Accueil🇫🇷Chercher

Monument aux morts pacifiste

Un monument aux morts pacifiste est un monument aux morts qui exprime clairement une opinion opposée à la guerre. Un tel monument contraste avec ceux qui sont centrés sur la glorification des héros morts pour leur patrie. Ils apparaissent essentiellement à l'issue de la Première Guerre mondiale qui se déroula de 1914 à 1918.

Le monument aux morts de Gentioux : « Maudite soit la guerre ».

Cette guerre a mis en jeu plus de soldats, provoqué plus de morts et causé plus de destructions matérielles que toute guerre antérieure. Plus de 60 millions de soldats y ont pris part[1] - [2]. Pendant cette guerre, environ 9 millions de personnes sont mortes et environ 8 millions sont devenues invalides[3] - [4].

DĂ©finitions d'un monument aux morts pacifiste

Concernant l'historiographie de la Grande Guerre, le journaliste Jean Birnbaum indique qu'il existe deux points de vue différents avec une même interrogation :

« dans la boue, sous les obus, comment diable les soldats ont-ils tenu ? ».

Selon les historiens proches de l'Historial de la Grande Guerre, « le sacrifice avait valeur d'évidence » pour la majorité des soldats, les poilus étaient globalement consentants, c'est le concept du consentement patriotique. « Trèves et mutineries ont été marginales. Tout le mystère est là : massivement, la chair à canon a accepté d'être de la chair à canon » indique l'historienne Annette Becker[5].

Selon Annette Becker les monuments pacifistes sont rares, elle en estime le nombre à cinq ou six et en cite trois : le monument aux morts de Gentioux, dans la Creuse, celui d'Équeurdreville dans la Manche et le monument aux morts de Saint-Martin-d'Estréaux dans la Loire[6]. Annette Becker indique :

« La mémoire du conflit telle qu’elle s’incarne dans les monuments aux morts est symptomatique du prolongement de la culture de guerre dans l’après-guerre – patriotisme et esprit de sacrifice y sont toujours aussi présents – et de la nouveauté due au deuil immense : le pacifisme[7]. »

Un groupe d'historiens attaché notamment à nuancer la thèse du consentement patriotique a vu le jour en 2005 sous le nom de CRID 14-18. Il est présidé par Frédéric Rousseau et compte notamment comme membres Rémy Cazals, Nicolas Offenstadt, Denis Rolland, et Nicolas Mariot.

Pierre Roy, membre de la commission de la Fédération nationale de la libre pensée et coauteur de Autour des monuments aux morts pacifistes en France considère que les monuments peuvent se classer en 5 catégories « les triomphalistes, les doloristes (femmes ou enfants en pleurs), les explicatifs, les pacifistes, les problématiques. Par « problématique », il faut entendre qu'il renvoie un message de paix, un poème par exemple, mais en même temps on voit un poilu le fusil à la main »[8].

Parmi les monuments aux morts de la guerre de 1870, on compte dĂ©jĂ  quelques mĂ©moriaux pacifistes, comme celui du cimetière du Père-Lachaise (Paris), rĂ©alisĂ© par l'ancien combattant Albert BartholomĂ© ; il est inaugurĂ© en 1899 devant quelque 90 000 personnes[9].

Présentation de monuments aux morts pacifistes

Allemagne

À la suite de la Seconde Guerre mondiale, vu le débat politique et le pacifisme d'après-guerre, la plupart des monuments ont été dédiés à toutes les victimes de la guerre et non seulement aux soldats.

  • Un monument de Dortmund, le Mahnmal Bittermark (de), a Ă©tĂ© inaugurĂ© en 1960. Il est considĂ©rĂ© comme un lieu de mĂ©moire central pour les Français morts en dĂ©portation ou aux travaux forcĂ©s. Un artiste français, LĂ©on Zack, a conçu la prĂ©sentation de la crypte.
DĂ©tail du monument anti-guerre Mahnmal Bittermark, Ă  Dortmund


  • Monument aux morts de StrĂĽmpfelbach.
    Monument aux morts de StrĂĽmpfelbach.
  • Monument aux morts de StrĂĽmpfelbach (dĂ©tail).
    Monument aux morts de Strümpfelbach (détail).

Belgique

Japon

  • Au Japon, les villes martyres de Nagasaki et Hiroshima prĂ©sentent de nombreux parcs et monuments pour la paix.

Autres pays

  • Ă€ l'orĂ©e de l'an 2000, annĂ©e internationale de la Culture et de la Paix, proclamĂ©e par l'UNESCO, certaines communes se sont dotĂ©es d'un Monument de la Paix.

Bibliographie

  • Danielle Roy et Pierre Roy, Autour de monuments aux morts pacifistes en France : histoire et prĂ©sentation d'Ă©difices de la mĂ©moire pacifiste et laĂŻque et Ă©vocation de leur actualitĂ© : rassemblements de commĂ©moration et d'action contre la guerre, Suresnes, FĂ©dĂ©ration nationale laĂŻque des Associations des amis des monuments pacifistes, rĂ©publicains et anticlĂ©ricaux, , 150 p. (ISBN 2-9513674-2-2)
  • Danielle Roy et Pierre Roy, Maudite soit la guerre et ses auteurs : Saint-Martin d'Estreaux, Loire : les inscriptions pacifistes contemporaines du monument aux morts Ă©rigĂ© en 1922 et leur initiateur Pierre Monot, maire de la commune : l'activitĂ© pacifiste laĂŻque internationale d'aujourd'hui, Suresnes, FĂ©dĂ©ration nationale laĂŻque des Associations des amis des monuments pacifistes, rĂ©publicains et anticlĂ©ricaux, , 240 p. (ISBN 2-9518867-8-0)
    Nouvelle Ă©dition enrichie de l'ouvrage de 1999. (OCLC 123483814)
  • Philippe CoĂ«pel, Que maudite soit la guerre! : enquĂŞte sur un monument aux morts pacifiste, Bricqueboscq, Les Editions Des Champs, , 208 p. (ISBN 2-910138-08-9)
    Concerne Equeurdreville
  • Nicolas Offenstadt, Les fusillĂ©s de la Grande Guerre et la mĂ©moire collective, 1914-1999, Ă©ditions Odile Jacob,

Notes et références

  1. (en) Julián Casanova, « The Treaty of Versailles and its Consequences », (consulté le )
  2. (en) Klaus J. Bade et Allison Brown, Migration in European History, Blackwell, , 167 p. (ISBN 0-631-18939-4)
  3. Encyclopédie de la Grande Guerre 1914-1918, Paris, Bayard, (ISBN 2-227-13945-5)
  4. (en) Michael Duffy, « Military Casualties of World War One », (consulté le )
  5. Jean Birnbaum - 1914-1918, guerre de tranchées entre historiens Le Monde 10 mars 2006
  6. Annette Becker Les Monuments aux morts : patrimoine et mémoires de la grande guerre, Paris, Ed. Errance, 1988.
  7. Histoire par l'image : Les monuments aux morts de la Grande Guerre
  8. Didier Latapie, Decazeville. Un monument aux morts pacifiste d'une réelle valeur La Dépêche, 22 septembre 2012
  9. Rémi Dalisson, « Les racines d’une commémoration : les fêtes de la Revanche et les inaugurations de monuments aux morts de 1870 en France (1871-1914) », Revue historique des armées, 274, p. 23-37.
  10. Musée royal de l'Armée et d'histoire militaire, Mémoire et monuments. Quand les pierres racontent l'histoire. Dossier pédagogique, Bruxelles, s.d.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.