Meritxell Serret
Meritxell Serret i Aleu, née le à Vallfogona de Balaguer (province de Lérida), est une femme politique espagnole, membre de la Gauche républicaine de Catalogne (ERC).
Meritxell Serret | |
Meritxell Serret, en 2022. | |
Fonctions | |
---|---|
Conseillère à l'Action extérieure et à l'Union européenne de la généralité de Catalogne | |
En fonction depuis le (8 mois et 20 jours) |
|
Président | Pere Aragonès |
Gouvernement | Aragonès |
Prédécesseur | Victòria Alsina (ca) |
Députée au Parlement de Catalogne | |
– (1 an, 8 mois et 18 jours) |
|
Élection | |
Circonscription | Lérida |
Législature | XIIIe |
Groupe politique | Gauche républicaine |
Successeur | Montserrat Fornells |
– (12 jours) |
|
Élection | 21 décembre 2017 |
Circonscription | Lérida |
Législature | XIIe |
Successeur | David Rodríguez i González |
Conseillère à l'Agriculture, à l'Élevage, à la Pêche et à l'Alimentation | |
– (1 an, 9 mois et 14 jours) |
|
Président | Carles Puigdemont |
Gouvernement | Puigdemont |
Prédécesseur | Jordi Ciuraneta |
Successeur | Teresa Jordà |
Biographie | |
Nom de naissance | Meritxell Serret i Aleu |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Vallfogona de Balaguer (Espagne) |
Nationalité | Espagnole |
Parti politique | ERC |
Diplômée de | Université autonome de Barcelone Université ouverte de Catalogne |
Elle est conseillère à l'Agriculture de la généralité de Catalogne entre 2016 et 2017, puis conseillère à l'Action extérieure à partir de 2022.
Formation et carrière professionnelle
Meritxell Serret i Aleu naît le à Vallfogona de Balaguer, dans la comarque de la Noguera, dans la province de Lérida, en Catalogne. Elle obtient une licence de sciences politiques et de l'administration de l'université autonome de Barcelone (UAB) en 1997, et un troisième cycle en direction générale d'entreprises de l'université ouverte de Catalogne (UOC). Elle parle catalan, espagnol, français et anglais, et a étudié un semestre en Norvège[1].
Elle travaille comme gestionnaire dans le secteur agricole. Entre 1997 et 2006, elle travaille pour le syndicat agricole Unió de Pagesos de Catalunya (ca), exerçant des fonctions d'organisation, de coordination de campagnes et d'événements, et de formation des syndicalistes. Entre et , elle est directrice de Provedella, un organisme de promotion de la viande de veau. À partir de 2007, elle assure la coordination technique de la Fundació del Món Rural (FMR), un organisme créé par la généralité de Catalogne en 2006 pour formuler des propositions et animer le débat sur le monde rural[2].
Elle est également l'autrice de diverses publications sur le monde agricole[2].
Activités politiques
Entre 2007 et 2011, Meritxell Serret est conseillère municipale à Vallfogona de Balaguer sous les couleurs de la Gauche républicaine de Catalogne (ERC), parti indépendantiste de gauche, dont elle n'est pas membre. Elle refuse d'en être la tête de liste aux élections municipales du 24 mai 2015[3].
En 2014, elle devient membre du secrétariat national de l'Assemblée nationale catalane (ANC)[4]. Elle est réélue en [5].
Conseillère à l'Agriculture
En , Meritxell Serret est nommée conseillère à l'Agriculture, à l'Élevage, à la Pêche et à l'Alimentation dans le gouvernement minoritaire de coalition indépendantiste de Carles Puigdemont. Elle est la première femme à occuper cette fonction depuis le rétablissement de la Généralité. Elle est proposée par ERC, dont elle n'est toujours pas adhérente. Elle fait partie des plus jeunes membres du gouvernement, mais elle bénéfice de sa grande expérience dans la coordination du monde agricole[1]. En revanche, elle n'a pas d'expérience politique et est inconnue du grand public[3].
Elle prend la tête d'un département confronté à plusieurs enjeux difficiles : les crises des prix dans certains secteurs, le versement des aides du programme de développement rural (PDR), la gestion du lisier, les aides à l'installation pour assurer la relève générationnelle, le fonctionnement de la chaîne alimentaire et l'optimisation de l'investissement du canal Segarra-Garrigues (ca)[6]. Pendant la précédente législature, la recentralisation de la politique agricole commune (PAC) par l'État espagnol a conduit à une réduction des fonds européens. Cependant, la réforme partielle de la PAC de 2018 peut être une opportunité pour le gouvernement catalan de reprendre le pouvoir de décision sur la répartition des plans de développement rural[7].
Au cours de sa première année d'exercice, elle met en œuvre différentes actions : des mesures pour améliorer la situation des secteurs qui subissent des crises de prix, notamment la reconnaissance de l'intérêt statistique des prix agroalimentaires dans la loi sur le plan statistique, la création d'un groupe de travail sur le secteur cunicole et l'adoption d'un plan stratégique de promotion de la viande de lapin, la création d'un groupe d'experts du secteur du lait, l'adoption d'un plan d'action pour contrôler la faune de chasse, et l'adoption d'une stratégie de gestion intégrale des fertilisants organiques et des déjections d'élevage[8]. En , elle annonce qu'un projet de loi est en préparation pour protéger et étendre les espaces agricoles[9].
Suspension de l'autonomie et mise en cause judiciaire
Meritxell Serret est relevée de ses responsabilités le par le gouvernement espagnol, en application des mesures prises sur le fondement de l'article 155 de la Constitution, qui suspend les institutions autonomes de la Catalogne[10]. Moins de deux jours plus tard, elle quitte l'Espagne pour Bruxelles, en compagnie de Carles Puigdemont et des ex-conseillers Joaquim Forn, Meritxell Borràs, Dolors Bassa et Toni Comín[11].
Tous les cinq sont entendus le suivant par la justice belge, en vertu d'un mandat d'arrêt européen émis à leur encontre par la justice espagnole des chefs de « rébellion » et « sédition »[12]. Le mandat étant finalement retiré le par le magistrat instructeur espagnol, la justice belge prononce la clôture de la procédure neuf jours plus tard[13]. Un nouveau mandat est finalement émis le , mais — après avoir entendu les mis en cause le — le tribunal belge compétent refuse le de les exécuter en raison d'un vice de forme[14].
Le , ayant quitté la Belgique la veille sans en informer quiconque dans son entourage[15], elle se présente devant le Tribunal suprême, où elle est mise en examen des chefs de « désobéissance » et « détournement de fonds publics », bien que le premier jugement dans le dossier du référendum de 2017 ait dissipé cette seconde accusation, et laissée en liberté[16]. Elle est entendue le par le juge d'instruction Pablo Llarena, assumant les faits constitutifs du délit de désobéissance mais rejetant l'accusation de détournement de fonds[17]. L'instruction est close le , le dossier étant remis à la chambre pénale du Tribunal suprême aux fins de décision de renvoi en jugement[18]. Dix mois plus tard, celle-ci prend une ordonnance de renvoi du chef de « désobéissance aggravée », renonçant à l'accusation de détournement de fonds, et envoie son affaire devant le tribunal supérieur de justice de Catalogne, conformément à sa doctrine dans les dossiers relatifs au référendum de 2017[19].
Retour en politique
Dans la perspective des élections parlementaires anticipées du 21 décembre 2017, Meritxell Serret est investie tête de liste de la Gauche républicaine dans la circonscription de Lérida[20]. Après son élection et la constitution formelle de la nouvelle législature, elle demande à déléguer son droit de vote à un collègue parlementaire pour l'investiture du nouveau président de la Généralité, afin de ne pas avoir à revenir à Barcelone pour l'exercer[21]. En raison du risque d'annulation de son suffrage par le Tribunal constitutionnel, ce qui laisserait les indépendantistes avec une majorité relative, elle finit par démissionner le , permettant son remplacement par le premier non-élu de sa liste et l'obtention d'une majorité absolue en présentiel dans l'hémicycle[22]. Elle est nommée déléguée de la Généralité auprès de l'Union européenne par le gouvernement catalan en [23].
Elle est investie en à la deuxième place sur la liste d'ERC dans la circonscription de Lérida pour les élections parlementaires anticipées du 14 février, après que le tribunal supérieur de justice de Catalogne a prononcé l'inéligibilité de Bernat Solé (ca), candidat sur cette position, pour « désobéissance aggravée » dans le cadre du référendum d'indépendance du 1er octobre 2017[24]. Elle prend possession de son mandat le , ayant fait son retour deux jours plus tôt en Espagne et étant accueillie sur le parvis du palais du Parlement par de nombreux élus indépendantistes[25]. Après avoir été promue porte-parole adjointe du groupe parlementaire de la Gauche républicaine en [26], elle est intégrée le à la commission exécutive nationale d'ERC, comme vice-secrétaire générale au Parti ouvert en remplacement d'Alba Vergés, présidente ad interim du Parlement et candidate tête de liste aux élections municipales du 28 mai 2023 à Igualada[27].
Le suivant, après qu'Ensemble pour la Catalogne (Junts) a décidé de quitter le gouvernement de coalition dirigé par Pere Aragonès, d'ERC, ce dernier annonce un remaniement de l'exécutif et qu'il confie à Meritxell Serret le poste de conseillère à l'Action extérieure[28]. Le décret actant sa nomination est publié le lendemain, concomitamment à un autre qui réorganise les départements exécutifs, transformant le sien de « département de l'Action extérieure et du Gouvernement ouvert » à « département de l'Action extérieure et de l'Union européenne », les compétences en matière de transparence de l'action publique étant transférées au département de la Présidence[29]. Avec les six autres conseillers nouvellement nommés, elle prête serment le , puis participe à la cérémonie de passation de pouvoir avec sa prédécesseure, Victòria Alsina (ca)[30].
Son procès devant le tribunal supérieur catalan s'ouvre le , le ministère public requérant à son encontre une peine d'un an d'inéligibilité et une amende de 12 000 €[31]. Lors de son arrivée au palais de justice, elle est notamment accompagnée du président de la Généralité, Pere Aragonès, et du président d'ERC, Oriol Junqueras, ainsi que de la présidente de Junts, Laura Borràs, et du secrétaire général, Jordi Turull[32]. Lors de son témoignage, elle ne répond à aucune question des parties au procès et revendique d'avoir organisé le référendum de 2017, considérant que « voter n'est pas un délit »[32]. Ouvert à 10 h 15, le procès est clos trois heures plus tard[33]. Elle est effectivement condamnée, le , à un an d'inéligibilité et 12 000 € d'amende[34].
Notes et références
- (ca) « Meritxell Serret, la primera consellera d'Agricultura », La Vanguardia, 14 janvier 2016.
- (es) « Meritxell Serret, técnica convertida en primera mujer al frente Agricultura », La Vanguardia, 14 janvier 2016.
- (ca) « Meritxell Serret, la primera consellera d'Agricultura », Nació Digital, 12 janvier 2016.
- (ca) « Meritxell Serret: la primera consellera d'Agricultura », El Periódico, 12 janvier 2016.
- (ca) « Relleu continuista al capdavant de l’ANC », Ara, 10 mai 2015.
- (ca) « Moltes assignatures pendents », El Periódico, 14 janvier 2016.
- (ca) « Els reptes d’un Govern que vol combinar gestió i desconnexió », Ara, 14 janvier 2016.
- (ca) « El Departament d'Agricultura tanca el PDR del 2015 amb una inversió de 145 MEUR, un 7% més del pressupostat inicialment », La Vanguardia, 18 janvier 2017.
- (ca) « Meritxell Serret: “Ultimem una proposta de llei per protegir i ampliar els espais agraris” », Ara, 27 janvier 2017.
- (es) Anabel Díez et Juan José Mateo, « Rajoy destituye a Puigdemont y convoca elecciones en Cataluña el 21 de diciembre », El País, (lire en ligne, consulté le ).
- (es) Olga Grau et Silvia Martínez, « Puigdemont y cinco 'exconsellers' estudian pedir asilo en Bélgica », El Periódico de Catalunya, (lire en ligne, consulté le ).
- Agence France-Presse, « Catalogne: nouvelle audience le 4 décembre à Bruxelles pour Puigdemont », L'Express, (lire en ligne, consulté le ).
- Agence France-Presse, « Catalogne: fin de la procédure d'extradition visant Puigdemont en Belgique », L'Indépendant, (lire en ligne, consulté le ).
- Agence France-Presse, « Catalogne: la Belgique refuse la remise de trois ex-dirigeants indépendantistes », L'Express, (lire en ligne, consulté le ).
- (es) Jaume Masdeu, « Meritxell Serret se fue de Bruselas con el máximo sigilo », La Vanguardia, (lire en ligne, consulté le ).
- (es) A. Pozas et A. Punsí, « La exconsellera Meritxell Serret vuelve a España y se entrega al Tribunal Supremo », Cadena SER, (lire en ligne, consulté le ).
- (es) Ángeles Vázquez, « La 'exconsellera' Serret admite en el Supremo la desobediencia, pero niega la malversación », El Periódico de Catalunya, (lire en ligne, consulté le ).
- (es) Ángeles Vázquez, « Llarena concluye la instrucción de la causa contra Meritxel Serret », El Periódico de Catalunya, (lire en ligne, consulté le ).
- (es) Ángeles Vázquez, « El Supremo envía al TSJ catalán la causa contra Meritxell Serret por desobediencia », El Periódico de Catalunya, (lire en ligne, consulté le ).
- (es) GERMÁN GONZÁLEZ, « ERC incluye en sus listas del 21-D a todos sus ex 'consellers' encarcelados o huidos en Bélgica », El Mundo, (lire en ligne, consulté le ).
- (es) « Comín y Serret también solicitan el voto delegado para la investidura », El Periódico de Catalunya, (lire en ligne, consulté le ).
- (es) « Serret renuncia a su acta de diputada », El Periódico de Catalunya, (lire en ligne, consulté le ).
- (es) « La 'exconsellera' Meritxell Serret, delegada del Govern en Bruselas », El Periódico de Catalunya, (lire en ligne, consulté le ).
- (es) Alba Solé Ingla, « Meritxell Serret sustituye Solé a la lista de ERC », El Nacional, (lire en ligne, consulté le ).
- (es) « El emocionante abrazo de Serret y Forcadell en su reencuentro en el Parlament », El Periódico de Catalunya, (lire en ligne, consulté le ).
- (es) « La 'exconsellera' Meritxell Serret será portavoz adjunta de ERC en el Parlament », El Periódico de Catalunya, (lire en ligne, consulté le ).
- (ca) Carme Rocamora, « ERC amplia l'executiva a les portes del seu congrés », Nació Digital, (lire en ligne, consulté le ).
- (es) Marcos Lamelas, « Pere Aragonès suma independientes que vienen de CDC y PSC a la Generalitat », El Confidencial, (lire en ligne, consulté le ).
- (es) Europa Press, « El Dogc publica el nombramiento de los nuevos consellers y la destitución de los de Junts », El Confidencial Digital, (lire en ligne, consulté le ).
- (es) Berto Sagrera, « Meritxell Serret oficializa el traspaso de Acció Exterior de la mano de Victòria Alsina », El Nacional, (lire en ligne, consulté le ).
- (es) « Empieza el juicio a la consellera Meritxell Serret por presunta desobediencia el 1-O », Europa Press, (lire en ligne, consulté le ).
- (es) Jesús García Bueno et Marc Rovira, « La consejera catalana Meritxell Serret reivindica el 1-O en su juicio por desobediencia: “No fue un delito” », El País, (lire en ligne, consulté le ).
- (es) Marta Lasalas, « Juicio exprés a Meritxell Serret en el TSJC, aguijoneada por los reproches de Clara Ponsatí », El Nacional, (lire en ligne, consulté le ).
- (es) J. G. Albalat, « Meritxell Serret, condenada a un año de inhabilitación por el 1-O », El Periódico de Catalunya, (lire en ligne, consulté le ).