Nuri Bilge Ceylan
Nuri Bilge Ceylan[1], né le à Istanbul, est un cinéaste et photographe[2] turc.
Naissance |
Istanbul, Turquie |
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Nationalité | Turc |
Profession |
Photographe Réalisateur Scénariste Monteur Producteur |
Films notables |
Kasaba Nuages de mai Uzak Les Climats Les Trois Singes Il était une fois en Anatolie Winter Sleep Le Poirier sauvage |
Site internet | http://www.nuribilgeceylan.com |
Biographie
Il est diplômé de l'université du Bosphore en ingénierie électrique et poursuit ensuite des études de cinéma à l'université des beaux-arts Mimar-Sinan. Son court métrage Koza concourt pour la Palme d'or du court métrage au Festival de Cannes 1995[3]. Il obtient ensuite plusieurs récompenses pour son premier long métrage, Kasaba, sorti en 1998[4].
Nuages de mai est sélectionné en compétition à la Berlinale 2000. Uzak (Lointain en français) obtient le Grand Prix du jury et le Prix d'interprétation masculine pour ses deux comédiens principaux au Festival de Cannes 2003. Les Climats entre dans la compétition du Festival de Cannes 2006 et se voit décerner le Prix FIPRESCI. Les Trois Singes vaut ensuite à Ceylan le Prix de la mise en scène cannois en 2008 et Once Upon a Time in Anatolia lui apporte un nouveau Grand Prix en 2011. En 2014, il reçoit la Palme d'or pour Winter Sleep (Kış Uykusu). Ceylan est souvent considéré comme la figure de proue du cinéma turc : Les Cahiers du cinéma le présente comme le réalisateur le plus représentatif et le plus connu de son pays[5]. Son film Le Poirier sauvage (Ahlat Ağacı) est sélectionné en compétition officielle au Festival de Cannes 2018, mais il ne reçoit aucun prix malgré un accueil très positif de la presse.
Style
Son œuvre, exigeante et austère, décrit par petites touches impressionnistes la difficulté de vivre pleinement sa vie dans les sociétés modernes à travers la peinture des relations intimes et sociales, contaminées par le rapport de classes : la famille, l'amitié et bien sûr le couple, ce qui vaut au cinéaste des comparaisons avec Michelangelo Antonioni, voire Ingmar Bergman dans un registre toutefois beaucoup plus méditerranéen[6] - [7] - [8]. Il est par ailleurs rapproché de Theo Angelopoulos[9] - [10]. Ceylan affirme également puiser son inspiration dans l'œuvre littéraire d'Anton Tchekhov et Henrik Ibsen[7]. Winter Sleep (Kış Uykusu) transpose justement le canevas de trois nouvelles de Tchekhov dans la Turquie contemporaine[7]. Le critique Jean-Michel Frodon souligne également sa capacité « à se déplacer à travers [son] pays pour en restituer, sans aucun folklore, les multiples facettes »[5]. Producteur, scénariste, réalisateur, mais également monteur et chef opérateur de la plupart de ses films, Ceylan cultive une forme très personnelle d'auto-fiction cinématographique qui le rapproche d'auteurs tels que Woody Allen et Nanni Moretti[6].
Si une partie de la critique internationale admire son œuvre, l'autre reproche souvent au metteur en scène son extrême lenteur, son esthétisme, voire son académisme auteuriste[10] - [9] - [11] - [12]. C'est souvent la notion de durée qui rebute le spectateur dans les films de Ceylan qui privilégient les temps de latence, les moments de vide et d'attente, ainsi que la réduction de l'intrigue et des dialogues au strict minimum[13]. Winter Sleep (Kış Uykusu) constitue toutefois une exception car les dialogues se veulent plus longs, denses et littéraires qu'à l'accoutumée[7] - [6]. Le cinéaste filme au plus près la souffrance muette et indicible de ses personnages dans une esthétique contemplative et mélancolique[5] - [14].
Notes
Le cinéaste a écrit les scénarios de ses trois derniers films en compagnie de son épouse, Ebru Ceylan, avec laquelle il joue dans Les Climats. Lors de la réception du Prix de la mise en scène cannois en 2008, il dédie sa récompense « à son beau et incompris pays qu'il aime avec passion. »[15]. Quand il remporte la Palme d'or en 2014, il se dit heureux d'être récompensé au moment du centenaire du cinéma turc[16] et dédie le prix à « la jeunesse de Turquie, et à ceux d'entre eux qui sont morts au cours de l'année passée », en référence aux manifestations de 2013 contre le gouvernement de l'AKP[6] - [17].
Festivals
- 2001 : membre du jury du 42e Festival de Thessalonique, sous la présidence de John Boorman
- 2008 : président du jury du 14e Festival de Sarajevo
- 2009 : membre du jury du 62e Festival de Cannes, sous la présidence d'Isabelle Huppert
- 2015 : membre du jury du 72e Festival de Venise, sous la présidence d'Alfonso Cuarón
- 2019 : président du jury du 22e Festival international du film de Shanghai
Filmographie
Réalisateur
- 1995 : Koza (court métrage)
- 1997 : Kasaba (The Small Town)
- 1999 : Nuages de mai (Mayıs Sıkıntısı, mot à mot « Ennui de mai »)
- 2002 : Uzak (« Loin »)
- 2006 : Les Climats (İklimler)
- 2008 : Les Trois Singes (Üç Maymun)
- 2011 : Il était une fois en Anatolie (Bir Zamanlar Anadolu'da)
- 2014 : Winter Sleep (Kış Uykusu)
- 2018 : Le Poirier sauvage (Ahlat Ağacı)
- 2023 : Les Herbes sèches (Kuru Otlar Üstüne)
Scénariste et producteur
Nuri Bilge Ceylan est scénariste de toutes ses réalisations. Cependant, Les Trois Singes, Il était une fois en Anatolie et Winter Sleep (Kış Uykusu) furent coécrits avec sa femme, Ebru Ceylan. Nuri Bilge Ceylan coproduit tous ses films.
Acteur
- 2006 : Les Climats (İklimler) : Isa. Ebru Ceylan est également incluse dans la distribution.
Monteur
- 1999 : Nuages de mai
- 2002 : Uzak
- 2006 : Les Climats
- 2008 : Les Trois Singes
- 2011 : Il était une fois en Anatolie
- 2014 : Winter Sleep (Kış Uykusu)
Distinctions
- Orange d'or du meilleur réalisateur au Festival international du film d'Antalya 1999 pour Nuages de mai
- Orange d'or du meilleur réalisateur au Festival international du film d'Antalya 2002 pour Uzak
- Orange d'or du meilleur film au Festival international du film d'Antalya 2003 pour Uzak
- Grand prix au Festival de Cannes 2003 pour Uzak
- Prix FIPRESCI de la Critique internationale au Festival de Cannes 2006 pour Les Climats
- Orange d'or du meilleur réalisateur au Festival international du film d'Antalya 2006 pour Les Climats
- Prix de la mise en scène au Festival de Cannes 2008 pour Les Trois Singes
- Grand prix au Festival de Cannes 2011 pour Il était une fois en Anatolie
- Meilleur film au Festival international du film de Dublin 2012 pour Il était une fois en Anatolie
- Palme d'or et Prix FIPRESCI de la Critique internationale au Festival de Cannes 2014 pour Winter Sleep (Kış Uykusu)
Notes et références
- Le nom de Nuri Bilge Ceylan ne se prononce pas comme celui de l'île de Ceylan, mais « Nouri Bilguè Djèïlân ». Lisez l'article sur la prononciation du turc pour en savoir plus.
- « The official website of Nuri Bilge Ceylan photography », sur nuribilgeceylan.com (consulté le ).
- Sélection des courts métrages en compétition du Festival de Cannes 1995, consultée le 29 mai 2014.
- Nuri Bilge Ceylan sur le site du Festival de Cannes, consultée le 29 mai 2014.
- "De la marge au sommet", Jean-Michel Frodon, juillet-août 2009, supplément p.XVI
- Gérard Lefort, Olivier Séguret, Didier Péron, Sabrina Champenois, Bruno Icher et Julien Gester, « Palme d'or pour Sommeil d'hiver de Nuri Bilge Ceylan », Libération, (lire en ligne, consulté le )
- « Nuri Bilge Ceylan, le Bergman du Bosphore », La Libre Belgique, (lire en ligne, consulté le )
- Serge Kaganski, « Il était une fois en Anatolie », Les Inrocks, (lire en ligne, consulté le )
- Norbert Creutz, « La mauvaise conscience avec brio », Le Temps, (lire en ligne, consulté le )
- Jérôme Vermelin, « Cannes 2014 – Winter Sleep : mais qui ira voir cette Palme d'or ? », Metronews, (lire en ligne, consulté le )
- Violaine Morin, « La Palme d'or vue de l'étranger : attendue et élitiste », Le Figaro, (lire en ligne, consulté le )
- Jean-Marc Lalanne, « Cannes : un palmarès décevant pour un Festival riche et beau », Les Inrocks, (lire en ligne, consulté le )
- Florence Leroy et Cécile Mimaut, « Festival de Cannes : Winter Sleep remporte la Palme d'or », France Info, (lire en ligne, consulté le )
- « Uzak », sur Chronicart,
- (tr) Ödülüm, tutkuyla sevdiğim yalnız ve güzel ülkeme
- « Cannes : le Turc Nuri Bilge Ceylan remporte la Palme d'or avec Winter Sleep », Le Point, (lire en ligne, consulté le )
- Thomas Sotinel, « Cannes 2014 : le cinéaste turc Nuri Bilge Ceylan, Palme d'or pour Winter Sleep », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
Liens externes
- Site officiel
- Ressources relatives à l'audiovisuel :
- Africultures
- Allociné
- (en) AllMovie
- (de + en) Filmportal
- (pl) Filmweb.pl
- (en) IMDb
- Ressources relatives aux beaux-arts :
- (en) Museum of Modern Art
- (en) MutualArt
- (nl + en) RKDartists
- (en) Union List of Artist Names
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :