Nemopilema nomurai
Nemopilema nomurai, appelĂ©e aussi mĂ©duse de Nomura (en hommage Ă Kan'ichi Nomura, directeur de la station de pĂȘche de la prĂ©fecture de Fukui oĂč un spĂ©cimen a Ă©tĂ© dĂ©couvert)[1] est une mĂ©duse gĂ©ante atteignant 2 m et 220 kg, qu'on trouve notamment en Mer du Japon oĂč elle connaĂźt depuis une spectaculaire pullulation, qui la fait considĂ©rer par certains comme une espĂšce localement invasive.
Description
C'est une des plus grandes méduses connues, d'une taille proche de la méduse Cyanea capillata, le plus grand cnidaire connu dans le monde[2] qui mesure jusqu'à 2,3 m de diamÚtre. La couleur du corps est bleuté translucide et les tentacules sous-jacents sont jaunùtres chez les individus jeunes, brunùtres quand ils sont plus ùgés.
Ăcologie
Reproduction
La méduse de Nomura vit dans les eaux marines de Chine et du Japon. Les principaux lieux de reproduction sont situés en mer Jaune et en mer de Bohai. Une partie d'entre elles se déplacent vers la mer du Japon et certaines traversent le détroit de Tsugaru vers l'océan Pacifique.
Les Ćufs, une fois fĂ©condĂ©s, produisent de petits animalcules qui se laissent emporter par le courant, puis coulent pour sâaccrocher aux roches et aux formations de corail. Plus tard, quand les conditions seront favorables, ces crĂ©atures se dĂ©tacheront de leur support par millions et deviendront peu Ă peu â pour celles qui auront Ă©chappĂ© Ă leurs prĂ©dateurs â de grosses mĂ©duses dont certaines atteindront et dĂ©passeront les deux mĂštres de diamĂštre.
Le polype de cette espÚce a aussi la particularité de pouvoir se dédoubler une fois fixé ce qui explique aussi leur pullulation.
En 2008, son écologie est encore mal connue. Des balises sont attachées à ces méduses pour mieux connaßtre leurs cycles de vie et leurs déplacements.
Prédateurs
Son plus important prédateur connu est Stephanolepis cirrhifer.
DĂ©veloppement de la population
Les grandes pullulations semblent toutes récentes, et devenues évidentes parce que spectaculaires :
- En 1958 avec un premier pic inhabituel de populations de ces méduses ;
- En 1995 avec un second pic ;
- Ă partir de la fin aoĂ»t 2005, quand des pĂȘcheurs japonais de Calmars, anchois, saumons et sĂ©rioles japonaise ont commencĂ© Ă trouver des centaines, voire jusquâĂ environ un millier de ces mĂ©duses dans leurs filets ;
- En 2009, un chalutier jaugeant 10 tonnes, le Shinsho Diasan-Maru, a chavirĂ© au large de Chiba sur la baie de Tokyo quand son Ă©quipage de trois hommes a tentĂ© de ramener un filet contenant des dizaines de mĂ©duses de Nomura. Les trois pĂȘcheurs ont Ă©tĂ© secourus par un autre chalutier[3].
Les zones les plus touchĂ©es par ces pullulations de mĂ©duses sont la cĂŽte chinoise de la Mer du Japon (Mer de l'Est) et les eaux littorales des prĂ©fectures de Fukui et de Shimane, Ă lâouest du Japon. La densitĂ© en mĂ©duses est signalĂ©e comme Ă©tant jusquâà « une centaine de fois plus Ă©levĂ©e que la normale ». Les causes de prolifĂ©ration seraient l'urbanisation qui leur aurait crĂ©Ă© de multiples supports sur lesquels se fixent leurs polypes (pont, digue, brise-lames)[4].
Impacts
Sur l'Homme
Peu de dégùts corporels par piqûre pour l'Homme sont rapportés. Néanmoins, les recherches récentes ont montré que la toxicité de son venin était plus forte qu'on avait pensé, et certains cas se sont révélés mortels chez des individus fragiles à cause d'un choc anaphylactique.
Par prĂ©caution, les pĂȘcheurs locaux (personnes les plus exposĂ©es Ă des piqĂ»res) portent des lunettes et une combinaison de protection.
- Les tonnes de méduses accumulées dans les filets les déchirent souvent. Elles y endommagent et empoisonnent les poissons capturés, qui perdent alors de leur valeur commerciale.
- Elles perturbent le prélÚvement d'eau des centrales électriques.
Sur l'Ă©co-systĂšme
La surpopulation de mĂ©duse entraĂźne une mortalitĂ© accrue des poissons celles-ci attaquant les Ćufs ainsi que les jeunes poissons.
Causes
Plusieurs théories, probablement complémentaires, ont été proposées pour expliquer l'accroissement démographique anormal de cette espÚce :
- Lâaugmentation des rejets portuaires et estuariens de la Chine sâest fortement accrue, entraĂźnant une augmentation de la turbiditĂ© de lâeau qui pourrait dĂ©favoriser les prĂ©dateurs des mĂ©duses et favoriser leur dĂ©mographie ;
- Lâintensification de lâagriculture chinoise et de lâindustrie est une source importante de nutriments (nitrates, phosphates) apportĂ©s en mer susceptible de crĂ©er des zones mortes et des pullulations de plancton et de mĂ©duses ;
- La surexploitation des eaux chinoises par la pĂȘche a Ă©galement rĂ©duit les populations des prĂ©dateurs naturels des mĂ©duses (et surtout de leurs larves quand elles font encore partie du zooplancton) ;
- Les inondations qui entraĂźnent de plus en plus de limons pourraient ĂȘtre en cause aussi, de mĂȘme, estiment certains, que le nouveau barrage des Trois Gorges sur le fleuve Yangtze, qui aurait accru la quantitĂ© de phosphore et d'azote exportĂ©e au large de la Chine par le fleuve, crĂ©ant un milieu idĂ©al pour la mĂ©duse de Nomura ;
- Le rĂ©chauffement de lâeau, Ă la suite des changements climatiques planĂ©taires, pourrait aussi en ĂȘtre une des causes.
- Une lĂ©gĂšre augmentation de lâacidification des ocĂ©ans pourrait aussi favoriser la survie des mĂ©duses par rapport Ă dâautres organismes nĂ©cessitant un squelette minĂ©ral externe ou interne.
Lutte
La lutte contre ces mĂ©duses est quasiment impossible car, lorsqu'elles se sentent menacĂ©es ou mĂȘme quand elles sont tuĂ©es, elles libĂšrent des milliards de spermatozoĂŻdes et dâĆufs immĂ©diatement fĂ©condĂ©s. Les autoritĂ©s locales ont un temps installĂ© des filets de protection pour les capturer et les tuer. Mais les rĂ©sultats se sont rĂ©vĂ©lĂ©s mĂ©diocres, les mĂ©duses tuĂ©es ayant libĂ©rĂ© spermatozoĂŻdes et Ćufs ;ajoutĂ© aux spĂ©cificitĂ©s de son polype (voir plus haut), ce phĂ©nomĂšne entraĂźne en dĂ©finitive un accroissement de la population.
Usages
Plusieurs tentatives sont faites pour utiliser la méduse comme ressource de biomasse ou de molécules industriellement ou alimentairement intéressantes :
- Les collectivités cÎtiÚres japonaises tentent de promouvoir la méduse comme une nouveauté alimentaire (elle est vendue séchée et salée). Des étudiants d'Obama (Préfecture de Fukui) ont réussi à les transformer en une sorte de tofu, et le collagÚne des méduses est vendu et présenté comme étant bon pour la peau ;
- Des chercheurs ont rĂ©ussi Ă extraire de la mucine de cette espĂšce, en quantitĂ©s qui pourraient ĂȘtre commercialement intĂ©ressantes[5].
Autres noms
- Ćgata-kurage (性ćăŻă©ăČ) ou echizen-kurage (ăšăăŒăłăŻă©ăČ) pour les Japonais ;
- Nomura's Jellyfish pour les anglophones ;
- Méduse géante, ou « méduse de Nomura » pour les francophones.
Notes et références
- (en) Makoto Omori & Minoru Kitamura, « Taxonomic review of three Japanese species of edible jellyfish (Scyphozoa: Rhizostomeae) », Plankton Biol. Ecol., vol. 51, no 1,â , p. 49.
- Attentiondeficitdisorderly Too Flat
- (en) Ferdinando Boero, Review of Jellyfish Blooms in the Mediterranean and Black Sea, Food and Agriculture Organization of the United Nations, , p. 27.
- Corinne Bussi-Copin et Jacqueline Goy, « L'Ăšre annoncĂ©e des mĂ©duses », Pour la science, no 453,â , p. 32.
- Source (ambassade de France au Japon), consulté en juin 2008
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Giant Jellyfish Invade Japan (National Geographic Society)
- How do you tackle an invasion of giant jellyfish? (The Times)
- Giant jellyfish invade Japanese coast (Cambodian Online)
- Super blobs' deep impact (The Sydney Morning Herald)
- Chefs prepare for annual giant jellyfish invasion (Pink Tentacle)
- [vidéo] Nemopilema nomurai sur YouTube
- Giant Jellyfish Sink Japanese Trawler (CDNN)