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Mouvement de sanctification

Le Mouvement de sanctification (Holiness movement en anglais) est un courant chrĂ©tien issu du protestantisme mĂ©thodiste. Le mouvement se distingue par l’importance qu’il donne Ă  la doctrine de la « perfection chrĂ©tienne » dĂ©rivĂ©e de l'enseignement de John Wesley, Ă  savoir la croyance qu’il est possible de vivre libre du pĂ©chĂ© volontaire, et en particulier la croyance que cela peut ĂȘtre accompli instantanĂ©ment par la grĂące[1]. En 1894, ce mouvement se sĂ©pare du mĂ©thodisme[2]. Il rassemble aujourd'hui plus de 12 millions de croyants dans le monde[3]. Sa contribution historique a Ă©tĂ© de dĂ©clencher le dĂ©veloppement du pentecĂŽtisme et du renouveau charismatique, des mouvements majeurs dans le paysage du christianisme du XXIe siĂšcle[4].

Mouvement de la sainteté
Cadre
Type
Mouvement chrétien

Doctrine

Les membres du mouvement de sanctification adhĂšrent Ă  la doctrine – vigoureusement contestĂ©e par de nombreux luthĂ©riens et rĂ©formĂ©s - de la perfection chrĂ©tienne, qui a pour principe que les croyants qui sont d’abord sauvĂ©s et rĂ©gĂ©nĂ©rĂ©s par la grĂące divine, peuvent ensuite ĂȘtre libĂ©rĂ©s de l’envie de commettre tout pĂ©chĂ© volontaire. Cette expĂ©rience personnelle, nommĂ©e sanctification complĂšte (en anglais : entire sanctification), est rĂ©alisĂ©e par la « seconde Ɠuvre de la grĂące » ou « seconde bĂ©nĂ©diction » qui Ɠuvre au travers de l’Esprit saint. Elle n’empĂȘche pas le croyant sanctifiĂ© de pĂ©cher mais il lui est possible de vivre une vie morale, Ă©purĂ©e si ce n’est de toute occasion de chute, du moins de la plus grande partie d’entre elles. Pour cela le mouvement de sanctification prĂŽne de suivre la loi divine avec rigueur. C’est ainsi que de nombreux groupes s’interdisent toute consommation d’alcool, de jeu d’argent et parfois de danse et autres divertissements tels que le thĂ©Ăątre ou le cinĂ©ma[5].

Fondements théologiques

Les racines du mouvement de sanctification sont les suivantes :

Historique

Émergence du mouvement de sanctification

Camp meeting méthodiste, gravure de 1819 (Library of Congress).

Les propagateurs méthodistes

Bien qu’il se soit propagĂ© grĂące au Grand RĂ©veil sur une base pluri-confessionnelle, et bien qu’il soit trĂšs loin de faire l’unanimitĂ© parmi les mĂ©thodistes, le dĂ©collage du mouvement de sanctification doit presque tout au mĂ©thodisme : d’une part il s’appuie sur la doctrine de la perfection chrĂ©tienne dĂ©veloppĂ©e par John Wesley dans son ouvrage A Plain Account of Christian Perfection, et d’autre part une partie des mĂ©thodistes amĂ©ricains se sont consacrĂ©s Ă  sa propagation dĂšs la fin du XVIIIe siĂšcle[7]. À partir de 1840, le grand rĂ©veil et la diffusion du mĂ©thodisme au travers des « camp meetings » font beaucoup pour diffuser le mouvement de sanctification[8]. Il est Ă  noter que deux dĂ©nominations se rĂ©clamant de John Wesley et du mouvement de sanctification se sĂ©pareront du mĂ©thodisme pendant cette pĂ©riode. En 1843 Orange Scott fonda la Wesleyan Methodist Connection (ancĂȘtre de l’Église wesleyenne Wesleyan Church (en)) Ă  Utica, dans l’État de New York. En 1860, B.T. Roberts et John Wesley Redfield fondĂšrent l’Église mĂ©thodiste libre (Free Methodist Church) qui s’attacha aux idĂ©aux d’abolitionnisme, d’égalitarisme et de sanctification par la “seconde bĂ©nĂ©diction”. Le plaidoyer et l’action en faveur des pauvres restera une caractĂ©ristique de ces Ă©glises d’inspiration mĂ©thodiste[9].

Parmi les premiers et ardents propagateurs méthodistes du mouvement, on peut citer le cercle new-yorkais se réunissant autour du couple Palmer et la mission au Canada du pasteur Caughey.

  • À New York, des dizaines de personnes dont des Ă©vĂȘques mĂ©thodistes participent aux « Tuesday Meetings » lancĂ©s dĂšs 1835 sous la conduite de Sarah A. Lankford puis de sa sƓur Phoebe Palmer qui disait avoir vĂ©cu une expĂ©rience de sanctification complĂšte en 1837 et devint un des grands propagateurs du mouvement de sanctification naissant. SimultanĂ©ment, Ă  Boston, le pasteur mĂ©thodiste Thimothy Merritt fondait un journal nommĂ© « le guide vers la perfection chrĂ©tienne » qui devint ensuite « le guide vers la saintetĂ© » atteignant un tirage de 30 000 exemplaires[10]. Le docteur Walter Palmer et son Ă©pouse Phoebe rachetĂšrent le journal en 1865.
  • Au Canada, le pasteur mĂ©thodiste James Caughey, missionnaire amĂ©ricain envoyĂ© en Ontario par l’Église mĂ©thodiste wesleyenne (Wesleyan Methodist Church) des annĂ©es 1840 jusqu’en 1864, rĂ©alisa des conversions massives, particuliĂšrement dans l’ouest canadien dans les annĂ©es 1851-1853 en combinant un appel modĂ©rĂ© Ă  l’émotion religieuse et un appel sans ambiguĂŻtĂ© Ă  l’engagement personnel, rĂ©alisant ainsi la synthĂšse entre le style Ă©motionnel des « camp meetings » et les attentes d’un public mĂ©thodiste urbain plus sophistiquĂ©[11]. Sous son ministĂšre, un rĂ©veil a pris place en Ontario, en 1857[9].

SuccÚs au-delà du méthodisme

Le mouvement de sanctification attire rapidement des adeptes non méthodistes qui deviennent également ses ardents propagateurs :

  • le congrĂ©gationaliste Thomas Upham (en), qui avait Ă©tĂ© un participant prĂ©coce des Tuesday Meetings se lança dans des recherches sur le mysticisme et identifia un certain nombre de prĂ©curseurs au mouvement de sanctification parmi lesquels le piĂ©tiste allemand Johann Arndt et la quiĂ©tiste catholique Madame Guyon.
  • le calviniste Asa Mahan (en), prĂ©sident du Oberlin College, et Charles Grandison Finney, Ă©vangĂ©liste liĂ© au collĂšge, dirent avoir reçu le baptĂȘme de l’esprit en 1836 et furent d’ardents dĂ©fenseurs de l’abolition de l’esclavage[12].
  • le presbytĂ©rien William Boardman (en) renforça le message de ses campagnes d’évangĂ©lisation par la publication en 1858 d’un livre The Higher Christian Life, qui marqua le point haut du dĂ©veloppement du mouvement avant la pause forcĂ©e de la Guerre de SĂ©cession (1861-1865). Le "Mouvement pour une vie supĂ©rieure" se dĂ©veloppa en Grande-Bretagne sur les idĂ©es du livre (voir plus loin).
  • La quaker amĂ©ricaine Hannah Whitall Smith fit une expĂ©rience personnelle de la conversion pendant les annĂ©es 1860. Elle dĂ©couvrit cette occasion ce qu’elle appelait le secret de la vie chrĂ©tienne : le fait de consacrer totalement sa vie Ă  Dieu, et simultanĂ©ment de laisser Dieu transformer sa vie. Son mari fit la mĂȘme expĂ©rience lors d’un camp meeting en 1867. Le couple devint le principal animateur de la dĂ©jĂ  cĂ©lĂšbre "convention de Keswick", qui forma la base RĂ©veil de sanctification de Keswick[13].

Expansion rapide du mouvement de sanctification

AprĂšs la Guerre de SĂ©cession (1861-1865), de nombreux adhĂ©rents du mouvement de sanctification — pour la plupart mĂ©thodistes — voulurent retrouver les temps forts des « camp meetings » mĂ©thodistes qu’ils avaient connus pendant l’époque du RĂ©veil. Le premier de ces camps clairement marquĂ© au coin du mouvement de sanctification rĂ©unit 10 000 personnes Ă  Vineland dans le New Jersey en 1867. Ses principaux animateurs Ă©taient les pasteurs mĂ©thodistes John S. Inskip, John A. Wood et Alfred Cookman. Au cours d’une rĂ©union de priĂšre Ă  genoux Ă  l’issue de ces journĂ©es, le groupe des organisateurs dĂ©cida de tenir un autre meeting du mĂȘme genre l’annĂ©e suivante. Cette organisation se fit connaĂźtre sous le nom d’Association nationale de la Sanctification (National Holiness Association), puis de Partenariat pour la Sanctification chrĂ©tienne (Christian Holiness Partnership (en)). Le deuxiĂšme « camp meeting » national, tenu Ă  Manheim en Pennsylvanie, rĂ©unit 25 000 personnes venues de tous les États-Unis. Certains le surnommĂšrent une « PentecĂŽte ». Le culte du lundi soir devint presque lĂ©gendaire en raison de l’impact spirituel et de l’influence qu’il dĂ©gagea. Le troisiĂšme camp meeting national se rĂ©unit Ă  Round Lake, dans l’État de New York. Cette fois, il fut couvert par la presse national, ce qui assura une notoriĂ©tĂ© instantanĂ©e Ă  bon nombre des organisateurs. Dans les annĂ©es 1870, la ferveur revivaliste de mouvement de rĂ©veil de Keswick s’empara de la Grande- Bretagne oĂč il fut parfois appelĂ© le Mouvement de Vie supĂ©rieure, du nom du livre de William Boardman (voir plus haut). Ce mouvement tint des confĂ©rences Ă  Broadlands et Oxford en 1874 puis Ă  Brighton et Keswick en 1875. La Convention de Keswick devint rapidement le centre nĂ©vralgique du Mouvement de Sanctification en Grande-Bretagne. La Mission de la Foi (Faith Mission (en)) en Écosse fut un autre consĂ©quence du Mouvement de Sanctification britannique. Il y eut aussi des consĂ©quences aux États-Unis : en 1874, Albert Benjamin Simpson ayant lu l’ouvrage de William Boardman ressentit le besoin d’une vie plus sanctifiĂ©e. Simpson fonda l’Alliance chrĂ©tienne et missionnaire (Christian and Missionary Alliance).

Des associations amĂ©ricaines de sanctification commencĂšrent Ă  se former Ă  la suite de cette nouvelle vague de « camp meetings », telle que l’Association de Sanctification de l’Ouest (« Western Holiness Association ») - premiĂšre association rĂ©gionale, formĂ©e Ă  Bloomington, dans l'Illinois, et prĂ©figurant les futures sĂ©parations entre mĂ©thodisme et mouvement de sanctification. En 1877, plusieurs "conventions de sanctification gĂ©nĂ©rale" se rencontrent Ă  Cincinnati et Ă  New York[9].

En 1871, l’évangĂ©liste amĂ©ricain Dwight L. Moody fit une expĂ©rience de baptĂȘme de l’esprit aprĂšs des rencontres avec deux femmes de l’Église mĂ©thodiste libre mais il la baptisa « expĂ©rience avec la puissance » et conserva l’idĂ©e d’une sanctification progressive. Il ne s’affilia donc pas au mouvement de sanctification mĂ©thodiste-wesleyien. Ses idĂ©es sont toujours celle des Ă©glises qui se rĂ©clament de lui aujourd’hui[14].

Structuration du mouvement de sanctification

Amanda Smith (en), une des figures du mouvement de sanctification. Elle Ă©tait une prĂȘcheuse mĂ©thodiste. Vers 1885.

La grande majoritĂ© des adhĂ©rents au mouvement de sanctification restĂšrent membres des principales Ă©glises mĂ©thodistes amĂ©ricaines, notamment de l’Église Ă©piscopale mĂ©thodiste (Methodist Episcopal Church (en)). Il y avait toutefois une certaine agitation dans les milieux mĂ©thodistes car certains pensaient que la dĂ©nomination avait perdu sa ferveur. La Wesleyan Methodist Church (en) (en 1841) et l’Église mĂ©thodiste libre (en 1860) se sĂ©parĂšrent du mĂ©thodisme pour former les premiĂšres Églises du mouvement de sanctification. Toutes deux dĂ©fendaient l’abolition de l’esclavage en plus de leur adhĂ©sion Ă  doctrine de la perfection chrĂ©tienne.

Ceux des adhĂ©rents qui provenaient d’autres traditions thĂ©ologiques fondĂšrent des organisations wesleyennes spĂ©cifiques. En 1881, Daniel Sidney Warner (en) lança le « mouvement de rĂ©formation de l’Église de Dieu », devenu aujourd’hui l’Église de Dieu d’Anderson (Ă  Anderson, Indiana), introduisant le restaurationnisme dans le mouvement de sanctification.

Le livre de Phoebe Palmer, “la promesse du pĂšre”, publiĂ© en 1859, qui argumentait en faveur de l’accĂšs des femmes au ministĂšre pastoral, influença Catherine Booth, cofondatrice de l’ArmĂ©e du Salut (la pratique du ministĂšre fĂ©minin est assez rĂ©pandue dans le mouvement de sanctification mais pas universel). La fondation de l’ArmĂ©e du Salut permit Ă  l'Ă©toile du mouvement de sanctification de continuer Ă  briller au sein des Ă©glises mĂ©thodistes.

Le mouvement de sanctification s’engagea aussi dans une intense activitĂ© missionnaire :

  • Le mĂ©thodiste Martin Wells Knapp fonda en 1897 l’International Holiness Union and Prayer League Ă  Cincinnati, Ohio, qu idevint ensuite l’Église de sanctification du pĂšlerin (Pilgrim Holiness Church (en)), une organisation missionnaire qui connut un grand succĂšs en CorĂ©e au Japon, en Chine, en Inde, en Afrique australe et en AmĂ©rique latine. (Auparavant Knapp avait Ă©galement fondĂ© le magazine «God’s Revivalist» en 1883, puis ultĂ©rieurement, en 1900, l’universitĂ© chrĂ©tienne God's Bible School and College (en).)
  • One Mission Society (en) fondĂ©e sous le nom de « Oriental Mission Society » pour propager le mĂ©thodisme au Japon est devenue la plus grande organisation missionnaire du mouvement de sanctification.

Divisions au sein du méthodisme

Illustration tirĂ©e du livre The Circuit Rider: A Tale of the Heroic Age d’Edward Eggleston (en) reprĂ©sentant un prĂ©dicateur mĂ©thodiste itinĂ©rant

Les tensions Ă©taient parfois vives entre les mĂ©thodistes qui n’adhĂ©raient pas au mouvement de sanctification et les autres. Dans les annĂ©es 1890, on estime que la proportion de ceux qui souscrivaient aux idĂ©es du mouvement de sanctification s’élevait Ă  entre un tiers et la moitiĂ© des quelque 4 millions de mĂ©thodistes amĂ©ricains[15].

Aux premiĂšres Ă©glises en rupture avec le rameau mĂ©thodiste s’ajouta en 1908 l’Église du NazarĂ©en. Le pasteur mĂ©thodiste Benjamin Franklin Haynes (en) a laissĂ© un tĂ©moignage de premiĂšre main de cette Ă©poque dans son livre Tempest-Tossed on Methodist Seas (« malmenĂ© par la tempĂȘte dans des mers mĂ©thodistes ») qui raconte sa rupture avec l’Église Ă©piscopale mĂ©thodiste pour rejoindre ce qui allait devenir l’Église du NazarĂ©en. La tension culmine lors de la confĂ©rence de l’Église Ă©piscopale mĂ©thodiste de 1898 qui adopte une rĂšgle interdisant Ă  tout pasteur ou diacre mĂ©thodiste de prĂȘcher sur le territoire d’une Ă©glise mĂ©thodiste sans son accord, faute de quoi il s’expose Ă  des poursuites en justice[16] ! De nombreux pasteurs ou prĂ©dicateurs itinĂ©rants du mouvement de sanctification trouvĂšrent difficile de poursuivre leur ministĂšre dans ces conditions, surtout lĂ  oĂč l’Église mĂ©thodiste Ă©tait hostile au mouvement de sanctification, et cela conduit Ă  la formation de nombreuses organisations dissidentes. Elles se regroupĂšrent essentiellement au sein de l’Église du NazarĂ©en et del’Église mĂ©thodiste libre. Le nombre de ceux qui quittĂšrent les principales dĂ©nominations mĂ©thodistes Ă  cette Ă©poque pour adhĂ©rer Ă  ces Ă©glises du mouvement de sanctification n’excĂ©dĂšrent pas 100 000 personnes[15].

Au XXe siĂšcle

Au dĂ©but du XXe siĂšcle, la tradition des “camp meetings” et des campagnes d’évangĂ©lisation rĂ©alisĂ©es avec le concours des Ă©glises locales se poursuivit. L'Ă©vangĂ©liste baptiste britannique Oswald Chambers diffuse son petit ouvrage de dĂ©votion My Utmost for His Highest dans le monde entier. Les mouvements pentecĂŽtistes et charismatiques prirent de l’importance et s’attachĂšrent certains des membres du mouvement de sanctification. Le mouvement de sanctification eut par ailleurs de bonnes relations avec le fondamentalisme Ă©vangĂ©lique mais fut parfois submergĂ© par l’arrivĂ©e des mĂ©thodes de la critique radicale des textes sacrĂ©s et autres Ă©coles de pensĂ©e libĂ©rale. Le mouvement de sanctification se trouva ainsi marginalisĂ© dans certaines Ă©glises comme lors de la fusion entre Églises mĂ©thodistes qui conduisit Ă  former l’Église mĂ©thodiste unie en 1939 mais il put se maintenir dans certaines institutions telles que l’universitĂ© Azusa Pacific University (en). La division et la marginalisation du mouvement de sanctification s’accentua aprĂšs la DeuxiĂšme Guerre mondiale. MĂ©content de l’évolution de la sociĂ©tĂ© et de l’opinion y compris Ă  l’intĂ©rieur de leurs Ă©glises, certains formĂšrent le Mouvement de Sanctification conservateur (Conservative Holiness Movement (en))[17].

Un défilé de l'Armée du salut à Oxford, en Angleterre.

La plupart des Ă©glises du mouvement s’assimilĂšrent aux Ă©vangĂ©liques de la National Association of Evangelicals (en)[18], dĂ©veloppant une forme de mĂ©pris pour le « lĂ©galisme », abandonnant leurs interdits vis-Ă -vis de la danse et du thĂ©Ăątre mais persistant dans la prohibition du tabac et de l’alcool. Comme les Ă©vangĂ©liques, ils adoptĂšrent des positions fermes sur le caractĂšre sacrĂ© du mariage et l’importance de l’abstinence sexuelle avant le mariage. Dans les annĂ©es 1970, l’opposition Ă  l’avortement devint un thĂšme rĂ©current et pendant les annĂ©es 1990, les positions contre l’homosexualitĂ© active se multipliĂšrent. La tradition d’engagement social et charitable se poursuivit en particulier au travers de l’ArmĂ©e du salut et d’autres organisations d’entraide.

Situation actuelle (XXIe siĂšcle)

ConfrontĂ©s Ă  une forte crise d’identitĂ© et Ă  une Ă©rosion de leur membership, les Ă©vangĂ©liques du mouvement de sanctification wesleyen ont conduit plusieurs confĂ©rences inter-dĂ©nominationelles pour clarifier la diffĂ©rence entre la thĂ©ologie wesleyenne et celle des autres Ă©vangeliques, pour mieux prendre en compte le questions sociales actuelles et pouvoir sĂ©duire dans un monde post-moderne[19]. Citons Ă  titre d’exemple le « manifeste de la sanctification » (The Holiness Manifesto) publiĂ© en 2006 par le Consortium wesleyen de la sanctification (‘’Wesleyan Holiness Consortium’’). Le nombre total d’adhĂ©rents engagĂ©s dans la vie d’église du mouvement de sanctification est aujourd’hui d’environ 12 millions. 21 Ă©glises sont associĂ©es au Partenariat de la Sanctification chrĂ©tienne (“Christian Holiness Partnership (en)), et, en sus, des centaines de paroisses ou Ă©glises locales ne sont pas identifiĂ©es comme membre du Partenariat. Aucune Ă©glise du mouvement de sanctification n’est membre du Conseil ƓcumĂ©nique des Églises, mais plusieurs Ă©glises membres en sont traditionnellement proches[20]. L’Église du NazarĂ©en, l’Église wesleyenne Wesleyan Church (en) et l’Église mĂ©thodiste libre sont les plus grandes Ă©glises Ă©vangĂ©liques wesleyennes reprĂ©sentatives du mouvement de sanctification aujourd’hui. Des pourparlers en vue d’une fusion ont Ă©tĂ© menĂ©s mais ont abouti Ă  la crĂ©ation d’organes de coopĂ©ration comme la « Global Wesleyan Alliance »[21] - [22].

Certaines institutions d'enseignement sont affiliĂ©es au mouvement de sanctification, par exemple l'universitĂ© d'Asbury qui a fait parler d'elle lors du rĂ©veil de 2023, qui fait lui-mĂȘme suite Ă  plusieurs autres dans la pure tradition mĂ©thodiste[23].

De la sanctification au PentecĂŽtisme

Naissance du pentecĂŽtisme

Le pentecĂŽtisme est directement issu du mouvement de sanctification. Il s’est dĂ©veloppĂ© sur le terreau du mouvement de sanctification Ă  partir du « RĂ©veil d'Azusa Street », qui a eu lieu en 1906 Ă  Los Angeles Ă  l’initiative de William Joseph Seymour (1870-1922), un pasteur mĂ©thodiste afro-amĂ©ricain qui croyait fermement Ă  la valeur de la glossolalie (ou « parler en langues »). ExpulsĂ© de l’église mĂ©thodiste par un pasteur qui ne croyait pas du tout Ă  ces manifestations, il poursuivit sa prĂ©dication dans un bĂątiment d’une ancienne Ă©glise mĂ©thodiste Ă©piscopale africaine, dans Azusa Street, d’oĂč le nom du mouvement. Ce RĂ©veil se caractĂ©risait par son caractĂšre multiracial et rĂ©unissait des chrĂ©tiens de tous milieux Ă  la recherche d’une expĂ©rience plus forte du Saint-Esprit, ce qui en fit le plus contagieux des rĂ©veils pentecĂŽtistes. Le mouvement se rĂ©pandit ensuite dans tous les États-Unis, tant dans les rĂ©gions urbaines que rurales. Il s’est aujourd’hui rĂ©pandu dans le monde entier, oĂč l’on compte environ 78 millions de pentecĂŽtistes, et 510 millions d’adhĂ©rents des diffĂ©rents mouvements charismatiques eux-mĂȘmes issus ou inspirĂ©s par les pentecĂŽtistes. Au total ce sont donc indirectement quelque 600 millions de chrĂ©tiens qui sont issus du mouvement de sanctification[24].

Points de convergence

Beaucoup de pentecĂŽtistes ont conservĂ© aujourd’hui le plus clair de la doctrine et des pratiques du mouvement de sanctification. Plusieurs Ă©glises pentecĂŽtistes ont aussi conservĂ© le mot sanctification dans leur nom, comme l’Église International Pentecostal Holiness Church. Les termes de « pentecĂŽte » et d’« apostolique », qui sont aujourd’hui utilisĂ©s par les adhĂ©rents des mouvements pentecĂŽtistes et charismatiques, l’ont d’abord Ă©tĂ© par les Ă©glises issues du mouvement de sanctification en liaison avec le style de vie consacrĂ© Ă  Dieu que dĂ©crit le Nouveau Testament. Le pentecĂŽtisme et le mouvement de sanctification ont en particulier en commun l’importance qu’elles accordent Ă  l’expĂ©rience de la rencontre du croyant avec Dieu aprĂšs sa conversion, une expĂ©rience qu’elles appellent le baptĂȘme du Saint-Esprit. Elles souscrivent aussi Ă  l’ensemble des doctrines essentielles du protestantisme et Ă  ses pratiques : autoritĂ© de la Bible, y compris dans les questions morales de la vie quotidienne.

Points de différenciation

À la diffĂ©rence du mouvement de sanctification, le mouvement de PentecĂŽte croit que le baptĂȘme du Saint-Esprit s’accompagne de manifestations extĂ©rieures plus ou moins surnaturelles comme le parler en langues ou glossolalie, le don de prophĂ©tie ou le don de guĂ©rison. Cela n’empĂȘche pas que Pendant le "RĂ©veil d'Azusa Street", ces pratiques ont Ă©tĂ© vigoureusement rejetĂ©es par les leaders du mouvement de sanctification. L’un d’eux, Alma White, Ă©vĂȘque de l’église Pillar of Fire Church (en), Ă©crivit en 1936 un livre contre les pratiques pentecĂŽtistes, intitulĂ© DĂ©mons et langues, oĂč elle traitait le “parler en langues” de "charabia satanique" et les services religieux pentecĂŽtistes de "sommets du culte de Satan"[25]. Il est vrai qu’elle Ă©tait assez extrĂȘme dans de nombreux domaines et que la majoritĂ© des Ă©glises du mouvement de sanctification admettent aujourd’hui la lĂ©gitimitĂ© du parler en langues inconnues, sans en faire le signe de sanctification que les pentecĂŽtistes y voient.

Exemples d'Églises issues du mouvement de sanctification

Notes et références

  1. Mannoia, Kevin W. et Don Thorsen. The Holiness Manifesto, (William B. Eerdmans Publishing, 2008)
  2. Claude Savart, Le Monde contemporain et la Bible, Ă©ditions Beauchesne, 1985, p. 359
  3. Conseil ƒcumĂ©nique des Églises, Églises de l'Illumination, Site officiel du Conseil ƒcumĂ©nique des Églises, Suisse, consultĂ© le 19 juillet 2015
  4. Conseil ƒcumĂ©nique des Églises, Églises pentecĂŽtistes, Site officiel du Conseil ƒcumĂ©nique des Églises, Suisse, consultĂ© le 14 juin 2018
  5. (en) Thomas Arthur Russell, Comparative Christianity: A Student's Guide to a Religion and Its Diverse Traditions, Universal-Publishers, , 121– (ISBN 9781599428772, lire en ligne)
  6. Peter Hocken, Le RĂ©veil de l'Esprit : les Églises pentecĂŽtistes et charismatiques, France, Ă©ditions Fides, 1994, page 54
  7. Vinson Synan, The Holiness-Pentecostal Tradition: Charismatic Movements in the Twentieth Century, (Grand Rapids, Michigan: William B. Eerdmans Publishing Company, 1997 2e Ă©d.), p. 8.
  8. Synan 1997, p. 17.
  9. , Stan Ingersol, christianitytoday.com, The Holiness Movement Timeline, USA, consulté le 11 mars 2016
  10. Synan 1997, p. 18.
  11. Peter Bush, "The Reverend James Caughey and Wesleyan Methodist Revivalism in Canada West, 1851-1856", Ontario History, Sept 1987, vol. 79 Issue 3, p. 231-250
  12. (en) Charles Jr. Yrigoyen, Historical Dictionary of Methodism, Scarecrow Press, (lire en ligne), p. 186
  13. Randall Herbert Balmer, Encyclopedia of Evangelicalism, Baylor University Press, USA, 2004, page 634
  14. Principes de l’Église Moody sur le site de l’église, accĂšs le 17 janvier 2016
  15. Vinson Synan, The Holiness-Pentecostal Tradition: Charismatic Movements in the Twentieth Century, Éditions Wm. B. Eerdman, 1971
  16. RĂšgle no 301 de la discipline de l’Église Ă©piscopale mĂ©thodiste du sud (Discipline of the Methodist Episcopal Church, South), 1898, p. 125
  17. Fundamental Wesleyan, Site du Mouvement de Sanctification conservateur, accĂšs le 31 mai 2015
  18. Site d’histoire de l’Église du NazarĂ©en
  19. « About Us », Site holinesslegacy.com, accÚs le 31 mai 2015
  20. MĂ©mento du Conseil ƓcumĂ©nique des Églises, 2006
  21. http://wesleyananglican.blogspot.com/2011/08/wesleyan-holiness-mergers-not-taking.html (accÚs le 20 février 2015)
  22. « Global Wesleyan Alliance has 3rd annual gathering » site de « The Wesleyan Church » (accÚs le 31 mai 2015)
  23. (en-US) « A nonstop revival breaks out at Kentucky college. Now, it's viral on TikTok » [archive du ], The Courier-Journal (consulté le )
  24. Pentecostal churches, accĂšs le 31 mai 2015
  25. “The Outpouring of the Holy Ghost at Azusa Street Mission”, site de revempete.us, accùs le 31 mai 2015
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