Accueil🇫🇷Chercher

Mes haines

Mes haines est un recueil de textes d’Émile Zola paru en 1866. Il regroupe des « causeries littéraires et artistiques » parues dans les journaux, principalement Le Salut public de Lyon, en 1865 et 1866. Elles sont précédées d'un texte liminaire dans lequel Zola expose les grands principes de son esthétique.

Mes haines
Auteur Émile Zola
Genre recueil de critiques littéraires
Éditeur Achille Faure
Date de parution 1866

Contenu

Texte liminaire

« Haïr c’est aimer, c’est sentir son âme chaude et généreuse et bête. » Zola proclame haïr ce qui « blesse le juste et le vrai », les troupeaux, les claques assermentées, les coteries, les gens enterrés dans le passé, ceux qui « nient toute vérité qui n’est pas leur erreur. » Il se déclare « pour les libres manifestations du génie humain », espère « une galerie sans fin de tableaux vivants. ». Il souhaite l’apparition de « ceux qui frapperont le pus fort et le plus juste, dont les poings seront assez puissants pour fermer la bouche des autres. »

Claude Bonnefoy fait remarquer qu'en fait Zola ne nomme personne et ne désigne avec précision aucune école littéraire. Il s’en prend plutôt à des types d’attitude qu’à des doctrines particulières. « Tout cela ne va pas bien loin, sinon qu’on entend une voix et un rythme qui sont indubitablement d’un polémiste. Que les destinataires sortent de l’anonymat, et les coups deviendront redoutables[1]. »

L'Abbé ***

Zola critique le roman Le Moine, publiĂ© par un certain AbbĂ© *** que la critique a identifiĂ© comme Jean-Hippolyte Michon[1]. Il lui reproche d’utiliser un pseudonyme : « On signe hardiment quand on a des croyances hardies. ». Il pourfend une « prose lourde et pâteuse », une histoire incroyable « aussi lourde que mal contĂ©e » , « un entassement  ridicule de sottises et de puĂ©rilitĂ©s. » Tout ceci conduit ce « pamphlet contre les moines » Ă  manquer son but : « De pareils ouvrages gâtent les meilleures causes. » Zola prĂ©cise bien qu’il n’entend pas dĂ©fendre le christianisme attaquĂ© : son « cri d’indignation » n’est que le cri d’un artiste rĂ©voltĂ© devant cette « caricature du monde rĂ©el. »

Proudhon et Courbet

Si Zola crédite Proudhon d’être « un esprit honnête, voulant le juste et le vrai, qui tend au bien-être de l’humanité », il envisage les conséquences d’un système qui « voudrait nous forcer à la paix » : les esprits sont enrégimentés, les facultés réglementées, chaque homme étiqueté, n’étant plus « qu’un infime manœuvre. »

Surtout, leurs conceptions de l’art sont antinomiques. Dans Du principe de l'art et de sa destination sociale, Proudhon définit l’art comme « une représentation idéaliste de la nature et de nous-mêmes, en vue du perfectionnement physique et moral de notre espèce[alpha 1]. » Pour Zola, « une œuvre d’art est un coin de la création vu à travers un tempérament. L’art est la libre expression d’un cœur et d’une intelligence, il est d’autant plus grand qu’il est personnel. » Proudhon, « qui juge l’art comme on juge la gymnastique et les racines grecques » met en avant l’art égyptien, l’art grec, l’art chrétien, « des œuvres qui semblent être le produit de la foule. » Zola lui oppose les génies de la Renaissance, Michel-Ange, Titien, Véronèse, Delacroix, « qui ont eu l’audace de penser pour eux et non pour leurs contemporains, de dire ce qu’ils ont dans leurs entrailles et non ce qu’ont dans les leurs les imbéciles de leur temps ».

En un mot, résume Zola : « Proudhon veut que l’art soit le produit de la nation, j’exige qu’il soit le produit de l’individu. »

Et si Proudhon admire Courbet, c’est pour de mauvaises raisons. Il ne voit pas ses tableaux du point de vue de l’art, de la facture, mais au point de vue de la pure pensée, il reste philosophe, il ne veut pas sentir en artiste, « voir l’homme que je trouve dans l’œuvre, cette individualité puissante qui a su créer un monde personnel que mes yeux ne pourront plus oublier et qu’ils reconnaîtront partout. »

Le Catholique hystérique

L’article de Zola sur le roman de Barbey d’Aurevilly Un prĂŞtre mariĂ© marque le dĂ©but de plusieurs dĂ©cennies d’antipathie rĂ©ciproque et de polĂ©miques. Le livre, « sorte de cauchemar fiĂ©vreux, rĂŞve mystique et violent », produit d’un « tempĂ©rament excessif », l’a « exaspĂ©rĂ©. » Si le personnage principal, Sombreval, « est un excellent portrait de l’incrĂ©dule moderne »,  les autres ne sont que des « poupĂ©es hallucinĂ©es. » Avec pour consĂ©quence que « le grincement gĂ©nĂ©ral de l’œuvre est d’autant moins agrĂ©able qu’il n’est pas naturel. » Quant Ă  l’aspect « dogmatique » – la violente dĂ©fense du cĂ©libat des prĂŞtres –, son aspect « maladroit » provient du fait que l’écrivain ne s’est pas placĂ© dans un milieu rĂ©el, et qu’à force « d’emportement fiĂ©vreux, de crĂ©ations monstrueuses », il en vient Ă  rĂ©futer ses propres thèses.

La Littérature et la Gymnastique

« Le malaise général qu’éprouvent nos sociétés aveugles en face d’un avenir incertain » provient de la rupture de l’équilibre entre le corps et l’esprit. Les œuvres classiques naissaient lorsque sang et nerfs avaient une égale puissance. Quand le sang l’emporte, les créateurs deviennent « de belles brutes florissantes ou des fous de l’esprit. » Mais leurs œuvres, « accidents d’ hommes mis en face du monde » tuent vite leurs auteurs. Il faut donc exercer son corps pour rétablir un équilibre. C’est ce que recommande Eugène Paz dans La Santé de l’esprit et du corps par la gymnastique. Mais si la gymnastique a été presque une religion pendant la période grecque et le Moyen Âge, un amusement et une passion honteuse sous l’empire romain, elle ne peut être au XIXe siècle qu’une question purement médicale. Les gymnases resteront donc longtemps vides, même si les œuvres produites entretemps conduisent sans doute à la démence.

Germinie Lacerteux, par MM. Edmond et Jules de Goncourt

« Ĺ’uvre fiĂ©vreuse et maladive au charme provocant, qui monte Ă  la tĂŞte comme un vin puissant »,  « ragoĂ»t littĂ©raire fortement Ă©picĂ© » : Zola ne tarit pas d’éloges envers Germinie Lacerteux, des frères Goncourt[alpha 2]. Cette Ĺ“uvre « excessive et fiĂ©vreuse »  reprĂ©sente une illustration parfaite de sa conception de la littĂ©rature : « une indomptable Ă©nergie, un mĂ©pris souverain du jugement des sots et des timides, une audace large et superbe, une vigueur extrĂŞme de coloris et de pensĂ©e, une franchise brutale. » Ă€ ceux qui se rĂ©crieront, il rĂ©pond Ă  l’avance qu’il ne saurait y avoir de limite Ă  l’étude de la vĂ©ritĂ©.

Gustave Doré

Gustave Doré, Le Déluge
Gustave Doré, Le Déluge

Si Gustave Doré est « le plus merveilleux improvisateur du crayon qui ait jamais existé », il n’a aucun souci de la réalité et ne voit que ses songes, ceux d’un pays idéal. Son œuvre n’est donc pas solide, car elle manque de la charpente de la réalité. Rester dans ses songes peut également conduire à reproduire toujours la même vision, à adopter des formes dont on ne peut plus se débarrasser.

Gustave DorĂ© publie sa Bible illustrĂ©e Ă  l’âge de 33 ans. Pour Zola, c’est trop tĂ´t : « J’aurais aimĂ© qu’il gardât cette Ĺ“uvre pour son dernier labeur, pour le travail grandiose qui eĂ»t conservĂ© sa gloire. OĂą trouvera-t-il maintenant un sujet plus vaste ? »  Il est restĂ© dans ses songes et a exagĂ©rĂ© son rĂŞve : « Il a voulu peindre de son crayon une Bible fĂ©Ă©rie, une suite de scènes semblant faire partie d’un drame gigantesque qui s’est passĂ© on ne sait oĂą, dans quelque sphère lointaine. »

Il l’a réalisée en deux ou trois ans, sans esquisses ou études préalables. C’est trop vite : « La gravure ne vit pas de notre vie, elle est trop blanche ou trop noire, elle semble le dessin d’un décor de théâtre, en dehors de toute réalité. » Ce qui n’empêche pas « une main habile, qui rend avec relief et puissance la pensée du dessinateur à l’instant où elle se formule. »

Les Chansons des rues et des bois

Pour Zola, dont c’est le premier jugement publié sur Victor Hugo[2], Les Chansons des rues et des bois sont « le produit logique, inévitable, d’un certain tempérament mis en présence d’un certain sujet. » Hugo a parcouru la route qu’il devait forcément parcourir : « Je le comparerais volontiers à un homme qui resterait pendant vingt années les yeux fixés sur le même horizon ; peu à peu, il y a hallucination, les objets s’allongent, se déforment ; tout s’exagère et prend de plus en plus l’aspect idéal que rêve l’esprit éperdu. »

Ainsi, prophète effaré, les torchons qu’il voit sont toujours « radieux », il parle de la banlieue de Paris comme Dante a parlé du ciel et de l’enfer, et le paysage décrit ne ressemble pas plus au paysage réel que le rêve ne ressemble à la vérité.

« Les Chansons des rues et des bois sont une des faces nécessaires et fatales de ce génie tumultueux. Pour rien au monde je ne voudrais que le livre fût autre. L’étrange aurait été que le prophète quittât son large manteau biblique pour vêtir la simple blouse moderne. »

La Mère, par M. Eugène Pelletan

Zola s’appuie sur le livre d’Eugène Pelletan, La Mère, pour affirmer haut et fort ses convictions : la femme Ă©tant l’égale de l’homme, il faut inscrire cette Ă©galitĂ© dans la loi. La manière dont la femme a Ă©tĂ© considĂ©rĂ©e dans l’histoire – objet de première nĂ©cessitĂ©, objet de plaisir ou de luxe, instrument de perdition –  l’a en fait aliĂ©nĂ©e. Il est donc nĂ©cessaire Ă  prĂ©sent de « libĂ©rer la femme, libĂ©rer son corps, libĂ©rer son cĹ“ur, libĂ©rer son intelligence », Ă  l’instar de ce qu’ont fait pour elles-mĂŞmes la marquise de Rambouillet, Ninon de Lenclos ou Madame Roland.

L'Égypte d'il y a trois mille ans

Comme Jeanne d’Arc qu’il ne peut comprendre, l’Égypte est une de ces énigmes du passé dont Zola « cherche le mot avec désespoir. »

Le livre de Ferdinand de Lanoye, Ramsès le Grand ou l’Égypte il y a trois mille trois cents ans, loin d’une histoire officielle relatée par les hiéroglyphes, loin des conjectures et des romans, lui convient parce qu'il donne les hypothèses sans en créer de nouvelles.

Cependant, même si les égyptiens ont eu, parmi les premiers, la notion d’un Dieu unique et de l’immortalité de l’âme, même si leur architecture et leur sculpture ont exprimé leurs croyances et leurs mœurs, « le ressort intérieur, le mécanisme secret de ce peuple » n’a pas encore été trouvé.

La GĂ©ologie et l'histoire

L’Introduction générale à l’histoire de France, de Victor Duruy, est pour Zola « saine et fortifiante » Non seulement parce qu’elle est « une glorification de la France », mais surtout par sa méthode. La géologie permet de replacer l’histoire humaine à sa place dans l’évolution et d’abaisser l’orgueil de l’homme, dont les religions font le centre et le but de la création. La géographie physique permet d’établir les relations entre nature, disposition du sol et histoire.

Zola considère par contre comme discutable le chapitre consacré à une géographie morale de la France, dans lequel Duruy avance que les caractères et les mœurs dépendent du type de milieu habité. Les provinces auraient ainsi chacune une culture spécifique, voire une constitution médicale particulière.

Un livre de vers et trois livres de prose

De La Lyre intime, poésies et dédicaces, recueil de poèmes d’André Lefèvre, Zola critique la préface : « J’estime, en général, que le vers doit se présenter seul, dans son ampleur ou sa grâce, sans aucune annotation. » Ce qui ne l’empêche pas de noter que ces poèmes l’ont réconcilié avec les vers car, contrairement à ceux de la jeune école lyrique, ils n’ont pas le ridicule de faire l’ombre sans avoir la clarté.

À propos de La Famille Marsal, d’Alexandre de Lavergne, « l’un de ceux qui ont créé le roman-feuilleton », il reconnaît l’avoir lu d’une seule haleine, ayant hâte de le finir : « Mes croyances littéraires se révoltaient, je lisais toujours, et, en dépit de moi-même, je prenais plaisir à cette lecture. »

À Adolphe Belot qui, dans L’Habitude et le souvenir, affirme que la première est la fille du second, Zola oppose la notion de mémoire.

Il conseille Les Duperies de l’amour, d’Ernest Daudet, aux « belles oisives », afin qu’elles se protègent contre les passions d’un jour[alpha 3].

Les Moralistes français (M. Prévost-Paradol)

Des études de Prévost-Paradol sur Les Moralistes français (Montaigne, La Boétie, Pascal, La Rochefoucauld, La Bruyère, Vauvenargues), Zola retient les longues phrases, les horizons larges et « les échappées qui découvrent des coins de terre nouveaux. »

Le Supplice d'une femme, et Les Deux SĹ“urs

Une querelle opposait Émile de Girardin et Alexandre Dumas fils à propos de la pièce qu'ils avaient écrite ensemble, Le Supplice d'une femme. Zola en tire une réflexion sur le théâtre, préférant « la vérité brutale et implacable » à « un monde de carton » prisonnier des conventions qui flattent le public.

Du même Girardin, Zola défend Les Deux Sœurs, pièce malmenée par la critique. Car c'est « l'étude franche du cœur humain, le drame vivant qui naît des fatalités sociales, la moralisation indirecte par l'exposé logique et puissant de la vérité ».

Erckmann-Chatrian

Zola examine l'ensemble des œuvres d'Erckmann-Chatrian, qu'il compare ou oppose parfois à Balzac, mais dont « le monde est simple et naïf, réel jusqu'à la minutie, faux jusqu'à l'optimisme. » Si leurs parties romanesques sont d'une grande faiblesse, leurs parties descriptives sont admirables.

M. Hippolyte Taine, artiste

Zola est séduit par la méthode critique utilisée par Hippolyte Taine dans son Histoire de la littérature anglaise : expliquer la genèse des œuvres au lieu de les jauger à la mesure d'un canon idéal[3].

Dans son article, il définit d'abord le style de Taine : d'une sécheresse extrême dans le plan et dans toutes les parties de pur raisonnement ; poète dans les exemples choisis pour l'application de sa théorie ; systématique qui obéit à une idée unique et qui emploie toute sa puissance à rendre cette idée invincible.

Puis il résume sa théorie : les faits intellectuels ne seraient que le produit de l'influence sur l'homme de la race, du milieu et du moment. Zola conteste ce « système », pour lui trop simple, dont les interprétations peuvent être trop diverses. Mais il reproche surtout à Taine de ne pas prendre en compte la personnalité de l'artiste : « Que deviendrait l'art sans elle ? Les œuvres sont des filles tendrement aimées, auxquelles on donne son sang et sa chair, elles sont le cri d'un corps et d'un cœur, elles offrent le spectacle d'une créature rare, montrant à nu tout ce qu'il y a d'humain en elle. »

Histoire de Jules CĂ©sar

Après s'être piqué de qualifier Napoléon III, auteur de l'Histoire de Jules César, de « confrère », Zola critique l'ouvrage sur plusieurs aspects :

  • la neutralitĂ© de l'auteur, « dans la position fausse d'un homme qui fait par moments sa propre apologie. »
  • le point de vue adoptĂ© : « Les historiens qui embrassent d'un coup d’œil l'horizon d'une Ă©poque cherchent Ă  simplifier les lignes du tableau. Ils se placent en dehors de l'humanitĂ©, jugeant les hommes sous la seule face historique, et non dans leur ĂŞtre entier, et arrivent ainsi Ă  formuler une vĂ©ritĂ© grave et solennelle qui ne saurait ĂŞtre toute la vĂ©ritĂ©. »
  • l'explication du rĂ´le de CĂ©sar dans l'histoire : « CĂ©sar est un homme de gĂ©nie, un grand capitaine et un grand administrateur. Mais toute ma foi, toutes mes croyances se refusent Ă  voir en lui un messie qui devait rĂ©gĂ©nĂ©rer Rome, un maĂ®tre nĂ©cessaire Ă  la libertĂ© et Ă  la paix du monde. »
  • le style : « J'avoue ne pas goĂ»ter cette allure solennelle, un peu pesante, cette nuditĂ© de la phrase, cette grisaille effacĂ©e. La vie du CĂ©sar providentiel demandait Ă  ĂŞtre Ă©crite sur le ton de l'Ă©popĂ©e. »

Analyse

Texte d'un ambitieux en quête d’une notoriété qui ne pouvait venir que par des coups d’éclat, profession de foi militante au lyrisme exalté et à la partialité pleinement affirmée, Mes Haines est surtout à entendre, par antiphrase, comme un bréviaire des ferveurs de Zola et comme l’expression des impatiences dont se doublent ses enthousiasmes artistiques et littéraires, pour Courbet, pour les frères Goncourt, pour Balzac, pour Taine, pour Michelet[4].

Qui Zola peut-il bien haïr ? Ceux précisément contre qui il défend ses amis : les écrivains et les peintres qui, refusant leur siècle, s’obstinent à parler une langue morte, les critiques qui rejettent toute nouveauté au nom de règles arbitraires ou par simple paresse d’esprit. Zola est déjà là tout entier, violent mais précis, fiévreux mais raisonneur, avide de lutte et de vérité, portant en lui les contradictions d’un siècle qu’il aime passionnément, qu’il entend vivre, comprendre et refléter[5]. Sa démarche indique plus une direction qu’un but. Mais il sait à quoi il tourne le dos[6].

En même temps, il s’interroge sur la critique et s’efforce de définir une méthode. Presque tous ses articles comportent une partie théorique construite sur un double mouvement, de destruction d’abord, de reconstruction ensuite[5]. Mais Zola n’oublie pas qu’il veut d’abord être romancier. Ses théories critiques tournent à une théorie de l’art. À la question : comment aborder les œuvres ? se substitue celle-ci : comment faire une œuvre et que doit-elle être ?[7]

L’article d’idées, avant tout dialogue avec un lecteur et avec soi, convient au tempérament fougueux de Zola, à sa volonté de convaincre, à son goût pour la réflexion et le débat. Il est adapté à une personnalité qui se cherche, dans une époque de remise en question et de luttes. La campagne du Salut public de Lyon marque donc une étape capitale dans son évolution, moins par son contenu, que par le ton et les options prises. Des 24 articles publiés en 1864-1865, Zola en retiendra 14 pour le recueil Mes Haines. Sur le plan politique et social, il s’est rangé du côté des opposants au régime. S’il se laisse toujours emporter par quelques mots mobilisateurs, riches d’aspirations généreuses et d’ambiguïtés : « liberté », « fraternité », « république », il fait aussi appel à celui de « vérité ». Imprégné de positivisme, il croit en la science : « L’humanité monte vers la cité idéale. La science lui ouvre les voies », il a confiance en son époque, dont les mutations lui paraissent sources de maintes richesses à explorer[8].

Sur le fond, le recueil Mes Haines exprime une pensée cohérente et ferme, et marque le point de départ du Naturalisme, au sens complexe dans lequel Zola entendra ce mot. Il ne le proncone pas encore, mais il en développe les principes essentiels[9].

Prépublications

  • L'AbbĂ© *** : Le Salut public, 17 juin 1865.
  • Proudhon et Courbet : Le Salut public, 26 juillet et 31 aoĂ»t 1865.
  • Le Catholique hystĂ©rique : Le Salut public, 10 mai 1865, sous le titre Un prĂŞtre mariĂ©, par M. Barbey d'Aurevilly. Le texte paru dans Mes Haines comporte des additions importantes[10].
  • La LittĂ©rature et la Gymnastique : Le Salut public, 5 octobre 1865.
  • Germinie Lacerteux, par MM. Edmond et Jules de Goncourt : Le Salut public, 24 fĂ©vrier 1865.
  • Gustave DorĂ© : Le Salut public, 14 dĂ©cembre 1865.
  • Les Chansons des rues et des bois : pas de prĂ©publication[2].
  • La Mère, par M. Eugène Pelletan : Le Salut public, 7 juillet 1865.
  • L'Égypte d'il y a trois mille ans : Le Salut public, 29 novembre 1865.
  • La GĂ©ologie et l'histoire : Le Salut public, 14 octobre 1865, sous le titre Introduction gĂ©nĂ©rale Ă  l'histoire de France par M. Victor Duruy.
  • Un livre de vers et trois livres de prose : Le Salut public, 6 fĂ©vrier et 7 septembre 1865. Non repris dans la rĂ©Ă©dition de 1879.
  • Les Moralistes français (M. PrĂ©vost-Paradol) : Le Salut public, 23 janvier 1865.
  • Le Supplice d'une femme, et Les Deux sĹ“urs : Le Salut public, 25 juin 1865 pour la critique du Supplice d'une femme. La critique des Deux SĹ“urs, datĂ©e du 16 septembre 1865, fut refusĂ©e par le journal[11].
  • Erckmann-Chatrian : Le Salut public, 29 avril et 1er mai 1865.
  • M. Hippolyte Taine, artiste : La Revue contemporaine, 15 fĂ©vrier 1866, sous le titre L'EsthĂ©tique professĂ©e Ă  l'École des Beaux-Arts.
  • Histoire de Jules CĂ©sar : pas de prĂ©publication. L'article a sans doute Ă©tĂ© refusĂ© par L’Écho du Nord[12].

Éditions

  • Édition originale : Achille Faure, 1866. [lire en ligne]
  • RĂ©Ă©dition en 1879 chez Charpentier. Mon Salon et Édouard Manet, Ă©tude biographique et critique remplacent le chapitre Un livre de vers et trois livres de prose. [lire en ligne]
  • Émile Zola, Ĺ’uvres complètes, t. 10, Cercle du livre prĂ©cieux, Ă©dition de Claude Bonnefoy, .
  • Émile Zola, Mes Haines, Ă©dition de François-Marie Mourad, Garnier-Flammarion, (ISBN 978-2-08-126777-0). Lire la prĂ©face en ligne

Bibliographie

  • Colette Becker, Gina Gourdin-Servenière et VĂ©ronique Lavielle, Dictionnaire d'Émile Zola, Robert Laffont, coll. « Bouquins », (ISBN 2-221-07612-5)
  • Colette Becker, Les Apprentissages de Zola. Du poète romantique au romancier naturaliste,, Presses Universitaires de France, (lire en ligne Accès payant)
  • Alain Pagès et Owen Morgan, Guide Émile Zola, Ellipses, (ISBN 2-7298-0885-X)
  • François-Marie Mourad, Logique de Mes Haines. L’entrĂ©e de Zola dans le journalisme, Cahiers naturalistes n° 87, 2013.

Notes et références

Notes

  1. Cité par Zola.
  2. L'article de Zola contient un résumé détaillé du roman et une étude des deux principaux caractères : Germinie Lacerteux et Mlle de Varandeuil.
  3. Ce chapitre n'a pas été repris dans l'édition de 1879.

Références

  1. Zola 1968, p. 171.
  2. Zola 1968, p. 175.
  3. Zola 1968, p. 177.
  4. Zola 2012, p. préface.
  5. Zola 1968, p. 16.
  6. Zola 1968, p. 15.
  7. Zola 1968, p. 20.
  8. Becker 1993.
  9. Henri Mitterand, Le Regard et le signe, PUF, 1987, p. 27-35.
  10. Zola 1968, p. 172.
  11. Zola 1968, p. 176.
  12. Zola 1968, p. 179.
Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.