Nicolas Fay
Nicolas Fay, né le à Raillicourt (Ardennes), mort le au no 20 rue des Anglais à Reims (Marne), est un ecclésiastique français.
Réfractaire à la constitution civile du clergé, il fut successivement curé dans plusieurs paroisses ardennaises sous la Révolution, puis, après le concordat, vicaire de Rethel, fondateur de la paroisse de Raucourt, doyen de Mouzon et enfin chanoine de la cathédrale Notre-Dame de Reims.
Famille et jeunesse
Fils de Pierre Fay (1737-1786), tailleur d'habits, et de Jeanne Catherine Peltier (1737-1826), il est l'aîné au côté de ses deux jeunes sœurs. Cousin germain de Jean André Fay (1776-1867), Maire de Raillicourt, et de Pierre Félix Duchénois-Fay (1802-1882), Maire de Launois.
Sa famille compte plusieurs membres du clergé :
- Pierre Louis Onésime Villière (1810-1877), son neveu, curé d'Issancourt[1]
- Jean-Baptiste Marie Garot (1811-1897), son petit-cousin, Archiprêtre de Rethel et Charleville, Prélat de la Maison de Sa Sainteté
- Marie Joseph Fagot-Fay (1889-1946), un cousin éloigné, chanoine et directeur de l'Institution Saint-Rémy de Charleville[2]
- Marie Ursule Joséphine Fay (1878-1959), une cousine éloignée, religieuse à l'hospice de La Capelle
Il est aussi apparenté à plusieurs prêtes officiant dans les Ardennes aux XVIIe et XVIIIe siècles[3] :
- Jean Fay (1664-1694), curé de Vouzy
- Jean Fay (1670-1739), curé d'Aouste de 1698 à 1739
- Jean Fay (1676-1751), frère du précédent, curé de Bourcq de 1705 à 1751
- Jean Fay, neveu des précédents, chanoine de Montfaucon et curé de Bar-lès-Buzancy de 1751 à 1769[4].
Il reçoit de ses parents une éducation religieuse et suit ses premiers cours au presbytère de Raillicourt. Il poursuit ses études au Séminaire de Reims ou celui de Charleville. Le , à l'âge de 19 ans, il reçoit la tonsure à Reims des mains de Mgr Alexandre-Angélique de Talleyrand-Périgord, archevêque de Reims.
Parcours ecclésiastique
La RĂ©volution et l'exil
Pendant la Révolution française, il quitte Raillicourt où ses biens sont déclarés biens nationaux donc menacés de saisie. Il trouve refuge à Liège où il reçoit les saints ordres de Mgr Alexandre-Angélique de Talleyrand-Périgord qui est exilé comme lui en Belgique. Il lui donne des lettres dimissoriales l’autorisant à recevoir le diaconat le , puis la prêtrise le .
De retour en France en 1793, il est nommé prêtre.
Des pouvoirs de missionnaire
En , il est à Reims. En novembre, Mgr Alexandre-Angélique de Talleyrand-Périgord, toujours émigré à l'étranger, lui attribue des pouvoirs spéciaux de missionnaire pour se dévouer aux périlleuses fonctions du ministère au milieu de populations privées de pasteur[3]. Il sillonne pendant dix ans de nombreux villages de Mézières à Reims et officie dans les paroisses de Sapigneulles, Menneville, Provisy ou Saint-Germainmont.
Après le concordat, il est nommé Vicaire de Rethel puis, de 1804 jusqu'à 1812, curé et desservant d’Avaux, paroisse qui l’avait abrité sous la Révolution. À Avaux, il tient des réunions nocturnes au cours desquelles il célèbre la messe, les mariages et baptise les enfants : "sa parole était de feu et il avait laissé dans les chrétiens nourris de ses enseignements beaucoup de ses ardeurs généreuses et de sa foi vive"[5].
Fondateur de la paroisse de Raucourt
Il succède en 1812 à Jean-Baptiste Maquart comme curé de Raucourt. Il édifie cette paroisse pendant près de trente ans, sous la juridiction de l’évêque de Sedan, Mgr Jean Charles de Coucy. Il officie dans plusieurs succursales dépendantes de Raucourt : Artaise-le-Vivier, La Besace, Bulson, Chemery, Connage, Haraucourt, La Neuville-à -Maire et Remilly[6].
Lorsque Mgr de Coucy réorganise son diocèse, il confère à l’abbé Fay le titre de Doyen de Mouzon-Bar (22 cures y sont rattachées). En 1823, il a les deux titres lorsqu'un juif se convertit et fait abjuration devant "Nicolas Fay, Doyen de Mouzon et curé de Raucourt"[7].
Chanoine de Reims
Il démissionne de la cure de Raucourt en 1841 à l’avènement du nouvel archevêque Mgr Thomas Gousset. Son petit-cousin Mgr Garot raconte qu’à cette occasion "il sentit que les principes théologiques, d’une sévère rigidité, enseignés jadis à sa jeunesse, ne pourraient pas se concilier facilement avec les doctrines beaucoup plus larges du savant archevêque"[8]. Il se retire dans la petite paroisse de Connage jusqu'en 1844.
Il accepte, par ordonnance royale du , une stalle au sein du chapitre métropolitain où il est nommé Chanoine titulaire de la cathédrale Notre-Dame de Reims. Il conserve son canonicat trois et demi jusque son décès en .
Anecdotes
- Amédée Sécheret-Cellier, directeur d'école à Mouzon, relève son caractère ferme et violent, ses idées politiques arrêtées et que "tout ce qui se rattachait à la Révolution lui inspirait un sentiment d’indicible horreur, qu’il sut difficilement contenir ou dissimuler"[9].
- L’abbé Joseph Gillet (1842-1904), Archiprêtre de Charleville et chanoine, souligne qu’il fut un prêtre exemplaire mais aigri et attristé par les excès de la Révolution.
- Son neveu l'abbé Villière conserve toute sa vie comme "une relique le calice dont il se servait pour dire la sainte messe pendant la tourmente révolutionnaire"[10]
- Son témoignage figure dans un article consacré à des guérisons miraculeuses qui ont été constatées par plusieurs prêtres[11] : "Je soussigné, prêtre catholique certifie que la dite Louise Petit ayant eu recours à moi dans les accès violents de sa maladie à laquelle aucun secours humain ne fut capable de remédier, a été parfaitement délivrée toutes les fois que je lui ai donné les remèdes spiriturels à Rheims ce 31 aoust 1795. Signé : Fay".
- Il bénit en les trois cloches de l’église de Raucourt qui portent encore le nom de "Maître Nicolas Fay, curé de Raucourt et doyen de Mouzon-Bar"[12].
Liens externes
- Notice nécrologique : Le Chanoine Fay, ancien curé de Raucourt (1769-1847), Église de Reims : vie diocésaine, 1909, page 447
- Notice nécrologique : M. Nicolas Fay, chanoine de Reims, L'Ami de la religion : journal ecclésiastique, politique et littéraire, volume 135, 1847, page 270
Notes et références
- Église de Reims : vie diocésaine, 1873
- Monsieur le chanoine Fagot, Entre nous, 1947, no 1
- Le Chanoine Fay, ancien curé de Raucourt (1769-1847), Bulletin du Diocèse de Reims (42e année), Abbé Frézet, 1909
- Répertoire des curés des Ardennes de 1660 à 1790, Archives départementales des Ardennes (1J128-1)
- Bulletin d’Avaux, août 1909
- Dictionnaire historique des communes de l’arrondissement de Sedan, A. Hannedouche, 1891
- L’Ami de la religion et du Roi ; Journal ecclésiastique, politique et littéraire, Tome trente quatrième, 1823
- Vie de Mgr Garot, Abbé J. Gillet
- SECHERET-CELLIER A., Études historiques sur Raucourt et Haraucourt et la région avoisinante, Sedan, 1896
- Almanach de la Champagne et de la Brie, 1875
- Église de Reims : vie diocésaine, Archevêché, 1901
- Le Chanoine Fay, ancien Curé de Raucourt (1769-1847), in Bulletin du Diocèse de Reims (42e année), Abbé Frézet, 1909