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Massif occidental

Le massif occidental, ou « massif antérieur », ou « ouvrage ouest » (en allemand Westwerk ou encore Westbau, en néerlandais westwerk) est un type de façade particulier d'église romane.

Corvey, Allemagne.
Collégiale St. Bonifatius de Freckenhorst à Warendorf, Allemagne.

On le trouve principalement au premier âge roman, à l'époque carolingienne. À l'époque ottonienne, le massif occidental s'est intégré dans d'autres formes de façade d'église, tout en conservant l'appellation de massif occidental.

Le massif occidental est situé à l'entrée de la nef de l'église romane et constitue une construction indépendante, habituellement avec une tour centrale et deux tours latérales. Au rez-de-chaussée se trouve le porche d'entrée et, à l'étage supérieur, une tribune ouverte sur la nef. Des étages supérieurs peuvent exister comme à l'église Saint-Pantaléon de Cologne.

Sur le plan géographique, la plus grande concentration de massifs occidentaux se situe au centre de l'Empire carolingien, en Allemagne, en France, en Suisse et en Autriche.

Historique

On trouve principalement le massif occidental dans les abbayes royales carolingiennes, lieu de résidence du roi ou de l'empereur. Jusqu'à la réforme clunisienne, celui-ci et sa suite utilisent le massif occidental à des fins civiles pour le gouvernement ou pour la justice. De la tribune ouverte, le prince peut assister aux offices en position élevée.

Le massif occidental représente le lieu symbolique du pouvoir temporel carolingien, dans la même enceinte que le pouvoir céleste.

Le massif occidental peut abriter un second chœur, l'église devenant un sanctuaire à deux chœurs. Le massif occidental devient ainsi une sorte d'église à lui seul. Une chapelle princière haute s'ouvre en tribune sur la nef.

Le massif occidental le plus ancien aurait été érigé à l'abbaye royale de Saint-Riquier, près d'Amiens, aujourd'hui détruit.

Le massif occidental le plus authentique et encore visible se trouve Ă  Corvey en Allemagne, bien qu'il ait fait l'objet de modifications.

Exemples d'églises romanes dotées d'un massif occidental (ou Westwerk)

Drapeau de l'Allemagne Allemagne

Drapeau de la France France

Drapeau de la Belgique Belgique

Drapeau des Pays-Bas Pays-Bas

Réminiscences dans les styles architecturaux ultérieurs

L'esthétique et la majesté du massif occidental roman a influencé les styles architecturaux suivants et en particulier le style gothique, notamment dans les pays soumis à l'influence germanique.

C'est ainsi que les cathédrales gothiques espagnoles possèdent des façades occidentales parfois qualifiées de « massif occidental » :

Sources, notes et références

  • (de) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de l’article de WikipĂ©dia en allemand intitulĂ© « Westwerk » (voir la liste des auteurs).
  • Mathilde Lavenu et Victorine Mataouchek, Dictionnaire d'architecture : « Le massif antĂ©rieur, appelĂ© aussi occidental, d’une Ă©glise est situĂ© avant la nef et comprend des tours, un porche et une tribune. »
  • Jean-Marie PĂ©rouse de Montclos, Architecture. MĂ©thode et vocabulaire (p. 406) : « Massif antĂ©rieur ou occidental d’une Ă©glise. DĂ©signe plus particulièrement le Westwerk ou massif occidental des Ă©glises carolingiennes et ottoniennes. Massif antĂ©rieur, n. m. Ensemble des dispositions structurelles d’une Ă©glise de plan allongĂ© Ă  l’extrĂ©mitĂ© opposĂ©e Ă  celle du chĹ“ur, comprenant habituellement des tours, un porche, une tribune, les premières travĂ©es du vaisseau central, plus rarement un contre-chĹ“ur. Le massif antĂ©rieur ne fait pas partie de la nef. »
  • L’auteur Damien Carraz note Ă  la p. 27 de son ouvrage Architecture mĂ©diĂ©vale en Occident : « L’autre innovation spĂ©cifique de la pĂ©riode carolingienne est le massif occidental. C’est un corps de bâtiment quasi autonome par rapport Ă  la nef et situĂ© Ă  l’ouest de l’église (dessin de l’abbatiale carolingienne de Corvey, en Basse-Saxe, 822-885). Il est constituĂ© d’une tour massive Ă  plusieurs Ă©tages, souvent encadrĂ©e de deux tourelles d’escalier. Le rez-de-chaussĂ©e comprend un porche d’entrĂ©e voĂ»tĂ© abritant des reliques. Le premier Ă©tage, qui fait office de chapelle, constitue une tribune ouverte sur la nef par des baies. »
  • Rolf Toman (dir.), L'Art roman. Architecture, peinture, sculpture (p. 36, photos montrant cette partie d’architecture de l’abbatiale de Corvey, des Ă©glises Saint-PantalĂ©on [Cologne], Saint-Boniface [Freckenhorst], Saint-Cyriaque [Gernrode], de la cathĂ©drale de Minden) : « […] Cette occidentalisation, ou mise en valeur de la partie occidentale de l'Ă©glise, si caractĂ©ristique de l'art carolingien, culmine dans ce que l'on appelle le Westwerk ou ouvrage occidental, et se traduit par divers modèles, soit que l'on accentue un espace de culte particulier pour un saint patron supplĂ©mentaire, soit que l'on accole Ă  l'Ă©glise une chapelle autonome, rĂ©servĂ©e Ă  l'empereur […]. L'Ă©glise dotĂ©e d'un ouvrage occidental distingue donc deux espaces de signification diffĂ©rente et complĂ©mentaire : la partie orientale, le sanctuaire proprement dit, est le lieu oĂą se manifeste l'Église triomphante (Ecclesia triumphans) alors que le massif occidental, qui revĂŞt le caractère d'un ouvrage militaire, symbolise l'Église militante (Ecclesia militans), dont l'empereur est le plus Ă©minent reprĂ©sentant et protecteur. Ce qui explique le nombre d'Ă©glises de ce type construites en Saxe, rĂ©gion assujettie par Charlemagne, oĂą le Westwerk devait clairement affirmer la toute-puissance et l'autoritĂ© du nouveau souverain. »

Voir aussi

Bibliographie

  • Hans Reinhardt et Étienne Fels, « Étude sur les Ă©glises-porches carolingiennes et leur survivance dans l'art roman », Bulletin Monumental, t. 92, no 3,‎ , p. 331-365 (lire en ligne), (suite), t. 96, no 4, 1947 p. 425-469 (lire en ligne)
  • Carol Heitz, « RĂ´le de l'Ă©glise-porche dans la formation des façades occidentales de nos Ă©glises romanes », Cahiers de Civilisation MĂ©diĂ©vale, t. 34, nos 135-136,‎ , p. 329-334 (lire en ligne)

Articles connexes

Liens externes

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