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Morphologie du tsez

Les noms

Les noms sont fléchis en fonction du nombre et du cas. Ils sont associés à des classes nominales.

Le nombre

Les noms peuvent ĂȘtre au singulier ou au pluriel. Le pluriel se forme en ajoutant -bi au radical Ă  l’absolutif : besuro (poisson) → besuro-bi (poissons). Aux autres cas, le suffixe est -za; ainsi, "des poissons (gĂ©nitif)" devient besuro-za-s.

Les cas

Il existe 8 cas syntaxiques, et un bien plus grand nombre de cas locatifs, qui distinguent trois catĂ©gories : la position, l’orientation et la direction. Donc, si l’on tient compte Ă  la fois des cas locatifs et non locatifs, on arrive Ă  un total de 64.

Le tsez est une langue ergative, ce qui signifie qu’il ne fait pas de distinction entre le sujet d’une phrase intransitive et l’objet d’une phrase transitive : les deux se trouvent au cas absolutif, non marquĂ©, et le sujet de la phrase transitive est au cas ergatif.

Selon Ramazan Rajabov, pour 42 % seulement des noms le radical oblique est diffĂ©rent du radical absolutif. Pour certains noms, c’est leur structure interne qui change (par exemple une voyelle), tandis que pour d’autres on ajoute Ă  la fin ce qu’on appelle un "suffixe thĂ©matique" (on en recense une vingtaine), qui sera suivi des autres suffixes casuels. Par exemple, le mot qui signifie « langue » ou « langage », est mec, mais son radical oblique est mecr- : le pluriel est donc mecrebi, l’ergatif mecrā, etc. Rajabov remarque qu’il est parfois difficile, mĂȘme pour des locuteurs natifs, de choisir correctement le suffixe thĂ©matique. Ces suffixes trouvent probablement leur origine dans deux formes diffĂ©rentes de pluriel, de la mĂȘme maniĂšre qu’en anglais le mot children (enfants) possĂšde en fait deux dĂ©sinences archaĂŻques du pluriel, -(e)r et -en. En tsez il est mĂȘme possible parfois d’utiliser aussi bien le pluriel archaĂŻque que la forme normale et plus productive -bi pour un mĂȘme mot[1].

Suffixes des cas syntaxiques

singulier pluriel
Absolutif -∅ -bi
Ergatif -ā -z-ā
GĂ©nitif-1 -(e)s -za-s
GĂ©nitif-2 -(e)z -za-z
Datif -(e)r -za-r
Instrumental -(e)d -za-d
Équatif-1 -ce -za-ce
Équatif-2 -qʌāy -za-qʌāy

La diffĂ©rence entre les deux cas gĂ©nitifs est que le premier est utilisĂ© comme attribut d’un nom principal absolutif, et le second d’un oblique. Le gĂ©nitif-1 sera donc utilisĂ© dans des expressions telles que ĆŸekÊŒu-s is (le taureau de l’homme), alors que le gĂ©nitif-2 sera utilisĂ© dans ĆŸekÊŒu-z is-er (pour le taureau de l’homme).

L’équatif-1 est utilisĂ© pour effectuer des comparaisons, comme dans besuro-ce (comme un poisson) ; il peut aussi ĂȘtre associĂ© Ă  d’autres cas.

Rajabov suggĂšre 3 cas syntaxiques supplĂ©mentaires, Ă  savoir le possessif-1 (-Ƃay), le possessif-2 (-xu), et l’abessif (-tay). Cependant, leur statut peut faire dĂ©bat, car ils semblent prĂ©senter Ă  la fois des tendances flexionnelles et dĂ©rivationnelles[1].

Suffixes des cas locatifs

Essif Latif Ablatif Allatif[2] signification
In— -ā
-āz
-ā-r
-āz-a-r
-āy
-āz-ay
-āɣor
-āz-a
= dans (un objet creux)
Cont— -Ƃ
-Ƃ-āz
-Ƃ-er
-Ƃ-āz-a-r
-Ƃ-āy
-Ƃ-āz-ay
-Ƃ-xor
-Ƃ-āz-a
= au sein de, parmi
Super— -ƛʌ(o)
-ƛʌ-āz
-ƛʌo-r
-ƛʌ-āz-a-r
-ƛʌ-āy
-ƛʌ-āz-ay
-ƛʌ-āɣor, -ƛʌ-ār
-ƛʌ-āz-a
= sur (horizontal)
Sub— -ƛ
-ƛ-āz
-ƛ-er
-ƛ-āz-a-r
-ƛ-āy
-ƛ-āz-ay
-ƛ-xor
-ƛ-āz-a
= sous
Ad— -x(o)
-x-āz
-xo-r
-x-āz-a-r
-x-āy
-x-āz-ay
-x-āɣor, -x-ā-r
-x-āz-a
= Ă 
Apud— -de
-d-āz
-de-r
-d-āz-a-r
-d-āy
-d-āz-ay
-d-āɣor, -d-ā-r
-d-āz-a
= prĂšs de
Poss— -q(o)
-q-āz
-qo-r
-q-āz-a-r
-q-āy
-q-āz-ay
-q-āɣor, -q-ā-r
-q-āz-a
= sur (vertical)
signification = Ă  (position) = vers (destination) = de (origine) = en direction de

Parmi les formes indiquĂ©es, celle du dessus indique la forme non-distale (c’est-Ă -dire proche), celle du dessous, la forme distale (= Ă©loignĂ©e) du suffixe. Au non-distal il existe parfois deux formes semblables pour l’allatif. La voyelle Ă©penthĂ©tique o entre parenthĂšses apparaĂźt derriĂšre des radicaux nominaux se terminant par une consonne ; ainsi, « Ă  cĂŽtĂ© du taureau » se traduit is-xo, alors que « Ă  cĂŽtĂ© du poisson » se dit besuro-x.

Les classes nominales

Le tsez distingue quatre classes nominales au singulier, et deux au pluriel. Elles sont indiquĂ©es par des prĂ©fixes attachĂ©s aux verbes, aux adjectifs, Ă  diffĂ©rentes postpositions telles que -oƛƛʌo ("entre") ou -iƂe ("comme") et Ă  la particule emphatique -uy pour s’accorder avec le nom. L’accord n’est possible que pour les mots commençant par une voyelle ou une voyelle pharyngalisĂ©e, mais on trouve aussi quelques mots commençant par une voyelle qui ne prennent pas ces prĂ©fixes.

Classe Singulier Pluriel Attribution
I ∅- b- personnes de sexe masculin seulement
II y- r- personnes de sexe féminin et objets inanimés (ex: livre)
III b- animaux et objets inanimés (ex: soleil)
IV r- objets inanimés seulement (ex: eau)

Comme les objets inanimĂ©s couvrent les classes II, III et IV, il n’est pas Ă©vident de dĂ©terminer Ă  quelle classe un objet inanimĂ© doit appartenir. Cependant, certaines tendances basĂ©es sur le champ sĂ©mantique des noms se dĂ©gagent. Les noms dĂ©notant des objets susceptibles de se dĂ©placer (comme : soleil, lune, Ă©toile, Ă©clair, voiture, train) appartiennent habituellement Ă  la classe III, alors que les produits qui se rapportent traditionnellement au travail des femmes (comme : vĂȘtements, baies, et aussi lait) relĂšvent souvent de la classe II. Les vĂȘtements faits de cuir sont — de mĂȘme que le mot signifiant cuir lui-mĂȘme — habituellement assignĂ©s Ă  la classe III, en raison de leur relation avec les animaux. La classe IV incluait originellement des termes abstraits, des noms collectifs et de masse, tels que : eau, sel, ciel ou vent. Les matĂ©riaux semblent souvent dĂ©terminer des classes nominales : "chaise" and "bois" sont tous deux des noms de classe IV. La forme aussi semble avoir une influence (les choses plates sont associĂ©es Ă  la classe II, les choses rondes Ă  la classe III, et les choses longues Ă  la classe IV). De la mĂȘme maniĂšre, les noms propres sont assignĂ©s Ă  la classe des noms qu’ils dĂ©notent. Ainsi, PatÊŒi ("Fatima") est assignĂ© Ă  la classe II, parce qu’il s’agit d’un nom fĂ©minin, et Asaq (un village tsez) appartient Ă  la classe III, parce que "village" (ʕaƛʌ) appartient au mĂȘme groupe. Quant aux nouveaux mots d’emprunt, ils sont assignĂ©s Ă  la classe nominale d’un mot tsez existant et sĂ©mantiquement similaire. Il est intĂ©ressant de remarquer que, d’aprĂšs des expĂ©riences, les locuteurs Tsez n’assignent aucune classe nominale Ă  des mots nouveaux qu’ils ne connaissent pas ou dont ils ne savent pas Ă  quoi ressemble le signifiĂ© concernĂ©[3].

Certaines désinences dérivationnelles exigent aussi une classe nominale spécifique : voir plus loin la section concernant la dérivation.

Les verbes et les adverbes s’accordent toujours avec l’argument absolutif de la proposition, sans Ă©gard Ă  sa transitivitĂ© ou son intransitivitĂ©.

S’il y a plus d’un argument absolutif liĂ© par la conjonction -n(o) ("et"), et que l’un d’entre eux appartient Ă  la premiĂšre classe nominale, alors c’est le pluriel de la classe I qui gouverne l’accord pour la proposition ; sinon, c’est le pluriel de la classe II/III/IV. Comparez :

kid-nouĆŸi-nb-ay-si
fille[II]:ABS-etgarçon[I]:ABS-etIPL-venir-PSTWIT
"Une fille et un garçon sont arrivés."

et :

kid-nomeĆĄi-nr-ay-si
fille[II]:ABS-etveau[III]:ABS-etIIPL-venir-PSTWIT
"Une fille et un veau sont arrivés."
NB: PSTWIT = passé attesté

Les pronoms

Pronoms personnels

Les pronoms personnels existent en tsez seulement Ă  la 1re et Ă  la 2e personne; pour la 3e personne, on utilise les dĂ©monstratifs ĆŸe (singulier) and ĆŸedi (pluriel). Comme les pronoms personnels au singulier ont la mĂȘme forme Ă  l’absolutif et Ă  l’ergatif, une phrase telle que Di mi okÊŒsi est ambiguĂ«, car elle peut signifier Ă  la fois « Je t’ai frappĂ© » et « Tu m’as frappĂ© », en raison de l’ordre relativement libre des mots. Cependant, ils possĂšdent une forme diffĂ©rente aux cas obliques et une forme irrĂ©guliĂšre au gĂ©nitif-1, la mĂȘme que les pronoms pluriels. Les pronoms singuliers ont aussi les mĂȘmes formes pour l’ensemble des quatre classes nominales, tandis qu’au pluriel cette distinction est marquĂ©e, comme indiquĂ© dans le tableau ci-dessous.

classe I classes II-IV
1re pers. sg. abs. & erg. di
oblique dā-
génitif-1 dey
2e pers. sg. abs. & erg mi
oblique debe-[4]
dow-[5]
génitif-1 debi
1re pers. pl. absolutif eli ela
oblique elu- ela-
génitif-1 spécial[6] eli
génitif-2 spécial[6] eliz
2e pers. pl. absolutif meĆŸi meĆŸa
oblique meĆŸu- meĆŸa-
gĂ©nitif-1 spĂ©cial[6] meĆŸi
gĂ©nitif-2 spĂ©cial[6] meĆŸiz

Il existe aussi un pronom personnel rĂ©flĂ©chi, signifiant "soi-mĂȘme", qui est ĆŸo (= self) ou ne- (= oneself) Ă  la forme oblique.

Pronoms démonstratifs

Les pronoms démonstratifs sont des suffixes attachés au nom concerné. Ils sont fléchis en fonction de la classe nominale, du nombre et du cas, et ils présentent une distinction binaire entre le proximal (proche, comme en français : "ceci / ceux-ci") et distal (éloigné, français : "cela / ceux-là"), ces derniers étant aussi utilisés en place de pronoms personnels à la 3e personne.

Les formes obliques sont utilisĂ©es de maniĂšre attributive, et aussi en tant que base Ă  laquelle d’autres suffixes casuels (obliques) peuvent ĂȘtre attachĂ©s.

Singulier Pluriel
Classe I Classes II-IV Classe I Classes II-IV
Proximal Absolutif -da -du -ziri
Oblique -si -Ƃa-, -Ƃ[7] -zi -za
Distal Absolutif ĆŸe ĆŸedi
Oblique nesi neƂo, neƂ[7] ĆŸedu ĆŸeda

Pronoms interrogatifs

Les pronoms interrogatifs distinguent entre l’humain ("qui? ") et le non-humain ("qu’est-ce qui?") aux formes obliques seulement, mais pas Ă  l’absolutif. Les pronoms interrogatifs de la catĂ©gorie "non-humain" requiĂšrent l’affixe de la classe IV lorsqu’ils dĂ©clenchent un accord.

Les pronoms interrogatifs qui remplacent un complĂ©ment (comme "quand?" ou "pourquoi?") se prĂ©sentent habituellement au dĂ©but de la phrase, alors que ceux qui remplacent un terme ("qui?", "que, qu’est-ce que?", etc.) figurent souvent Ă  l’endroit du terme qu’ils remplacent. Cependant, ils peuvent eux aussi ĂȘtre placĂ©s en tĂȘte pour effectuer un lien dans un discours particulier. Ainsi, le mot ĆĄebi placĂ© en tĂȘte pourrait ĂȘtre traduit par "Quelle chose...?" au lieu de "Que / qu’est-ce que...?".

Humain Non-humain
Absolutif ĆĄebi
Oblique Ƃā Ƃina
Ergatif Ƃu Ƃinā

Parmi les autres pronoms interrogatifs, on peut citer:

  • dice ("combien?", anglais "how much?")
  • didiyu ("lequel?")
  • didur ("comment?")
  • Ƃina-s ("pourquoi?") ; ceci semble ĂȘtre la forme du gĂ©nitif-1 du pronom interrogatif oblique non-humain
  • nā ("oĂč?") ; radical na-
  • neti ("quand?")
  • ĆĄidā ("pourquoi?")
  • ĆĄomo ("combien?", anglais "how many?")

Les verbes

Le tsez possĂšde une riche morphologie verbale, tenant compte de nombreuses catĂ©gories. MalgrĂ© la complexitĂ© de la conjugaison, le seul verbe authentiquement irrĂ©gulier est le verbe ĂȘtre, avec ses formes yoƂ (prĂ©sent), ānu (prĂ©sent negatif), zow- (passĂ©), etc. Il existe 4 groupes morphologiques, distinguĂ©s par le phonĂšme final du radical. Le premier groupe finit par une consonne, le second en i, le troisiĂšme en -u, et le quatriĂšme groupe comprend les verbes qui se terminent alternativement par -d (devant une voyelle) et -y (ailleurs).

Temps, aspect, mode

Il existe cinq formes temporelles-aspectuelles Ă  l’indicatif, comme indiquĂ© dans le tableau ci-aprĂšs, qui prĂ©sente des exemples de verbes avec radical Ă  terminaison vocalique et consonantique.

FormeSuffixeAvec -iĆĄ- ("manger")Avec -esu- ("trouver")
passé attesté -n(o)-iƥ-no "a mangé"-esu-n "a trouvé"
passé non attesté -s(i)-iƥ-si "a mangé"-esu-s "a trouvé"
présent -x(o)-iƥ-xo "mange"-esu-x "trouve"
futur dĂ©fini -an-iĆĄ-an "mangera"-esÊ·-an "trouvera"
futur indéfini transformation en ā
de la voyelle du radical
devant la derniĂšre consonne
-āƥ "mangera"-āsu "trouvera"
  • Dans les phrases interrogatives (questions "qui", "quoi", "quand", etc.), le suffixe du passĂ© attestĂ© est -ā au lieu de -s(i).
  • Dans les questions de type oui/non, le verbe Ă  une forme dĂ©finie prend une terminaison additionnelle -ā, sauf au passĂ© attestĂ©, qui prend -iyā (aprĂšs une consonne) ou -yā (aprĂšs une voyelle).
  • La distinction entre les deux temps futurs est que le futur dĂ©fini sous-entend une volontĂ© du locuteur ("Je veux faire quelque chose et vais le faire..."), et n’est utilisĂ© qu’à la 1re personne, tandis que le futur indĂ©fini, sans connotation de volontĂ©, tend Ă  ĂȘtre utilisĂ© aux 2e et 3e personnes.
  • Les autres modes sont formĂ©s comme suit :
    • L’impĂ©ratif est dĂ©pourvu de suffixe dans le cas des verbes intransitifs (par ex. -ikÊŒi! "va!"), et prend le suffixe -o s’il s’agit d’un verbe transitif (par ex. -tÊŒetÊŒr-o! "lis!"); le verbe est alors habituellement placĂ© en position initiale dans la phrase.
    • L’optatif s’obtient en ajoutant un -ƛ Ă  la forme impĂ©rative, par ex. tÊŒetÊŒr-o-ƛ! ("qu’il lise!").
  • Il existe aussi une grande variĂ©tĂ© de formes verbales analytiques:
    • futur emphatique = infinitif + "ĂȘtre" (au prĂ©sent); ex. -ikÊŒ-a yoƂ ("irai")
    • aspect continu = gĂ©rondif imparfait + "ĂȘtre" (Ă  la forme temporelle-aspectuelle appropriĂ©e) ; ex. -ikÊŒi-x zow-si ("Ă©tait en train de partir")
    • aspect perfectif = gĂ©rondif parfait + "ĂȘtre" ; ex. -ikÊŒi-n zow-si ("Ă©tait parti")
    • temps parfait = participe rĂ©sultatif + "ĂȘtre" ; ex. -ikÊŒ-āsi zow-si ("Ă©tait parti")
    • intentionnel = participe prĂ©sent + "ĂȘtre" ; ex. -ikÊŒi-xo-si zow-si ("avait l’intention de partir")
    • rĂ©sultatif = gĂ©rondif imperfectif/perfectif + participe rĂ©sultatif de -iči- ("ĂȘtre situĂ©") + "ĂȘtre" ; ex. ikÊŒi-n -ič-ā-si zow-si ("Ă©tait parti") ou ikÊŒi-x -ič-ā-si zow-si ("se trouvait dans l’état d’ĂȘtre en route Ă  partir d’ici").

La négation

Le principal suffixe nĂ©gatif Ă  l’indicatif est -čʌV', oĂč V est une voyelle variable en fonction du temps / aspect / mode du verbe ; il s’insĂšre aprĂšs le radical verbal. Ainsi, avec le verbe -ikÊŒi- (aller, partir), les formes suivantes sont possibles :

FormeSuffixe nĂ©gatifAvec -ikÊŒi- ("aller")
nĂ©gatif passĂ© non attestĂ© -čʌey--ikÊŒi-čʌey "n’est pas allĂ©"
nĂ©gatif passĂ© attestĂ© -čʌu--ikÊŒi-čʌu-s or -ikÊŒi-čʌu "n’est pas allĂ©"
nĂ©gatif prĂ©sent -ānu- (nĂ©gatif prĂ©sent de "ĂȘtre")-ikÊŒi-x-ānu "ne va pas"
nĂ©gatif futur dĂ©fini -čʌi--ikÊŒ-ā-čʌi-n "n’ira pas"
nĂ©gatif futur indĂ©fini -čʌi--ākÊŒi-čʌi "n’ira pas" (alternance vocalique!)
  • Le prohibitif (c’est-Ă -dire l’impĂ©ratif nĂ©gatif) s’exprime par l’ajout du suffixe -no Ă  la forme du futur indĂ©fini du verbe, ex. -āƥ-no! ("ne mange pas!").
  • L’optatif nĂ©gatif s’obtient en ajoutant simplement -ƛ Ă  la forme prĂ©cĂ©dente : āƥ-no-ƛ ("qu’il ne mange pas!").

Formes non conjuguées

Les participes se comportent comme les adjectifs et varient uniquement en fonction de l’accord de classe, qui se prĂ©sente sous forme d’un affixe. Il y a plusieurs sortes de participes en tsez :

FormeSuffixeAvec -iĆĄ- ("manger")
participe passĂ© -ru (voyelle radical → ā)[8]-āƥ-ru "ayant mangĂ©"
participe passĂ© nĂ©gatif -čʌi-ru (voyelle radical → ā)[8]-āƥ-čʌi-ru "n’ayant pas mangĂ©"
participe rĂ©sultatif -ā-si-iĆĄ-ā-si "dans l’état d’avoir mangĂ©"
participe rĂ©sultatif nĂ©gatif -ani-iĆĄ-ani "dans l’état de ne pas avoir mangĂ©"
participe présent -xo-si-iƥ-xo-si "mangeant"
participe présent négatif -x-ānu-si-iƥ-x-ānu-si "ne mangeant pas"

Les coverbes, tels que les gĂ©rondifs et les adverbes verbaux, sont trĂšs nombreux en tsez. La liste qui suit n’en fournit qu’un recensement incomplet. Le tableau illustre la relation entre le coverbe temporel (C) et le verbe principal (V) :

Relation entre C et VSuffixeAvec -ikÊŒi- ("(s’en) aller")
C et V simultanĂ©s maniĂšre de l’action -x-ikÊŒi-x
ponctuel -ƛʌ-ikÊŒi-ƛʌ
simultanĂ© simple -ƛʌorey / -zey-ikÊŒi-ƛʌorey / -ikÊŒi-zey "pendant qu’il (s’en) va/allait"
C prĂ©cĂšde V maniĂšre de l’action -n-ikÊŒi-n
antĂ©rieur simple -nosi-ikÊŒi-nosi "aprĂšs qu’il (s’en) va/alla"
antĂ©rieur immĂ©diat -run (voyelle radical → ā)[8]-ākÊŒi-run "juste aprĂšs qu’il (s’en) va/alla"
C suit V postĂ©rieur simple -zaƛʌor-ikÊŒi-zaƛʌor "avant qu’il (s’en) aille/allĂąt"
terminatif -a-ce-ikÊŒ-a-ce "jusqu’à ce qu’il (s’en) aille/allĂąt"
  • On peut citer d’autres coverbes non temporels, tels que :
    • les coverbes perfectifs (complĂ©tifs) et imperfectifs, identiques aux formes du passĂ© et du prĂ©sent non attestĂ©s, soit respectivement : -n(o) et -x(o)
    • le coverbe locatif : -z-ā, avec transformation de la voyelle du radical en ā
    • le coverbe causal : -xoy, -za-ƛʌ ou -za-q; ex. iĆĄ-nāy ("en raison de (son) dĂ©part")
    • le coverbe conditionnel : -nāy ou -Ƃi ; ex. iĆĄ-nāy ("s’il mange")
    • le coverbe concessif : -Ƃin
    • l’infinitif: -a; ex. -iĆĄ-a ("manger")
  • le nom verbal (dĂ©verbal) : -(a)ni ; ex. -iĆĄ-ani ("le fait de manger") et -rečʌ-ni ("le fait de couper")

Potentiel et causatif

Le mode potentiel est caractĂ©risĂ© par le suffixe -(e)Ƃ, tandis que le suffixe du mode causatif est -(e)r. LĂ  aussi, la voyelle Ă©penthĂ©tique tombe lorsque le radical se termine par une voyelle ou lorsqu’un autre suffixe commençant par une voyelle se trouve attachĂ©. En prĂ©sence du suffixe -an du futur dĂ©fini, par exemple, la voyelle Ă©penthĂ©tique doit s’effacer : iĆĄ-er ("[il] le fait manger"), mais iĆĄ-r-an ("[il] le fera manger").

Les particules

Le tsez dispose d’une riche collection de particules, dont la plupart interviennent en tant que clitiques. La particule -tow traduit l’insistance en gĂ©nĂ©ral, tandis que -kin indique l’instance gĂ©nĂ©rale et la focalisation. Un constituant topicalisĂ© de maniĂšre contrastive est marquĂ© par la particule -gon. Comme ces particules sont clitiques, elles peuvent ĂȘtre attachĂ©es Ă  n’importe quelle partie du discours. Il existe aussi une particule de citation, utilisĂ©e pour rapporter un discours en style direct et qui apparaĂźt sous la forme du suffixe-ƛin, toujours placĂ© Ă  la fin de la proposition ou de la phrase citĂ©e. Exemple : Di ĆŸekÊŒu yoĆ‚Æ›in eƛix kÊŒetʌā ("'Je suis un homme', dit le chat"). On peut encore citer d’autres particules comme hudu ("oui, c’est ainsi") ou āy ("non").

La formation des mots

Suffixes de formation des noms

La liste qui suit est une sĂ©lection de suffixes utilisĂ©s pour former des noms Ă  partir d’autres partie du discours aussi bien que d’autres noms.

  • -bi / -zi (ajoutĂ© Ă  des noms de lieux): habitants
    ex. Newo-bi / Newo-zi ("habitant de Mokok", de Newo "Mokok")
  • -Ƃi (ajoutĂ© Ă  des noms Ă  l’absolutif singulier ou Ă  des adjectifs Ă  la forme de la classe IV) : noms abstraits et occupations
    ex. laÉŁ-Ƃi ("esclavage", de laÉŁ "esclave"), učitel-Ƃi ("enseignement", empruntĂ© au russe učitel "enseignant"), r-igu-Ƃi ("grĂące, gentillesse", de -igu "bon")
  • -kÊŒu (ajoutĂ© Ă  des verbes Ă  la forme du radical itĂ©ratif) : instruments ou descriptions personnelles
    ex. ˁuƛʌno-kÊŒu ("poltron", de ˁuƛʌ-, "avoir peur"), "), ˁiya-kÊŒu ("pleureur", de ˁiyad-, "pleurer")
  • -ni (ajoutĂ© Ă  des radicaux verbaux et Ă  des noms onomatopiques): noms abstraits
    ex. rečʌ-ni ("acuitĂ©", de rečʌ- "couper"), ˁoy-ni ("meuglement", de ˁoy "meugler")
  • -qu (ajoutĂ© Ă  des noms Ă  leur radical oblique) ou le suffixe avar moins utilisĂ© -qan: contenant ou occupation
    ex. magala-qu ("boulanger"), bocÊŒ-a-qu ("piĂšge Ă  loups"), qido-qan ("maçon")
  • -qÊŒoy / -qoy / -ħoy (ajoutĂ© Ă  des radicaux nominaux au cas oblique singulier): objets enveloppants
    ex. reƛʌi-qoy ("gant", de reƛʌa "main")
  • -yo (ajoutĂ© au latif singulier d’un nom): possesseur
    ex. kotÊŒu-r-yo ("homme barbu", de kotÊŒu "barbe").

Suffixes de formation des adjectifs

Les suffixes suivants peuvent ĂȘtre utilisĂ©s pour dĂ©river des adjectifs Ă  partir d’autre mots :

  • -mu (ajoutĂ© Ă  un nom absolutif singulier, un adjectif ou un verbe): adjectif simple
    ex. boryo-mu ("maladif", from boryo "douloureux, blessĂ©"), atÊŒi-mu ("vert (pas mĂ»r)", de atÊŒiy "humide"), ĆĄakarya-mu ("jaloux", de ĆĄakaryad- "ĂȘtre jaloux")
  • -ĆĄay (ajoutĂ© Ă  un radical nominal oblique): possession insĂ©parable
    ex. čakaryo-ĆĄay čay ("thĂ© sucrĂ©", litt. "thĂ© contenant du sucre")
  • -tay (ajoutĂ© Ă  un radical nominal oblique): absence, manque
    ex. ciyo-tay ("non salé")
  • -xu (ajoutĂ© Ă  un radical nominal oblique): possession sĂ©parable
    ex. ciyo-xu raƛʌ ("sol avec des cristaux de sel")

Suffixes de formation des verbes

Certains suffixes de formation des verbes, tels que les dérivatifs causatif et potentiel, ont déjà été mentionnés dans la section concernant la morphologie du verbe. Autres exemples :

  • -kÊŒ- (ajoutĂ© Ă  un adjectif qualitatif, un adverbe, ou parfois un verbe intransitif terminĂ© par -x): verbes transitifs
    ex. atÊŒi-kÊŒ- ("mouiller, dĂ©tremper", de atÊŒiy "mouillĂ©"), bito-kÊŒ- ("dĂ©placer qqch", de bittay "lĂ -bas"), ƂicÊŒo-kÊŒ- ("unir", de ƂicÊŒox- "mĂ©langer")
  • -Ƃ- (ajoutĂ© Ă  un adjectif qualitatif ou un adverbe): verbes intransitifs
    ex. atÊŒi-Ƃ- ("s’humidifier", de atÊŒiy "mouillĂ©"), ade-x- ("avancer", de adāy "en face").

Combinaison et réduplication

En tsez, il est aussi possible de crĂ©er des mots nouveaux par combinaison de mots existants; habituellement les noms et les verbes sont dĂ©rivĂ©s, mais il existe aussi des adjectifs et des adverbes composĂ©s. Seul le dernier composant est flĂ©chi, car il s’agit du terme principal de l’expression. Cependant, il ne gouverne pas nĂ©cessairement l’affectation Ă  une classe nominale du nom composĂ© — si l’un des deux composants appartient Ă  la classe I, alors le composant tout entier appartient Ă  cette classe, sinon il est automatiquement affectĂ© Ă  la classe II. Parfois, le dernier composant est tronquĂ© (voir le 4e exemple). Une suffixation peut aussi intervenir (voir le 1er exemple). La liste qui suit n’est pas exhaustive :

  • debi-dey-Ƃi "dispute, partage" (litt. "ton-mon" + nominalisateur -Ƃi)
  • eni-obiy ou eni-obu "parents" (litt. "pĂšre-mĂšre")
  • ħotÊŒo-čʌel "Ă©trier" (litt. "emplacement-pied")
  • -ikÊŒi-nex- "marcher de long en large" (litt. "aller-venir")
  • ƛʌiri-ku "chĂąle" (litt. ƛʌiri "par-dessus" - kur "jeter")
  • niga-cÊŒuda "meurtri" (litt. "rouge-vert")
  • rigu-ĆŸuka "n’importe quoi" (litt. "bon-mauvais")
  • taqqo-naqqo "de long en large" (litt. "de ce cĂŽtĂ©-lĂ  – de ce cĂŽtĂ©-ci")
  • tÊŒitÊŒi-ečʌ- "hacher" (litt. "dĂ©chirer-dĂ©couper")

Une autre façon frĂ©quente de dĂ©river des mots nouveaux est la rĂ©duplication, qui peut dĂ©river des noms aussi bien que des adjectifs et des verbes. Lors de la reduplication de noms, la syllabe initiale subit souvent une modification, comme dans xisi-basi "changements" or bix-mix (plantes). Cette mĂ©thode est utilisĂ©e pour intensifier des adjectifs (par ex. r-očʌi-r-očʌiy "trĂšs froid") et des verbes (ex. -okÊŒ-okÊŒ- "frapper Ă  coups de couteau rĂ©pĂ©tĂ©s"), mais elle est aussi utilisĂ©e pour des onomatopĂ©es (ex. ħi-ħi "hennissement").

Une autre façon encore, trĂšs productive, de former des verbes, rĂ©sulte de la combinaison d’un mot (souvent un emprunt Ă  l’arabe ou Ă  l’avar) et des verbes tsez -oq- ("rester, devenir") ou -od- ("faire"), bien que certaines combinaisons puissent aussi ĂȘtre formĂ©es Ă  partir d’autres verbes. On remarque que seul le second mot est flĂ©chi, tandis que le premier reste non flĂ©chi. Voici quelques exemples :

  • bercin -oq- "ĂȘtre dĂ©corĂ©" (de l’avar Đ±Đ”Ń€Ń†ĐžĐœĐ°ĐČ (bercinaw) "beau")
  • paradat -od- "vendre" (du russe ĐżŃ€ĐŸĐŽĐ°Ń‚ŃŒ (prodat’) "vendre")
  • razwod b-od- "divorcer" (du russe разĐČĐŸĐŽ (razvod) "divorce")
  • riƛu riƛʌ- "labourer" (litt. "labourer – champ labourĂ©")
  • rokÊŒ-ƛʌo-r r-ay- "se souvenir" (litt. "cƓur-SUPER-LAT III-arriver")
  • rokÊŒu r-exu- "avoir pitiĂ© (litt. "cƓur mourir")
  • sapu y-od- "dĂ©truire"
  • tÊŒamizi -od- "causer" (de l’avar тIĐ°ĐŒĐžĐ·Đ” (tÊŒamize) "forcer")
  • worĆŸizi -oq- "voler (en l’air)" (de l’avar -ĐŸŃ€Đ¶ĐžĐ·Đ” (-orĆŸize) "voler")
  • xabar b-od- "parler" (de l’arabe ۟ۚ۱ (xabar) "nouvelles, message" via l’avar хабар (xabar) "histoire")

Notes et références

  1. Morphonologie du tsez « Copie archivée » (version du 1 novembre 2006 sur Internet Archive) par Ramazan Rajabov
  2. Le cas allatif est aussi appelé « versatif ».
  3. La catégorie de la classe en tsez: principes sous-jacents « Copie archivée » (version du 26 septembre 2007 sur Internet Archive) par Ramazan Rajabov
  4. Cette forme est utilisĂ©e devant la consonne finale d’une syllabe, telle que le suffixe -r.
  5. Cette forme est utilisĂ©e devant la consonne initiale d’une syllabe, telle que le suffixe -de.
  6. Les formes spĂ©ciales des deux gĂ©nitifs sont utilisĂ©es lorsque le possesseur constitue un groupe fermĂ©, notamment une famille : ainsi eli eniy est utilisĂ© Ă  la place de elus eniy pour signifier "notre mĂšre". Le dĂ©monstratif pluriel ĆŸedi ("ceux-ci, ils") prĂ©sente aussi ce trait : pour un groupe fermĂ©, il a la forme ĆŸedi au gĂ©nitif-1, et ĆŸediz au gĂ©nitif-2. Pour des possesseurs ordinaires les formes respectives sont ĆŸedus et ĆŸeduz.
  7. Les formes -Ƃ sont utilisĂ©es optionnellement aprĂšs des voyelles Ă  la fin des mots.
  8. La voyelle du radical est ici la voyelle prĂ©cĂ©dant la derniĂšre consonne. Remarquez que les radicaux, contrairement aux racines, incluent les causatifs ; ainsi, -ikÊŒi- ("s’en aller") devient -ākÊŒi-, mais la forme causative -ikÊŒir- ("faire partir") devient -ikʌār-! Parfois aussi, des voyelles Ă©penthĂ©tiques non articulĂ©es peuvent ĂȘtre allongĂ©es en ā, comme : tÊŒetÊŒr- ("apprendre"), qui devient tÊŒetʌār-.

Sources

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