Mont Cameroun
Le mont Cameroun est un volcan du Cameroun, point culminant de la ligne du Cameroun et de l'Afrique de l'Ouest avec, selon les estimations, 4 040, 4 070 ou 4 095 mètres d'altitude. Volcan actif, ses éruptions peu explosives de nature hawaïenne ou strombolienne se traduisent par l'ouverture de fissures volcaniques qui émettent des coulées de lave.
Mont Cameroun | |||
Vue du mont Cameroun depuis Tiko au sud-est. | |||
Géographie | |||
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Altitude | 4 040 ou 4 070 ou 4 095 m, Fako[1] - [2] - [3] | ||
Massif | Ligne du Cameroun | ||
Coordonnées | 4° 12′ 56″ nord, 9° 10′ 23″ est[3] | ||
Administration | |||
Pays | Cameroun | ||
Région | Sud-Ouest | ||
Départements | Fako, Meme | ||
Ascension | |||
Première | 1861 par Richard Francis Burton | ||
Géologie | |||
Roches | Basaltes (océanite), trachy-basaltes (hawaiite), trachyte, téphrite et phonolite[2] | ||
Type | Volcan de point chaud | ||
Morphologie | Stratovolcan | ||
Activité | Actif | ||
Dernière éruption | février 2012 | ||
Code GVP | 224010 | ||
Observatoire | Institut de Recherches Géologiques et Minières - Antenne de Recherches Géophysiques et Volcanologiques | ||
Géolocalisation sur la carte : Cameroun
Géolocalisation sur la carte : région du Sud-Ouest
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Toponymie
Le mont Cameroun est appelé Mount Cameroon ou Cameroon Mountain[4] en anglais et Mongo-mo-Ndemi en bakweri qui signifie en français « montagne des Dieux »[5]. Le volcan était appelé Götterberg, Kamerungebirge ou encore Victoriaberg du temps de la colonisation allemande[6].
Le point culminant de la montagne est le Fako, un cratère volcanique[2] - [6] aussi appelé Manga-ma-Loba, Mongo-ma-Loba, Mungo-ma-Loba[6] ou Mongo-ma-Lobo[5] en bakweri qui signifie en français « montagne du Tonnerre »[2].
Géographie
Le mont Cameroun est situé dans le Sud-Ouest du Cameroun, à proximité de la côte Atlantique située au sud-ouest, face à l'île de Bioko en Guinée équatoriale[5]. Cette île, le mont Cameroun et d'autres volcans appartiennent à la ligne du Cameroun, un ensemble de volcans et de massifs volcaniques soulignant un rift allant du golfe de Guinée jusqu'au lac Tchad[4] - [7]. Administrativement, le sommet de la montagne est situé à la limite des départements de Fako et de Meme, dans la région du Sud-Ouest. Douala, la plus grande ville du Cameroun, se trouve au sud-est.
Il s'agit de l'un des plus grands volcans boucliers[2] ou stratovolcans[6] - [8] - [4] d'Afrique avec un volume de 1 400 km3[3] - [8] et une superficie approchant les 1 300 km2[5]. Il a la forme d'une ellipse presque régulière, orientée sud-sud-ouest à nord-nord-est, d'environ 50 km par 35 à sa base. Ce volcan rouge est né du volcanisme du rift de la ligne du Cameroun[4] associé à celui d'un point chaud[7]. Il est composé de laves basaltiques à trachy-basaltiques[3] - [8] telles des océanites, des hawaiites, des trachytes, des téphrites et des phonolites[2]. Le mont Cameroun forme une montagne isolée s'élevant au-dessus de plaines côtières[5]. Ces dernières sont composées de roches sédimentaires datant du Crétacé au Quaternaire et reposant sur des roches métamorphiques du Précambrien[3]. Les pentes régulières de la montagne sont interrompues par l'Etinde, au sud[3] - [7] ainsi qu'une profonde vallée partant du sommet et se dirigeant vers le nord-nord-ouest. Le volcan est couvert de son sommet au bas de ses pentes d'une centaine de bouches éruptives qui forment autant de cônes volcaniques[3] - [8] - [7]. Ces bouches éruptives sont nées de fissures volcaniques ouvertes parallèlement à l'orientation de la montagne et au rift de la ligne du Cameroun[3] - [7]. Le sommet du mont Cameroun est composé d'un plateau à environ 3 400 mètres d'altitude sur lequel se dressent des cônes et des cratères volcaniques[6]. L'un d'eux, le Fako, constitue le point culminant de la montagne avec 4 040[1], 4 070[2] - [5] ou 4 095 mètres d'altitude[3] - [8] - [4] - [7]. Cette altitude en fait le plus haut sommet d'Afrique occidentale et donc du Cameroun[5] - [7].
La pluviométrie sur ses flancs est parmi les plus élevées d'Afrique[4] avec un record de 14 655 millimètres en 1919 à Debundscha[5]. Ces précipitations sont concentrées en été, durant les mois de juillet, août et septembre[5]. Toutefois, cette forte pluviométrie sur le bas des pentes de la montagne fait place à des conditions arides à partir de 3 000 mètres d'altitude en raison d'une inversion des températures qui bloque les nuages en dessous de cette altitude[4]. À ces altitudes élevées, les pluies laissent parfois place à de la neige[4].
Histoire
Histoire éruptive
Le mont Cameroun est le volcan le plus actif de l'Afrique de l'Ouest[3] avec neuf éruptions au cours du XXe siècle[9]. La périodicité moyenne récente de ses éruptions est d'environ quinze ans[10]. L'une de ses éruptions aurait été observée par l'explorateur et général carthaginois Hannon, naviguant alors le long des côtes occidentales africaines au Ve siècle av. J.-C.[3] Depuis l'arrivée des Européens dans la région au XVIIe siècle, ses éruptions effusives[2] de nature hawaïenne[7] et strombolienne[11] sont caractérisées par des explosions d'indice d'explosivité volcanique comprise entre 2 et 3 ainsi que l'émission de coulées de lave depuis le sommet et ses pentes[3] - [9] - [11]. L'éruption de 1909 cause le départ du gouvernement colonial allemand de Buéa pour Douala. Ces coulées de lave atteignent parfois l'océan Atlantique comme c'est le cas en 1922[7] tandis qu'en 1999, la lave s'est arrêtée à 200 mètres du rivage[3] - [11]. Celle de 1982[12] a produit des lahars et celle de 2000 un lac de lave[9] - [11]. Si elles peuvent causer des destructions, notamment dans des villages, des cultures et en coupant des routes[11], ces éruptions n'ont jamais fait de victimes[9] grâce aux évacuations préventives des habitants[11].
Histoire humaine
L'érudit, explorateur et écrivain britannique Richard Francis Burton est le premier Européen à avoir réussi l'ascension de la montagne en 1861[5]. L'exploratrice anglaise Mary Kingsley, une des premières à avoir escaladé le mont, relate son expédiation dans son récit de 1897 Travels in West Africa.
Ascension
L'ascension du mont Cameroun se fait par des sentiers de randonnée[5]. La meilleure période pour l'entreprendre est l'hiver, notamment les mois de décembre, janvier et février[5].
Chaque année au mois de février se déroule une ascension du volcan appelée Mount Cameroon Race of Hope ou Course de l'espoir. Les meilleurs coureurs mettent environ 4 h 30 à faire l'aller et retour de Buéa[13]. La première épreuve a eu lieu en 1973 et a été sponsorisée par la bière Guinness jusqu'en 2005, date à laquelle la Fédération camerounaise d'athlétisme a repris l'organisation de l'épreuve.
Démographie
Les pentes du mont Cameroun sont habitées par les Bakweris[5]. Pour cette ethnie bantoue, la montagne est la demeure de leurs dieux et les récentes éruptions sont la conséquence de la mort de leur chef Monono Otto[5].
Philatélie
En 1983, la République unie du Cameroun a émis un timbre de 70 F représentant le mont Cameroun en éruption[14].
Références
- (en) « Mont Cameroun, Cameroon », Peakbagger (consulté le )
- (fr) François Girault, Philippe Bouysse et Jean-Philippe Rançon, Volcans vus de l'espace, Paris, Nathan, , 192 p. (ISBN 2-09-260829-0), p. 29 à 31
- (en) « Cameroon », Global Volcanism program (consulté le )
- (en) « Mount Cameroon (Mont Cameroun) », Skimountaineer (consulté le )
- (en) « Cameroon Mountain », Peakware (consulté le )
- (en) « Synonymes et sous-éléments », Global Volcanism Program (consulté le )
- (fr) « Mont Cameroun », ACTIV (consulté le )
- (en) « Cameroon (Mount) », Oregon State University (consulté le )
- (en) « Histoire éruptive », Global Volcanism Program (consulté le )
- Bernard Déruelle, « Risques volcaniques au mont Cameroun », Revue de géographie du Cameroun, Yaoundé, vol. III, no 1, , p. 33-40 (ISSN 0254-3982, lire en ligne)
- (fr) « Histoire éruptive du mont Cameroun », ACTIV (consulté le )
- Bernard Déruelle, Christian Moreau et Emmanuel Nkonguin Nsifa, « La dernière éruption du mont Cameroun dans son contexte structural », Revue de géographie du Cameroun, Yaoundé, vol. IV, no 2, , p. 39-46 (ISSN 0254-3982, lire en ligne)
- Jacques Nougier, « La Guinness run », Carnet d'afriques, Ed. l'Harmattan, 2006, 160 p. (ISBN 2-296-01569-7)
- Catalogue Yvert&Tellier, no 729
Annexes
Bibliographie
- (en) Stuart Cable et Martin Cheek, The plants of Mt Cameroon : a conservation checklist, Kew, Richmond, Royal Botanic Gardens, , 198 p. (ISBN 1-900347-57-1)
- Jean Dubief, Le Mont Cameroun : contribution à l'étude du versant wouri, Paris, Karthala, , 162 p. (ISBN 2-84586-005-6, lire en ligne)
- Nicolas Lemoigne, Mémoire des hommes, mémoire des sols : étude ethno-pédologique des usages paysans du Mont Cameroun, Université Michel de Montaigne-Bordeaux III, , 528 p.
- Marc Michel, « Les plantations allemandes du mont Cameroun (1885-1914) », in Revue française d'histoire d'outre-mer, 1970, vol. 57, no 207, p. 183-213, [lire en ligne]
- Éveline Ngono, Le Mont Cameroun : mythes et réalités, Paris, L'Harmattan, , 47 p. (ISBN 978-2-296-12331-1, lire en ligne)
- Engelbert Mveng, Histoire du Cameroun (lire en ligne).
Articles connexes
Liens externes
- Ressources relatives à la géographie :