Office des comités sociaux
L'Office des comités sociaux est un organisme mi-privé, mi-public lié au régime de Vichy, chargé de promouvoir durant l'occupation de la France la constitution des comités sociaux d'entreprise, voulus par la Charte du travail de 1941.
Formation en 1941
L'OCS est fondé au lendemain du discours du maréchal Pétain à Saint-Étienne (1er mars 1941) : Pétain annonçait la création de « comités sociaux où, patrons, techniciens et ouvriers rechercheront ensemble les solutions des problèmes actuels dans une commune volonté de justice, dans le souci constant d’apaiser par l’entraide les misères et les angoisses de l’heure ». Le maréchal morigénait les patrons : « Patrons, parmi vous, beaucoup ont une part de responsabilité dans la lutte des classes. Votre égoïsme et votre incompréhension de la condition prolétarienne ont été trop souvent les meilleurs auxiliaires du communisme. Je ne vous demande pas de renoncer à tirer de vos entreprises le bénéfice légitime de vos activités, mais je vous demande d’être les premiers à comprendre vos devoirs d’hommes et de Français ». Ce discours préfigure la Charte du travail annoncée depuis 1940 et présentée en octobre 1941.
En réponse à ce discours, quelques militants du corporatisme mirent au point l'OCS en 1941 : un industriel du textile de Reims, Jacques Warnier, et André Voisin, futur animateur de La Fédération après la guerre. Voisin fut le premier directeur de l’OCS, mais il fut « éliminé à la suite de tensions internes et de problèmes de personnes » en avril 1942[1]. Warnier est un industriel catholique militant pour le corporatisme chrétien depuis les années 1930, qui se situe dans la mouvance royaliste du « comte de Paris » (Henri d'Orléans). Il était alors en relations avec des militants du corporatisme comme André Voisin, rédacteur en chef du bi-hebdomadaire La justice sociale, « organe de doctrine et d’action corporatistes », auquel il collabora, et ancien du Courrier royal et de la revue de « la Jeune Droite » L’Insurgé. Voisin milita comme Warnier aux Métiers français[2], initiés par le « comte de Paris »[3], dont Voisin a été un temps le secrétaire. Selon Warnier, les comités sociaux sont « un des moyens efficaces de transformer l'entreprise en une authentique communauté dans une économie au service de l'homme »[4].
Juridiquement, l’OCS est à l’origine une association de droit privé, constituée selon la loi de 1901, et appelée le Centre d’informations des comités sociaux, née le 31 juillet 1941 et agréée à cette date par l’État[5]. Il devient le 19 janvier 1942 l’Office des comités sociaux (OCS), association privée régie par la loi de 1901, sise à Tarare (Rhône), au domicile d'un autre patron du textile également partisan du corporatisme, Marcel Doligez[Note 1] : il anime la corporation du textile de Tarare, fondée en 1939[6] - [7], qui a créé à partir de juin 1940 une commission mixte comprenant des patrons, des employés et des ouvriers[8]. Il se flatte d'avoir fondé dès 1939 un comité paritaire géré par des représentants des patrons, des ouvriers et des employés, « amorce du bien corporatif » et témoignage d'une « doctrine sociale saine », capable de vaincre le marxisme[9]. C'est aussi un patron de combat, qui milita contre le communisme ; il a contribué à animer une officine patronale fondée à Lyon en septembre 1936, la Centrale industrielle et commerciale (CIC), qui centralisait les fonds de propagande du patronat de la région lyonnaise[10]. Il est issu de l'Action française, dont il a été membre de 1926 à 1936. Il fait partie d'un réseau patronal anticommuniste, avec un autre patron membre de la commission patronale de l'Office, Georges Laederich[11].
Une sous-section de l'OCS est constituée à Paris; elle devient le siège central de l'Office, au 9, rue Auber, dans le quartier de l'opéra.
Organisation et rĂ´le de l'OCS
L' Office des comités sociaux est dirigé par un bureau tripartite (c'est-à -dire comprenant un patron, un cadre et un ouvrier), à l'image des institutions prévues par la Charte du travail. Ce bureau est composé des présidents de trois commissions consultatives, qui président à tour de rôle l'OCS, et par une direction générale qui gère les différents services de l’OCS[6] - [12]. Warnier préside la commission patronale. Il est secondé par Aimé Lepercq jusqu'à sa démission en 1943[13]. La plupart des patrons de cette commission sont des dirigeants d’associations patronales comme Édouard Bertaux[Note 2], président de la Confédération nationale des commerces et industries de l'alimentation, ancien président du Comité de Prévoyance et d'Action sociales (CPAS), désigné par Vichy président du comité d'organisation des commerces de l'alimentation début 1942, Yves Comar, en relation avec Warnier et Voisin avant la guerre[Note 3], Jacques Lenté, président de l'UIMM[Note 4], Robert de Vogüé[Note 5], ou Alban de Canisy[Note 6], président du syndicat des industries mécaniques (1930-1946). Robert de Vogüé a fondé dès 1940 en collaboration avec l’Union locale des syndicats ouvriers d’Épernay et dirige avec un militant syndicaliste socialiste le Centre interprofessionnel et social d’Épernay, laboratoire de la mise en œuvre de la Charte du travail dans la Marne[14]. Si certains sont des pétainistes avérés, tels Georges Laederich, membre du Conseil national, ou le marquis Alban de Canisy, tous deux titulaires de la francisque, deux autres rejoignent la résistance : Robert de Vogüé, membre de Ceux de la Résistance, arrêté en novembre 1943 et déporté par les Allemands en juin 1944, et Leperc, résistant dès 1942 et ministre à la Libération.
Magniez, puis Victor Barut[Note 7], président la commission des cadres.
L'ancien syndicaliste CGT Auguste Dauthuille, ancien militant libertaire et communiste, exclu du PCF en 1923[Note 8], préside celle des ouvriers[15]. Marcel Roy, membre du Conseil national et du Comité de l’organisation professionnelle, et ancien syndicaliste CGT comme Dauthuille, le seconde. Ce dernier est depuis 1941 le secrétaire chargé des relations avec les organisations syndicales du Centre syndicaliste de propagande, lié au Rassemblement national populaire (RNP), parti collaborationniste fondé et dirigé par Marcel Déat[16].
Le premier directeur de l'OCS est André Romieu[Note 9], un permanent patronal de l'Union des industries et métiers de la métallurgie[17], et futur président-fondateur de l'Union fédérale des consommateurs—Que choisir en 1951. À Vichy se trouve une sous-direction de l’Office pour la zone libre.
L'OCS vise un triple objectif : diffuser les informations concernant l’application de la Charte du travail, déterminer la doctrine et l’application des comités sociaux et animer ces comités. Il veut faciliter la mise en place des comités sociaux, par des conseils et des brochures, et coordonner leur action aux échelles locale, départementale et régionale. Il lui revient d'expliciter les articles de la Charte du travail et les textes de loi, par exemple sur les attributions de ces comités sociaux ou sur les modalités de désignation de ses membres. C'est pourquoi Romieu répond en 1942 à l'enquête du journaliste Pierre Forest du Petit Journal sur ces questions, soulignant que l'OCS préconise le vote des travailleurs mais avec l'accord des patrons pour choisir les membres des comités[18].
L'Office publie des brochures et organise des conférences, par exemple à la Sorbonne en 1942, avec l'économiste corporatiste François Perroux, le syndicaliste Maurice Bertron, secrétaire général de la fédération du sous-sol, et le docteur André Gros, médecin du travail et vice-régent de la Fondation française pour l'étude des problèmes humains[19]. Ses services centraux se sont progressivement étoffés. Par exemple, un comité de ravitaillement est mis en place en juin 1942[20]. Il s’intéresse aux jeunes et aux sports et assure la liaison avec les assistantes sociales et conseillères du travail.
Il a progressivement mis en place en province des commissions régionales, comme à Toulouse[21], et des commissions interprofessionnelles tripartites départementales, par exemple dans les Côtes-du-Nord en septembre 1942, à la suite d'une conférence d'un cadre de l'OCS[22], dans les Vosges - elle est présidée par Georges Laederich, de 1942 à 1944 -, en Ille-et-Vilaine[23], en Côte-d'Or[Note 10], en Basse-Normandie[24], ou encore en Isère[25] et dans les Bouches-du-Rhône[Note 11]. 75 commissions départementales existent en mars 1944[26].
Des chargés de mission « ont éclairé les esprits et sont venus à bout de l'opposition patronale et ouvrière, à laquelle s'ajoutent l'indifférence des cadres », affirme le ministre Hubert Lagardelle fin 1942[27]. Ces chargés de mission sont souvent d'anciens syndicalistes de la CGT, à commencer par Louis Mersch, chef du service de l'action et de la propagande de l'OCS, ancien responsable de l'UD CGT du Haut-Rhin [28] - [29]. C'est le cas aussi d'Henri Philippo, chargé de mission de l'OCS pour le Nord et le Pas-de-Calais[30]. Ces chargés de mission et ces commissions départementales ont en effet tenté de convaincre les patrons de mettre en place des comités sociaux dans leur entreprise, par exemple en Saône-et-Loire en 1943[31].
L'Ă©tatisation progressive de l'OCS
Malgré l’appui donné par le cabinet civil du maréchal, qui entend garder à l’Office son caractère privé[32], les fondateurs patronaux de l’OCS durent faire face aux ambitions d’anciens syndicalistes de la CGT, désireux de prendre le contrôle de l’Office, de conserver les syndicats et de renforcer la tutelle de l’État, et à celles des ministres successifs du régime de Vichy. Georges Dumoulin, éditorialiste de L'Atelier, cadre du RNP et animateur du Centre syndicaliste de propagande, est nommé en juin 1942 inspecteur général de l’OCS, par décision du secrétaire général du travail Jean Terray. Il est chargé « d’assurer la liaison entre les responsables de l’Office et le secrétariat au travail, (…) de renseigner ce ministère sur la formation et le fonctionnement des comités sociaux d’entreprises et des commissions départementales »[33] - [32] - [15]. Pour Marcel Roy, interrogé par Le Petit Parisien en février 1942, les comités sociaux « peuvent jouer un excellent rôle si le syndicalisme y tient sa place ». Il déplore que « des industriels ont systématiquement ignoré » les circulaires qui enjoignaient d’utiliser les syndicats et les délégués du personnel en fonction pour constituer les comités sociaux, et affirme que « dès lors le caractère paternaliste donné à ces comités a provoqué, parmi le personnel, une certaine méfiance ». Il enjoint aux industriels de « rectifier le tir » et espère aussi que ces comités puissent «transmettre toutes les réclamations individuelles relatives aux conditions de travail »[34]. En liaison avec les groupes locaux de l'OCS, Roy diffuse en province ses mots d'ordre et sa vision de la société [35]. En juillet et août 1943, Dauthuille tente d'évincer Romieu[32].
Le premier secrétaire d’État au travail de Vichy, l’ancien syndicaliste René Belin, s’est intéressé à l’OCS dès l’été 1941. L'Office fonctionne d’ailleurs sous l’autorité directe du secrétariat d’État au travail, qui le finance pour une large part[6]. La mission de l’organisme est précisée dans une circulaire du 25 juillet 1942 par le ministre du travail Hubert Lagardelle. Sa mission consiste à promouvoir et à faciliter la création des comités sociaux ainsi qu’à diffuser l’information concernant la Charte du travail[36]. Lagardelle et ses adjoints ont suivi régulièrement les travaux de l’OCS, aussi bien à Paris qu’à Vichy. Il a reçu les membres des commissions consultatives nationales à Paris[37] et est intervenu en séance plénière de la commission de l’OCS en septembre, et à une réunion à Vichy des membres du conseil supérieur tripartite et de la commission tripartite de la zone libre, en présence de Warnier et de Doligez, en octobre. Le mois suivant, il réunit dans les locaux du secrétariat d’État à Paris les représentants régionaux et départementaux de l’Office pour la zone occupée. En janvier 1943, il reçoit les membres du bureau de l’Office et en avril, il prend la parole lors des journées d’études de l’OCS organisées à Paris et présidées alors par Victor Barut ; des rapports y furent lus aussi bien par Warnier et Romieu que par un syndicaliste comme Marcel Roy. D’autres syndicalistes y prirent la parole, comme Dumoulin, Vernier et Vitrac[38] - [39]. Un Louis Mersch, inspecteur de l'OCS, est en même temps chargé de mission au cabinet du secrétaire d'État au travail en 1942-43[40]. Marcel Doligez, en tant que président en exercice de l’Office pour la zone sud, reçut le maréchal Pétain et Lagardelle le 4 décembre 1942, venus visiter une réunion d’études de l’OCS à la villa Strauss à Vichy. Pétain le reçut à déjeuner avec Lagardelle et le directeur de l’OCS quelques jours plus tard[41].
Pour le successeur de Lagardelle, en novembre 1943, Jean Bichelonne, l’OCS « doit perdre sa relative indépendance pour devenir un rouage de l’État »[42]. L'emprise de l'État et des syndicalistes liés au RNP culmine au moment de l’arrivée de Marcel Déat au Ministère du travail en 1944. L'OCS est alors quasiment étatisé. En mars 1944, une loi transforme l’Office en un organisme semi-public et sa direction est modifiée. Désormais, l’Office est dirigé par un délégué général assisté d’un chargé de mission du cabinet du ministre de la solidarité nationale[43] - [44]. Georges Vernier est ce délégué général. Ancien secrétaire de l’Union locale CGT de Nancy et ancien chargé de mission au cabinet de Pierre Pucheu[45], il donna comme tel des conférences sur la Charte du travail en 1942[46] et était le directeur-adjoint de l'Office en zone Sud. Dumoulin est désigné chargé de mission[47].
Dumoulin écrit dans L’Atelier un article dans lequel il attaque les fondateurs de l'OCS qui refusaient le contrôle des pouvoirs publics. Il vante la transformation de l’OCS en « un organisme semi-public, contrôlé par la puissance publique, administré par un délégué général nommé par le ministre ». Et moque « ces Messieurs qui voulaient rester les maîtres » et refusaient de confier leur création à « un ouvrier intelligent, capable et énergique »[48].
Dumoulin et Vernier semblent triompher lorsque pour la première fois depuis la loi du 31 mars 1944 ils reçoivent la presse pour présenter le nouvel Office. « On a donné le pas aux militants ouvriers et sociaux d’ancienne date qui sont seuls les techniciens du social », affirment-ils. Ils protestèrent contre l’argument selon lequel l’OCS nouveau deviendrait « un instrument entre les mains du ministre du travail pour sa politique personnelle ». Et soulignèrent surtout leur objectif de faire de l’OCS « autre chose qu’un centre de distribution d’assiettes, de couverts, de bons de matières ou de légumes »[49].
Bibliographie
- Jean-Pierre Le Crom, Syndicats, nous voilĂ ! Vichy et le corporatisme, Ed. de l'Atelier, .
- Régis Boulat, « Jacques Warnier, itinéraire d’un patron corporatiste des années 1930-1950 », dans Olivier Dard (dir.), Le siècle du corporatisme. Le corporatisme dans l’aire francophone au XXe siècle, Peter Lang, Berne, 2011, p. 94-118
Article connexe
Notes et références
Notes
- Marcel Auguste Joseph Doligez (1891-1979), ingénieur civil des mines et de l'école supérieure d'électricité, membre de la Société de physique (janvier 1932) est chevalier en 1915 puis officier de la Légion d'honneur en 1919 à titre militaire (à la suite de sa conduite durant la Première Guerre mondiale comme lieutenant de réserve puis capitaine en 1916 de chasseurs alpins, sept fois cité et plusieurs fois blessé : Journal officiel, 17 septembre 1915, Journal officiel, 18 juillet 1916, Ibid., 15 juillet 1917, Ibid., 20 décembre 1918, Ibid., 11 janvier 1919, Ibid., 16 janvier 1919). Il a épousé en 1920 Aline Champier, fille d'Adolphe dit Hippolyte fils Roche-Champier. Avec son beau-père, héritier de la Maison Champier fondée en 1884 par Hippolyte Champier, et Jean Claudius Champier, il a fondé à Tarare en 1923 la SA Ets H. Champier, au capital à l'origine d'un million de francs, une firme de blanchiment, d’apprêt et de teinture, et la SA Blanchiment et apprêts de Tarare ( BAT ): Le Salut public, 21 novembre 1923, Éléments de biographie. Il est désigné par Vichy en 1943 membre de la Chambre de commerce de Tarare (Journal officiel, 25 novembre 1943). Après la guerre, Doligez dirige toujours les Ets Champier et la BAT, qui lance une activité de matières plastiques, créant un revêtement de sol sous la marque Taraflex, rachetée par Gerflor en 1978 (ou 1983): Tarare et son pays, 2012, "Robert Michon, inventeur du Taraflex, donne son nom au boulevard Garibaldi", le-pays.fr, 26 août 2014, "Robert Michon, une vie en sol majeur". Les Ets Champier deviennent la teinturerie de la Turdine.
- Fils de Léon Bertaux, administrateur de sociétés et directeur du marché de la Villette, Edouard Bertaux (1884-1956), docteur en droit et licencié ès lettres, est administrateur-délégué puis PDG du Comptoir des viandes et produits alimentaires. Il est vice-président de la Confédération avant la guerre et a été chef du cabinet du secrétaire général au ravitaillement d'août 1939 au 12 décembre 1941. Il est membre de la Chambre de commerce à partir de 1944, vice-président du CNPF dès sa création en 1945 et continue à présider la Confédération : cf. son Dossier de la Légion d'honneur d'E. Bertaux dans la base Léonore. Sur le CPAS, fondé en septembre 1936 par une partie du patronat pour lutter contre la politique sociale et économique du Front populaire et l'influence de la CGT mais aussi pour mobiliser les patrons moyens et petits dans un cadre corporatif, présidé successivement par Paul Brenot, Louis Germain-Martin et Bertaux (1939-1940), cf. Ingo Kolboom, La revanche des patrons: le patronat face au Front populaire, Flammarion, 1986
- Il a connu Warnier à la commission des alliances sociales du CCOP et au Centre des jeunes patrons (cf. Régis Boulat, « Le CCOP, le fonctionnement syndical et la formation des permanents patronaux, 1936-1941 » dans O. Dard, G. Richard, Les permanents patronaux : éléments pour l’histoire de l’organisation du patronat en France dans la première moitié du XXe siècle, Metz, 2005) et il a financé le périodique de Voisin La Justice sociale avant 1940, selon le témoignage de Maurice Cliquet, op. cit. (l’autre financier étant Eugène Schueller de L’Oréal). Comar (1899-1969) est un ancien de l’Institut catholique de Paris (il fut membre du comité de l’Association des anciens élèves de 1934 à 1937) et des « équipes sociales » de Robert Garric, membre en 1923-24 de la Société thomiste. Il est suppléant au conseil du Centre d’information professionnel et sera membre du Conseil supérieur de l’économie industrielle et commerciale en 1943. Comar dirige le laboratoire pharmaceutique Clin-Comar avec son cousin Raymond. Sur cette société fondée par le grand-père d’Yves Comar, cf. le site de la société d’histoire de la pharmacie : shp-asso.org
- qui a vanté devant ses pairs de l’UIMM les mérites de la Charte. Sur Jacques Lenté (1890-1967), président de l’UIMM de 1937 à 1945, son rôle et ses convictions, cf. Danièle Fraboulet, L’Union des industries métallurgiques et minières (UIMM) et les droites durant la première partie du XXe siècle, dans Olivier Dard, Gilles Richard, Les droites et l’économie en France au XXe siècle, Riveneuve éditions, 2011, p. 162-165. Et Lenté et Canisy sont membres des commissions d’organisation des familles professionnelles de la production (Lenté) et de la transformation (Canisy) des métaux. Il a figuré à la commission de l’organisation économique du conseil national, aux côtés de Laederich, de Lepercq, et de Canisy. Il siège aussi au conseil supérieur de la Charte du travail, comme Canisy.
- Robert de Vogüé (1896-1976), fils de Louis-Antoine-Melchior de Vogüé et de Louise d'Arenberg, délégué général du négoce du comité interprofessionnel des vins de champagne et gérant de Moët et Chandon, anime le Groupement interprofessionnel patronal d’Épernay. Désigné par le préfet de la Marne René Bousquet membre de la commission administrative du département, il siège ensuite au conseil départemental : Notice biographique sur le sitemuseedelaresistanceenligne.org
- Le marquis Alban Carbonnel de Canisy (1887-1965), docteur en droit, ingénieur des Arts et manufactures, titulaire de la croix de guerre 1914-18 (quoique réformé), est PDG de la société Emidecau depuis 1920 et membre de la Chambre de commerce de Paris (1937-1950). Cf. son dossier de la Légion d’honneur sur la base Léonore : chevalier en 1939 et officier en 1958 (en tant que président de la commission administrative des ateliers-écoles d’orientation professionnelle d’apprentissage à Paris). En 1933, il présente « un plan de collaboration des classes en matière sociale et en matière professionnelle » lors du congrès de l’Alliance démocratique (Le Temps, 30-10-1933) et il a été candidat « indépendant » aux municipales à Paris en 1935 dans le 15e arrondissement. Il dresse un réquisitoire contre les conventions collectives, les délégués du personnel et les syndicats dans la Revue de Paris du 15 octobre 1936 (Georges Lefranc, juin 36 : l’explosion sociale du Front populaire, Julliard, 1966, p. 269), critique les 40 heures et le « programme démagogique du Front populaire » dans la Revue des deux mondes ( 15-12-1936 ) et dans la Revue universelle en 1937 déplore que « patrons et ouvriers s’ignorent faute de contacts directs et fréquents entre les uns et les autres », appelle à « l’union du patronat » qui doit prendre « les mesures sociales d’ordre général qui intéressent le monde du travail tout entier ». Un patronat « renforcé de tous les éléments sains et susceptibles de vouloir agir » « qui a le devoir d’opposer son expérience aux rêves dangereux d’un parti voire d’un gouvernement » devant « l’infiltration méthodique des théories marxistes et communistes par le truchement de la CGT » et devant « la carence, voulue ou non des pouvoirs publics » : « Surtout en tant que Français tout court, nous refusons de composer avec les groupements qui tiennent leur mot d’ordre de l’étranger ». Il se déclarait cependant favorable aux « contrats collectifs strictement observés dans le cadre professionnel », aux congés payés et à la retraite pour les « vieux travailleurs » (cité par Le Journal des débats, 7-5-1937). Dans la Revue des deux mondes en novembre 1937, il écrivait même au sujet de la retraite : « On nous objectera que la retraite devient un dû : nous répondrons par l’affirmative. Celui qui a travaillé à droit au bénéfice d’une retraite (…) et il est équitable que l’employeur en facilite l’accès ; le vent est aujourd’hui beaucoup plus aux obligations sociales qu’aux obligations charitables ». Il est titulaire de la francisque (no 626), et chargé de mission auprès du maréchal Pétain en avril 1941. Il fait l’objet d’enquêtes en 1945 mais n’est pas inquiété.
- Le Petit Parisien, 3 mars 1943 . Barut (1895-1967), né en Haute-Savoie, est ingénieur des Arts et manufactures, docteur en droit, secrétaire général de la Fédération nationale des syndicats d’ingénieurs, chevalier de la Légion d’honneur à titre militaire depuis 1933 (cf. son dossier sur la base Léonore). Il a travaillé pour la société Ugine, grâce à son oncle l’industriel Jules Barut, vice-président délégué d’Ugine (collectif, Ugine, histoire des aciéries électriques, Éditions lyonnaises d'art et d'histoire, 1993). Il sera ingénieur-conseil et ingénieur-expert après la guerre, et dans les années 1960 trésorier de la Chambre des ingénieurs-conseils de France et secrétaire de la Société des ingénieurs de France.
- Notice sur le site maitron-en-ligne.univ-paris1.fr
- André Romieu est né à Montpellier le 29 novembre 1905. Docteur en droit, ancien élève de l’École libre des sciences politiques, il a été secrétaire général des Papeteries Paul Dupont à Clichy, de 1929 à 1932, secrétaire général adjoint puis secrétaire général de la société l’Électrification industrielle de 1932 à 1936, puis permanent de l’UIMM, attaché au service des questions générales. Sur les activités de Romieu après la guerre, au ministère de l’économie nationale puis à l’UFC-Que choisir, au Comité national de la consommation et à l’UNAF cf. Régis Boulat, « Jean Fourastié ou le prophète repenti », Vingtième siècle, 2006/3, no 91, Louis Pinto, « Le consommateur : agent économique et acteur politique », Revue française de sociologie, 1990, 31-2, Louis Pinto, « La gestion d’un label politique : la consommation », Actes de la recherche en sciences sociales, vol 91-92, mars 1992. Un André Romieu a été le critique théâtral du Courrier royal avant la guerre : s'agit-il du même homme ?
- Le Progrès de la Côte-d’Or, 2 février 1943, p. 2 : présidée par André Pétolat, industriel de la mécanique, futur président de la fédération patronale départementale (Union des syndicats patronaux) adhérente au CNPF, futur membre du conseil départemental du Centre départemental des républicains indépendants de Roger Duchet et futur conseiller municipal de Dijon, élu en 1953 sur la liste du chanoine Félix Kir et adjoint de ce-dernier : Gilles Richard, Le Centre départemental des républicains indépendants de Côte-d’Or sous la IVe République : un modèle pour le CNIP ?, dans Collectif, Terres d’élections: Les dynamiques de l’ancrage politique (1750-2009), Presses universitaires de Rennes, 2014, La Bourgogne républicaine, 28 août 1952), Ribillard pour les cadres et Barbier pour les ouvriers. La commission a été initiée en partie par le syndicaliste Léon Seux, président provisoire des ouvriers, correspondant de l'OCS et secrétaire délégué (Notice biographique sur le site maitron-en-ligne.univ-paris1.fr, Le Progrès de la Côte-d’Or, 17 février 1943)
- Le Petit Provençal , 12 avril 1943, p. 2 : elle est présidée par Pierre Keller (industriel de la chimie: patron des Établissements Schloesing, futur président de la Chambre de commerce de Marseille de 1956 à 1959 : cf. Madeleine Villard, Protestants à Marseille: histoire d'un groupe social, La Thune, 1998, Xavier Daumalin, Jean Doménichino, Le Front populaire en entreprise: Marseille et sa région (1934-1938), Laffitte, 2006, Laurence Américi, Xavier Daumalin, Les dynasties marseillaises: de la Révolution à nos jours, Perrin, 2010), Robert Perchet (cadre, ingénieur à l'électro-chimie de la Barasse) et Noël Carrega, ouvrier, secrétaire de l'Union départementale (ex-CGT)
Références
- Maurice Cliquet (ancien de la JOC puis du comité Jeunesses nouvelles au début de l’Occupation, ami de Voisin, avec qui il collabora au périodique La Justice sociale en 1939, il participa aux réunions préparatoires de l’OCS et devint responsable de la section de jeunes jusqu’à sa démission de l’OCS en février 1944), Sillons: 50 ans d'action pour la justice sociale, Éditions Témoignage chrétien, 1984, p. 51. Cf. aussi le témoignage de Jean Queval (ami de Voisin, ancien de La Justice sociale, de l'OCS et de l'Institut d'études corporatives et sociales), Communauté d’entreprise, Fayard, 1943, pour qui « les deux têtes les plus marquantes » de l'OCS à sa fondation étaient Voisin et Warnier (Lire le début du livre en ligne).
- L'Express du Midi, 1er juillet 1937, "Le congrès corporatif des Métiers français"
- La Revue hebdomadaire, 12 décembre 1936, André Voisin, "Le mouvement Métiers français". Cf. Bruno Goyet, Henri d’Orléans, comte de Paris (1908-1999) : le prince impossible, Odile Jacob, 2001
- Informations générales, 29 septembre 1942
- Victor Louis Chaigneau, Histoire de l'organisation professionnelle en France: la Loi du 4 octobre 1941, R. Pichon et R. Durand-Auzias, 1945, p. 217, Archives nationales, Charte du travail. Présentation de l'office des comités sociaux
- Le Crom 1995, p. 297.
- Les expériences corporatistes menées à Reims par Warnier et à Tarare par Doligez sont décrites dans l’ouvrage anticommuniste du docteur Bernard Lefèvre (militant nationaliste et antigaulliste emprisonné à la prison de la Santé d’août à octobre 1960), L’Occident en péril, NEL, 1961, p. 230-233. Cf. aussi Notre province, no 7, octobre 1942 : Doligez présente la Corporation de Tarare dans un exposé sur le corporatisme lors de la troisième Université Jeune-France à Aix-les-Bains en 1942. Et aussi: Conférence de Marcel Doligez en 1950 sur la corporation du textile de Tarare
- Le Cri du peuple, 28 octobre 1941
- Je Suis partout, 29 décembre 1939
- Annie Lacroix-Riz, De Munich à Vichy: L'assassinat de la Troisième République 1938-1940, Armand Colin, 2008, Archives nationales, Haute Cour de justice, Volume 9, Déposition de Doligez, gérant des Ets Champier à Tarare, 19 mai 1945
- Jean-François Colas, Georges René Laederich (1898-1969), un industriel en politique. De l’engagement volontaire contre l’Allemagne en 1916 à l’acceptation du Marché commun, dans Jean El Gammal, Jérôme Pozzi (dir.), Le Grand Est (1870-2019). Forces et cultures politiques, Presses universitaires de Nancy - Editions Universitaires de Lorraine, 2019, pp. 146-147
- L'Ouest-Eclair, 18 juin 1942, La Croix, 19 octobre 1942, Informations générales, 23 juin 1932
- Archives Jacques Warnier; répertoire
- Le Petit Troyen, 24 septembre 1941, L'Atelier, 6 septembre 1941, Ibid., 4 octobre 1941, La France socialiste, 21 janvier 1942, Ibid., 22 janvier 1942
- Le Matin, 19 avril 1943, "La Charte du travail se réalise méthodiquement"
- Cyril Buffet, Rémy Handourtzel, La collaboration, à gauche aussi, Perrin, 1989, p. 208, Le Matin, 13 avril 1942, "Une importante résolution du Centre syndicaliste de propagande"
- Le Matin, 19 avril 1943, "La Charte du travail se réalise méthodiquement", La Vie de la France sous l'occupation (1940-1944), Plon 1957, lettre de Romieu, p. 198-199.
- Le Petit Journal, 28 novembre 1942, Ibid., 30 novembre 1942, Ibid., 1er décembre 1942
- Le Petit Parisien, 5 juin 1942
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- Le Lexovien, 20 juin 1943, "L'installation officielle de la section locale tripartite des comités sociaux"
- Le Moniteur viennois, 3 avril 1943, "La Charte du travail en action. L'assemblée générale des comités sociaux de l'arrondissement de Vienne"
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- Bulletin de l'Office central des Ĺ“uvres de bienfaisance, 1942
- Informations générales, 29 septembre 1942, p. 604-605
- Journal des débats, 12 octobre 1942, "L'Office des comités sociaux s'est réuni à Vichy", Ibid., 1er mars 1943, Le Petit Parisien, 26 février 1943, La France socialiste, 19 avril 1943
- Christine Bouneau, « Une expérience corporative : Hubert Lagardelle et la Charte du travail du régime de Vichy», dans Didier Musiedlak (dir.), Les expériences corporatistes dans l’aire latine, Peter Lang, 2010
- Informations générales, 27 avril 1943
- Informations générales, 8 décembre 1942, Le Journal des débats, 7 décembre 1942, La Croix, 5/6-12-1942, 7-12-1942. Pétain est venu également assister à une réunion de l’Office à Vichy en mai 1943, à la villa Strauss: Journal des débats, 4 mai 1943, "A la maison de la Charte".
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- Dalloz, Recueil hebdomadaire de jurisprudence en matière civile, commerciale, administrative et de droit public, 1944, Bulletin de l'Office central des œuvres de bienfaisance, mai 1944, p. 159,
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- Informations générales, 2 décembre 1941
- Le Midi socialiste, 2 février 1942, "Une réunion d'information sur la Charte du travail", L'histoire à travers champs: mélanges offerts à Jean Sagnes, Presses universitaires de Perpignan, 2002, p. 195
- Le Journal des débats, 10 juin 1944. L'article affirme faussement que l'OCS était animé jusqu'à la loi de 1944 par un conseil d'administration composé exclusivement de patrons
- Georges Dharnes (pseudonyme de Dumoulin), L'Office des comités sociaux va connaitre une activité nouvelle, L’Atelier, 15 avril 1944 (Lire en ligne)
- La France socialiste, 26 mai 1944 (Lire en ligne), Centre d’information professionnelle, no 896, 30-5-1944, Le Petit Parisien, 26 mai 1944