Maurice Cukierman
Maurice Cukierman est un militant communiste et syndicaliste enseignant français, né en 1949 à Paris et mort en 2020 dans la même ville.
Maurice Cukierman | |
Fonctions | |
---|---|
Secrétaire général du Parti communiste révolutionnaire de France | |
– (3 ans et 9 mois) |
|
Prédécesseur | Création du parti |
Successeur | Pierre Komorov |
Membre du Bureau national du Parti révolutionnaire Communistes | |
– | |
Biographie | |
Nom de naissance | Maurice Georges Claude Cukierman |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Paris 11e |
Date de décès | |
Lieu de décès | Paris 15e |
Nationalité | Française |
Parti politique | PCF (1968-2000) CC (1999-2004) URCF (2004-2015) PRC (2015-2016) PCRF (2016-2020) |
Syndicat | SNES-FEN (jusqu'en 1992) SNES-FSU (1993-2020) |
Père | Georges Cukierman |
Enfants | CĂ©cile Cukierman |
Diplômé de | Paris-VIII |
Profession | Enseignant |
Adhérent du Parti communiste français depuis les années 1960, il s'oppose pendant plusieurs dizaines d'années à la ligne révisionniste, avant d'acter en 2000 la scission. Avec Jean-Luc Sallé, il participe à la formation de l'Union des révolutionnaires-communistes de France (URCF), devenu Parti communiste révolutionnaire de France (PCRF). Il en est le secrétaire général de 2016 à sa mort.
Il est syndicaliste au SNES, dans la FEN puis dans la FSU. Enseignant en collège puis en lycée à Antony (Hauts-de-Seine), il est l'un des dirigeants de sa section syndicale départementale.
Enfin, il participe tout au long de sa vie aux luttes de soutien des peuples colonisés par le Portugal, contre l'apartheid en Afrique du Sud et pour la réunification de la Corée — il est secrétaire de l'Association d'amitié franco-coréenne.
Biographie
Famille
Maurice Georges Claude Cukierman[1] naît le dans le 11e arrondissement de Paris. Sa mère est secrétaire, son père est ingénieur et journaliste. Ils grandit dans une famille communiste : son grand-père paternel, Léon Cukierman, Juif polonais émigré en France dans les années 1920, tailleur, est militant au Secours populaire français, et son père, Georges Cukierman, est lieutenant FTP puis FFI. Claude Duchiron, sa mère, était militante au parti ; son grand-père maternel, Maurice Duchiron, ouvrier, militant et délégué syndical, est mort en déportation[2].
Maurice Cukierman épouse en 1977 à Antony une militante du PCF, traductrice de profession, Marie Rose Ardiaca. Ils ont une fille, Cécile Cukierman, qui sera secrétaire nationale de l'Unef puis sénatrice membre du PCF à partir de 2011. Maurice Cukierman divorce en 1998 et se remarie dix ans plus tard[2].
Études
Maurice Cukierman suit logiquement une éducation laïque et socialiste. Il fait ses classes à Montreuil (Seine-Saint-Denis) puis à Antony (Hauts-de-Seine). Il obtient un baccalauréat littéraire A au lycée Descartes à Antony en 1968. Étudiant à l'université Paris-VIII, il est diplômé d'une licence d'histoire-géographie en 1971, d'une certification en histoire de l'art et d'une maîtrise d'histoire en 1973[2].
Il intègre les Jeunesses communistes en 1963, à l'âge de 14 ans, avant de prendre sa carte au Parti communiste français en 1968. Lors de ses études à Paris-VIII, il participe à la fondation de la section de l'Union des étudiants communistes (UEC). Il intègre dans le même temps la rédaction de son organe de presse, Nouveau Clarté[2].
Carrière professionnelle et syndicalisme
Maurice Cukierman travaille dans plusieurs collèges et lycées d'Île-de-France durant la seconde moitié des années 1970, avant d'être titularisé en 1983. Il exerce au collège Descartes d'Antony dans les Hauts-de-Seine, puis, à partir de 2000, au lycée associé. Passionné d'art et de culture italienne, il organise de nombreux voyages scolaires et culturels pour professeurs en Italie.
Maurice Cukierman se syndique au Syndicat national des enseignements de second degré (SNES), alors membre de la Fédération de l'Éducation nationale (FEN) indépendante. Le SNES en exclu de la FEN en 1992 et forme avec d'autres syndicats la Fédération syndicale unitaire (FSU). Il est un militant actif de la tendance Unité et action, originellement proche du parti communiste, qui est majoritaire au sein de la section départementale des Hauts-de-Seine. Il est successivement élu au conseil départemental de la section, au bureau puis au secrétariat collectif. Il est présent à toutes les réunions des instances, stages et congrès fédéraux. En 2014, il est l'un des élus du congrès départemental au congrès national de la FSU[2].
Son engagement politique l'éloignera de ses activités syndicales, mais il demeure membre de la FSU[3].
Militantisme internationaliste
Alors étudiant, il participe aux luttes de solidarité avec le peuple vietnamien et les peuples colonisés par le Portugal lors de la révolution des Œillets de 1975[2].
Jusqu'en 1991, en tant que secrétaire national de l'Association française d'amitié et de solidarité avec les peuples d'Afrique (AFASPA), il est avec Pierre Kaldor l'un des principaux animateurs en France de la lutte contre l'apartheid d'Afrique du Sud[2]. En 1987, il publie aux éditions du PCF Afrique du Sud, cap sur la liberté, un ouvrage démontrant les intérêts qu'a l'impérialisme dans le régime d'apartheid. Il y critique aussi la passivité des organisations de gauche françaises et appuie son soutien à l'ANC[4].
Lorsqu'en Corée du Sud, des militants favorables à la réunification coréenne sont réprimés, il rejoint l'Association d'amitié franco-coréenne, dont il devient secrétaire[2]. Ainsi, en 1989 et 1990, il anime avec d'autres la campagne pour la libération de militants sud-coréens incarcérés pour s'être rendus au Nord — l'étudiante Lim Su-kyung (en), le prêtre Moon Kyu-hyun et le pasteur Moon Ik-hwan (en)[5]. Il devient directeur de la publication du bulletin de l'association[2]. Au sein de l'URCF puis du PCRF, il participe à plusieurs rencontres en Corée du Nord en 2012 et en Corée du Sud en 2018 et 2019[2].
Militant pour la renaissance léniniste du PC
En 1976, Maurice Cukierman s'oppose à la ligne révisionniste du Parti, qui, sous la direction de Georges Marchais, abandonne la dictature du prolétariat et tend vers l'eurocommunisme. Il est des signataires de la « lettre au Comité central » en 1982[2].
Il rejoint la Coordination communiste pour la continuité révolutionnaire et la renaissance léniniste du PCF en 1992, fondée l'année précédente par Georges Gastaud, et dans le même temps rejoint le Comité Honeckeret et devient directeur de l'Université populaire Georges-Politzer[2]. En 1999, la Coordination communiste se fracture. Maurice Cukierman, et avec lui la majorité, s'opposent à Georges Gastaud[6]. Cukierman fonde alors la Coordination communiste pour la reconstruction d'un parti communiste révolutionnaire (CC) avec Jean-Luc Sallé[7], qui en est élu coordinateur national, et quitte le PCF en 2000. La minorité ne quitte le parti qu'en 2004 et forme le Pôle de renaissance communiste en France[2].
Responsabilités au sein de l'URCF et du PCRF
La CC se transforme en Union des révolutionnaires-communistes de France (URCF) en 2004. Maurice Cukierman y occupe diverses responsabilités. Il est membre du bureau politique et rédacteur dans l'organe de presse Intervention communiste. Ayant pour objectif d'être le parti communiste de France, l'URCF fusionne en 2015 avec Communistes, autre groupe dissident du PCF, pour former le Parti révolutionnaire Communistes (PRC). Cukierman intègre son Bureau national. Cependant, la fusion tourne court et l'URCF se reforme et se renomme en Parti communiste révolutionnaire de France (PCRF) — Communistes conservent eux le nom de PRC[2] - [8].
Le comité exécutif du Parti désigne Maurice Cukierman secrétaire général en . Il est candidat aux élections législatives de 2017 dans la treizième circonscription des Hauts-de-Seine, où il obtient 0,26 % des suffrages exprimés. Il met en place, à partir de 2019, un rapprochement avec un autre groupe ex-PCF, l'Association nationale des communistes (ANC) de Charles Hoareau[2].
Maurice Cukierman meurt de maladie le dans le 15e arrondissement de Paris, à l'âge de 71 ans[2].
Publications
- Afrique du Sud, cap sur la liberté (préf. Francis Meli), Paris, Messidor Éditions, coll. « Monde », , 279 p. (ISBN 2-209-05983-6, BNF 34939208).
- « Lénine et la démocratie », dans Groupe d'études du matérialisme rationnel et Yves Vargas (dir.), La démocratie chez les penseurs révolutionnaires, Pantin, Le Temps des cerises, coll. « Matière à pensées », .
- avec DimĂtris KoutsoĂşmbas et Jean-Luc SallĂ©, Marx et octobre 17 pour prĂ©parer l'avenir, Paris, Éditions Delga, coll. « Histoire », , 122 p. (ISBN 978-2-37607-154-9, BNF 45623189).
Notes et références
- « CUKIERMAN Maurice Georges Claude », sur matchID (consulté le ).
- Pierre Cardon, « CUKIERMAN Maurice, Georges, Claude - Maitron », sur Le Maitron, (consulté le ).
- « Hommage à notre camarade Maurice Cukierman », sur FSU Hauts-de-Seine, (consulté le ).
- Catherine Boidras, « La littérature d'opposition à l'apartheid publiée en France », sur Bibliothèque de Sciences Po, (consulté le ).
- « Décès de Maurice Cukierman, membre du bureau de l'AAFC : le peuple coréen perd un grand ami », sur Association d'amitié franco-coréenne, (consulté le ).
- Dominique Andolfatto, PCF, de la mutation à la liquidation, Monaco, Éditions du Rocher, coll. « Démocratie et totalitarisme », , 312 p. (ISBN 2-268-05504-3).
- Laurent de Boissieu, « Parti Communiste Révolutionnaire de France (PCRF) », sur France Politique, (consulté le ).
- Stéphane Courtois et Marc Lazar, Histoire du Parti communiste français, Paris, Presses universitaires de France, , 729 p. (ISBN 978-2-13-083043-6, lire en ligne).