diamant et une goulotte lance-grenades.

Le bloc 2 est sur le dessus de l'ouvrage et servait d'observatoire. Sa protection Ă©tait de deux mètres de bĂ©ton pour sa dalle et d'1,75 pour les murs (il est plus vulnĂ©rable aux bombardements). Il comporte une cloche GFM Ă  cinq crĂ©neaux (elle Ă©tait Ă©quipĂ©e d'un pĂ©riscope J 2 et armĂ©e d'un FM et d'un mortier de 50 mm), ainsi qu'une petite prise d'air blindĂ©e (en forme de champignon).

Le bloc 3 est une casemate d'infanterie tirant vers l'est dans l'axe de la route, protĂ©gĂ©e par les Ă©boulis rocheux et par 1,75 mètre de bĂ©ton pour la dalle et 1,5 m pour les murs. La façade comporte un crĂ©neau pour jumelage de mitrailleuses (interchangeable avec un canon antichar de 47 mm montĂ© sur rail) et un crĂ©neau pour un projecteur (bouchĂ© au bĂ©ton car le projecteur ne fut jamais livrĂ©), le tout complĂ©tĂ© par un crĂ©neau pour FM en caponnière, un fossĂ© diamant et une goulotte Ă  grenades[3] - [4].

Armement

La pièce antichar est un canon de 47 mm AC modèle 1934, une arme puissante pour l'époque, surtout vis-à-vis des chars italiens assez faiblement blindés.

Les mitrailleuses et les fusils mitrailleurs de l'ouvrage Ă©taient chacun protĂ©gĂ© par une trĂ©mie blindĂ©e et Ă©tanche (pour la protection contre les gaz de combat). Ils tirent la mĂŞme cartouche de 7,5 mm Ă  balle lourde (modèle 1933 D de 12,35 g au lieu de g pour la modèle 1929 C)[5].

Les mitrailleuses Ă©taient des MAC modèle 1931 F, montĂ©es en jumelage (JM) pour pouvoir tirer alternativement, permettant le refroidissement des tubes. La portĂ©e maximale avec cette balle (Vo = 694 m/s) est thĂ©oriquement de 4 900 mètres (sous un angle de 45°, mais la trĂ©mie limite le pointage en Ă©lĂ©vation Ă  15°), la hausse est graduĂ©e jusqu'Ă  2 400 mètres et la portĂ©e utile est plutĂ´t de 1 200 mètres. Les chargeurs circulaires pour cette mitrailleuse sont de 150 cartouches chacun, avec un stock de 50 000 cartouches pour chaque jumelage[6]. La cadence de tir thĂ©orique est de 750 coups par minute[7], mais elle est limitĂ©e Ă  450 (tir de barrage, avec trois chargeurs en une minute), 150 (tir de neutralisation et d'interdiction, un chargeur par minute) ou 50 coups par minute (tir de harcèlement, le tiers d'un chargeur)[8]. Le refroidissement des tubes est accĂ©lĂ©rĂ© par un pulvĂ©risateur Ă  eau ou par immersion dans un bac.

Les fusils mitrailleurs (FM) Ă©taient des MAC modèle 1924/1929 D, dont la portĂ©e maximale est de 3 000 mètres, avec une portĂ©e pratique de l'ordre de 600 mètres[9]. L'alimentation du FM se fait par chargeurs droits de 25 cartouches, avec un stock de 7 000 par FM de casemate et 1 000 pour un FM de porte[6]. La cadence de tir maximale est de 500 coups par minute, mais elle est normalement de 200 Ă  140 coups par minute[10] - [11].

Histoire

La construction de l'ouvrage a coûté un total de 1,6 million de francs[12] (valeur de )[13].

Notes et références

  1. La SMIM, SociĂ©tĂ© des moteurs pour l'industrie et la marine, est basĂ©e Ă  Paris, construisant des moteurs sous licence Körting. Les SMIM 2 SR 14 ont deux cylindres Ă  quatre temps, chacun avec 2 700 cm3 de cylindrĂ©e (alĂ©sage de 140 mm, pour 180 mm de course).
  2. Le nom du petit moteur Diesel CLM 1 PJ 65 correspond au fabricant (la Compagnie lilloise de moteurs, installĂ©e Ă  Fives-Lille), au nombre de cylindre (un seul fonctionnant en deux temps, mais avec deux pistons en opposition), au modèle (PJ pour « type Peugeot fabriquĂ© sous licence Junkers ») et Ă  son alĂ©sage (65 mm de diamètre, soit 700 cm3 de cylindrĂ©e).
  3. « VALDEBLORE - REYNARDIERE (VE) ( Ouvrage d'infanterie ) », sur http://wikimaginot.eu/.
  4. « ouvrage d'infanterie dit ouvrage de Valdeblore, dit ouvrage de la Reynardière », sur http://dossiersinventaire.regionpaca.fr/gertrude-diffusion/.
  5. « Munitions utilisées dans la fortification », sur http://wikimaginot.eu/.
  6. Mary et Hohnadel 2009, tome 4, p. 58.
  7. Stéphane Ferrard, France 1940 : l'armement terrestre, Boulogne, ETAI, , 239 p. (ISBN 2-7268-8380-X), p. 58.
  8. Mary et Hohnadel 2001, tome 2,, p. 110.
  9. « Armement d'infanterie des fortifications Maginot », sur http://www.maginot.org/.
  10. Mary et Hohnadel 2001, tome 2, p. 107.
  11. Philippe Truttmann (ill. Frédéric Lisch), La Muraille de France ou la ligne Maginot : la fortification française de 1940, sa place dans l'évolution des systèmes fortifiés d'Europe occidentale de 1880 à 1945, Thionville, Éditions G. Klopp, (réimpr. 2009), 447 p. (ISBN 2-911992-61-X), p. 374.
  12. Mary et Hohnadel 2009, tome 4, p. 29.
  13. Pour une conversion d'une somme en anciens francs de 1936 en euros, cf. « Convertisseur franc-euro : pouvoir d'achat de l'euro et du franc », sur http://www.insee.fr/.

Voir aussi

Bibliographie

  • Jean-Yves Mary, Alain Hohnadel, Jacques Sicard et François Vauviller (ill. Pierre-Albert Leroux), Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, Paris, Ă©ditions Histoire & collections, coll. « L'EncyclopĂ©die de l'ArmĂ©e française » (no 2) :
    • Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, t. 2 : Les formes techniques de la fortification Nord-Est, Paris, Histoire et collections, , 222 p. (ISBN 2-908182-97-1) ;
    • Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, t. 4 : la fortification alpine, Paris, Histoire & collections, , 182 p. (ISBN 978-2-915239-46-1) ;
    • Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, t. 5 : Tous les ouvrages du Sud-Est, victoire dans les Alpes, la Corse, la ligne Mareth, la reconquĂŞte, le destin, Paris, Histoire & collections, , 182 p. (ISBN 978-2-35250-127-5).

Articles connexes

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