Accueil🇫🇷Chercher

Opération Outward

L'opération Outward est une campagne de bombardements britannique, durant la Seconde Guerre mondiale, utilisant des ballons à gaz sans pilote. Ces ballons peu coûteux, lâchés depuis la Grande-Bretagne, dérivent vers les pays conquis ou alliés des Allemands. Un certain nombre laissent traîner un filin d’acier qui, entrant en contact avec les lignes électriques, cause un court-circuit. D’autres transportent des bombes incendiaires pour déclencher des feux de forêts et de landes.

Personnels du Women's Royal Naval Service lachant des ballons lors de l'opération Outward à Felixstowe (1942-1944)

Description

Entre le et le , les Britanniques lâchent 99 142 ballons Ă  l’hydrogène. Parmi ce nombre, 53 343 transportent des bombes incendiaires faites de trois sacs remplis de 2,7 kg de liquide inflammable. Les autres laissent traĂ®ner un filin d’acier pour causer des courts-circuits aux lignes de distribution Ă©lectrique[1].

Les ballons sont très peu sophistiquĂ©s, ne devant parcourir que quelques centaines de kilomètres Ă  une altitude de 4 900 mètres. Aucun contrĂ´le d’altitude par dĂ©lestage de sacs de sable, ni de valve pour contrĂ´ler le gonflement du ballon ne sont nĂ©cessaires, contrairement au projet Fugo japonais, plus connu. Les ballons sont donc très peu coĂ»teux, estimĂ©s Ă  35 shillings chacun.

Histoire

Auxiliaires militaires féminines manipulant un ballon à gaz du Royal Air Force Balloon Command (en).

En 1937, les Britanniques étudient les effets d’un filin traînant sous un ballon lorsqu'il vient à entrer en contact avec des fils électriques. Le but est de connaître les dommages que pourrait causer un ballon de barrage dont les amarres se rompraient. Durant l’hiver 1939-1940 (la « drôle de guerre »), certains officiers de l'état-major proposent de lâcher des ballons depuis la France vers les troupes allemandes, en y attachant des bombes. Un transmetteur à bord permettrait de les suivre par triangulation, et un récepteur servirait à activer un mécanisme de largage des bombes[2]. L’idée devient caduque après la déroute de .

Dans la nuit du 17 au , une tempête brise les attaches de plusieurs ballons de barrage du RAF Balloon Command (en), qui traversent alors la mer du Nord. Ils coupent le courant en Suède et au Danemark ce qui entraîne l'arrêt de plusieurs trains, et l’antenne de la radio internationale de Suède est renversée. Cinq ballons atteignent même la Finlande[3]. Le tout confirme le rapport de l’expérience de 1937, et un rapport est envoyé au cabinet de guerre de Winston Churchill le . Ce dernier ordonne une étude sur l’utilisation possible de ballons pour attaquer l’Allemagne[3]. L’Air Ministry répond défavorablement, en partie parce que le ministère de la production aérienne ne considère pas les ballons comme une arme efficace.

Cependant, l’AmirautĂ© britannique se montre plus rĂ©ceptive et conclut que le coĂ»t serait minime, tout en ne mettant aucun soldat en danger. Elle estime que le rĂ©seau Ă©lectrique allemand est vulnĂ©rable Ă  de telles attaques. En effet, de larges zones de forĂŞts et de landes recouvrent le pays ce qui forcerait les forces allemandes Ă  utiliser du personnel en grand nombre pour prĂ©venir ou lutter contre des feux et courts-circuits causĂ©s au hasard. De plus, les vents Ă  près de 5 kilomètres d’altitude soufflant d’Ouest en Est, il est peu probable que les forces allemandes puissent utiliser le mĂŞme procĂ©dĂ© en retour[4].

Après un long débat entre l’Air Ministry et l’Amirauté, le comité des Chefs d'État-major donne son accord, en , pour un site de lancement à Landguard Fort, près de Felixstowe dans le Suffolk[5]. Les premiers ballons sont lâchés le et, en quelques jours, plusieurs feux de forêts sont signalés près de Berlin et Tilsit[5]. Des messages de la Luftwaffe sont interceptés et informent les Britanniques que les avions de chasse allemands ont essayé de descendre les ballons, ce qui montre un effet certain sur l’utilisation du carburant, des avions et du personnel. Les coûts du harcèlement et de la mobilisation chez les Allemands se montrent bien supérieurs au coût des ballons, et les Britanniques sont donc encouragés dans leur projet. En juillet, un deuxième site de lancement est inauguré à Oldstairs Bay près de Douvres[5].

Cette opĂ©ration emploie environ 300 personnes de la Royal Navy, en majoritĂ© des femmes, et son coĂ»t total est estimĂ© Ă  environ 220 000 livres sterling.

Effets

Le , le filin d’un ballon touche une ligne Ă  haute tension (110 000 volts) près de Leipzig, causant une surcharge Ă  la sous-station de Böhlen et dĂ©clenche un feu qui la dĂ©truit[1]. C'est le plus grand succès de l’opĂ©ration Outward. Souvent interrompue lors de bombardements alliĂ©s sur l’Allemagne pour ne pas nuire aux bombardiers[1], elle se poursuit jusqu’au . Les lâchers deviennent très sporadiques après le dĂ©barquement de Normandie.

Comme la trajectoire des ballons dépendait des aléas du vent, ils ont frappé également des pays neutres. Par exemple, les 19-, deux trains sont entrés en collision à Laholm en Suède, après qu’un des ballons ait mis hors circuit la signalisation ferroviaire[1].

Notes et références

  1. Peebles, p. 56
  2. Peebles, p. 52
  3. Peebles, p. 53
  4. Peebles, p. 54.
  5. Peebles, p. 55

Annexes

Bibliographie

  • (en) Curtis Peebles, The Moby Dick Project : Reconnaissance Balloons Over Russia, Smithsonian Books, , 250 p. (ISBN 1-56098-025-7)

Articles connexes

Lien externe

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.