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Ordre architectural

L'ordre, en architecture, détermine les proportions, les formes et l’ornementation de toute partie construite en élévation (en particulier des colonnes, sans que leur présence soit impérative, des pilastres, des supports, des entablements). Les Grecs n’en reconnaissaient que trois : l’ordre dorique, l’ordre ionique et l’ordre corinthien, les Romains en ont ajouté deux : l’ordre toscan et l’ordre composite. Les proportions des colonnes sont définies à l'aide des ordres.

Chapiteaux de formes classiques (extrait de l’Encyclopédie, vol. 18) : a. toscan, b. dorique, c. ionique, d. ionique moderne, e. corinthien, f. composite

Suivant Vitruve, les architectes, ayant remarqué que le pied de l’homme était la sixième partie de la hauteur du corps, transposèrent cette proportion dans leurs colonnes : « Quelle que fût la grosseur d’une colonne à son pied, ils lui donnèrent une hauteur sextuple, y compris le chapiteau. C’est ainsi que la colonne dorique prit l'empreinte des proportions, de la force et de la beauté du corps de l’homme. »

Plus tard, voulant élever un temple à Diane, ils cherchèrent à instaurer un nouvel ordre : ils lui donnèrent quelque chose de la grâce de la femme et portèrent la hauteur des colonnes à huit diamètres, afin que celles-ci paraissent plus sveltes. Ils y ajoutèrent des bases avec des enroulements, à l’imitation des chaussures[1] et ils placèrent des volutes au chapiteau pour représenter les grandes boucles de la chevelure, rejetée à gauche et à droite du visage. Des cimaises et des guirlandes furent, comme des ornements arrangés sur le front des colonnes, enfin des cannelures creusées le long du fût imitèrent les plis d’une robe. Ces colonnes constituent l’ordre ionique qui tient son nom du peuple qui les a inventées. Le troisième ordre, que nous appelons corinthien, imite la grâce d’une jeune fille : il en a les proportions délicates.

À ces trois ordres, on en ajouta successivement deux, qui sont l’ordre toscan et l’ordre composite.

Des ordres éphémères ont été tentés : l'Ordre éolique pouvant être décodé comme un ordre antique autonome, l'Ordre français de la période classique française.

Ultérieurement, quelques ordres composés « à l’antique » de façon formelle sont apparus dans l’architecture qualifiée de « moderne ». Ils n'ont pas de valeur de représentation philosophico-religieuse du Cosmos, mais présentent uniquement la continuité culturelle classique. Cela est quelquefois une "philosophie des sens" en Idéal comme l'« architecture parlante » d'Étienne-Louis Boullée[2], voire quelquefois n'est pas représentation du tout philosophique.

Les ordres des colonnes Ă©gyptiennes

En Égypte, on distingue six ordres : l’ordre palmiforme, l’ordre proto-dorique, l’ordre lotiforme, l’ordre papyriforme, l’ordre campaniforme, l’ordre hathorique.

  • Ordre palmiforme
    • De l’ancien empire Ă©gyptien ces colonnes sont très massives
    • Le chapiteau comprend neuf feuilles de palmier ligaturĂ©es
    • Le fĂ»t est lisse
    • La base est simple
  • Ordre proto-dorique
    • Originaire du moyen empire Ă©gyptien ces colonnes sont très massives
    • le chapiteau gĂ©omĂ©trique très simple se confond avec l’abaque.
    • Le fĂ»t possède des cannelures
    • La base est très petite ou totalement inexistante
  • Ordre lotiforme
    • En forme de lotus fermĂ©.
  • Ordre papyriforme
    • Ă  partir du moyen empire
    • les tiges sont ligaturĂ©es sur le chapiteau et se prolongent dans le fĂ»t
    • l'abaque peut contenir un cartouche
    • base simple
  • Ordre campaniforme
    • Ă  partir du moyen empire
    • fĂ»t lisse mais peut ĂŞtre couvert de bas reliefs
    • Chapiteau s’évase en forme de cloche inversĂ©e couvert de bas reliefs (quand le bas relief reprĂ©sente des papyrus on l'appelle parfois papyrus ouvert)
    • base simple
    • abaque ne se voit pas d'en bas car le chapiteau Ă©vasĂ© la dissimule
  • Ordre hathorique
    • Chapiteau reprĂ©sentant la dĂ©esse Hathor de face sur ses deux ou quatre cĂ´tĂ©s
    • fĂ»t lisse
    • base simple
    • abaque assez grand

Ordres grecs

Ordres architecturaux des colonnes.
Ordres grecs superposés à l'hôtel d'Assézat (1555-1556).

L'architecture religieuse grecque est codifiée et se base sur des règles de proportion arithmétique. Les ordres architecturaux organisent les proportions, les formes et l'ornementation de toute partie construite. Les Grecs reconnaissent seulement trois ordres: l’ordre dorique, l’ordre ionique et l’ordre corinthien. Chersiphron serait le créateur de l'ordre ionique, et Callimaque de l'ordre corinthien. L'ordre dorique, le premier en date, tel que le montrent sous sa forme la plus ancienne le temple de Corinthe et les temples grecs de Paestum, existe en Égypte deux mille ans avant Périclès[3]. Les premiers temples grecs sont en bois, ce qui explique la plupart des choix esthétiques des temples en pierre. Les annelets des colonnes en pierre sont d'ailleurs à l'origine les cerclages de colonnes en bois des temples primitifs.

Ordres romains

Ordres superposés (toscan, ionique et corinthien) au Colisée de Rome

Les diverses classes de monuments que construit Rome (théâtres, amphithéâtres, arcs de triomphe, basiliques, curies, les uns grecs, les autres romains d'origine) sont composés d'éléments empruntés primitivement à la Grèce. On y emploie ces trois premiers ordres, plus ou moins modifiés ou altérés par le génie et le goût romains. Cette altération reste peu sensible dans le petit nombre des monuments de la république dont il reste quelque chose, encore presque purement grecs, réalisés par des architectes grecs ou des disciples dociles des Grecs. Les Romains n'en savent pas encore assez pour oser être eux-mêmes et, à cette ignorance timide, les monuments gagnent sinon en originalité, du moins en pureté. Cette pureté se corrompt à mesure que la brutalité romaine l'emporte sur la délicatesse grecque, mais alors les Romains, en mettant leurs défauts dans l'architecture, y mettent leurs qualités propres, remplaçant l'élégance par la grandeur et la pureté par la force[3].

L'ordre dorique semble avoir été le premier employé à Rome. Il y paraît dans les premiers siècles de la république, ne se continue sous l'empire qu'associé à l'ionique et au corinthien ; à Rome, il se transforme un peu: le chapiteau perd sa simplicité primitive, la colonne a une base que, dans son principe, la colonne dorique grecque n'avait pas. La volute grecque, celle par exemple des colonnes ioniques de l'Érechthéion d'Athènes, est plus gracieuse que les volutes romaines, moins développées. Presque toujours; les Grecs infléchissent la ligne horizontale qui les réunit ; cela n'a jamais lieu dans l'ionique romain ; à cette charmante ondulation les Romains substituent constamment la ligne droite, leur ligne[5].

L'ordre corinthien, le plus riche, le plus fleuri des trois, est connu surtout par sa transformation romaine. Dans les spécimens grecs conservés, assez rares, il a plus de sobriété et de naturel, les feuilles du chapiteau imitent plus naïvement la nature. À Rome, elles sont d'une exubérance splendide, mais le convenu dans la disposition générale et la sécheresse dans les détails s'y font souvent sentir. L'ordre corinthien envahit surtout l'architecture de l'empire, mais il n'est pas étranger à la république. Dans quelques monuments romains de cette époque, il se montre plus près du goût grec. Les conditions imposées à l'ornementation par l'origine même de l'architecture, la construction en bois, restent méconnues par les Romains qui faussent ainsi le sens de ces ornements en les détournant de leur étymologie.

Les Romains confondent les trois ordres d'architecture, que les Grecs en général séparent soigneusement, mais qu'ils mêlent aussi parfois. Ce que les Romains inventent n'est ni très original ni très heureux; l'ordre toscan est un dorique imparfait et le composite un mélange bâtard de l'ionique et du corinthien. Sauf ces différences et quelques autres, l'architecture romaine n'offre bien souvent qu’une reproduction de l’architecture grecque ; même les colonnes surmontées par des statues, comme les colonnes Trajane et Antonine, existent en Grèce[6].

  • L’ordre toscan, ordre de l'architecture classique, est une forme simplifiĂ©e de l’ordre architectural dorique grec. Les colonnes toscanes ont sept diamètres de hauteur, y compris la base et le fĂ»t. L’échine est plus arrondie et le fĂ»t plus galbĂ©. Ce n’est que par les historiens que nous connaissons l'existence de cet ordre car aucun spĂ©cimen de construction toscane antique ne nous est restĂ©.
  • L’ordre composite est un ordre d'architecture de crĂ©ation romaine dont le caractère, combinaison d'une base ionique, d’un fĂ»t de colonne dorique, d’un chapiteau ionique ou corinthien, est spĂ©cialement dĂ©terminĂ© par un chapiteau Ă  volutes et des feuilles d’acanthe. La colonne composite Ă  dix diamètres de haut.
  • Les ordres superposĂ©s sont des ordres ioniques, doriques, corinthiens portant les uns sur les autres, chacun Ă©tant particulier Ă  un Ă©tage de la construction. La cariatide et l’atlante sont comptĂ©s comme un ordre. Les ordres superposĂ©s sont utilisĂ©s par exemple dans l'architecture des amphithéâtres.

Ordres succédant aux ordres gréco-romains antiques

Usage des ordres de l'architecture classique

Salines d'Arc-et-Senans, maison du directeur et ateliers.

Bibliographie

  • Nouveau Larousse illustrĂ©, 1898-1907.
  • Marie-Christine Hellmann, L'Architecture grecque, Paris, Livre de poche, 1998 (nouvelle Ă©dition mise Ă  jour : 2007).
  • Jean-Jacques Ampère, L'histoire romaine Ă  Rome, volume 4, Michel LĂ©vy frère, (lire en ligne)

Notes

  1. Notons à ce titre que le mot « socle » qui désigne la base de la colonne est issu du latin socculus (« petite chaussure », « sandale »), abréviation de soccus qui a donné « socque » en français.
  2. Jean-Philippe Garric, Décadence de la théorie des ordres à la fin du XVIIIe siècle, (consulté le 30 juillet 2019).
  3. Dans Ampère. vol. 4
  4. Hellmann (2007), p. 32.
  5. Dans Ampère. vol. 4. 1870, p. 43
  6. Dans Ampère. vol. 4. 1870, p. 44
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