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Nirmal Purja

Nirmal Purja, surnommé Nims Dai[1], est un alpiniste népalo-britannique, né le dans le district de Myagdi au Népal. Parmi les alpinistes ayant gravi les quatorze sommets de plus de huit mille mètres, il détient le record de rapidité en étant parvenu à les enchaîner en six mois et six jours[2]. Cet exploit fait l'objet d'un film diffusé sur Netflix en 2021 : 14 Peaks. Deux ans après ce record, il réalise le 16 janvier 2021 la première ascension du K2 en hiver, en tant que co-leader aux côtés de Mingma Sherpa et d’une équipe népalaise.

Nirmal Purja
Description de l'image Nirmal Purja.jpg.
Biographie
Nationalité

Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni,

Drapeau du Népal Népal
Naissance ,
Myagdi, Népal
Surnom Nims Dai
Carrière
Disciplines himalayisme
Période active depuis 2012
Plus haut sommet Everest
Profession militaire

14 sommets de plus de 8 000 mètres

Biographie

Enfance

Nirmal Purja est né le dans le village de Dana, situé au sein du district de Myagdi[3]. Nirmal est le quatrième enfant d'une fratrie de cinq (trois frères plus âgés, et une sœur cadette)[4]. Il est élevé dans une famille de confession hindouiste[5]. Son père est militaire dans un régiment gorkha de l'armée indienne tandis que sa mère participe aux travaux agricoles dans le village[4].

Alors qu'il est âgé de quatre ans, sa famille prend la décision de quitter le village en raison des risques de glissement de terrain pour s'installer dans le district de Chitwan[6] - [7] loin des montagnes. Il grandit de ce fait sans être initié à l'alpinisme mais pratique néanmoins le kickboxing[8] et dispute des épreuves de course en athlétisme[9].

Il définit sa famille comme pauvre[10]. Néanmoins l'entrée de ses frères dans les régiments gurkhas apporte de nouvelles rentrées d'argent à la famille et permet à Purja d'être scolarisé et d'apprendre l'anglais[10] - [8].

Carrière militaire

Il rejoint en la brigade de Gurkhas[11]. Au cours de son service dans cette brigade, il se spécialise pour rejoindre le génie (Gurkha Engineers)[12]. Il est déployé notamment en Afghanistan en 2007 dans le cadre de l'opération Herrick[12].

En 2009, il devient le premier gurkha à intégrer le Special Boat Service, une unité des forces spéciales de la Royal Navy[13]. À partir de , il est envoyé sur différents théâtres d'opération[14] incluant de nouveau l'Afghanistan. Il y développe notamment des compétences en traumatologie en particulier dans le soin de blessures par balles et par explosifs[14]. En 2018, il devient instructeur de combat en environnement froid[15].

Afin de se consacrer pleinement à l'alpinisme, Purja quitte définitivement les forces spéciales en 2019[15] - [13] avec le grade de Lance corporal[16].

Premières ascensions

Il s'initie à l'alpinisme en 2012 en gravissant le Lobuche (6 145 m) à la suite d'un trek jusqu'au camp de base de l'Everest aux côtés de Dorje Khatri Sherpa[17]. Il atteint également le sommet du Denali[18] (6 190 m) puis réalise le l'ascension de son premier sommet de plus de huit mille mètres, le Dhaulagiri, voisin de son village natal[19] - [20]. En préparation de l'ascension d'autres sommets himalayens, il gravit l'Aconcagua en 2015[19].

Le , il parvient au sommet de l'Everest. Il réitère l'exploit le en menant l'expédition G200E jusqu'au sommet de la montagne. Cette expédition permet à 13 gurkhas de réaliser l'ascension et de commémorer les deux cents ans de service de la brigade de Ghurkas dans l'armée britannique[21] - [22].

Dans la foulée, avec l'utilisation de bouteilles d'oxygène, il réalise l'ascension de l'Everest () suivie de celle du Lhotse le même jour, et de celle du Makalu le [23] - [24] - [25]. Il bat ainsi deux records du monde, celui de l'ascension de l'Everest et du Lhotse (en 26 h), celui de l'ascension de l'Everest, du Lhotse et du Makalu (en 9 jours)[26] et devient également le premier homme à gravir dans la même saison l'Everest à deux reprises, le Lhotse et le Makalu[23] - [24] - [25]. C'est à la suite de cet épisode qu'il décide de quitter les forces spéciales pour se consacrer pleinement à l'alpinisme et que l'idée du Project Possible prend naissance[27].

Préparation

Maintenant entièrement tourné vers l'alpinisme, Nirmal Purja décide de monter le Project Possible consistant à réaliser l'ascension la plus rapide des quatorze sommets de plus de huit mille mètres, en battant le précédent record établi par le coréen Kim Chang-ho en 7 ans 10 mois et 6 jours[27].

Au cours de l'année 2018, il se concentre sur le financement de son projet notamment par la recherche de parraineurs mais également par l'intermédiaire du financement participatif[28]. Toujours en partie dans cette optique, il fonde l'entreprise Elite Himalayan Adventures, afin de guider contre rémunération certains grimpeurs lors de ses ascensions[28]. Ne bénéficiant pas encore d'une importante notoriété malgré ses récents records du monde et faisant face à un important scepticisme face à son projet, Purja peine à obtenir les financements nécessaires[28].

Purja se heurte également à des difficultés pour l'obtention des permis nécessaires aux ascensions[28]. En particulier, les relations diplomatiques entre le Népal et la Chine ont également dû être activées pour obtenir l'autorisation de gravir le Shishapangma[29]. En 2019, la Chine n'avait pas prévu d'autoriser une seule ascension[30]. Une exception a été faite pour Purja[31] - [32].

Ascensions des 14 huit mille mètres en 2019

Nirmal Purja débute en avril la première phase de son projet regroupant l'ascension de six sommets népalais (Annapurna, Dhaulagiri, Kanchenjunga, Everest, Lhotse et Makalu). Après avoir échappé de peu à une avalanche[33], Purja parvient au sommet de l'Annapurna le [34]. Il secourt dans la descente le grimpeur malais Wui Kin Chin[35] - [36] puis se dirige vers le Dhaulagiri. Le , il réalise l'ascension de ce dernier par grand vent et dans un style essentiellement alpin, les cordes fixes précédemment installées ayant été en majeure partie ensevelie sous de récentes chutes de neige[37]. Atteignant trois jours plus tard le sommet du Kanchenjunga, il participe à nouveau à une opération de secours sur les pentes de la montagne, venant en aide à trois grimpeurs en difficulté (Biplab Baidya, son guide Dawa Sherpa et Kuntal Karar)[35] - [38]. Le , il atteint à nouveau le sommet de l'Everest. Dans la descente, il prend également une photographie devenue virale montrant une file ininterrompue d'alpinistes au niveau du ressaut Hillary[39] - [40]. Avant de se diriger vers le sommet du Lhotse, il reste environ deux heures sur les lieux pour organiser le trafic et décongestionner le passage[39] - [40]. Purja parvient à atteindre le sommet du Lhotse le même jour mais n'améliore pas sa marque établie en 2017 de l'ascension combinée des deux sommets la plus rapide[41]. Purja bénéficie ensuite d'un transfert en hélicoptère au camp de base du Makalu et gravit ce dernier le [41]. Il établit à cette occasion le record de l'ascension la plus rapide de l'Everest, du Lhotse et du Makalu en 48 heures et 30 minutes[42] - [43].

La seconde phase du projet consiste en l'ascension des cinq sommets pakistanais : Nanga Parbat, Gasherbrum I et II, K2 et Broad Peak[44]. Ayant en tête le massacre de 2013 au Nanga Parbat, Purja doit concilier ses projets d'ascension avec le risque d'une attaque terroriste[45]. Conscient de représenter une cible potentielle compte tenu de sa récente médiatisation liée à l'accomplissement de la première phase du projet mais surtout de son passé dans les forces spéciales britanniques, il rejoint en toute discrétion le camp de base du Nanga Parbat[45]. Il en atteint le sommet le [34] et frôle la mort dans la descente après une chute heureusement sans gravité[46]. Douze jours plus tard, lui et son équipe atteignent le sommet du Gasherbrum I[34]. Pris par le mauvais temps dans la descente, Purja doit passer une nuit sur les flancs de la montagne avant de redescendre au camp de base[47]. Il gravit ensuite le Gasherbrum II le [34]. L'ascension du K2, particulièrement difficile en raison des mauvaises conditions météorologiques, est néanmoins accomplie le . Celle du Broad Peak suit deux jours plus tard. Le manque de visibilité nécessite à Purja d'être guidé vers le sommet par radio à partir de ses données GPS[48]. Au terme de cette seconde phase, Purja bat un nouveau record du monde : celui de l'ascension la plus rapide des sommets pakistanais de plus de 8 000 m en seulement 23 jours[42].

Après avoir de nouveau réuni des fonds afin de financer la suite de son projet et avoir fait son possible face aux obstacles diplomatiques liés à l'ascension du Shishapangma, Purja lance en septembre la dernière phase de son projet consistant à gravir outre ce sommet le Cho Oyu et le Manaslu[49]. Après avoir gravi le Cho Oyu le , Purja et son équipe se dirigent rapidement vers le Manaslu afin de profiter d'une fenêtre météorologique favorable. Ils atteignent le sommet quatre jours plus tard[50]. Sur les pentes du Shishapangma, Purja passe de nouveau près d'être enseveli dans une avalanche[51]. Son équipe et lui terminent l'ascension dans un style alpin après avoir ouvert une nouvelle voie[52]. Le [34], au sommet du Shishapangma, Purja devient l'homme le plus rapide à gravir les quatorze sommets de plus de huit mille mètres en six mois et six jours[42].

Première hivernale du K2

Fin novembre, Nirmal Purja annonce son intention de réaliser la première ascension hivernale du K2 qu'il décrit comme « le dernier grand défi de l'alpinisme »[53]. Son équipe, composée uniquement de grimpeurs népalais (lui-même, Geljen Sherpa, Pem Chhiri Sherpa, Dawa Temba Sherpa, Kili Pemba Sherpa et Dawa Tenjing Sherpa[54]) atteint le camp de base du K2 le [55]. Ils rejoignent ainsi plusieurs équipes internationales, de différents niveaux ou expérience, toutes en lice pour réussir l'ascension[56] - [57] - [58].

Le , il fait partie de la première équipe à atteindre le sommet du K2 en hiver[59] en tant que co-leader aux côtés de Mingma Sherpa.

Style et controverses

Nirmal Purja utilise presque systématiquement des bouteilles d’oxygène dans ses ascensions au-delà de 8 000 mètres[60] ce qui lui est reproché par certains alpinistes[61] - [62]. Cependant, être équipé de bouteilles lui permet de secourir des grimpeurs sur les pentes de ces sommets[35]. Avec son équipe, il vient ainsi en aide au grimpeur malais Wui Kin Chin sur l'Annapurna[35] - [36], puis à trois grimpeurs sur les pentes du Kanchenjunga (Biplab Baidya, son guide Dawa Sherpa et Kuntal Karar)[35] - [38]. Bien qu'il déclare ne pas accorder beaucoup d'importance à ces critiques[61], Nirmal Purja justifie également son utilisation d'oxygène au cours du Project Possible par l'objectif de rapidité associé au projet ainsi que par les importantes contraintes pesant sur son organisme du fait de l'enchaînement des sommets. Il réalise toutefois l'ascension hivernale du K2 sans oxygène[61].

Le recours à l'hélicoptère pour rejoindre les camps de base[63] - [64] ainsi que l'utilisation de lignes de corde déjà fixées par d'autres équipes[62] - [64] lui ont été reprochés au cours du Project Possible. Ce style décrit comme « consommateur » s'éloigne en effet des canons du style alpin[63] considéré comme le style d'alpinisme le plus pur[65].

Nirmal Purja s'entoure principalement de grimpeurs népalais qu'il considère comme les meilleurs au monde[66]. Mingma Sherpa est probablement le plus célèbre de ses compagnons récurrents de cordée[67]. Purja espère également attirer l'attention du reste du monde sur cette communauté de grimpeurs dont les exploits en tant que guides et porteurs ont souvent été éclipsés par les grimpeurs occidentaux[68] - [64]. Ce choix lui permet d'être une figure populaire au Népal[64] et d'être considéré par certains comme un acteur de la décolonisation de l'alpinisme[69].

À l'opposé des critiques, les réalisations de Nirmal Purja ont été louées par de grands noms de l'alpinisme tels que Reinhold Messner[62].

Notes et références

  1. Carole Lafontan, « Nims Dai : le nouveau phénomène de l’alpinisme », sur bonne-projection.com, (consulté le ) : « le nom de l’alpiniste népalais Nirmal Purja, alias Nims Dai, fait la une des médias du monde entier. »
  2. « L'alpiniste Nirmal Purja prétend avoir gravi les 14 « 8 000 » en sept mois », sur Le Point, (consulté le )
  3. Purja 2020, p. 18-19.
  4. Purja 2020, p. 19.
  5. Purja 2020, p. 38.
  6. Purja 2020, p. 20.
  7. (en) « Nirmal Purja and the project Possible 14/7 » (consulté le )
  8. Purja 2020, p. 22.
  9. Purja 2020, p. 26.
  10. (en) « Behind Nirmal Purja's record-breaking mountaineering challenge », (consulté le )
  11. Purja 2020, p. 28.
  12. Purja 2020, p. 29.
  13. (en) « Nirmal Purja MBE. An elite soldier, a mountaineer, a life in the death zone. » (consulté le )
  14. Purja 2020, p. 44.
  15. Purja 2020, p. 94.
  16. (en) « Order of the British Empire - Nirmal Purja » (consulté le )
  17. Purja 2020, p. 8-9.
  18. Purja 2020, p. 10.
  19. Purja 2020, p. 11.
  20. Dream Wanderlust, « Nirmal Purja summits 5th eight-thousander in 12 days, ends 1st phase of ‘Project Possible’ », dreamwanderlust.com, (consulté le )
  21. Purja 2020, p. 77.
  22. (en) « Gurkha Everest Expedition – Himalayan Odyssey » (consulté le )
  23. Purja 2020, p. 82-86.
  24. (en) « Everest season: successes, records, deaths and more » (consulté le )
  25. (en) « Gurkha soldier makes Mt Everest double ascent, reaches 3 peaks above 8,000 m in 5 days » (consulté le )
  26. « Nims Dai annonce avoir enchaîné la première traversée Everest-Lhotse sans O2, historique ! », sur Outside.fr, (consulté le )
  27. Purja 2020, p. 90-93.
  28. Purja 2020, p. 99-109.
  29. Purja 2020, p. 263.
  30. Purja 2020, p. 237.
  31. Expéditions Live, « Nims Dai entre dans l’histoire en gravissant le dernier 8.000 de son défi ! », sur Altitude News, (consulté le )
  32. Purja 2020, p. 278.
  33. Purja 2020, p. 125.
  34. Purja 2020, p. 297.
  35. (en) Anna Callaghan, « Nirmal “Nims” Purja Is More Than a Viral Photographer », sur Outside Online
  36. Purja 2020, p. 141-150.
  37. Purja 2020, p. 150-151.
  38. Purja 2020, p. 162-181.
  39. (en) « Nirmal “Nims” Purja Is More Than a Viral Photographer », Outside, (consulté le )
  40. Purja 2020, p. 192-201.
  41. Purja 2020, p. 193-194.
  42. Purja 2020, p. 299.
  43. (en-US) « Nirmal "Nims" Purja Summits All 14 8,000 Meter Peaks in Just 6 Months 6 Days, Shattering Former Record by Over 7 Years », sur Rock and Ice (consulté le )
  44. Purja 2020, p. 203.
  45. Purja 2020, p. 204-212.
  46. Purja 2020, p. 219.
  47. Purja 2020, p. 233-235.
  48. Purja 2020, p. 255-257.
  49. Purja 2020, p. 266.
  50. Purja 2020, p. 277.
  51. Purja 2020, p. 281.
  52. Purja 2020, p. 82.
  53. (en) « Nirmal Purja to Attempt K2 in Winter », (consulté le )
  54. (en) « A Nepali Team Just Made the First Winter Ascent of K2 », Outside, (consulté le )
  55. (en) « Purja & Co. Reach K2 Base Camp », (consulté le )
  56. « Désastre en devenir sur le K2? », sur escaladequebec.com,
  57. « Foule sur le K2 pour réussir l’ascension en hiver », sur tdg.ch,
  58. « Expédition hivernale K2 2020-21 : la liste des alpinistes s’allonge ! », sur altitude.news,
  59. « Nirmal Purja et son équipe ont réussi l'exploit historique de gravir pour la première fois le K2 en hiver », sur www.lequipe.fr, (consulté le )
  60. Purja 2020, p. 68.
  61. « Nirmal Purja assure avoir gravi le K2 sans oxygène », sur L'Équipe, (consulté le )
  62. (en) « 'It's not about ego', says speed climber who tamed world's 14 highest peaks », sur The Guardian, (consulté le )
  63. « Nims Dai : « Qui décide de ce qu’est l’esprit de l’alpinisme? » », sur Outside.fr (consulté le )
  64. « Nims Dai : « C’est facile d’être assis à une table et de critiquer ce que je fais » », sur Outside.fr, (consulté le )
  65. Élisabeth Revol, Vivre : Ma tragédie au Nanga Parbat, Paris, Arthaud, , 232 p. (ISBN 978-2-08-147909-8), p. 18 à 20
  66. (en) « Nirmal Purja Just Shattered the 8,000er Record », sur Outside Online, (consulté le )
  67. Purja 2020, p. 114.
  68. Purja 2020, p. 115.
  69. « Tragedy and Triumph on Winter K2 as Sherpas Claim Last Great Himalayan Prize » (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) Nimsdai Purja, Beyond Possible: One Soldier, Fourteen Peaks -- My Life in the Death Zone, Hodder & Stoughton, (ISBN 978-1-5293-1224-9, lire en ligne)

Documentaire

  • 14 × 8000 : Aux sommets de l'impossible, réalisé par Torquil Jones, sorti sur Netflix en 2021.

Liens externes

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